Un vétéran ayant participé au jour J raconte ses expériences du temps de la guerre à de jeunes élèves

Alex Polowin est décédé le 16 août 2022 dans sa 99e année. Alex était un héros de guerre décoré et un fier vétéran canadien.

Le 21 juin 2022 - La Marine royale canadienne

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Alex Polowin

Par Peter Mallett

Alex Polowin, 98 ans, le dernier survivant de l’équipage du Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Huron, était au cœur de l’action pendant la Seconde Guerre mondiale.

Lui et ses camarades de bord, qui ont servi pendant la bataille de l’Atlantique, ont contribué à l’effort de guerre en protégeant les convois et en appuyant l’opération Neptune et les débarquements du jour J en Normandie en juin 1944.

Le destroyer de la classe TRIBAL était également présent lors de la bataille du cap Nord, au large de la côte nord de la Norvège, en 1943, lorsque le cuirassé allemand Scharnhorst a été coulé.

L’un des passe-temps favoris de M. Polowin est de raconter l’histoire de son service militaire à de jeunes élèves. Il est né en Lituanie en 1924 avant d’émigrer au Canada avec sa famille, et fait partie des 17 000 juifs canadiens qui se sont enrôlés dans le service militaire.

En général, lorsqu’il intervient dans les écoles et les organismes communautaires, M. Polowin montre fièrement l’impressionnant ensemble de médailles qu’il porte sur la veste de sa tenue de service : l’Étoile de l’Atlantique, Médaille du jubilé de diamant, l’Étoile de l’Arctique, la médaille russe de la Paix, l’ordre d’Ouchakov et la médaille de la Légion d’honneur française. L’année dernière, il a également reçu la Médaille du souverain pour les bénévoles pour les conférences qu’il donne bénévolement, notamment dans les écoles.

En septembre 2021, M. Polowin a eu droit à une visite guidée du NCSM Haida, qui est aujourd’hui un lieu historique du gouvernement du Canada, situé à Hamilton, en Ontario. Il dit avoir été reçu comme un roi.

« Ils m’ont rendu les honneurs au sifflet quand je suis monté à bord, moi, un ancien matelot de 2e classe, et m’ont tous salué. Ça alors, me suis-je dit, si mes camarades de bord du Huron pouvaient me voir maintenant », a-t-il raconté.

L’Holocauste

Enfant, à Ottawa, lorsqu’il n’était pas à l’école, il travaillait souvent avec son père, qui était vendeur à domicile. Il a été témoin des horreurs associées à l’Holocauste pendant la guerre en Europe.

« Je regardais ma mère pleurer quand elle apprenait que ses frères et sœurs avaient été assassinés. C’est alors que j’ai commencé à réfléchir à la manière dont je pourrais contribuer à l’effort de guerre », a-t-il ajouté.   

La décision, selon M. Polowin, a été facile à prendre. À l’âge de 17 ans, il devait obtenir le consentement de son père pour s’enrôler. Il a ensuite suivi son instruction de base à Halifax.

M. Polowin a exercé les fonctions de second maître d’équipage, de timonier et de membre de l’équipage chargé de manier les canons du navire. Pendant la guerre, il a également servi à bord d’une corvette de la classe FLOWER, le NCSM Pictou, et d’une frégate de la classe RIVER, le NCSM Poundmaker, mais il a passé la plupart de son temps à bord du Huron.

M. Polowin a fait remarquer que l’antisémitisme n’était pas seulement présent en Europe. Il a parlé du racisme dont il a été victime au sein de la Marine royale canadienne dans le livre Double Threat: Canadian Jews, the Military and WWI de l’historienne Ellin Bessner, paru en 2019.    

Le naufrage du Scharnhorst

Le 26 décembre 1943, M. Polowin se trouvait à bord du NCSM Huron qui se dirigeait vers l’Union soviétique lorsque le plus célèbre des cuirassés allemands, le Scharnhorst, a perturbé le convoi.

Le Huron a assuré la protection du destroyer Stord de la Marine royale norvégienne, du Navire de Sa Majesté Duke of York et d’autres navires de guerre britanniques pendant qu’ils coulaient le Scharnhorst. Bien qu’il s’agisse d’un tournant dans la bataille de l’Atlantique, M. Polowin a affirmé qu’il y avait eu peu de réjouissances après le naufrage du Scharnhorst.

« La nouvelle du naufrage du Huron n’a suscité aucun enthousiasme à bord, nous étions simplement heureux que ce soit eux plutôt que nous. Mais j’ai constaté qu’il y avait près de 2 000 membres d’équipage à bord, tous des marins comme nous, et que seuls 36 ont survécu. Ceux qui ont été tués n’étaient pas seulement allemands, il y avait aussi 300 Polonais », a précisé M. Polowin.

Il a également joué un rôle important lors du débarquement du jour J, car le Huron patrouillait dans la Manche pour déjouer les attaques contre l’équipe de débarquement des Alliés. M. Polowin s’est dit reconnaissant de ne pas avoir fait partie de la première vague de soldats à débarquer sur la plage. 

« Je pensais souvent à ce que ressentaient les premiers combattants qui ont débarqué sur les plages de Normandie. Pouvez-vous imaginer la peur qu’ils ont dû ressentir? »

Après tout, M. Polowin n’avait que 20 ans lorsque la guerre a pris fin. Il a passé la majeure partie de sa vie d’après-guerre à travailler dans la vente et les assurances. Il s’est marié deux fois et a trois enfants. M. Polowin est un excellent joueur d’harmonica et un inconditionnel de la Ligue canadienne de football.

Il aime aussi donner des conférences sur la guerre à son entourage. Grâce au Projet Mémoire lancé par Historica Canada, M. Polowin a donné plus de 200 conférences dans des écoles, des centres communautaires et des résidences pour anciens combattants. Il dit avoir savouré chaque moment de ces causeries.

« Si nous ne sommes pas là pour témoigner, comment les autres vont-ils savoir, et qui va leur en parler. Je veux que les gens sachent que j’ai de la chance d’être qui je suis, d’avoir survécu à la guerre et d’avoir apporté ma petite contribution à la paix, ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie au Canada et dans le monde », a-t-il conclu.

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