Surveillance des tiques et de leurs agents pathogènes, Canada, 2019

RMTC

Volume 48-5, mai 2022 : Infections acquises par transmission vectorielle–Partie 1 : tiques & moustiques

Surveillance

Surveillance des tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus et de leurs agents pathogènes associés au Canada, 2019

Christy H Wilson1, Salima Gasmi2, Annie-Claude Bourgeois1, Jacqueline Badcock3, Navdeep Chahil4, Manisha A Kulkarni5, Min-Kuang Lee4, L Robbin Lindsay6, Patrick A Leighton7, Muhammad G Morshed4,8, Christa Smolarchuk9, Jules K Koffi2

Affiliations

1 Centre des maladies infectieuses d'origine alimentaire, environnementale et zoonotique, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, ON

2 Centre des maladies infectieuses d'origine alimentaire, environnementale et zoonotique, Agence de la santé publique du Canada, Saint-Hyacinthe, QC

3 Santé publique du Nouveau-Brunswick, ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick, Fredericton, NB

4 Laboratoire de santé publique du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique Vancouver, BC

5 École d'épidémiologie et de santé publique, Université d'Ottawa, Ottawa, ON

6 Section Une seule Santé, Direction générale du Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada, Winnipeg, MB

7 Groupe de recherche en épidémiologie des zoonoses et santé publique (GREZOSP), Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal, Saint-Hyacinthe, QC

8 Département de pathologie et de médecine de laboratoire, Université de la Colombie-Britannique, Vancouver, BC

9 Direction de l'analyse et des rapports de performance, Normes sanitaires, Division de la qualité et de la performance, Alberta Health, Edmonton, AB

Correspondance

christy.wilson@phac-aspc.gc.ca

Citation proposée

Wilson CH, Gasmi S, Bourgeois A-C, Badcock J, Chahil N, Kulkarni MA, Lee M-K, Lindsay LR, Leighton PA, Morshed MG, Smolarchuk C, Koffi JK. Surveillance des tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus et de leurs agents pathogènes associés au Canada, 2019. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2022;48(5):233–44. https://doi.org/10.14745/ccdr.v48i05a04f

Mots-clés : Ixodes scapularis, Ixodes pacificus, surveillance, Borrelia, Anaplasma, Babesia

Résumé

Contexte : Les principaux vecteurs de l'agent de la maladie de Lyme au Canada sont les tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus. La surveillance des tiques et des agents pathogènes qu'elles peuvent transmettre peut fournir des renseignements sur le risque régional de maladies transmises par les tiques et orienter les interventions de santé publique. L'objectif de cet article est de caractériser la surveillance passive et active des principaux vecteurs de tiques de la maladie de Lyme au Canada en 2019 et des agents pathogènes transmis par les tiques qu'ils transportent.

Méthodes : Les données de surveillance passive ont été compilées à partir du Laboratoire national de microbiologie (LNM) et de sources de données provinciales sur la santé publique. La surveillance active a été menée dans des sites sentinelles sélectionnés dans toutes les provinces. Une analyse descriptive des tiques soumises et la prévalence d'infection par des pathogènes transmis par les tiques sont présentées. Les tendances saisonnières et spatiales sont également décrites.

Résultats : Dans le cadre de la surveillance passive, des spécimens d'I. scapularis (n = 9 858) ont été soumis par toutes les provinces sauf la Colombie-Britannique et des spécimens d'I. pacificus (n = 691) ont été soumis en Colombie-Britannique et en Alberta. Aucune tique n'a été soumise dans les territoires. Le schéma de distribution saisonnier était bimodal pour les adultes I. scapularis, mais unimodal pour les adultes I. pacificus. Borrelia burgdorferi était l'agent pathogène le plus répandu chez I. scapularis (18,8 %) et I. pacificus (0,3 %). Dans le cadre de la surveillance active, B. burgdorferi a été trouvé chez 26,2 % des I. scapularis; Anaplasma phagocytophilum chez 3,4 % des I. scapularis, et Borrelia miyamotoi et le virus Powassan chez 0,5 % ou moins des I. scapularis. Ces mêmes agents pathogènes transmis par les tiques n'ont pas été trouvés dans le petit nombre d'I. pacificus testés.

Conclusion : Cet article de surveillance donne un aperçu des principaux vecteurs de la maladie de Lyme au Canada et des agents pathogènes qui leur sont associés, ce qui peut servir à surveiller les nouvelles zones à risque d'exposition aux agents pathogènes transmis par les tiques.

Introduction

Ixodes scapularis et Ixodes pacificus sont des tiques vectrices capables de transmettre à l'homme plusieurs agents pathogènes bactériens, viraux et protozoairesNote de bas de page 1. Les populations d'Ixodes scapularis augmentent en nombre et en répartition dans le sud, le centre et l'est du Canada Note de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4. Le climat (e.g. la hausse des températures, les changements dans les précipitations) et les facteurs environnementaux (e.g. les changements dans l'utilisation des terres) contribuent à l'expansion de l'aire de répartition géographique des tiques, ce qui peut accroître l'exposition aux maladies transmises par les tiquesNote de bas de page 1Note de bas de page 5Note de bas de page 6Note de bas de page 7. Ces changements peuvent également créer des saisons plus longues pour que les tiques adventices s'établissent dans de nouvelles zones et augmenter les interactions entre l'homme et les tiquesNote de bas de page 1Note de bas de page 4Note de bas de page 6Note de bas de page 7Note de bas de page 8. L'expansion continue de l'aire de répartition des tiques au Canada représente un défi pour la santé publique, car la sensibilisation aux risques de maladies transmises par les tiques et la capacité de surveillance et de dépistage doivent également s'étendre à ces régionsNote de bas de page 1.

La maladie de Lyme (ML) est la maladie vectorielle la plus fréquemment signalée au Canada, et l'incidence des cas signalés a été multipliée par plus de 17 entre 2009 et 2019Note de bas de page 9Note de bas de page 10. L'agent responsable de la ML, Borrelia burgdorferi, est transmis par I. scapularis dans le centre et l'est du Canada et par I. pacificus en Colombie-Britannique. Au-delà de la ML, d'autres maladies transmises par les tiques, dont l'anaplasmose (causée par la bactérie Anaplasma phagocytophilum), la babésiose (causée par le parasite Babesia microti), la fièvre récurrente causée par les tiques dures (causée par la bactérie Borrelia miyamotoi) et la maladie du virus Powassan, apparaissent comme des maladies acquises localement au CanadaNote de bas de page 1Note de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15.

La surveillance passive a débuté au début des années 1990 au Canada pour détecter la présence des tiques vectrices I. scapularis et I. pacificus et leur infection par B. burgdorferiNote de bas de page 16. La surveillance active est en cours depuis les années 2000 pour déterminer les zones où les populations de tiques vectrices s'établissent et, par conséquent, où la ML peut devenir endémique (zones à risque de ML)Note de bas de page 17Note de bas de page 18. Il s'agit de la première édition d'un article annuel pancanadien résumant les résultats de la surveillance passive et active des vecteurs et mettant à jour les estimations de la prévalence de l'infection chez les tiques. Une étude précédente de Guillot et al.Note de bas de page 19 a résumé les résultats d'une étude pancanadienne sur la surveillance des tiques; toutefois, cette étude ne portait que sur la surveillance active des tiques à partir de sites sentinelles.

L'objectif de cet article de surveillance est de fournir un résumé épidémiologique des principaux vecteurs de la ML au Canada, I. scapularis et I. pacificus, et de leurs agents pathogènes associés, recueillis par les systèmes de surveillance active et passive en 2019. Cet article résume également la prévalence et la distribution spatiale des agents pathogènes transmis par les tiques.

Méthodes

Sources de données

Cet article utilise deux types de données de surveillance provenant de six sources différentes : 1) des données de surveillance passive des tiques provenant du Laboratoire national de microbiologie de l'Agence de la santé publique du Canada, du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique et d'Alberta HealthNote de bas de page 20; et 2) des données de surveillance active des tiques provenant du Réseau sentinelle canadien de surveillance de la maladie de Lyme (ReSCaL), du ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick et de l'Université d'Ottawa.

Surveillance passive des tiques

Dans le cadre de la surveillance passive des tiques, les tiques sont collectées par le public et soumises aux cliniques médicales, aux cliniques vétérinaires ou directement à un laboratoire de santé publique provincial ou à une autre institution (e.g. un laboratoire universitaire) pour l'identification des espècesNote de bas de page 16. Le lieu d'acquisition, l'historique des déplacements au cours des deux dernières semaines, la date de collecte, le niveau d'engorgement, le stade de la tique et l'hôte sont enregistrés.

Cet article met l'accent sur les tiques I. scapularis et I. pacificus collectées au Canada, bien que plusieurs autres espèces de tiques aient également été collectées. Les tiques ayant un lieu d'acquisition international, un lieu imprécis au Canada qui ne pouvait pas être géocodé (e.g. province seulement, lieux multiples indiqués) ou des antécédents de déplacement ont été exclus pour créer un ensemble de données sur les tiques acquises localement. Au fil des ans, les programmes de surveillance passive des tiques ont été interrompus dans différents juridictions, c'est à dire en Nouvelle-Écosse, dans le sud-ouest du Québec (Montérégie) et dans l'est de l'Ontario; cependant, le public continue de soumettre directement au LNM un nombre relativement faible de tiques acquises dans ces juridictions.

En 2019, la Saskatchewan, le Manitoba, l'Ontario, le Québec, Terre-Neuve-et-Labrador, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard ont envoyé des tiques au LNM pour tester les agents pathogènes transmis par les tiques (A. phagocytophilum, B. burgdorferi et B. microti) en utilisant les méthodes décrites précédemmentNote de bas de page 21Note de bas de page 22. Les tiques peuvent être soumises individuellement ou par groupes de deux ou plus (soumission multiple). Pour les tests de laboratoire, les tiques provenant d'une même soumission multiple ont été regroupées et testées ensemble. En Colombie britanniqueNote de bas de page 23 et en AlbertaNote de bas de page 24, des tests ont été effectués dans des laboratoires financés par la province sur des tiques individuelles pour détecter uniquement B. burgdorferi. Les tiques sont rarement rencontrées dans le nord du Canada et, par conséquent, les programmes officiels de surveillance passive des tiques pour I. scapularis ou I. pacificus ne sont pas établis au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest ou au Nunavut.

Surveillance active des tiques

La surveillance active implique la collecte de tiques dans l'environnement par un échantillonnage par traînée ou par la capture de mammifères hôtes qui sont examinés à la recherche de tiques. Cette méthode vise à déterminer les endroits où les populations émergentes de tiques s'établissentNote de bas de page 4Note de bas de page 18. Pour cet article, seules I. scapularis et I. pacificus collectées par échantillonnage par traînée ont été incluses pour l'analyse, bien que plusieurs autres espèces de tiques aient également été collectées.

Cet article rassemble des données provenant du ReSCaL, du ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick et de l'Université d'Ottawa. Le ReSCaL a utilisé des méthodes standardisées pour effectuer des traînées dans 96 sites répartis dans toutes les provincesNote de bas de page 19. Le ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick et l'Université d'Ottawa ont utilisé des méthodes de traînées similaires pour visiter 73 et 15 sites, respectivementNote de bas de page 25. La date de la visite, le lieu de collecte (latitude et longitude), l'espèce de tique et le stade de la tique ont été enregistrés pour toutes les tiques collectées.

Les nymphes et les adultes de I. scapularis et I. pacificus ont été testés pour les agents pathogènes transmis par les tiques. Les tiques recueillies par le ReSCaL et par la province du Nouveau-Brunswick ont été testées pour A. phagocytophilum, B. microti, B. burgdorferi, B. miyamotoi et le virus Powassan (tiques du ReSCaL seulement) au LNM en utilisant des méthodes décrites précédemmentNote de bas de page 19Note de bas de page 21Note de bas de page 22. Les tiques collectées par l'Université d'Ottawa ont été testées pour A. phagocytophilum, B. burgdorferi et B. miyamotoi avec des tests de réaction de polymérisation en chaîne quantitative décrits précédemmentNote de bas de page 25 utilisant le gène flaB pour B. miyamotoi et incluant un test de confirmation ciblant msp2 chez A. phagocytophilum. Le dépistage de B. microti a utilisé un test de réaction de polymérisation en chaîne quantitative ciblé sur le gène cctηNote de bas de page 21.

Analyse

Caractéristiques des tiques

Pour la surveillance passive des tiques, nous avons calculé des statistiques descriptives pour la province d'acquisition, l'espèce de tique, le stade (larve, nymphe, adulte mâle ou adulte femelle), le niveau d'engorgement (non nourri, partiellement engorgé ou complètement engorgé), l'hôte (humain, chien, chat ou autre) et le mois de collecte. Pour la surveillance active des tiques, nous avons calculé des statistiques descriptives pour la province d'acquisition, l'espèce de tique et le stade (larve, nymphe ou adulte). Le lieu probable d'acquisition des tiques a été cartographié à l'aide de QGIS (version 3.8.1).

Prévalence de l'infection

Pour les tiques soumises dans le cadre de la surveillance passive, l'estimation du maximum de vraisemblance de la prévalence avec des intervalles de confiance à 95 % ont été calculées dans Excel (version 16.0) en utilisant le module complémentaire PooledInfRate (version 4.0) pour tenir compte des tests groupésNote de bas de page 26Note de bas de page 27. La prévalence des co-infections a été évaluée parmi les soumissions uniques uniquement pour s'assurer qu'il s'agissait de véritables co-infections (deux agents pathogènes ou plus dans la même tique). La prévalence des co-infections a été calculée comme le nombre de tiques co-infectées divisé par le nombre total de tiques testées. La prévalence dans le cadre de la surveillance active a été calculée de la même façon, toutes les tiques ayant été testées individuellement.

Résultats

Surveillance passive des caractéristiques des tiques

En 2019, 10 549 tiques I. pacificus et I. scapularis ont été soumises dans toutes les provinces dans le cadre de la surveillance passive (tableau 1). La majorité des tiques (90,0 %) ont été soumises par trois provinces : l'Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick (figure 1). La majorité des tiques (94,0 %) étaient des soumissions uniques, mais il y avait 242 soumissions multiples (fourchette : 2–8 tiques). C'est en Nouvelle-Écosse que la proportion de soumissions multiples est la plus élevée (13,7 %; n = 7/51).

Tableau 1 : Nombre de tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus et de soumissions recueillies par la surveillance passive par province, Canada, 2019Tableau 1 Note de bas de page a
Province Nombre de tiques Nombre de soumissions uniquesTableau 1 Note de bas de page b Soumissions multiplesTableau 1 Note de bas de page b
Ixodes scapularis Ixodes pacificus Total Nombre de soumissions Nombre médian de tiques par soumission
n Fourchette
Colombie-Britannique 0 690 690 690 s.o.Tableau 1 Note de bas de page c s.o.Tableau 1 Note de bas de page c s.o.Tableau 1 Note de bas de page c
Alberta 55 1 56 56 s.o.Tableau 1 Note de bas de page c s.o.Tableau 1 Note de bas de page c s.o.Tableau 1 Note de bas de page c
Saskatchewan 3 0 3 3 0 s.o. s.o.
Manitoba 175 0 175 149 8 3 2–7
OntarioTableau 1 Note de bas de page d 6 857 0 6 857 6 436 167 2 2–8
QuébecTableau 1 Note de bas de page d 1 697 0 1 697 1 618 31 2 2–7
Terre-Neuve-et-Labrador 44 0 44 42 1 2 2
Nouveau-Brunswick 941 0 941 868 28 2 2–8
Nouvelle-Écosse 72 0 72 44 7 5 2–5
Île-du-Prince-Édouard 14 0 14 14 0 s.o. s.o.
Total 9 858 691 10 549 9 920 242 2 2–8

Figure 1 : Tiques Ixodes pacificus et Ixodes scapularis soumises dans le cadre de la surveillance passive des tiques, Canada, 2019Figure 1 Note de bas de page aFigure 1 Note de bas de page b

Figure 1

Description textuelle : Figure 1

Cette carte montre le lieu probable d'acquisition des tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus soumises dans le cadre de la surveillance passive. Les tiques Ixodes pacificus étaient présentes en Colombie-Britannique et en Alberta, tandis que les tiques I. scapularis étaient présentes en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard à des degrés divers.


Les données sur le stade de développement de la tique, le niveau d'engorgement et l'hôte étaient disponibles pour 99,9 %, 0 % et 100 % des I. pacificus, respectivement. Les données sur le stade de la tique, le niveau d'engorgement et l'hôte étaient disponibles pour 99,4 %, 99,3 % et 99,6 % des I. scapularis, respectivement. Les tiques adultes ont été soumises le plus fréquemment, et la plupart étaient des femelles (I. scapularis : 89,0 %; I. pacificus : 93,8 %) (tableau 2). Les larves (0,3 %; 0,4 %) et les nymphes (8,1 %; 3,3 %) ont été soumises moins fréquemment. Globalement, 44,0 % des I. scapularis étaient partiellement ou totalement engorgées. Les humains étaient l'hôte le plus courant chez I. scapularis et I. pacificus (90,3 %, 94,4 %, respectivement), suivi du chien (7,7 %, 5,4 %, respectivement).

Tableau 2 : Stade de développement, niveau d'engorgement et hôte des tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus soumises par la surveillance passive, Canada, 2019Tableau 2 Note de bas de page aTableau 2 Note de bas de page b
Caractéristiques Espèces de tiques
Ixodes scapularis Ixodes pacificus
n % n %
Stade de développement
Larve 27 0,3 3 0,4
Nymphe 795 8,1 23 3,3
Femelle adulte 8 719 89,0 647 93,8
Mâle adulte 256 2,6 17 2,5
Total 9 797 100 690 100
Niveau d'engorgementTableau 2 Note de bas de page c
Entièrement engorgée 113 1,2 s.o. s.o.
Partiellement engorgée 4 188 42,8 s.o. s.o.
Non alimenté 5 485 56,0 s.o. s.o.
Total 9 786 100 s.o. s.o.
Hôte
Humain 8 870 90,3 652 94,4
Chien 761 7,7 37 5,4
Chat 119 1,2 1 0,1
AutreTableau 2 Note de bas de page d 72 0,7 1 0,1
Total 9 822 100 691 100

Le mois d'acquisition était disponible pour 99,9 % des I. pacificus et 99,4 % des I. scapularis. Des tiques acquises localement ont été soumises au cours de chaque mois de l'année (figure 2). Les soumissions d'adultes I. scapularis ont atteint un pic en mai et en octobre, tandis qu'il y avait un seul pic pour les adultes I. pacificus en mai. Les soumissions de nymphes I. scapularis ont atteint un pic en juin et juillet, tandis que les soumissions de nymphes I. pacificus ont atteint un pic en mai.

Figure 2 : Nombre de tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus soumises dans le cadre de la surveillance passive, par mois et stade de développement de la tique, Canada, 2019Figure 2 Note de bas de page aFigure 2 Note de bas de page b

Figure 2

Description textuelle : Figure 2
Mois de la collecte Ixodes pacificus Ixodes scapularis
Larve Nymphe Adulte Larve Nymphe Adulte
Janv. 0 0 42 0 3 15
Févr. 0 1 17 0 0 4
Mars 1 3 87 0 3 25
Avril 0 4 156 0 5 843
Mai 2 14 192 0 52 2 234
Juin 0 1 85 1 264 1 358
Juillet 0 0 25 7 314 383
Août 0 0 2 12 88 59
Sept. 0 0 5 7 49 107
Oct. 0 0 17 0 16 2 934
Nov. 0 0 22 0 0 970
Déc. 0 0 14 0 1 43

Prévalence de l'infection dans le cadre de la surveillance passive

Des données sur les tests de laboratoire étaient disponibles pour 97,4 % des I. pacificus et 99,0 %–99,5 % des I. scapularis, selon l'agent pathogène. L'agent pathogène transmis par les tiques le plus répandu était B. burgdorferi, trouvé chez 18,8 % des I. scapularis (IC à 95 % : 18,00–19,55), mais seulement 0,3 % de I. pacificus (IC à 95 % : 0,05–0,97). Les autres agents pathogènes transmis par les tiques et les co-infections étaient moins répandus (tableau 3).

Tableau 3 : Prévalence des infections à Borrelia burgdorferi, Anaplasma phagocytophilum et Babesia microti chez les tiques Ixodes pacificus et Ixodes scapularis soumises dans le cadre de la surveillance passive, Canada, 2019Tableau 3 Note de bas de page aTableau 3 Note de bas de page b
Agent pathogène Prévalence de l'infection
Ixodes pacificus Ixodes scapularis
Agent unique Estimation du maximum de vraisemblanceTableau 3 Note de bas de page c
% IC à 95 % % IC à 95 %
Borrelia burgdorferi 0,3 0,05–0,97 18,8 18,001–9,55
Anaplasma phagocytophilum s.o. s.o. 1,4 1,22–1,70
Babesia microti s.o. s.o. 0,1 0,07–0,22
N'importe lequel des éléments ci-dessus 0,3 0,05–0,97 20,0 19,23–20,83
Co-infection Taux de co-infectionTableau 3 Note de bas de page d
% Nombre de tiques co-infectées/nombre de tiques testées % Nombre de tiques co-infectées/nombre de tiques testées
Borrelia burgdorferi + Anaplasma phagocytophilum s.o. s.o. 0,28 26/9 171
Borrelia burgdorferi + Babesia microti s.o. s.o. 0,02 2/9 171
Anaplasma phagocytophilum + Babesia microti s.o. s.o. 0,01 1/9 171
Toute co-infection s.o. s.o. 0,32 29/9 171

La prévalence de B. burgdorferi était plus élevée chez les I. scapularis provenant de soumissions multiples (24,5 %, IC à 95 % : 20,64–28,69) que de soumissions uniques (18,5 %, IC à 95 % : 17,71–19,29) (tableau 4). La prévalence ne différait pas de manière significative selon le type de soumission pour tous les autres agents pathogènes.

Tableau 4 : Prévalence des infections à Borrelia burgdorferi, Anaplasma phagocytophilum et Babesia microti chez les tiques Ixodes scapularis soumises dans le cadre de la surveillance passive, par type de soumission et par hôte, Canada, 2019Tableau 4 Note de bas de page a
Caractéristiques Prévalence de l'infection
Estimation du maximum de vraisemblance
Borrelia burgdorferi Anaplasma phagocytophilum Babesia microti N'importe lequel des éléments ci-dessus
% IC à 95 % % IC à 95 % % IC à 95 % % IC à 95 %
Type de soumissionTableau 4 Note de bas de page b
Simple 18,5 17,71–19,29 1,4 1,20–1,69 0,1 0,07–0,22 19,7 18,92–20,55
Multiple 24,5 20,64–28,69 1,7 0,89–3,06 0,2 0,01–0,82 26,3 22,31–30,70
HôteTableau 4 Note de bas de page c
Humain 19,2 18,39–20,04 1,3 1,11–1,59 0,1 0,07–0,23 20,4 19,54–21,23
Non humainTableau 4 Note de bas de page d 14,7 12,44–17,13 2,6 1,68–3,85 0,1 0,01–0,57 16,7 14,31–19,29

Les Ixodes scapularis soumises à partir d'hôtes humains présentaient une prévalence plus élevée d'infection par B. burgdorferi (19,2 %, IC à 95 % : 18,39–20,04) que celles soumises pour des hôtes non humains (14,7 %, IC à 95 % : 12,44–17,13) (tableau 4). Cependant, les I. scapularis soumises à partir d'hôtes non humains présentaient une prévalence plus élevée d'infection par A. phagocytophilum (2,6 %, IC à 95 % : 1,68–3,85) que celles soumises pour des hôtes humains (1,3 %, IC à 95 % : 1,11–1,59). Les deux tiques I. pacificus infectées par B. burgdorferi provenaient d'hôtes humains.

Des agents pathogènes transmis par les tiques ont été fréquemment trouvés dans les tiques soumises dans le sud du Manitoba, le nord-ouest de l'Ontario, le sud et l'est de l'Ontario, le sud du Québec et le sud du Nouveau-Brunswick (figure 3 et figure 4). Plus des deux tiers des soumissions de tiques infectées par B. burgdorferi se trouvaient dans des zones à risque de ML précédemment déterminées (72,1 %; n = 1 313/1 821) (figure 3). La majorité des soumissions multiples provenaient de zones à risque de ML (76,9 %; n = 186/242), dont environ la moitié étaient infectées par B. burgdorferi (51,4 %; n = 90/175). Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et le Québec présentaient tous une prévalence d'infection par B. burgdorferi supérieure à la moyenne nationale pour I. scapularis (tableau 5). Le Manitoba avait la prévalence la plus élevée d'infection par A. phagocytophilum et B. microti parmi toutes les provinces.

Figure 3 : Tiques Ixodes pacificus et Ixodes scapularis soumises dans le cadre de la surveillance passive et infectées par Borrelia burgdorferi, Canada, 2019Figure 3 Note de bas de page aFigure 3 Note de bas de page bFigure 3 Note de bas de page c

Figure 3

Description textuelle : Figure 3

Cette carte montre le lieu probable d'acquisition des tiques Ixodes pacificus et Ixodes scapularis soumises dans le cadre de la surveillance passive, qui étaient infectées par Borrelia burgdorferi. On trouve des tiques infectées en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba, en Ontario, au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, à des degrés divers. La plupart des tiques infectées se trouvent dans le sud de l'Ontario et du Québec.


Figure 4 : Tiques Ixodes scapularis soumises dans le cadre de la surveillance passive et infectées par Anaplasma phagocytophilum, Babesia microti et co-infections, Canada, 2019Figure 4 Note de bas de page aFigure 4 Note de bas de page b

Figure 4

Description textuelle : Figure 4

Cette carte montre le lieu probable d'acquisition, dans le cadre de la surveillance passive, des tiques Ixodes scapularis, qui étaient infectées par Anaplasma phagocytophilum, Babesia microti ou une co-infection avec deux des éléments suivants : A. phagocytophilum, Borrelia burgdorferi et B. microti. Des tiques infectées par A. phagocytophilum ont été trouvées au Manitoba, en Ontario, au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Des tiques infectées par B. microti ont été trouvées au Manitoba, en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Des tiques présentant des co-infections ont été trouvées au Manitoba, en Ontario, au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador et au Nouveau-Brunswick.


Tableau 5 : Prévalence des infections à Borrelia burgdorferi, Anaplasma phagocytophilum et Babesia microti chez les tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus soumises dans le cadre de la surveillance passive, par province, Canada, 2019Tableau 5 Note de bas de page a
Province

Prévalence de l'infection

Estimation du maximum de vraisemblance

Borrelia burgdorferi Anaplasma phagocytophilum Babesia microti
% IC à 95 % % IC à 95 % % IC à 95 %
Ixodes pacificus
Colombie-Britannique 0,3 0,05–0,97 s.o. s.o. s.o. s.o.
Ixodes scapularis
AlbertaTableau 5 Note de bas de page b 5,5 1,45–14,01 s.o. s.o. s.o. s.o.
Saskatchewan 0,0 0–56,15 0,0 0–56,15 0,0 0–56,15
Manitoba 18,3 12,94–24,68 10,4 6,38–15,81 2,4 0,78–5,63
Ontario 18,3 17,37–19,22 0,9 0,73–1,18 0,1 0,02–0,14
Québec 24,2 22,18–26,30 1,9 1,32–2,63 0,1 0,02–0,39
Terre-Neuve-et-Labrador 29,5 17,63–44,01 4,6 0,82–14,28 0,0 0–8,02
Nouveau-Brunswick 12,8 10,80–15,10 2,6 1,70–3,74 0,3 0,08–0,87
Nouvelle-Écosse 26,2 15,38–39,82 3,9 0,70–12,31 0,0 0–6,82
Île-du-Prince-Édouard 0,0 0–21,53 0,0 0–21,53 0,0 0–21,53
Total 18,8 18,00–19,55 1,5 1,22–1,70 0,1 0,07–0,22

Surveillance active des caractéristiques des tiques

Lors de la surveillance active, I. scapularis et I. pacificus ont été trouvées dans 78 des 184 sites de surveillance (étendue des tiques trouvées : n = 0-130). Les tiques Ixodes scapularis (n = 1 156) ont été trouvées au Manitoba, en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard, tandis que les tiques I. pacificus (n = 10) ont été trouvées en Colombie-Britannique. En ce qui concerne le stade de développement, 51,5 % (n = 601/1 166) des tiques ont été identifiées comme des nymphes, 29,5 % (n = 344/1 166) comme des adultes et 19,0 % (n = 221/1 166) comme des larves.

Prévalence de l'infection dans le cadre de la surveillance active

Les données sur les tests de laboratoire étaient disponibles pour 100 % des I. pacificus collectées et 73,8 % à 98,3 % des nymphes et des adultes de I. scapularis collectées, selon l'agent pathogène. Aucun agent pathogène transmis par les tiques n'a été trouvé chez I. pacificus (tableau 6). Dans les tiques I. scapularis, B. burgdorferi a été établi dans 26,2 % des tiques testées et dans quatre provinces : Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse. Anaplasma phagocytophilum a été établi dans les mêmes quatre provinces chez 3,4 % des I. scapularis. Borrelia miyamotoi et le virus Powassan ont été trouvés dans 0,5 % ou moins. La figure 5 montre les emplacements des tiques présentant des agents pathogènes transmis par les tiques collectées dans le cadre de la surveillance active.

Tableau 6 : Prévalence de l'infection chez les tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus recueillies dans le cadre de la surveillance active, par province, Canada, 2019Tableau 6 Note de bas de page aTableau 6 Note de bas de page b
Province Prévalence de l'infection
Anaplasma phagocytophilum Babesia microti Borrelia burgdorferi Borrelia miyamotoi Virus Powassan
Nombre de tiques positives/nombre de tiques testées % Nombre de tiques positives/nombre de tiques testées % Nombre de tiques positives/nombre de tiques testées % Nombre de tiques positives/nombre de tiques testées % Nombre de tiques positives/nombre de tiques testées %
Ixodes pacificus
Colombie-Britannique 0/10 0 0/10 0 0/10 0 0/10 0 0/10 0
Ixodes scapularis
Manitoba 0/3 0 0/3 0 0/3 0 0/3 0 0/3 0
Ontario 14/406 3,5 0/397 0 126/410 30,7 1/410 0,2 0/188 0
Québec 2/141 1,4 0/141 0 28/141 19,8 1/141 0,7 0/141 0
Nouveau-Brunswick 8/194 4,1 0/194 0 41/194 21,1 3/194 1,6 0/194 0
Nouvelle-Écosse 7/169 4,1 0/169 0 46/169 27,2 0/169 0 1/169 0,6
Île-du-Prince-Édouard 0/2 0 0/2 0 0/2 0 0/2 0 0/2 0
Total 31/915 3,4 0/906 0 241/919 26,2 5/919 0,5 1/697 0,1

Figure 5 : Tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus avec agents pathogènes associés collectés dans le cadre de la surveillance active, Canada, 2019Figure 5 Note de bas de page aFigure 5 Note de bas de page b

Figure 5

Description textuelle : Figure 5

Cette carte montre les endroits où des tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus infectées par Borrelia burgdorferi, Anaplasma phagocytophilum, Borrelia miyamotoi ou le virus Powassan ont été trouvées dans le cadre de la surveillance active. Borrelia burgdorferi et A. phagocytophilum ont été trouvés dans des tiques en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Borrelia miyamotoi a été trouvé dans des tiques en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Le virus Powassan a été trouvé dans une tique en Nouvelle-Écosse. Toutes les tiques trouvées en Colombie-Britannique, au Manitoba et à l'Île-du-Prince-Édouard dans le cadre de la surveillance active étaient négatives pour tous les agents pathogènes. Aucune tique n'a été trouvée en Alberta, en Saskatchewan et à Terre-Neuve-et-Labrador.


Discussion

En 2019, 9 858 I. scapularis et 691 I. pacificus ont été soumises dans le cadre de la surveillance passive dans huit provinces. Parmi celles-ci, 20,0 % des I. scapularis et 0,3 % des I. pacificus étaient infectées par au moins un des agents pathogènes transmis par les tiques testées, notamment B. burgdorferi, A. phagocytophilum ou B. microti. La surveillance active a établi quatre agents pathogènes transmis par les tiques parmi les I. scapularis collectées dans quatre provinces, et aucun agent pathogène transmis par les tiques parmi les quelques I. pacificus collectées.

Dans le cadre de la surveillance passive, une tique I. pacificus sans antécédents de voyage a été identifiée en Alberta, en dehors de la Colombie-Britannique, où l'on sait que des populations reproductrices sont établies. Des tiques I. pacificus ont été trouvées dans la province auparavant, sur des oiseaux migrateursNote de bas de page 29, ou sur des hôtes humains ou animaux principalement associés aux voyagesNote de bas de page 20.

Les tiques ont été soumises à une surveillance passive tous les mois, ce qui souligne le risque potentiel, tout au long de l'année (en fonction du lieu et du temps), d'exposition à des tiques, qui peuvent ou non être infectées par un ou plusieurs agents pathogènes transmis par les tiques. Les tiques Ixodes spp., par exemple, étaient souvent trouvées dans l'ouest du Canada en hiver, mais étaient rarement infectéesNote de bas de page 23. Le pic unique de soumissions de tiques I. pacificus au printemps a été historiquement observé en Colombie-BritanniqueNote de bas de page 23 et dans l'ouest des États-UnisNote de bas de page 30, car les nymphes et les adultes sont actives pendant les mois plus frais du printempsNote de bas de page 31. Des pics bimodaux pour les I. scapularis adultes à la fin du printemps et à l'automne ont déjà été observés dans le centre et l'est du CanadaNote de bas de page 3Note de bas de page 16Note de bas de page 32, et correspondent à l'activité des tiques I. scapularis adultes dans un cycle de vie de trois à quatre ans prolongé, en partie, par des températures printanières plus fraîchesNote de bas de page 31Note de bas de page 33. Les nymphes de ces deux espèces, qui sont les plus impliquées dans la transmission de la MLNote de bas de page 34, atteignent leur apogée à la fin du printemps et en été, au moment où l'apparition de la ML chez l'homme est également maximaleNote de bas de page 9.

Par rapport aux estimations les plus récentes, la prévalence de l'infection par B. burgdorferi chez les tiques I. pacificus en Colombie-Britannique (0,3 %) était conforme aux taux annuels de 2002 à 2018 compris entre 0,1 et 0,4 %Note de bas de page 23. Au Manitoba, la prévalence de l'infection chez les I. scapularis était plus faible (18,3 %) que le taux d'infection minimal de 2018, soit 20,7 %Note de bas de page 35. En Ontario, la prévalence de l'infection chez les I. scapularis est passée à 18,3 %, par rapport au taux de 15,8 % enregistré entre 2011 et 2017Note de bas de page 36. Au Québec, la prévalence de l'infection est également passée de 17,6 % à 24,2 % chez les I. scapularis adultes entre 2009 et 2015Note de bas de page 37. La variabilité inter et intra-provinciale de la prévalence annuelle est toutefois influencée par les variations annuelles des conditions météorologiques, l'effort de surveillance, l'historique des populations de vecteurs établies et le caractère approprié de l'habitat.

La prévalence de l'infection des I. scapularis par au moins un des pathogènes transmis par les tiques testées était plus élevée dans les soumissions multiples que dans les soumissions uniques. Comme les soumissions multiples sont des indicateurs de l'établissement des tiques dans une zone donnéeNote de bas de page 38, cela suggère une prévalence d'infection plus élevée parmi les populations de tiques établies.

Plus de deux tiers des tiques infectées par B. burgdorferi avaient des lieux probables d'acquisition dans les zones à risque de ML. Les zones à risque de ML sont déterminées par les provinces selon les méthodes décrites dans la définition nationale des cas de ML de 2016Note de bas de page 28 et sont régulièrement mises à jour pour intégrer les nouvelles données de surveillance. Les tiques infectées par B. burgdorferi collectées hors de ces zones à risque de ML connues peuvent être des tiques adventices, apportées dans ces zones par des oiseaux migrateurs ou des hôtes terrestresNote de bas de page 18. Les autorités de santé publique et les cliniciens doivent être conscients que le risque d'exposition à des tiques infectées existe en dehors des zones de risque de ML connues. Le renforcement de la collaboration en matière de surveillance active peut contribuer à la reconnaissance en temps utile de nouvelles zones à risque de ML. L'identification et le retrait rapides des tiques, quel que soit leur lieu d'acquisition, peuvent prévenir la transmission des agents pathogènes transmis par les tiques.

Dans le cadre de la surveillance active, on a constaté une variabilité géographique de la prévalence de l'infection, similaire aux résultats de la surveillance passive. La réalisation d'une surveillance active standardisée et cohérente dans tout le pays peut aider à établir de nouvelles zones à risque de ML et à détecter d'autres agents pathogènes émergents transmis par les tiques dans les zones à risque de ML connues, ce qui permet d'établir le risque local d'exposition aux maladies transmises par les tiques.

Alors que B. burgdorferi était l'agent pathogène transmis par les tiques le plus répandu dans la surveillance passive et active, A. phagocytophilum, B. microti, B. miyamotoi et le virus Powassan ont également été détectés. Toutes les provinces présentaient toutefois une prévalence de l'infection inférieure à celle des zones hyper-endémiques du nord-est des États-Unis. Par exemple, les adultes I. scapularis collectées dans le Maine dans le cadre d'une surveillance passive présentaient une prévalence d'infection par B. burgdorferi, A. phagocytophilum et B. microti de 42,4 %, 11,1 % et 6,5 %, respectivementNote de bas de page 39.

Les changements climatiques et environnementaux en cours affectent le risque de maladies transmises par les tiques de diverses manières, en modifiant les populations de tiques et leurs hôtes animaux, ainsi qu'en augmentant l'exposition humaine aux tiquesNote de bas de page 1. Étant donné que les projections actuelles prévoient une augmentation du risque de maladies transmises par les tiques due à l'expansion de l'habitat des Ixodes spp. dans le futurNote de bas de page 1Note de bas de page 5Note de bas de page 40, une surveillance continue peut permettre de suivre les changements dans la distribution des tiques et la prévalence de l'infection. D'autres études sont également nécessaires pour comprendre l'émergence et l'écologie d'autres agents pathogènes transmis par les tiques au Canada, qui peuvent différer de B. burgdorferi, par exemple, dans leurs cycles de transmission enzootiqueNote de bas de page 41.

Forces et faiblesses

Cet article inaugural combinant la surveillance active et passive des tiques présente un portrait national des vecteurs de tiques et des pathogènes associés émergents. L'intégration des deux types de surveillance est un complément des forces et des faiblesses des systèmes individuels. Alors que la surveillance active demande beaucoup de ressources et est limitée dans sa portée géographique, les programmes de surveillance passive peuvent être mis en œuvre sur une plus grande échelle géographique; cependant, la surveillance passive manque de précision, car elle collecte souvent des tiques adventices amenées par les oiseaux migrateurs, en particulier les tiques collectées sur des animaux de compagnie hôtes qui acquièrent facilement des tiques dans l'environnementNote de bas de page 18Note de bas de page 38.

Cette étude comporte plusieurs limites. Les programmes provinciaux de surveillance passive, ainsi que l'effort et le calendrier de la surveillance active, varient d'un bout à l'autre du Canada en raison de la limitation des ressources ou de la logistique. La surveillance passive des tiques a été interrompue ou limitée à des hôtes spécifiques dans plusieurs régions. En outre, la surveillance passive des tiques peut être limitée par la sensibilisation du public et les biais géographiques ou spécifiques à l'hôte dans les soumissions de tiquesNote de bas de page 3Note de bas de page 42Note de bas de page 43. Toutes les surveillances actives menées au Canada en 2019 n'ont pas été incluses dans cette étude; les données des nombreux groupes qui effectuent des surveillances actives, ce qui inclut les chercheurs universitaires, les communautés autochtones et les bureaux de santé publique régionaux ou provinciaux, n'étaient pas toutes disponibles. Ces limitations conduisent à une sous-estimation du nombre de tiques, ce qui affecte la précision de la prévalence de l'infection. Enfin, il peut être inapproprié de mettre en commun les données de plusieurs systèmes de surveillance active et passive en raison des différences de méthodologie entre les sources.

Conclusion

Les surveillances passive et active ont permis d'identifier I. scapularis et I. pacificus à travers le Canada en quantités variables selon les endroits, y compris certaines tiques qui étaient infectées par un ou plusieurs pathogènes transmis par les tiques. Les surveillances passive et active des tiques sont utiles pour signaler et confirmer les nouvelles zones à risque de ML, qui peuvent être utilisées pour informer les autorités de santé publique de l'existence d'un risque environnemental de ML. Ces renseignements sont utilisés pour communiquer le risque local de ML et de maladies transmises par les tiques au public ainsi qu'au travailleurs de la santé. Une surveillance continue sera importante pour suivre toute expansion des zones à risque d'exposition aux tiques et aux agents pathogènes transmis par les tiques, et pour cibler de manière appropriée les interventions de santé publique, telles que les campagnes d'éducation et de sensibilisation, dans les zones à risque.

Déclaration des auteurs

C. W. — Analyse formelle, visualisation, rédaction de la version originale, rédaction, révision et édition

S. G., A. B., J. K. — Conceptualisation, supervision, rédaction, révision et édition

J. B., N. C., M. K., M. L., P. L., R. L., M. M., C. S. — Rédaction, révision et édition

Intérêts concurrents

Aucun.

Remerciements

Nous remercions tous ceux qui ont participé à la collecte et à l'analyse des tiques aux niveaux régional, provincial et national, y compris les membres du public qui ont soumis des tiques. Yann Pelcat a créé le fichier de forme de la zone à risque de la maladie de Lyme dans la figure 3. L'échantillonnage par traînée au Nouveau-Brunswick était une collaboration entre le ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick, le ministère de l'Agriculture, de l'Aquaculture et des Pêches du Nouveau-Brunswick et l'Université du Nouveau-Brunswick.

Financement

Cette étude a été soutenue par l'Agence de la santé publique du Canada (l'Agence). La surveillance passive de la Colombie-Britannique a été soutenue par la Fondation du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique. La surveillance active menée par le Réseau sentinelle canadien de surveillance de la maladie de Lyme (ReSCaL), qui fait partie du Canadian Lyme Disease Research Network, a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada. L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) ont financé la collecte de données dans 12 sites d'échantillonnage au Québec dans le cadre des activités de surveillance annuelle. La surveillance active menée par le ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick et l'Université d'Ottawa a été financée par l'Agence.

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