Vidéo : Gérer vos objectifs de remboursement de la dette

Transcription

Nicole Robitaille : Je m’appelle Nicole Robitaille et je travaille à la Smith School of Business de l’Université Queen’s.

On entend beaucoup parler ces jours-ci à quel point les gens sont stressés en raison de leurs dettes; c’est un poids sur leurs épaules, plus dur à porter que les autres facteurs de stress dans leurs vies. Nous savons que l’objectif des gens est de régler leurs dettes, mais on constate que celles-ci sont en augmentation au Canada. Les gens sont de plus en plus endettés.

Alors, je vais vous parler aujourd’hui des recherches faites sur les caractéristiques de nos objectifs, qui sont de régler nos dettes, et sur la façon dont nous nous voyons progresser là-dedans et du fait que ça peut nous aider à effectivement atteindre ces objectifs ou nous aider à payer nos dettes.

Je vais donc vous parler d’une caractéristique de ces objectifs. Que pouvons-nous faire pour nous fixer des objectifs plus réalistes et accroître nos chances de réussite et, en cheminant vers ces objectifs, comment pouvons-nous continuer à aller de l’avant et continuer sur notre lancée et générer cet effet de boule de neige ?

Le remboursement de nos dettes, c’est ce dont je vais vous parler en premier, car c’est vraiment un objectif très général. Les consommateurs ont souvent de la difficulté à savoir ce qu’ils devraient faire en premier, par où commencer. Alors, nous avons ces sous-objectifs. OK, nous allons commencer, nous allons rembourser notre carte de crédit. Je veux me débarrasser de mon solde de carte de crédit. Quelle carte de crédit je vais rembourser d’abord ? Est-ce que je paie celle avec le plus haut taux d’intérêt ? Est-ce que je rembourse celle avec le plus gros solde ? Comme on l’a vu dans nos dernières présentations, ce n’est pas une décision facile à prendre.

Nous avons ces objectifs, mais pas de plan. Nous avons de bonnes intentions, on veut sortir des nos dettes, mais on n’a pas de plan pour y arriver. Alors, on finit par ne pas prendre de décisions; on remet ça à plus tard. Ce mois-ci, on prend la décision de payer les montants minimums, puis on va penser à ce qu’on va faire ensuite. Ensuite, la vie nous accapare et on finit par ne pas prendre de décisions tout court.

Ce qu’il faut faire alors est d’utiliser les recherches qui ont été faites sur les façons de se fixer de meilleurs objectifs pour nous-mêmes. Et une façon d’y parvenir est de définir des intentions de réalisation pour créer des objectifs beaucoup plus précis. Donc, si vous précisez votre objectif, non seulement que vous voulez rembourser la dette, mais comment vous allez le faire, quand allez-vous le faire, et où en particulier, qu’allez-vous rembourser spécifiquement.

Les intentions de réalisation, ce n’est pas nouveau. Elles se sont avérées très efficaces pour certaines choses, comme inciter les gens à aller voter ou se faire vacciner. C’est pourquoi, dans le cadre de l’expérience, nous avons cherché à utiliser ces intentions de réalisation pour amener les contribuables à payer leurs dettes fiscales et à produire leurs déclarations de revenus. Nous avons donc étudié un grand nombre de personnes. Dans ce cas-ci, les contribuables étaient des organisations, beaucoup d’organisations qui tardaient à produire et à payer leurs impôts, et nous avons pris la lettre type et nous avons créé une lettre expérimentale qui contenait essentiellement les mêmes renseignements, mais elle comprenait aussi ces intentions de réalisation, on leur disait où, comment et quand produire leurs déclarations de revenus.

Nous avions toutes ces organisations qui étaient en retard dans leurs déclarations de revenus, des milliers d’organisations. Dans le cadre de cette expérience, nous avions 85 000 organisations. Et, de façon aléatoire, elles ont reçu soit la lettre expérimentale ou soit la lettre de contrôle. Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que 97 % de ces organisations font des déclarations de revenus chaque année; elles savent où les faire et quand les faire. Et la lettre originale les informe qu’elles doivent faire leur déclaration de revenus, qu’elles sont en retard, que c’est exigé immédiatement. Immédiatement est un objectif assez général. Alors nous leur avons donné une échéance à laquelle elles doivent avoir produit leurs déclarations. Produire leurs déclarations pour le 2 mai. Pourquoi le 2 mai ? Nous avons choisi le 2 mai parce que c’est à ce moment que des efforts supplémentaires de recouvrement commencent dans cette administration. Alors, après ces dix jours, tout devient très dispendieux pour le gouvernement parce qu’il doit appeler les organisations, faire le suivi, et cela devient très, très dispendieux de recevoir l’argent.

Nous avons remarqué que le simple fait d’ajouter ces intentions de réalisation amenait les organisations à produire leurs déclarations de revenus beaucoup plus rapidement. Nous voyons que cela leur a pris en moyenne cinq jours de moins pour produire leurs déclarations. Et même après, à la limite des dix jours, il y a une énorme différence entre les deux groupes d’organisations. Ce n’est qu’après 16 semaines d’efforts de recouvrement que l’on remarque que l’effet commence à s’amenuiser. Ça prend 16 semaines d’efforts supplémentaires, d’appels, de lettres de suivi, de pénalités supplémentaires avant de même voir les effets disparaître, des centaines de milliers de dollars recouvrés plus rapidement, des milliers de dollars en économie pour le gouvernement. C’est très simple à faire. Ainsi, ces incitatifs de planification sont incroyablement efficaces, non seulement pour inciter les gens à agir, mais aussi pour les inciter à agir maintenant, et non à remettre à plus tard, à prendre une décision.

De plus, cette expérience a été menée pendant plusieurs années. Nous avons alors regardé quelles organisations avaient reçu la lettre expérimentale ou la lettre de contrôle pendant cette période de temps et l’effet que cela avait produit. Et c’est très important dans ce contexte parce que si les intentions de réalisation ne fonctionnent qu’en raison de leur nouveauté, qu’elles sont différentes, alors elles ne seront pas efficaces tout le temps. Nous avons besoin de quelque chose qui va être efficace sur le long terme, et c’est exactement ce que nous avons trouvé. Elles étaient également efficaces quand les organisations recevaient ce type de message plusieurs fois.

Nous avons aussi réalisé que le choix du moment est important. Si les organisations reçoivent cette information une année, nous voyons que cela n’a pas d’impact sur leurs comportements les années suivantes. Vous devez établir ces plans au moment où vous prenez des décisions. Il ne suffit donc pas d’avoir un plan d’un an; vous devez mettre à jour vos plans et avoir des plans sur les intentions de réalisation qui sont souvent mis à jour pour qu’ils vous permettent d’atteindre vos objectifs.

La deuxième étude dont je voulais vous entretenir porte sur le maintien du progrès. Quand nous avons pris une bonne décision, comment continuons-nous d’avancer ? C’est donc important parce qu’il y a beaucoup de recherches qui montrent qu’une fois que nous avons fait du bon travail, que nous avons fait des progrès, nous nous sentons plutôt bien dans notre peau, nous sommes très susceptibles d’être indulgents envers nous-mêmes. J’ai payé ma facture, je me sens bien, alors maintenant je vais dépenser un peu plus. J’ai remboursé cette carte de crédit. Je viens de faire ce grand pas en avant, maintenant je vais faire quelque chose qui est moins bien.

Et j’ai fait beaucoup de recherches sur cet effet d’indulgence que l’on s’accorde et nous avons cherché des moyens de minimiser cet effet. Nous avons remarqué que cet effet ne se produit pas juste pour les paiements, mais aussi pour des comportements sains, des comportements moraux ou des comportements d’intérêts personnels. Et ce que nous avons découvert, c’est que nous pouvons aider les gens à éprouver un sentiment de conclusion, à sentir que l’expérience est complète, qu’elle fait partie du passé, que cette bonne action est terminée. Donc, j’ai payé cette facture, c’est fait et c’est maintenant une chose appartenant au passé. Ce que cela produit, c’est que ça engendre moins d’émotions, c’est moins présent à l’esprit. Ce qui n’est pas quelque chose auquel la mémoire a un accès immédiat. Alors, s’il en est ainsi, que c’est moins émotif, il y a moins de chance que ça influence les comportements à venir.

Dans une expérience, nous avons demandé aux gens de penser aux bonnes actions qu’ils ont faites auparavant et nous avons remarqué qu’ils sont devenus plus indulgents envers eux-mêmes, qu’ils étaient plus portés à agir de façon égoïste, centrés sur leurs intérêts. Ça sous-entend des intentions immorales. C’est comme lorsqu’un caissier vous redonne trop d’argent, à quel point serez-vous porté à redonner l’argent en trop au caissier ? À quel point seriez-vous prêt à tricher pour un gain financier ? Il y a eu un certain nombre de questions posées, mais les gens étaient beaucoup plus enclins à faire ça après qu’ils aient fait quelque chose de bien. Cependant, lorsqu’ils peuvent passer à autre chose et qu’ils sont soumis à diverses manipulations psychologiques, comme mettre ce quelque chose de bien dans une enveloppe qu’ils peuvent refermer, brûler ou mettre de côté, l’effet disparaît. Ce type de manipulation est fréquemment utilisé dans les relations interpersonnelles.

Alors, comment appliquons-nous ceci à nos objectifs financiers de remboursement de nos dettes ? Nous avons fait des progrès, comment pouvons-nous conclure ? Ce que nous devons faire, c’est de se fixer des limites mentales. Nous devons penser à une comptabilité mentale et à la façon dont nous pensons à l’argent. Et ces limites doivent être placées entre ce que nous avons fait et ce que nous allons faire.

C’est un peu comme à la fin de l’année, et qu’on passe d’une année à une nouvelle année; c’est un peu comme un nouveau départ qu’on peut recommencer et que le passé appartient au passé. Si nous appliquons cela à notre budget ou au paiement des dettes, et qu’après avoir du progrès, on a le sentiment que c’est terminé et que nous avançons, vous serez plus enclin à continuer à bien faire. Et il y a beaucoup d’applications de budgétisation qui font ça en partie. Vous pouvez voir votre objectif pour le mois, comment vous vous comportez, puis à la fin du mois, vous recommencez, comme un nouveau départ.

Alors, même si vous avez très bien fait avec votre budget ce mois-ci, vous recommencez en neuf le mois d’après et cela vous aide à garder le rythme et à avancer. Et lorsque cela se produit, vous aurez beaucoup plus tendance à être constant quand vous avez bien fait et vous serez plus enclin à continuer à bien faire par la suite.

Donc, ce que je veux dire, c’est que nous n’avons simplement pas besoin de penser aux stratégies de remboursement de la dette en soi. Mais nous devons aussi penser à la façon dont les gens prennent leurs décisions, comment ils se sentent par rapport aux progrès réalisés et à l’utilisation de ces éléments pour concevoir de meilleures stratégies pour aider les gens à rembourser leurs dettes familiales. Merci.

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