Vidéo : Bâtir la santé financière et la résilience des Canadiens

Transcription

Eloise Duncan : Bonjour à tous. Je me présente, Eloise Duncan, et je remercie l’ACFC pour son invitation à participer à ce groupe très respecté. Au cours de cette conférence fort intéressante, c’est un grand honneur pour moi de participer à cet incroyable dialogue et à cette analyse sur le bien-être financier.

Quelques précisions à mon sujet. Je suis membre d’une entreprise sociale et d’une firme de consultation appelées Financial Health Index et Seymour Consulting. Nous cherchons à mesurer la santé et le bien-être financiers des Canadiens partout au pays afin d’établir une véritable collaboration avec l’ACFC, l’administration publique, les institutions financières et les organismes sans but lucratif pour contribuer à des changements positifs pour la population à l’échelon national.

En 2016, nous avons fièrement lancé une étude quantitative qui visait à combler les lacunes et le vide existants en ce qui concerne la mesure de la santé financière, du mieux-être et de la résilience des Canadiens. Conscients qu’il s’agit d’un enjeu important, nous considérons comme remarquable le fait que l’ACFC fasse maintenant progresser une recherche extraordinaire sur le mieux-être financier à l’échelle mondiale, et ce, en collaboration avec des gourous comme Elaine Kempson.

Notre étude porte sur 5 000 personnes, toutes adultes, partout au Canada. Il s’agit d’un sondage en ligne conçu et solidement étayé par notre cadre, que je détaillerai un peu plus tard, mais qui s’inspire grandement de certaines des meilleures études au monde en matière de santé financière et de résilience.

L’étude sur la capacité financière menée par l’ACFC en 2015 nous a servi d’inspiration, de même que les études et le travail fantastiques de Celestyna’s sur la résilience financière en Australie et en Nouvelle-Zélande et aussi le travail incroyable d’Elaine. Il y a aussi l’étude sur la santé financière menée par le CFSI qui est un partenaire de collaboration aux États-Unis.

Comme nous le verrons, le concept du bien-être financier s’avère incroyablement complexe et comporte lui-même de multiples concepts. Nous avons défini le concept général au moyen de trois concepts différents et connectés. La santé financière est essentiellement la capacité d’équilibrer les besoins financiers d’aujourd’hui avec ceux de demain et de surmonter les périodes de difficultés financières.

Nous pouvons ainsi mesurer de nombreux indicateurs liés aux comportements des consommateurs et aux comportements financiers. Le bien-être financier est davantage l’aspect émotionnel. Il est le résultat de tous les comportements que l’on adopte. Il témoigne d’une tranquillité d’esprit sur le plan émotionnel en ce qui a trait à la situation financière. C’est le contraire du stress financier. Nous insistons beaucoup dans notre travail sur la compréhension des niveaux de stress financier, des facteurs de stress liés à l’endettement, etc.

La résilience financière fort bien documentée par les travaux en Australie et en Nouvelle-Zélande relève de cette capacité à faire face aux imprévus de la vie, aux facteurs de stress et aux chocs financiers. Dans ce contexte, nous examinons très attentivement les différents aspects concernant les tactiques mises en place par les individus : un fonds d’épargne d’urgence, la capacité d’affronter les événements imprévus de la vie, comme l’invalidité ou la perte d’un emploi.

Je parlerai davantage de notre cadre général pour apporter des précisions, mais nous percevons de nombreuses synergies avec le travail sur le bien-être financier dirigé par Elaine Kempson et d’autres partout dans le monde. Nous prenons en considération les connaissances et les compétences. Nous examinons la confiance, mais aussi de nombreux comportements dans la gamme étendue des services financiers.

L’une des modalités selon laquelle nous espérons apporter des changements positifs consiste à collaborer avec les institutions financières pour les aider à mieux soutenir leurs clients à leur échelle. Nous examinons également les quatre piliers que sont la gestion financière quotidienne, l’emprunt et la gestion des dettes, les placements dans les régimes d’épargne de même que la protection contre les circonstances imprévues.

Sur ces questions, le travail en Australie et en Nouvelle-Zélande nous a grandement servi de guide et nous réfléchissons et explorons non seulement les ressources économiques et les niveaux de revenu des gens et la volatilité de leur revenu, mais aussi la confiance, les connaissances et les comportements financiers et les conduites qui influent sur le bien-être financier.

Nous étudions les produits, les services et le soutien financiers que recherchent les consommateurs eux-mêmes, ou qu’ils obtiennent auprès d’institutions financières ou d’autres organisations, et nous faisons beaucoup de recherches sur le capital social. C’est ce que le groupe de discussion antérieur a examiné en profondeur. Il s’agit de voir si les gens échangent ou discutent sur leurs soucis financiers et leur stress, s’ils peuvent se tourner vers leurs amis proches pour obtenir un soutien financier et des conseils en période de difficultés et d’autres questions.

Nous examinons là un domaine très important et, sur le plan qualitatif, nous étudions également les scénarios financiers et les craintes liées à l’argent ainsi que certaines des idées reçues concernant l’argent, héritées de notre enfance et susceptibles d’avoir une incidence sur nos comportements de manière inconsciente. Ce ne sont là que quelques-uns des facteurs examinés et ayant tous une incidence sur le bien-être financier. Nous croyons, comme tout le monde, que la résilience financière est en fait un cheminement continu fait de connaissances et de discipline pour les Canadiens.

Il arrive que les personnes aient des connaissances et des compétences financières assez élevées, sans que cela se traduise nécessairement dans leurs comportements. Ce ne sont là que quelques-unes des données qui ressortent de nos études nationales. Encore une fois, cela fait écho aux recherches globales réalisées pour le Canada et au niveau élevé de confiance que les gens ont dans leurs compétences financières. Ceci dit, les décisions financières peuvent s’avérer très complexes et se transformer en véritable labyrinthe, surtout lorsque des événements de la vie, planifiés ou non, entrent en jeu.

Nous avons constaté que même des niveaux de connaissances et de compétences financières assez élevés ne transparaissent pas nécessairement dans un bon nombre de comportements. Et cela ne concerne que quelques-uns des comportements financiers que nous examinons. D’après nos recherches, encore une fois, l’un des indicateurs clés qui est ressorti concernait le besoin des gens d’emprunter simplement pour faire face aux frais de subsistance et il s’est avéré être un indicateur vraiment important pour nous aussi. Malheureusement, en 2018, un tiers des Canadiens ont dû augmenter leurs emprunts au cours des 12 derniers mois, simplement pour la consommation quotidienne.

Nos travaux démontrent qu’une grande partie de cette situation se doit aux problèmes d’abordabilité du logement, à l’augmentation du coût de la vie et à d’autres facteurs qui échappent au contrôle des personnes. Par conséquent, 55 % des Canadiens, c’est-à-dire les citoyens ordinaires, craignent malheureusement de ne pas pouvoir traverser des périodes difficiles sur le plan financier.

En cas d’urgence, 59 % des gens n’ont pas accès à l’épargne. Beaucoup de problèmes de résilience présentent bien des similarités avec d’autres constatations. Nous avons observé que même si les niveaux de stress financier demeurent assez élevés partout au Canada et bien que le chiffre ou score du bien-être financier semble assez bon en soi, quand on gratte sous la surface, la résilience financière demeure assez précaire et certains segments clés particuliers sont vraiment plus touchés que les autres.

À titre d’exemple, les femmes sont beaucoup plus stressées financièrement que les hommes. Parmi les autres segments clés particulièrement vulnérables et détectés lors de notre travail, mentionnons les locataires par rapport aux propriétaires, les personnes mal desservies et les populations à faible revenu. Notre étude nous a permis de constater que ces dernières sont plus nombreuses et, de toute évidence, particulièrement vulnérables. La génération du millénaire est également très touchée, ce qui concorde avec le travail et les statistiques présentés par Brenda.

Malheureusement, 38 % des Canadiens ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Ces données corroborent en grande partie l’excellente recherche effectuée par les Comptables professionnels agréés du Canada sur ce sujet. Lorsque nous examinons plus particulièrement les ménages à faible revenu, les personnes issues de ménages dont le revenu est inférieur à 25 000 $ par année, malheureusement, mais étonnamment, sont beaucoup plus stressées par le simple fait de survivre au quotidien.

On peut le voir dans le deuxième couple de barres. La barre bleue ne représente pas les Canadiens à faible revenu. La barre orange représente les Canadiens à faible revenu dont le revenu du ménage est inférieur à 25 000 $. Nous examinons également la volatilité ou la variabilité du revenu. Il n’est pas surprenant de constater que les Canadiens dont le revenu est très variable affrontent aussi beaucoup plus de difficultés.

Nous nous penchons également sur l’accès aux services financiers, les difficultés d’accès à l’éducation et au soutien financiers, ainsi que l’utilisation des services financiers les plus prédateurs. Malheureusement, environ 7 % de la population canadienne utilise les prêts sur salaire, ce qui correspond tout à fait au travail et à la recherche que j’ai menés pour différentes organisations.

Mais ce chiffre est beaucoup plus élevé pour les Canadiens dont le revenu est instable et qui ne sont pas tous pauvres. Il s’agit souvent de personnes ayant des revenus relativement bons. Ils ne gagnent toutefois pas assez pour joindre les deux bouts. Sur notre site web, nous présentons un certain nombre de livres blancs différents. Il y a huit livres blancs en tout dans lesquels nous avons consacré beaucoup de temps pour promouvoir l’importance de la santé et du bien-être financiers partout au Canada.

Les deux derniers peuvent être pertinents pour le grand public. Le dernier, que nous avons lancé en octobre, porte sur les chiffres clés pour 2018 par rapport à 2017. Nous avons également dirigé des travaux sur la honte financière et certaines de nos croyances émotionnelles bien ancrées au sujet de l’argent et sur la façon dont ces croyances influent sur nos comportements et notre sentiment de mieux-être financier. Ce travail est dirigé conjointement avec ma collègue, Maggie Baker, thérapeute financière et titulaire d’un doctorat, et cette intéressante recherche porte à la fois sur le Canada et les États-Unis. Merci infiniment.

(Applaudissements)

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