Table ronde consultative de l’industrie sur les tests de dépistage de la COVID-19 : Transfert des tâches pour les programmes de dépistage en milieu de travail

La Table ronde consultative de l’industrie sur les tests et le dépistage de la COVID‑19, la recherche de contacts et la gestion de données a publié un deuxième rapport. Ce dernier réitère l’importance du transfert des tâches pour permettre l’utilisation de tests de dépistage rapide de la COVID-19 dans les milieux de travail. Le dépistage rapide aide à isoler rapidement les cas positifs de COVID-19 pour favoriser un milieu de travail sûr et soutenir la reprise économique.

On this page

Résumé

Il existe un moyen simple et efficace d’offrir une protection supplémentaire aux Canadiens en milieu de travail : le dépistage régulier. Dans son premier rapport, la Table ronde de l’industrie a conclu que le fait de permettre aux entreprises d’établir des programmes de dépistage en milieu de travail aiderait celles-ci à protéger leurs employés et les collectivités. Les programmes de dépistage en milieu de travail permettraient de détecter rapidement les infections potentielles, en particulier chez les personnes contagieuses asymptomatiques. De récents programmes pilotes organisés en Ontario de novembre à février ont permis de détecter 89 cas positifs confirmés, ce qui a aidé à prévenir la propagation du virus dans ces milieux de travail.

Le succès des programmes de dépistage en milieu de travail dépend de la capacité des milieux de travail à :

Le recours à un large éventail de personnes pour exécuter les programmes de dépistage en milieu de travail accroît la capacité et l’accessibilité du dépistage, sans avoir d’incidence sur les efforts de vaccination et d’autres priorités en matière de santé. L’adoption de la formation partout au pays peut permettre la tenue de programmes de dépistage en milieu de travail. Il faudrait viser une approche uniforme dans l’ensemble des secteurs de compétence, avec une transition vers le soutien virtuel et l’autoadministration.

Le dépistage demeure un outil complémentaire pour protéger les Canadiens, limiter la propagation du virus et maintenir une activité économique continue. Le dépistage demeurera un outil important au fur et à mesure que les vaccins seront déployés partout au pays. En réduisant les obstacles au dépistage, il sera plus facile d’éviter les confinements qui ont des effets considérables sur la vie des Canadiens.

Le transfert des tâches : définition et objet

Le transfert des tâches, qui comprend le recours à un vaste éventail de professionnels de la santé ou à d’autres personnes formées pour fournir des soins, n’est pas un concept nouveau. Récemment, il a été utilisé pour les tests de dépistage rapide afin d’accroître le nombre de personnes admissibles à les administrer. À l’heure actuelle, dans de nombreuses administrations, seul un nombre limité de professionnels de la santé, notamment des infirmières et des médecins, sont autorisés à effectuer ces tests.

Le transfert des tâches pourrait élargir l’admissibilité aux personnes suivantes :

L’autoadministration devrait être un objectif à court terme pour les programmes de dépistage rapide. Cet objectif est appuyé par des études menées au Canada (en anglais seulement) qui montrent que les échantillons provenant de tests autoadministrés étaient adéquats pour le traitement dans 99,8 % des cas.

Comme le décrit le premier rapport de la Table ronde de l’industrie, le recours aux tests de dépistage rapide se limite aux paramètres précis que les fabricants ont soumis à Santé Canada. Par conséquent, pour élargir l’utilisation, il revient aux provinces et aux territoires de déterminer qui peut administrer et interpréter les résultats des tests.

Certaines provinces prévoient des exemptions pour que les non-professionnels puissent effectuer ou s’autoadministrer des tests de dépistage rapide (consulter l’annexe, qui présente certaines démarches provinciales). Dans d’autres administrations, seuls certains professionnels de la santé sont autorisés à effectuer ces tests. Si les entreprises sont forcées d’avoir recours à des professionnels de la santé pour appuyer le dépistage, les conséquences seront les suivantes :

Le manque d’uniformité quant aux personnes qui peuvent effectuer des tests rapides à l’échelle du pays alourdit la tâche pour les entreprises ayant une grande empreinte géographique. Le leadership de tous les gouvernements, fédéral, provinciaux et territoriaux, pourrait permettre l’adoption et l’utilisation de ces tests de dépistage en cas d’urgence. Cela permettra de réduire le fardeau de l’intensification des tests, car les provinces doivent actuellement fournir des locaux, ce qui complique le déploiement de ces programmes partout au Canada.

Ce manque d’orientation normalisée est préoccupant parce que la plupart des tests de dépistage rapide qui ont été achetés et distribués par le gouvernement fédéral ne sont pas utilisés. Cela donne aux entreprises l’occasion de former leurs employés pour l’administration ou pour l’autoadministration de tests rapides, ou d’avoir accès à des fournisseurs tiers, pour :

Cette approche donne au Canada :

Cela réduit simultanément la pression sur les ressources en santé publique, car les employés de l’entreprise et les tierces parties assument le rôle d’administration des tests. Il est essentiel d’élargir le transfert des tâches au-delà des professionnels de la santé, au fur et à mesure que des méthodes de dépistage plus accessibles, comme les tests autoadministrés et les tests à domicile, deviennent disponibles au Canada.

Figure 1. Stades de transfert des tâches
Figure #. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel

L’image montre les 4 stades de transfert des tâches pour les tests de dépistage de la COVID-19. Elle montre une flèche qui part des coûts élevés en RHS et d’une incidence élevée sur le système de santé et se dirige vers de faibles coûts en RHS et une capacité de dépistage à grande échelle.

Le premier stade est « Par défaut », c’est à dire que seules des personnes précises, comme les infirmières et les médecins, peuvent effectuer les tests de dépistage de la COVID-19.

Le deuxième stade est « Sur la bonne voie », c’est à dire que d’autres professionnels de la santé peuvent effectuer les tests.

Le troisième stade est celui du « Progrès », c’est à dire que les utilisateurs de tests rapides peuvent effectuer des tests sur eux-mêmes pourvu qu’ils soient supervisés.

Le quatrième stade est « Optimal », c’est à dire que du personnel non médical et des bénévoles peuvent effectuer des tests sur eux-mêmes ou sur d’autres personnes sans supervision.

Petites et moyennes entreprises (PME)

Comme le soulignait le premier rapport de la Table ronde de l’industrie, les PME font face à des obstacles importants à l’établissement de programmes de dépistage en milieu de travail. Les PME n’ont peut-être pas les ressources nécessaires pour:

Pour relever ce défi, la Table ronde souligne l’approche récemment annoncée par la Saskatchewan. Cette approche permet à des fournisseurs tiers formés d’administrer les tests de dépistage, ce qui augmente le nombre de régions dans lesquelles le dépistage rapide est offert. Cette approche, et d’autres qui tirent parti de l’empreinte nationale des pharmacies et des laboratoires privés, pourraient être utilisées pour aider les PME à protéger leur milieu de travail.

Toutefois, compte tenu des répercussions importantes du confinement sur les PME, celles-ci pourraient avoir besoin d’un soutien financier pour accéder à ces services. Les programmes de financement progressifs peuvent aider les PME à payer pour les coûts supplémentaires liés à la mise en œuvre de programmes de dépistage rapide. L’accès au dépistage rapide permettrait aux PME d’identifier et d’isoler rapidement les personnes contagieuses et de garder leurs portes ouvertes. Ce soutien est essentiel pour aider les PME canadiennes à se remettre des répercussions de la pandémie et à progresser vers une position de force.

Recommandations

La Table ronde de l’industrie recommande une démarche de dépistage qui :

Études de cas et exemples

Voici quelques études de cas et exemples de diverses initiatives de transfert de tâches.

Sur la bonne voie : élargissement à d’autres professionnels de la santé

Santé publique Ontario a pris des mesures pour élargir les ressources disponibles pour des tests rapides. Dans le cadre des modifications apportées à la Loi autorisant des laboratoires médicaux et des centres de prélèvement, l’Ontario a inclus des exemptions pour permettre aux ambulanciers paramédicaux, aux pharmaciens, aux dentistes et à d’autres professionnels d’effectuer des tests en laboratoire (comme des tests rapides). Ces modifications prévoient également des exemptions pour les personnes qui participent à leur programme provincial de dépistage antigénique.

La Saskatchewan Health Authority (en anglais seulement) explore des approches semblables dans le cadre desquelles sont notamment mis à profit les  fournisseurs de soins de santé buccodentaire communautaire  pour améliorer sa capacité de dépistage. Cette initiative permet notamment aux cabinets dentaires d’effectuer des prélèvements nasopharyngés pour les tests autoadministrés et aux fournisseurs tiers d’effectuer des tests dans des emplacements sans rendez-vous ou au volant, des sites mobiles et des sites éphémères de dépistage.

Progression : autoadministration supervisée

Le gouvernement du Canada dirige une initiative ciblant les voyageurs non essentiels qui se présentent à la frontière canado-américaine. Ces voyageurs doivent participer au dépistage sur place. Des employés de la Croix‑Rouge canadienne observent ces voyageurs pendant qu’ils administrent et emballent leur propre échantillon aux fins de dépistage. Ils donnent également aux voyageurs une deuxième trousse de dépistage qu’ils peuvent s’administrer eux-mêmes au jour 10 de la quarantaine de 14 jours, sous une surveillance par liaison vidéo.

Optimal : employés et bénévoles qui ne sont pas des professionnels de la santé

L’Université de la Colombie-Britannique s’est tournée vers des étudiants en sciences infirmières internes pour effectuer les tests pour les résidents de première année, tandis que la Downtown Halifax Business Commission a eu recours à des bénévoles de la communauté pour mettre en œuvre des tests rapides destinés aux visiteurs du centre-ville d’Halifax. La formation du personnel et des bénévoles sur les procédures de prélèvement et d’analyse des échantillons améliore la précision et la sécurité des tests. Le Manitoba s’associe au Red River College pour lancer un nouveau programme de microcrédit afin de former une main-d’œuvre qualifiée pour appuyer sa stratégie de dépistage rapide. Ce cours est d’une durée de 11 heures (combinaison de formation en ligne et en personne), gratuit et ouvert aux personnes ayant des antécédents en sciences.

Santé publique Ontario a récemment élargi ses lignes directrices sur le dépistage des antigènes. La personne testée (par autoadministration d’un test par écouvillon) peut prélever des échantillons pour des tests antigéniques rapides dans l’un ou l’autre des cas suivants :

  • une personne formée ou un professionnel de la santé (profession réglementée ou non) supervise le test
  • elle a suivi une formation

Pour ce faire, les personnes qui observent l’auto-administration d’un test rapide (ou qui l’effectue sans supervision) doivent avoir suivi la formation sur l’autoadministration d’un test rapide de l’Ontario, qui fournit des instructions et des vidéos pour l’administration des tests rapides d’Abbott PanBio.

Bien que toutes ces exemptions ne visent pas les milieux de travail, elles montrent que les provinces ont pris des mesures pour élargir le bassin de ressources et faire en sorte que les personnes qui peuvent les utiliser les tests rapides les aient en main.

Autorisation de tiers fournisseurs pour le dépistage rapide des personnes asymptomatiques

Il est possible d’élaborer des directives et une formation normalisées et de permettre à des tiers d’effectuer des tests de dépistage rapide. À l’heure actuelle, il y a des écarts importants entre les provinces et les territoires en ce qui concerne les administrateurs autorisés des tests de dépistage de la COVID-19, et un manque de matériel de formation normalisé pour l’entreprise moyenne. Les initiatives provinciales comme le programme de microcrédit du Manitoba peuvent être élargies pour appuyer une approche normalisée du transfert des tâches. Dans certaines provinces, des tiers fournisseurs et des pharmacies participent déjà activement aux programmes de vaccination.

Figure 2. Carte de transfert des tâches
Figure 2. La version textuelle suit.
Figure 2 - Équivalent textuel

L’image représente une carte du Canada dans laquelle les provinces et les territoires sont indiqués comme ayant un « Transfert limité des tâches », un « Transfert moyen des tâches » ou un « Transfert étendu des tâches ».  L’Alberta, la Saskatchewan et l’Ontario sont considérés comme ayant un « Transfert étendu des tâches » tandis que la Colombie‑Britannique, le Manitoba et le Québec  ont un « Transfert moyen des tâches ». Les autres provinces et territoires sont considérés comme ayant un « Transfert limité des tâches ».

Autres exemples de transfert de tâches
  • Les thérapeutes dentaires ont joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre des stratégies de dépistage au sein des collectivités des Premières Nations.
  • Les ambulanciers paramédicaux communautaires de l’Alberta appuient le dépistage communautaire dans les refuges et les lieux d’hébergement collectif.

Détails de la page

Date de modification :