Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada : Une analyse de la conjoncture et des lacunes

Message de la présidente du Comité

L’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) a pour mandat de promouvoir la protection des consommateurs en supervisant les entités financières sous réglementation fédérale et en collaborant avec les intervenants pour aider à renforcer la littératie financière des Canadiens. La recherche et l’interprétation des données restent les principaux moyens de tester et d’évaluer le succès des mesures qu’elle prend, et les résultats de recherches récentes ont laissé entrevoir des résultats prometteurs.

Le Canada est l’un des pays les plus instruits au monde sur le plan financier, selon les mesures nationales et internationales. Des enquêtes internationales ont démontré que les niveaux de connaissances financières des adultesNote de bas de page 1  et des jeunesNote de bas de page 2  Canadiens sont parmi les plus élevés au monde. Nos propres mesures nationales parviennent à des conclusions semblablesNote de bas de page 3 , et soulignent les progrès que nous avons réalisés dans l’amélioration des connaissances, des compétences et de la confiance des Canadiens en matière financière; mais nous devons aller plus loin.

Il y a beaucoup de place à l’amélioration. Même avant la crise sanitaire liée à la COVID-19, trop peu de Canadiens avaient un budget, les niveaux d’endettement étaient exceptionnellement élevés et beaucoup n’en faisaient pas assez pour concrétiser leur vision d’une retraite confortable. Même si l’évolution des nouveaux services et produits financiers promet de donner aux consommateurs plus de choix et de possibilités, en l’absence de directives appropriées, cette augmentation rapide de la complexité du marché menace de laisser de côté de nombreux Canadiens.

Le Plan national de recherche sur la littératie financière a pour origine la nécessité d’exploiter la puissance de la recherche pour aider à façonner l’avenir des découvertes, des politiques et des pratiques exemplaires dans le domaine de la littératie financière et du bien-être financier de tous les Canadiens. Il a été conçu afin de déterminer les questions clés et trouver des éléments probants pour aider à améliorer la prise de décision concernant l’élaboration de programmes et de services de littératie financière partout au Canada. Il a relevé certaines des nouvelles occasions et difficultés auxquelles font face les consommateurs lorsqu’ils gèrent leurs finances personnelles. Il a également fourni des données probantes qui pourraient être utilisées pour aider à améliorer les politiques et les programmes visant à promouvoir un marché financier plus équitable.

Le Rapport d’avancement : Plan national de recherche du Canada sur la littératie financière de 2018 a donné un aperçu de la situation à ce moment, en soulignant les nouvelles idées et les résultats de recherche qui ont été générés à la suite du Plan national de recherche. Bien que la recherche et l’état des connaissances aient énormément progressé, de nombreuses questions restent sans réponse. Afin de poursuivre sur cette lancée positive, le Comité de recherche sur la littératie financière a été chargé de fournir une analyse actualisée de la conjoncture et des lacunes de l’état actuel de la recherche en matière de littératie financière au Canada.

La présente Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada : une analyse de la conjoncture et des lacunes (« la Revue ») continue de souligner l’engagement de l’ACFC à l’égard de la littératie financière et du bien-être financier comme élément de sa raison d’être et responsabilité fondamentale énoncée dans son plan d’activités. Ce document met d’abord l’accent sur la nécessité d’une analyse de la conjoncture et des lacunes, qui servira de carte pour aider à orienter le travail de l’ACFC ainsi que celui des intervenants de tout le pays. Il donne ensuite un aperçu de certains des travaux actuels des intervenants captés par l’analyse de la conjoncture et organisés en fonction des priorités de recherche cernées en collaboration avec le Comité de recherche. Il importe de noter que les projets actuels et futurs sont également décrits et suivis de la définition de certaines lacunes existantes. L’ensemble de ces données vise à aider à guider la communauté de la littératie financière vers un avenir productif.

Sur le plan général, cette revue contribue au Plan de recherche intégré de l’ACFC. L’objectif principal du Plan est d’offrir un appui plus soutenu à l’élaboration de politiques, de programmes et d’interventions fondées sur des données probantes et des comportements. Ensemble, ces efforts contribueront au maintien du rôle de l’ACFC comme chef de file et innovateur en matière de protection des consommateurs de produits et services financiers.

C’est donc avec une grande fierté que je présente cette Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada. Ce document reflète les efforts de collaboration soutenus et l’enthousiasme de l’ACFC et des intervenants pour l’avancement des connaissances dans le domaine multidisciplinaire et émergent de la littératie financière et du bien-être financier. Le nombre de chercheurs, de décideurs politiques, d’organisations à but lucratif et non lucratif qui deviennent des alliés d’année en année témoigne véritablement de la réussite du sujet.

Je tiens à remercier tous les membres du Comité de recherche pour leurs efforts passés et futurs. Sans leur collaboration et leur leadership, cette Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada n’existerait tout simplement pas.

Ruth Stephen

Directrice, Politique stratégique, recherche et expérimentation

Agence de la consommation en matière financière du Canada

Introduction : la nécessité d’une revue de la recherche sur la littératie financière au Canada

La dette des ménages est l’une des plus grandes vulnérabilités financières de l’économie canadienne (Banque du Canada, 2019). Les niveaux d’endettement des ménages ont atteint des sommets historiques, en partie parce qu’il est devenu plus facile et attrayant de s’endetter (Poloz, 2018). L’augmentation rapide des produits financiers et la disponibilité des services financiers numériques ont considérablement accru la complexité du marché financier et ont fourni aux consommateurs davantage d’incitatifs et de possibilités d’endettement.

L’accumulation de dettes et les difficultés à s’y retrouver dans un marché financier de plus en plus complexe ont fait que les Canadiens épargnent à un niveau historiquement bas. Cette réduction de l’épargne peut contribuer à un recours croissant à l’endettement, que les gens utilisent ensuite pour financer leurs achats quotidiens ou leurs dépenses non courantes. L’adoption de comportements de planification des priorités, tels que l’épargne active et l’établissement de budgets, peut atténuer le risque de tomber dans le piège de l’endettement, mais là encore, les Canadiens ne sont pas assez nombreux à adopter de tels comportements.

La Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada met en lumière les progrès passés et actuels de la recherche sur la littératie financière (produite par les intervenants gouvernementaux et non gouvernementaux) tout en relevant les lacunes existantes du paysage financier. L’objectif primordial est de contribuer à renforcer le bien-être financier de tous les Canadiens. Les quatre priorités de recherche — c’est-à-dire la gestion de l’endettement, l’orientation dans le marché financier, l’accroissement de l’épargne et l’établissement d’un budget — constituent des comportements essentiels qui favorisent ce bien-être. L’amélioration de la culture financière est essentielle, mais les choix et gestes individuels, comme tout comportement, dépendent du contexte. Ainsi, le changement de comportement ne suffira pas à lui seul à soutenir le changement.

Le contexte dans lequel les Canadiens prennent des décisions financières est aussi important que les comportements eux-mêmes. En ce sens, le contexte est représenté ici comme englobant des thèmes — c’est-à-dire les capacités mentales et comportementales, les déterminants sociaux du bien-être, la technologie financière et la recherche en pratique — qui influencent, modifient et limitent tous de manière importante les choix individuels. Par exemple, les Canadiens de partout au pays dont le revenu est faible ou précaire ont besoin de compétences en littératie financière adaptées à leur situation, et le secteur financier et le paysage politique ont chacun une incidence très différente sur ces personnes.

Nous devons mieux comprendre ce contexte à long terme pour promouvoir le bien-être financier grâce à la littératie financière. Il importe de noter que cette meilleure compréhension provient à la fois du travail des entités gouvernementales et des intervenants indépendants, tels que les universitaires et les organisations à but non lucratif, qui poursuivent tous des activités de recherche.

En mettant en lumière ces priorités de recherche et les thèmes généraux, la Revue vise à renforcer les solutions et à servir de guide aux chercheurs, aux décideurs politiques et aux praticiens qui, au bout du compte, cherchent à aider les Canadiens à prendre des décisions financières personnalisées pour optimiser leur vie.

Historique et objectifs de la Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada

La Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada : Une analyse de la conjoncture et des lacunes s’appuie sur des travaux antérieurs visant à soutenir et à promouvoir la littératie financière et le bien-être financier. Le Plan national de recherche sur la littératie financière a joué un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour la littératie financière, intitulée Compte sur moi, Canada (ACFC, 2015b). La stratégie nationale a été élaborée pour mobiliser les secteurs public, privé et à but non lucratif dans le but d’aider à renforcer la culture financière des Canadiens. Ses principaux objectifs étaient d’habiliter les Canadiens à gérer leur argent et leurs dettes judicieusement, à planifier et à épargner pour l’avenir et à prévenir la fraude et l’exploitation financière et à se protéger contre celles-ci. Un renouvellement de la stratégie nationale a commencé en 2020, et la nouvelle version devrait être publiée en 2021.

Pour atteindre les objectifs, de la Stratégie nationale, on a élaboré le Plan national de recherche afin de renforcer les efforts du milieu de la recherche et des autres intervenants concernés. Celui-ci a également servi pour favoriser la détermination claire de ce que nous savons et ignorons sur la littératie financière au Canada. En décrivant les résultats clés de la recherche et en indiquant les possibilités de recherche, il a servi de guide fondé sur des données probantes pour informer et aider à améliorer les programmes et les services de littératie financière, pour orienter les politiques et pour contribuer à améliorer le bien-être financierNote de bas de page 4  des Canadiens.

Littératie financière et bien-être financier 

La littératie financière et le bien-être financier demeurent un domaine nouveau — comme en témoigne la création du Réseau international sur l’éducation financière en 2008 — mais dans lequel le Canada a toujours joué un rôle de premier plan.

La littératie financière a généralement été définie de manière plus précise autour des connaissances et de l’éducation. Toutefois, le Comité de recherche de l’ACFC a mis l’accent sur une définition plus large, qui inclut le bien-être financier4 et accorde une plus grande importance aux facteurs psychologiques et aux résultats pratiques.

La littératie financière s’entend des connaissances, de la confiance et des compétences nécessaires pour prendre des décisions financières responsables (ACFC, 2015b). Le bien-être financier est la mesure dans laquelle une personne peut répondre confortablement à tous ses engagements et besoins financiers actuels tout en ayant la résilience financière nécessaire pour continuer de le faire à l’avenir (CFPB, 2015; Muir et coll., 2017; ACFC, 2019d). La littératie financière n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen d’améliorer son bien-être financier de manière importante sur le plan personnel.

Le Plan national de recherche nous a permis d’améliorer notre base de données probantes et de l’adapter particulièrement au contexte canadien. Il a également aidé à souligner l’importance du bien-être financier. Le concept émergent de bien-être financier est l’un des nombreux éléments positifs découlant des nouvelles données. Le Rapport d’avancement du plan de recherche, publié en 2018, a résumé les progrès réalisés dans ce domaine en pleine évolution, et aidé à diffuser les leçons apprises et à orienter les travaux futurs.

Cette Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada vient compléter et prolonger les travaux du Plan national de recherche tout en envisageant de nouveaux niveaux de profondeur pour mieux refléter l’évolution de ce nouveau domaine. La Revue vise également à contribuer au Plan de recherche intégré de l’ACFC, dont le principal objectif consiste à soutenir davantage l’élaboration de politiques, de programmes et d’interventions fondés sur des données probantes et sur l’étude des comportements, et qui contribueront en définitive au rôle de l’ACFC en tant que chef de file et innovateur en matière de protection des consommateurs de produits et services financiers.

Cette Revue ne se veut pas une analyse exhaustive de la littérature, mais plutôt un aperçu utilisé pour saisir l’état du domaine et fournir une carte actualisée pour l’avenir. Les nouvelles données probantes générées par ce corpus de recherche créé par le gouvernement, les universités, les organisations à but non lucratif et d’autres intervenants fourniront des aperçus qui pourront aider à orienter le travail en cours des décideurs politiques du secteur public et aider les praticiens à maximiser le succès de leurs clients. Ces avancées pratiques contribueront à leur tour à éclairer les recherches futures.

Les trois principaux objectifs de la Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada sont :

  1. aider à promouvoir la littératie financière et le bien-être financier comme domaine de recherche interdisciplinaire de pointe;
  2. mettre en lumière et promouvoir les données empiriques comme moyen de renforcer la littératie financière et le bien-être financier des Canadiens;
  3. éclairer le travail des praticiens et des décideurs politiques qui travaillent à renforcer la littératie financière et le bien-être financier des Canadiens, et être mieux informés de leur travail.

La Revue met l’accent sur l’engagement de l’ACFC à l’égard de la littératie financière, du bien-être financier et de la protection des consommateurs, qui s’inscrivent dans sa raison d’être et ses responsabilités fondamentales telles qu’énoncées dans le Plan d’activités de l’ACFC. Il a été conçu pour guider les nombreux efforts des intervenants de partout au pays. Il donne un aperçu de certains  travaux des intervenants, classés selon les quatre priorités de recherche et les thèmes récurrents (décrits ci-dessous). Cette revue de haut niveau des résultats de la recherche est une étape nécessaire pour suivre et évaluer les tendances susceptibles d’affecter les consommateurs de produits et services financiers. La présentation de ce que nous savons permet également de relever les éventuelles lacunes dans nos connaissances et constitue le fondement d’un processus décisionnel efficace. En outre, une dernière section aborde  la littératie financière et le bien-être financier des Canadiens dans le contexte de la crise sanitaire liée à la COVID-19. Cette approche vise à soutenir les initiatives en cours des intervenants qui contribuent à promouvoir la protection des consommateurs de produits et services financiers, ainsi qu’à contribuer et à renforcer la littératie financière des Canadiens.

Priorités et thèmes de recherche

Priorités de recherche

Les milieux universitaires, des organisations à but non lucratif, des affaires et gouvernementaux ont défini les priorités de recherche comme fondamentales pour comprendre et améliorer la littératie financière et le bien-être financier. Plus précisément, l’ACFC s’est appuyée sur des publications de recherche, des discussions continues avec les intervenants et des entrevues approfondies avec les membres du Comité de recherche de l’ACFC. On a convenu que les priorités déterminées dans le Plan national de recherche restent les éléments essentiels qui sous-tendent la recherche, l’éducation, la politique et la pratique en matière de littératie financière.

Les quatre principales priorités de recherche sont :

  1. La gestion de l’endettement;
  2. l’orientation dans le marché financier;
  3. l’accroissement de l’épargne; 
  4. l’établissement d’un budget.

La gestion de l’endettement met en jeu l’emprunt et le remboursement d’argent. De nombreux consommateurs ne sont pas conscients des coûts à long terme des prêts hypothécaires, des cartes de crédit et autres emprunts, et trop peu d’entre eux ont établi un plan pour les rembourser.

L’orientation dans le marché financier concerne la complexité croissante du marché financier et de la capacité du consommateur à trouver les produits et services financiers les mieux adaptés.

L’accroissement de l’épargne consiste à mettre de l’argent de côté pour l’avenir; l’épargne sert généralement à payer les dépenses d’urgence, celles liées à l’éducation et à la retraite.

L’établissement d’un budget est un élément fondamental de la planification financière et met en jeu le suivi des revenus par rapport aux dépenses. À mesure que les Canadiens s’endettent, le marché financier se complexifie et il devient plus difficile de s’y retrouver. Comme les gens économisent moins en général l’établissement d’un budget peut aider les consommateurs à répondre à leurs besoins personnels aujourd’hui et à l’avenir. 

Thèmes

Les priorités de recherche représentent chacune un ensemble complexe de comportements qui sont influencés par de nombreux facteurs d’ordre personnel et communautaire. Ces facteurs varient considérablement, de l’environnement local dans lequel les gens vivent, aux traits de personnalité individuels, à la disponibilité de différentes technologies, pour n’en citer que quelques-uns. Bon nombre de ces facteurs peuvent être regroupés en thèmes plus vastes, liés aux priorités de recherche et qui représentent les piliers sur lesquels la recherche future sera fondée. Ensemble, les thèmes illustrent les nombreuses façons dont nos comportements peuvent être influencés, modifiés et limités en fonction du contexte, et peuvent être utilisés, le cas échéant, pour orienter les recherches futures.

Les quatre thèmes sont :

  1. capacités mentales et comportementales;
  2. déterminants sociaux du bien-être financier;
  3. technologie financière;
  4. recherche en pratique.

Les capacités mentales et comportementales peuvent influencer et restreindre les choix financiers des individus et des groupes. Les caractéristiques psychologiques telles que la personnalité (p. ex. la maîtrise de soi) et les attitudes personnelles (p. ex. les opinions sur l’épargne) jouent un rôle dans la formation de nos comportements financiers. Les capacités cognitives (p. ex. la mémoire, l’attention) ont des limites, et la quantité de renseignements financiers et le rythme auquel ils arrivent sont souvent au-delà de ces limites. Selon des travaux menés dans de nombreux domaines, tels que la psychologie et l’économie comportementale, ces capacités cognitives sont grandement influencées par l’expérience individuelle (p. ex. les préjugés), l’émotion (p. ex. le rôle du stress) et le moment (p. ex. les étapes de la vie ou les périodes de pénurie où nous avons moins de ressources), et peuvent changer en fonction de ces facteurs. Il existe également un découplage bien établi entre les compétences (p. ex. les connaissances et les compétences financières) et la confiance (p. ex. les perceptions subjectives à l’égard des connaissances), ce qui peut entraîner de grandes différences entre nos actions envisagées et réelles. L’examen de ce thème pour chaque priorité de recherche peut aider à brosser un tableau plus clair de la prise de décisions financières et des choix comportementaux à l’échelle de la personne.

Les déterminants sociaux du bien-être financier regroupent les nombreux facteurs, d’ordre social, démographique et environnemental, qui peuvent affecter des individus ou des groupes de consommateurs. Par exemple, les politiques et programmes municipaux, provinciaux et fédéraux peuvent influencer la façon dont les gens gèrent leurs finances, ainsi que leur connaissance des services et produits financiers et leur accès à ceux-ci. L’endroit où une personne habite peut également avoir une incidence sur ses choix financiers. Les habitants des régions moins denses, comme ceux des petites villes ou des réserves situées loin des grandes villes, ont souvent un accès limité aux produits, services et renseignements financiers. En outre, l’identification à un groupe (p. ex. selon la culture, l’origine ethnique ou le sexe) peut également avoir une incidence réelle ou perçue sur les croyances et les comportements financiers. La recherche qui intègre ce thème peut contribuer à clarifier les types de phénomènes financiers observés au niveau du groupe ou de la population, et peut aider à déterminer les groupes de personnes vulnérables et les voies de soutien.

La technologie financière joue un rôle de plus en plus important dans nos vies. Les progrès dans les domaines de la technologie financière n’ont jamais été aussi rapides, mais on saisit mal comment ces technologies aident ou entravent la prise de décisions financières saines. En outre, ces développements ont des répercussions sur les particuliers, les fournisseurs de services financiers et l’ensemble du secteur. Avec l’utilisation accrue d’outils bancaires en ligne et par téléphone intelligent, de paiements mobiles, l’essor des cryptomonnaies et le recours accru à l’apprentissage en ligne, il est nécessaire de mieux comprendre comment ces technologies affectent les choix et les comportements des consommateurs. Par exemple, bien qu’il soit devenu plus facile d’épargner grâce aux outils bancaires électroniques, qui permettent de transférer automatiquement de l’argent de votre compte de chèques à votre compte d’épargne, on ne sait pas de façon claire si ces outils aident réellement les consommateurs. En outre, les sociétés autres que les banques et les coopératives d’épargne et de crédit qui proposent des services financiers — les sociétés dites « tierces » — créent de plus en plus de produits et de services financiers pour les consommateurs, comme les applications de paiement mobile ou de budgétisation. Toutefois, ces services se situent souvent hors des limites réglementaires habituelles ce qui augmente le risque de confusion pour les consommateurs qui pourraient ne pas être bien au fait des risques liés à la sécurité et de leurs droits en matière de protection des renseignements personnels. À cet égard, il y a beaucoup de place pour de nouvelles recherches sur la protection financière des consommateurs ainsi que pour la mise au point de technologies qui contribueront à améliorer l’éducation financière. Davantage de recherches sur chaque priorité de recherche peuvent aider à définir le rôle actuel des technologies financières et à anticiper leur impact futur.

La recherche en pratique souligne l’importance d’aider les praticiens et les décideurs politiques à trouver des moyens efficaces de tirer parti de la recherche sur la littératie financière et le bien-être financier pour mieux servir les Canadiens. Qui plus est, ce thème inclut et favorise également l’utilisation d’approches axées sur la collectivité, dans le cadre desquelles on encourage les membres de la collectivité à participer activement, voire à diriger, les efforts de recherche. Les caractéristiques des utilisateurs finaux et des différents groupes de consommateurs (p. ex. ceux qui vivent dans des zones rurales ou urbaines, les minorités, les jeunes ou les personnes âgées) varient considérablement. Dans cette optique, la collecte de données probantes sur les besoins des différents consommateurs et leur prise en compte permettront d’adapter de plus en plus les produits, les services et les stratégies en matière d’éducation et d’orientation visant à améliorer les résultats financiers des Canadiens. Le recours à des interventions « juste à temps », qui ciblent un groupe de consommateurs avec des renseignements opportuns (p. ex. les parents dont les enfants viennent d’être admissibles à un programme d’épargne-études) offre un exemple de ce travail. L’examen de ce thème dans le cadre de chaque priorité de recherche pourrait aider à traduire en pratique les renseignements propres à chaque contexte (c.-à-d. à déterminer « quand , « comment », « pour qui » et « de quelle façon » les interventions ou les politiques sont les plus utiles).

Figure : Le bien-être financier

Représentation graphique du bien-être financier, version textuelle suit.
Version textuelle: Le bien-être financier

Illustration de la relation entre les priorités et les thèmes de recherche, et comment le tout contribue à l’amélioration du bien-être financier. Veuillez noter que ces renseignements ne sont pas exhaustifs et que des recherches futures pourraient compléter ou modifier ces priorités et thèmes.

Priorités de recherche : recherche passée et future

Comme décrit précédemment, cette Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada met l’accent sur quatre priorités de recherche pour la littératie financière et le bien-être financier : la gestion de l’endettement, l’orientation dans le marché financier, l’accroissement de l’épargne et l’établissement d’un budget

Les sections ci-dessous décrivent ce que nous savons actuellement sur chaque priorité de recherche dans le contexte canadien et examinent les possibilités, les orientations et les lacunes futures. Les résultats de la recherche et les orientations futures décrites dans ces sections découlent d’initiatives menées par l’ACFC et par des intervenants et sont, dans de nombreux cas, le fruit d’efforts concertésNote de bas de page 5 . 

Les quatre thèmes mentionnés précédemment ont permis de relever certaines lacunes existantes, et chaque section se termine par une brève discussion de cette évaluation et un résumé des points clés. Cette revue ne se veut pas une analyse exhaustive de toutes les recherches, mais vise plutôt à déterminer et à promouvoir les principaux domaines d’intérêt, les lacunes existantes et certaines questions prioritaires particulièrement pertinentes pour les Canadiens. 

Gestion de l’endettement

Le niveau d’endettement des Canadiens est l’un des plus élevés au monde, soit près de 1,74 $ pour chaque dollar de revenu (Statistique Canada, T1 2020a), et la plupart des Canadiens (70,4 %) sont endettés sous une forme ou une autre (Statistique Canada, 2016). Les gens peuvent s’endetter de nombreuses façons, notamment par le biais de prêts hypothécaires, de marges de crédit, de cartes de crédit, de prêts automobiles, de prêts étudiants, de prêts personnels et de prêts sur salaire, pour n’en citer que quelques-unes. La plupart des Canadiens pourraient bénéficier de connaissances, de compétences et d’une confiance accrues pour les aider à gérer leurs dettes. Tandis que certaines formes d’endettement peuvent servir à acquérir des compétences et des biens (p. ex. éducation, maison), d’autres peuvent faire intervenir des préjugés psychologiques et pousser les gens vers des pièges d’endettement (p. ex., le crédit renouvelable). La recherche qui permet de découvrir les facteurs et les défis associés à la gestion efficace de l’endettement ainsi que les moyens d’améliorer les comportements en matière de gestion de l’endettement demeure une priorité pour l’ACFC et la communauté de la littératie financière en général.

Gestion de l’endettement : points de départ pour la recherche future

L’Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF; voir l’annexe I pour de plus amples renseignements) et l’Enquête sur le bien-être financier (EBEF : voir l’annexe I) ont été essentielles pour brosser un portrait détaillé de l’endettement canadien, et l’ACFC a dirigé une grande partie de ce travail. Par exemple, des rapports de l’ACFC ont révélé que la plupart des dettes sont détenues par des personnes ayant un revenu élevé et des personnes de moins de 45 ans (~60 %). Nous constatons également des niveaux exceptionnellement bas d’épargne personnelle, une mauvaise préparation à la retraite et un accroissement du recours courant au crédit à taux d’intérêt élevé. Par exemple, une personne sur trois a occasionnellement recours au crédit pour ses dépenses quotidiennes lorsqu’elle est à court de fonds (ACFC, 2015a, 2017b, 2018, 2019e).

Des recherches antérieures ont permis de clarifier les occasions et les défis que les gens rencontrent lorsqu’ils essaient de gérer leur endettement ou de demeurer exempt de dettes. Ces travaux ont en partie porté sur les utilisateurs de produits financiers, comme les marges de crédit hypothécaires et les prêts sur salaire, ou ont examiné les stratégies que les gens utilisent pour rembourser leurs dettes. D’autres axes de recherche ont davantage porté sur les aspects démographiques de l’endettement, comme les différences d’âge chez les personnes endettées, les dépenses des proches aidants et le concept de stress lié à l’endettement. Ensemble, ces études ont aidé à découvrir les fondements socioéconomiques, démographiques et psychologiques de l’endettement.

Selon la recherche, de nombreux Canadiens comprennent mal le fonctionnement des marges de crédit hypothécaire (ACFC, 2019a). Cette situation est particulièrement troublante, car il s’agit du deuxième contributeur en importance à l’endettement des ménages, derrière les prêts hypothécairesNote de bas de page 6 . Ce manque de compréhension en pousse probablement certains à prendre des décisions financières inadéquates, comme en ne payant que l’arriéré d’intérêts et en s’endettant au-delà de ce qui est facilement gérable. Par exemple, même si un Canadien sur quatre ayant une marge de crédit hypothécaire a déclaré n’acquitter que l’arriéré d’intérêts, plus de la moitié d’entre eux s’attendaient à rembourser complètement leur crédit dans les cinq ans (ACFC, 2019a).

De plus, de nombreux consommateurs connaissent mal les prêts sur salaire. Une enquête menée par l’ACFC auprès de 1 500 utilisateurs de prêts sur salaire a révélé que la plupart des gens ne comprenaient pas à quel point ces prêts étaient dispendieux, et que 45 % les utilisaient pour des dépenses imprévues (p. ex. des réparations de voiture) et 41 % pour des dépenses prévues courantes (p. ex. des frais de subsistance) (ACFC, 2016b). La conclusion la moins intuitive de ce rapport est peut-être que 20 % des emprunteurs disposent d’un revenu familial supérieur à 80 000 $. Cela concorde avec une autre étude montrant que les personnes qui avaient peu de connaissances financières et s’attendaient à ce que leur situation financière s’améliore à l’avenir étaient plus susceptibles de recourir à des prêts sur salaire malgré les taux d’intérêt élevés (Islam et Simpson, 2017). Des renseignements détaillés sur le secteur du prêt sur salaire au Canada ont été intégrés dans un livre édité par Jerry Buckland, Christopher Robinson et Brenda Spotton Visano (2018). Les auteurs ont brossé un tableau complexe du système de prêts sur salaire et de ses utilisateurs, tant du point de vue canadien qu’américain, et soulignent finalement que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer qui pourrait être le mieux aidé ou lésé par ces produits.

Les travaux de Keri Kettle, de l’Université du Manitoba, et de ses collègues ont porté sur les stratégies de remboursement des prêts utilisées par les consommateurs américains. Pour atteindre leur objectif, les chercheurs ont combiné les avantages d’effectuer des analyses rétrospectives sur un grand ensemble de données (c.-à-d. plus de puissance), avec les avantages de mener une série de plus petites études comportementales (c.-à-d. plus de contrôle) (Kettle et coll., 2016). Leurs conclusions ont révélé que les consommateurs ayant de multiples comptes de dette sont plus motivés et réussissent mieux à rembourser leurs prêts lorsqu’ils utilisent une stratégie concentrée (c.-à-d. qu’ils se concentrent sur la réduction des dettes d’un seul compte), par rapport à des stratégies plus dispersées (c.-à-d. répartir leurs fonds disponibles sur plusieurs dettes). Il est intéressant de noter que ces effets sont plus importants lorsque les remboursements sont concentrés sur les comptes de dette les moins élevés. Il sera important à l’avenir de voir comment ces résultats se traduiront dans le contexte canadien.

D’autres recherches sur le paiement de dettes ont examiné le comportement des organisations qui ne produisaient pas leur déclaration annuelle de charges sociales en Ontario (House et coll., 2018). Adoptant une stratégie qui s’est avérée fonctionner au niveau de l’individu, les chercheurs ont eu recours à l’introspection comportementale — des avis de retard soigneusement formulés avec des instructions de paiement étape par étape, dans le cadre d’une expérience à grande échelle et en plusieurs vagues — pour inciter les organisations à payer leurs impôts plus tôt. Les auteurs ont conclu qu’un comportement de planification détaillée pourrait aider les groupes (et pas seulement les individus, comme l’ont démontré des recherches antérieures) à surmonter la procrastination associée au remboursement de leurs dettes fiscales.

Le système de soins de santé universel du Canada couvre de nombreux coûts liés à la santé, mais, comme Karen Duncan et ses collègues l’ont découvert, il existe un fardeau pour les proches aidants. Près de la moitié des Canadiens deviendront des proches aidants au cours de leur vie, et l’équipe de recherche a constaté qu’au-delà d’un tiers des personnes de plus de 45 ans ont engagé des frais pour s’occuper de leurs proches (Duncan et coll., 2016). Même si les données n’ont pas permis d’obtenir une description détaillée de profils financiers en particulier et, donc, de l’endettement personnel, elles suggèrent que ce groupe de proches aidants est particulièrement vulnérable à une charge financière accrue et à des facteurs de stress liés à la santé qui méritent d’être étudiés davantage dans de futures recherches.

Le stress est un sujet qui touche tous les domaines de l’endettement, car les finances sont reconnues comme le plus grand facteur de stress pour les Canadiens (Financial Planning Standards Council, 2018). L’enquête annuelle de l’Association canadienne de la paie a révélé que 40 % des travailleurs se sentent stressés par l’endettement (ACP, 2018). Ce résultat a été élargi par Hayley Hamilton et ses collègues (2019), qui ont montré que le stress lié à l’endettement était associé à une mauvaise santé (mentale et physique). Ils ont également montré que les personnes issues de ménages à faible revenu étaient plus susceptibles de vivre des niveaux plus élevés de stress liés à l’endettement, et que les femmes et les personnes séparées ou divorcées étaient touchées de manière disproportionnée. Le stress financier a également été associé au bien-être financier et à la satisfaction à l’égard de la vie des personnes qui s’étaient ainsi déclarées (Brzozowski et Spotton Visano, 2019). Dans le même ordre d’idées, Lisa Fiksenbaum et ses collègues ont montré que leur mesure de la menace financière - définie comme la crainte et l’anxiété liées à l’incertitude d’une personne quant à sa situation financière — était également associée à des niveaux d’endettement accrus et à des difficultés économiques, ainsi qu’à une volonté de modifier ses comportements financiers (Fiksenbaum et coll., 2017).

Les différences liées à l’âge ont également été de plus en plus étudiées. Par exemple, les ménages dont les parents cohabitent avec leurs enfants adultes sont en hausse depuis des décennies, et une étude a révélé que ces ménages sont plus susceptibles d’avoir moins de biens et près de deux fois plus de dettes que les ménages sans enfants adultes présents (Maroto, 2019). Une étude sur les millénariaux canadiens (nés entre 1980 et 2000) a révélé que ceux-ci ont des connaissances financières et un bien-être financier semblables à ceux de la génération précédente (appelée « génération X ») (Robson et Loucks, 2018), mais qu’ils sont plus susceptibles d’avoir des dettes d’études et de cartes de crédit et qu’ils ont peu ou pas d’épargne-retraite. Les résultats complémentaires d’une étude américaine ont montré que les millénariaux qui utilisent des paiements mobiles (c.-à-d. à partir d’ordinateurs ou de téléphones intelligents) sont plus susceptibles de mettre leurs comptes financiers à découvert, de payer des frais de carte de crédit et de retirer leur épargne-retraite de manière anticipée, par rapport aux millénariaux qui n’utilisent pas les paiements mobiles (Lusardi et coll., 2018). Ces résultats présentent une occasion unique de valider ces conclusions dans le contexte canadien.

Une petite étude qualitative comparant des millénariaux de Montréal et de Santiago (Chili) dont la dette d’études est ingérable a suggéré que les Canadiens sont plus susceptibles de considérer l’endettement comme une responsabilité personnelle, alors que les Chiliens pensent que la responsabilité incombe plus aux familles et aux États (Pérez-Roa, 2019). Au moins une étude a souligné l’importance de considérer ce groupe par rapport à tous les autres groupes d’âge (Ben-Ishai et Stanley, 2017) — afin d’éviter la propagation de mythes trompeurs, comme ceux de la génération paresseuse ou « condamnée » des millénariaux — car de nombreux groupes d’âge ont des problèmes financiers semblables (p. ex., une dette accrue). En fait, Nicolas Bédard et Pierre-Carl Michaud (2018) ont souligné la préoccupation selon laquelle l’endettement — en particulier la dette hypothécaire — augmente également parmi un sous-ensemble de ménages qui approchent de la retraite. Les auteurs suggèrent que l’endettement croissant à ce stade de la vie peut être particulièrement dangereux pour beaucoup, car une modification des coûts d’emprunt ou de la valeur des maisons pourrait diminuer leur niveau de vie à la retraite.

Gestion de l’endettement : orientations futures

Les initiatives de recherche suivantes, prévues ou en cours, sont entreprises pour combler les lacunes existantes dans notre compréhension actuelle de la gestion de l’endettement personnel au Canada.

Gestion de l’endettement : lacunes existantes

Lorsque l’on considère les quatre thèmes susmentionnés, il devient évident que notre compréhension actuelle se concentre en grande partie au niveau du comportement individuel. Même si certains projets récents ont davantage porté sur la gestion de l’endettement d’un point de vue social ou pratique, nous en savons encore relativement peu sur les déterminants sociaux du bien-être financier et sur la manière dont la technologie financière influence la capacité des Canadiens à gérer leur argent.

L’ECCF s’est révélée être un élément fondamental pour dresser le portrait des connaissances, des aptitudes et des comportements des Canadiens en ce qui a trait à la gestion des finances personnelles. Maintenant que trois vagues de données ont été recueillies (c.-à-d. de 2009, 2014 et 2019), il sera important de comprendre quels types de changements sont intervenus au fil du temps. Par exemple, on pourra désormais comparer certains changements de comportement des consommateurs de produits et services financiers pour chaque priorité de recherche et aussi d’avoir une idée des différences qui peuvent exister entre les groupes (p. ex. comment les niveaux d’endettement des Canadiens à faible revenu ont-ils évolué en dix ans?).

En outre, la littératie et les comportements financiers des jeunes Canadiens sont un sujet d’intérêt émergent, compte tenu du moment et du rythme auquel ils peuvent s’endetter au cours des années suivantes de leur vie (p. ex. cartes de crédit, prêts étudiants ou automobiles). Des enquêtes nationales et internationales ont révélé que les jeunes Canadiens ont de bonnes compétences de base en littératie financière. Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA; voir l’annexe I) a classé les jeunes Canadiens de 15 ans au troisième rang mondial en matière de littératie financière et a suggéré que les jeunes qui ont eu à gérer leur propre argent et qui parlent régulièrement d’argent à la maison ont un degré élevé de littératie financière (OCDE, 2017; 2020). Bien qu’il existe une base de référence pour la littératie financière des jeunes Canadiens, on en sait peu sur les facteurs de risque, les différences entre les groupes et l’efficacité des programmes d’enseignement (ou de la littératie financière, des compétences et de la confiance des enseignants eux-mêmes). Au-delà de ce point de vue international, on sait très peu de choses sur la façon dont la littératie financière des jeunes Canadiens permet de prédire leurs futures décisions financières et leur bien-être financier.

Nous avons obtenu des renseignements restreints à certains groupes d’âge (p. ex. les jeunes, les millénariaux, les personnes âgées) et à certains produits financiers (p. ex. les marges de crédit hypothécaires, les prêts sur salaire), et nous avons appris que le stress lié à l’endettement peut avoir des effets négatifs sur les Canadiens de tous les niveaux socioéconomiques. Toutefois, un certain nombre de questions demeurent sans réponse. Par exemple, on n’a pas établi clairement dans quelle mesure les gens sont au fait de leur endettement, ni s’ils ont un plan en place pour le gérer (ou précisément quels types de stratégies les différents groupes de consommateurs pourraient utiliser). Il existe des lacunes dans notre compréhension des différences entre les hommes et les femmes en ce qui concerne les types de véhicules d’endettement utilisés, l’accès à la dette et les stratégies de remboursement des dettes. Les interventions d’éducation financière pourraient également bénéficier d’une plus grande clarté dans ces domaines afin de mieux informer et adapter la programmation. De plus, même s’il semble y avoir un lien entre la santé mentale et la santé financière, la relation entre le bien-être mental (p. ex., le stress ou la perception d’avoir le contrôle) et le bien-être financier n’est pas claire.

Gestion de l'endettement : résumé des points clés

  • Les Canadiens sont très endettés, et leur endettement prend de nombreuses formes.
  • La mauvaise planification de la retraite et le recours accru au crédit pour les achats quotidiens, le manque de compréhension des différents types de véhicules d’endettement et le taux d’épargne moindre sont autant de facteurs qui contribuent à un bien-être financier moindre et à un stress accru.
  • L’utilisation de stratégies de gestion de l’endettement claires et actives peut aider à améliorer le bien-être financier.
  • Les chercheurs s’affairent à mieux comprendre les liens entre la gestion de l’endettement et les comportements connexes (p. ex. l’épargne, l’établissement d’un budget) et les facteurs psychologiques (p. ex. le stress) sous de multiples points de vue (p. ex. les consommateurs, les planificateurs financiers).
  • D’autres recherches sont nécessaires pour découvrir les changements longitudinaux en matière de littératie financière et de bien-être financier. Il convient également d’étudier plus en détail comment la littératie financière des jeunes permet de prévoir leur avenir financier et comment les facteurs sociétaux et ceux du marché peuvent constituer des obstacles au bien-être financier.

Orientation dans le marché financier

Les recherches figurant dans la présente section explorent la manière dont les consommateurs s’orientent actuellement dans un marché financier de plus en plus complexe, les types d’obstacles à une démarche et à un engagement fluides, ainsi que certaines caractéristiques qui pourraient aider à rendre le marché plus facile à naviguer et plus inclusif à l’avenir. Cette priorité de recherche est la plus vaste par nature, dans la mesure où elle peut également inclure des détails sur des facteurs, des comportements ou des outils qui recoupent les autres priorités de recherche. Nous avons toutefois tenté d’inclure ici les progrès de la recherche qui ne sont pas spécifiques à l’un de ces autres domaines (c.-à-d. l’endettement, l’épargne et l’établissement d’un budget), mais qui portent plutôt sur les types de connaissances ou les modes de pensée novateurs qui pourraient aider à améliorer la capacité d’un consommateur à s’orienter dans le marché financier de manière plus générale.

Orientation dans le marché financie: points de départ pour la recherche future

Le marché financier est peut-être trop complexe pour ne désigner que quelques domaines sur lesquels on peut apprendre et proposer des améliorations. La nature de cette priorité de recherche a incité les chercheurs à réévaluer, par une approche multidisciplinaire, la manière dont les gens s’orientent dans le marché financier et y participent. Par conséquent, les recherches menées dans le cadre de cette priorité ont plus souvent abordé les quatre thèmes susmentionnés, depuis l’exploration de la complexité du marché lui-même jusqu’à l’examen des voies et des obstacles qui compromettent la capacité des gens à s’engager (p. ex. les facteurs socioéconomiques, l’éducation financière et la confiance) ou à s’orienter (p. ex. l’utilisation d’outils technologiques ou d’autres sources de conseils financiers) dans le système.

La complexité du marché financier s’accroît rapidement. Le Canada possède l’un des secteurs financiers qui connaissent la croissance la plus rapide au monde, et l’accès aux services est devenu plus facile du fait que de plus en plus de personnes utilisent des services et produits financiers en ligne ou mobiles et que les trois quarts possèdent un téléphone intelligent (Association des banquiers canadiens, 2018; Bureau de la concurrence Canada, 2018; Edenhoffer, 2018). Le recours aux paiements en espèces est en déclin depuis des décennies, à mesure qu'augmente notre dépendance aux technologies financières, comme les paiements mobiles, et d’autres avancées dans ce domaine (Engert et coll., 2018). Cette croissance continue sera probablement alimentée par les communautés de technologies financières, comme celles que l’on trouve dans le corridor Toronto-Kitchener-Waterloo, qui contient la deuxième plus forte densité de jeunes entreprises technologiques au monde (Reynolds, 2019). Bien que la croissance de la communauté de technologies financières soit rapide, de nombreuses entreprises de technologies financières ont souligné l’existence de défis permanents liés à l’accès à l’expertise et au mentorat, à l’orientation et à l’établissement de partenariats avec les institutions financières et à l’établissement d’un climat de confiance avec les consommateurs (Innovate Financial Health, 2020). Ces changements au marché nécessiteront une expansion égale des changements réglementaires et des efforts de recherche pour suivre le rythme de la croissance (Bureau de la concurrence Canada, 2018) — en particulier quant à notre compréhension de la façon dont les gens interagissent avec les technologies financières.

L’ACFC a publié Le bien-être financier au Canada : Résultats de l’enquête qui a démontré que le bien-être financier d’un individu (voir l’annexe III pour la définition) est plus fortement lié au comportement qu’au revenu (ACFC, 2018; 2019d). Plus précisément, les données basées sur une enquête menée auprès de plus de 1 900 Canadiens ont révélé que les éléments clés de l’amélioration du bien-être financier étaient un comportement d’épargne active, de faibles niveaux d’emprunt (en particulier pour les dépenses quotidiennes) et la confiance financière — y compris le sentiment de contrôle. Le message qui ressort de ces travaux est que, pour de nombreux consommateurs, l’amélioration du bien-être financier peut davantage résulter de changements de comportements financiers (p. ex. l’établissement d’un budget, l’épargne active, la réduction des emprunts) et d’une plus grande confiance financière que de la seule augmentation des revenus. Ces constatations fournissent des aperçus susceptibles de profiter aux praticiens et aux autres intervenants de la littératie financière pour la conception et la mise en œuvre de futures interventions.

Les membres vulnérables de la société sont ceux qui sont les plus susceptibles d’être négligés ou exclus du marché financier (voir ci-dessous Étude de cas I : Emploi précaire et vulnérabilité financière). Les résultats des recherches menées à ce jour ont permis de déterminer que les personnes à faible revenu, les femmes, les Autochtones, les nouveaux arrivants et les personnes ayant un faible niveau de scolarité sont des membres particulièrement vulnérables de la société. Par exemple, Jerry Buckland et ses collègues ont investi des efforts considérables dans l’étude des effets des prêts sur salaire (Buckland et coll., 2018b), la manière dont les systèmes de financement touchent positivement et négativement les personnes vulnérables à l’échelle mondiale (Buckland, 2018), et la question de l’exclusion financière des populations autochtones (Buckland et coll., 2016). Cette dernière étude a utilisé des méthodes qualitatives pour révéler certains des problèmes plus subtils qui empêchaient les gens de faire appel aux institutions financières, comme la faible accessibilité, le mauvais traitement par les employés non autochtones et une tradition collectiviste réfractaire à la gestion personnelle de l’argent. Un texte d’accès libre sur les finances personnelles, rédigé par Bettina Schneider, professeure à l’Université des Premières nations du Canada, intitulé Financial Empowerment (en anglais seulement)(2018), propose également une approche pratique pour améliorer les connaissances et les compétences financières des Canadiens — utilisant des points de vue autochtones et non autochtones. En ce qui concerne la question d’un écart possible entre les sexes en matière de littératie financière, Robson et Peetz (2020) suggèrent que la personnalité individuelle joue un rôle plus important dans les connaissances financières, le choix des produits financiers et le fait de rester informé, par rapport au sexe seul, tandis que Fonseca et Lord (2019) suggèrent que la confiance financière constitue un facteur explicatif majeur.

Étude de cas : Emploi précaire et vulnérabiilité financière

par Jerry Buckland, Ph. D

Veuillez noter que les récits ci-dessous proviennent de participants au projet de recherche Canadian Financial Diaries et que leurs noms et autres renseignements permettant de les identifier ont été modifiés afin de protéger leur anonymat.

À ce jour, les responsables du projet de recherche quinquennal « Canadian Financial Diaries » ont travaillé avec 29 Canadiens à revenu faible et moyen. Dans le cadre de ce projet, les participants suivent et partagent leurs données financières avec le personnel, et discutent de leurs expériences et de leurs difficultés financières. Les données quantitatives et qualitatives sont en cours d’analyse et certaines questions préliminaires se dégagent. Par exemple, certains participants ont raconté des histoires d’emplois précaires et de vulnérabilités financières. Deux de ces histoires viennent de Trudy et Samantha, qui sont des femmes célibataires d’âge moyen ayant un emploi à temps partiel et un revenu annuel d’environ 10 000 $. Elles n’ont ni téléphone mobile ni accès Internet à la maison.

Trudy a eu recours à l’aide sociale et a connu des problèmes de santé mentale dans le passé. Elle est maintenant en bonne santé, et elle travaille de manière occasionnelle et dispose d’un budget très serré. Elle ne veut plus recourir à l’aide sociale parce que, pour y avoir accès, elle devait suivre un ensemble de règles qui réduisaient sa qualité de vie. Elle reçoit toutefois une certaine aide pour son loyer. Jusqu’à récemment, elle avait deux emplois à temps partiel, et travaillait de 15 à 25 heures par semaine. Un de ses employeurs a récemment fermé ses portes, réduisant de moitié ses revenus. Elle essaie de trouver un autre emploi, mais elle a de la difficulté à utiliser les sites d’offres d’emploi sur Internet. Un centre communautaire offre un certain soutien, mais il est difficile d’obtenir un rendez-vous. Pour s’en sortir, elle a compté sur son père pour l’aider à payer son loyer, ce qui exige un appel téléphonique mensuel puisqu’il vit en dehors de la ville. Le soutien a été remis en question lorsque, soudainement, son père a été hospitalisé et qu’elle n’a pas pu le contacter. Elle considère cet argent comme un prêt et prévoit de le rembourser, mais pour l’instant elle n’a aucun moyen de le faire. Ses finances sont « au bord du gouffre », et une facture imprévue, l’annulation de l’aide au loyer ou la perte du soutien de son père la mettraient dans une situation très délicate. La précarité de son emploi est l’une des causes profondes de sa vulnérabilité financière. Si elle avait un emploi à temps plein ou même une aide pour chercher un emploi, ses finances et sa confiance en elle s’amélioreraient vraisemblablement.

Samantha est confrontée à une précarité semblable. Elle jongle avec des emplois occasionnels, notamment dans un dépanneur et dans une organisation sans but lucratif locale. Son emploi au dépanneur est très informel du fait qu’elle n’est pas payée à l’heure, mais que son salaire est à la discrétion du gérant, qui lui verse de l’argent liquide ou l’accompagne à l’épicerie, où il lui achète des provisions. Elle se sent mal à l’aise de demander de l’argent et cette relation la met dans une position très délicate. Jusqu’à récemment, c’était son seul emploi, ce qui lui donnait le sentiment d’être incapable de négocier un meilleur arrangement. Récemment, elle a obtenu un poste à temps partiel dans une organisation sans but lucratif, ce qui lui a donné une deuxième source de revenus et une nouvelle confiance. Son revenu demeure très modeste, mais il a le potentiel, maintenant qu’elle a terminé sa période probatoire, de lui offrir une plus grande stabilité à l’avenir. Grâce à ce changement, elle pourrait être en mesure de renégocier l’arrangement au dépanneur.

Trudy et Samantha ont toutes deux des emplois très précaires et sont financièrement vulnérables. La situation d’emploi de Trudy s’est quelque peu dégradée, mais son père a pu l’aider jusqu’à présent. La situation d’emploi de Samantha s’est un peu améliorée et pourrait continuer dans cette direction. Trudy et Samantha pourraient toutes deux bénéficier d’une formation sur les programmes de recherche d’emploi sur Internet et d’un accès à ces programmes. Pour cela, elles doivent avoir accès aux bons outils et avoir la confiance et la motivation nécessaires pour acquérir ces nouvelles compétences.

Sans égard à des caractéristiques démographiques précises, la confiance financière et le recours à des conseils financiers semblent liés à un accroissement de la participation et une meilleure orientation, comme en témoignent l’amélioration de la planification de la retraite et du niveau de vie(ACFC, 2017b). La première étude canadienne à établir un lien entre la confiance financière et la recherche d’aide en matière de planification financière a été réalisée par Jodi Letkiewicz et ses collègues de l’Université York (Letkiewicz et coll., 2016). Cette étude a démontré que les personnes qui font appel à des planificateurs financiers professionnels ont tendance à avoir un revenu plus élevé, une plus grande confiance financière et moins de stress lié aux finances. Une analyse longitudinale a révélé que les personnes ayant une grande confiance financière sont plus susceptibles de demander des conseils en matière de planification financière à l’avenir, mais qu’il n’y a pas de corrélation entre les niveaux de stress rapportés et la recherche d’aide professionnelle. Ces conclusions sont également conformes à un rapport de la Société de recherche sociale appliquée (SRSA), parrainé par l’ACFC, qui indique que la confiance financière est un bon indicateur des comportements efficaces en matière de gestion de l’argent (SRSA, 2016b).

Le travail chez les personnes âgées révèle une situation semblable, la confiance financière étant le meilleur indicateur de comportements financièrement souhaitables (comme épargner suffisamment d’argent pour la retraite) et d’une amélioration du bien-être financier à long terme (SRSA, 2016a; ACFC, 2017b). Cependant, les personnes âgées semblent aussi être uniques dans leurs interactions avec les services et les institutions financières. Par exemple, une enquête de l’ACFC a révélé que la plupart des personnes âgées effectuent régulièrement leurs opérations bancaires en personne et qu’au moins un tiers d’entre elles n’effectuent jamais d’opérations bancaires en ligne (ACFC, 2019b). En outre, une étude portant sur les connaissances des personnes âgées en matière de produits d’assurance de soins de longue durée et leur capacité à s’y retrouver parmi ces produits a révélé de faibles niveaux de sensibilisation, de connaissance et de compréhension à l’égard des avantages de ces produits pour certains consommateurs(Boyer et coll., 2020). Cela fait ressortir encore plus la nécessité de mieux comprendre les différences entre les groupes afin que les futurs produits et services puissent être adaptés aux besoins des différents consommateurs de produits et services financiers.

Le recours à l’introspection comportementale et la compréhension des préjugés naturels demeurent des outils puissants pour optimiser la prise de décision financière et aider les Canadiens à s’engager sur le marché et à s’y orienter plus facilement. Dilip Soman et son équipe du  centre de recherche sur l’économie comportementale de l’école de gestion Rotman, continuent d’être des chefs de file mondiaux à cet égard. Ils ont présenté un certain nombre de documents et d’outils influents, notamment un manuel pratique destiné aux organisations qui souhaitent utiliser des techniques d’introspection comportementale (Feng et coll., 2018) et la Trousse de littératie financière (TLF) (Luo et coll., 2016), qui vise à améliorer la compréhension et les comportements des personnes en rapport avec certains sujets financiers (p. ex. l’intérêt composé, l’épargne-études). Ils ont également clairement exposé qu’il fallait consacrer davantage de ressources de recherche à la compréhension des comportements financiers en ligne (An et coll., 2016) et démontré l’incidence que peut avoir l’introspection comportementale sur certains sujets financiers, comme faire une demande d’assurance-vie (Poon et coll., 2017) ou avoir recours à la littératie financière pour encourager des habitudes de jeu responsables (Hurla et coll., 2017).

Enfin, l’écart entre la recherche et la pratique a été particulièrement difficile à combler. Les programmes visant à améliorer l’éducation financière ou à fournir des conseils financiers efficaces sont généralement fondés sur les résultats d’études de recherche, mais n’ont eux-mêmes souvent pas été mis à l’essai. Cet écart peut entraîner chez les praticiens un manque de connaissance à l’égard de l’efficacité de leurs programmes et empêcher les éventuels bailleurs de fonds ou décideurs politiques de différencier clairement la valeur d’un programme de celle d’un autre. Dans cette optique, Prospérité Canada et ses partenaires (2016) ont créé en 2016 la Trousse d’évaluation de la littératie financière (en anglais seulement) pour aider les praticiens à mieux évaluer l’efficacité de leurs programmes au moyen d’une approche adaptée. Le Projet de bien-être financier des Premières nations (Prospérité Canada, 2018) (en anglais seulement) constitue une autre initiative prometteuse de recherche en pratique. Il s’agit d’un programme de l’Association des agents financiers autochtones du Canada (AAFA), de Prospérité Canada et de partenaires des Premières nations — qui ont élaboré des programmes de littératie, d’encadrement et de formation fondés sur des données probantes pour améliorer le bien-être financier des peuples autochtones de l’Ontario. L’intégration plus courante de ces méthodologies communautaires, ici et dans toutes les priorités de recherche, peut aider à accroître l’efficacité et l’incidence de la recherche elle-même et des solutions qu’elle offre.

Ensemble, la recherche qui contribue à clarifier les caractéristiques et les difficultés combinée à une orientation facile, accessible, ciblée et rapide demeurent une priorité.

Orientation dans le marché : orientations futures

De nombreuses questions dans ce domaine continuent de présenter un grand intérêt, notamment : mieux comprendre le rôle de la confiance financière et du bien-être financier, examiner les façons d’utiliser au mieux les résultats de la science comportementale, comprendre les obstacles que rencontrent les populations vulnérables et la manière d’autonomiser ces groupes, et déterminer comment appliquer la recherche en pratique. Les initiatives de recherche, prévues ou en cours, suivantes sont entreprises dans le but de mieux comprendre la façon dont les gens s’orientent dans le marché financier complexe du Canada et participent à celui-ci :

S’orienter dans le marché : lacunes existantes

Notre compréhension actuelle de la manière dont les gens s’orientent dans le marché financier recoupe les quatre thèmes : les déterminants sociaux du bien-être financier, les capacités mentales et comportementales, la technologie financière et la recherche en pratique. Cependant, étant donné la complexité de cette priorité de recherche, il reste encore beaucoup à apprendre et il existe de nombreuses façons d’appliquer les recherches existantes à des applications pratiques.

Les interactions entre l’utilisation des technologies financières, la littératie numérique et la littératie financière ne sont pas bien comprises. Par exemple, peu de recherches ont été menées à l’échelle mondiale ou dans un contexte canadien sur le rôle des technologies financières pour améliorer ou nuire à la littératie et à la prise de décision en matière financière. On ne sait pas très bien comment les comportements des gens ont changé pendant notre transition vers une utilisation accrue de la technologie. On ne sait pas non plus comment la menace croissante liée aux cyberattaques pourrait affecter la façon dont les gens s’orientent sur le marché, car la plupart des Canadiens feront face à une forme de cybercriminalité dans l’année qui vient et plus d’un cinquième des entreprises canadiennes a déclaré avoir été touché par un incident de cybersécurité en 2017 (Statistique Canada, 2018a). Il importe de noter que, malgré cette menace accrue et les préoccupations générales en matière de protection de la vie privée, les consommateurs canadiens sont de plus en plus à l’aise avec le fait de communiquer régulièrement des renseignements personnels en ligne (Association canadienne du marketing, 2018). 

Avec la récente explosion du secteur des technologies financières, d’autres recherches seront nécessaires pour comprendre comment les consommateurs utilisent les technologies existantes, mais aussi pour aider à créer et à améliorer la prochaine génération d’outils technologiques visant à améliorer le bien-être financier ou à offrir des produits et services aux consommateurs. De plus, des recherches supplémentaires seront nécessaires pour orienter la création de programmes et de services de première ligne (axés à la fois sur les personnes et la technologie) adaptés aux Canadiens les plus vulnérables, notamment les personnes à faible revenu, les jeunes, les femmes, les immigrants, les minorités et les Autochtones. Un exemple de ce type de travail utilise une approche fondée sur des données probantes pour fournir des aperçus aux praticiens qui offrent des conseils financiers aux nouveaux arrivants canadiens, en particulier grâce à un encadrement financier individuel (Varatharasan et Fremont, 2020). En particulier, un écart important persiste dans la recherche concernant les peuples autochtones et les personnes qui vivent dans les territoires dans tous les domaines de l’éducation financière et du bien-être financier, étant donné les défis que posent la collecte de données et l’isolement géographique.

 Une plus grande adoption de stratégies qui tirent parti de l’introspection comportementale et une compréhension des préjugés cognitifs et des capacités mentales seront sans aucun doute utiles à cet égard. Par exemple, nous n’avons toujours pas une image claire du lien entre les finances personnelles et les perceptions subjectives du bien-être financier. Ces renseignements pourraient nous aider à mieux comprendre ce qui motive les comportements financiers bénéfiques au sein des différents groupes de personnes. Bien qu’il existe de nombreuses ressources dans chacun de ces domaines d’étude, le défi à relever à l’avenir consistera à apprendre comment combiner au mieux ces connaissances de manière à avoir une incidence positive évidente sur le bien-être financier des consommateurs canadiens. Nous savons que les gens de tous âges ont accès à de grandes quantités d’information financière en ligne, mais il faut davantage de données probantes pour comprendre avec exactitude les répercussions de ces renseignements sur différents groupes d’âge, des enfants et des adolescents aux adultes en âge de travailler et aux personnes âgées.

Enfin, des efforts considérables ont été déployés pour toutes les priorités de recherche afin d’explorer la littératie financière et le bien-être financier du point de vue de l’individu. On a tacitement présumé que la responsabilité personnelle en matière financière devait être la priorité, alors qu’en fait nous savons qu’un changement de comportement ne suffit pas à lui seul à aider les Canadiens vulnérables à participer pleinement au système financier. Ainsi, moins de travaux ont été consacrés à la compréhension des obstacles sociétaux plus vastes qui pourraient empêcher une personne très motivée de réussir financièrement, depuis la réglementation fédérale ou provinciale jusqu’aux différences géographiques ou culturelles. Les recherches futures gagneraient à reconnaître l’importance d’utiliser des approches adaptées et dépendantes du contexte qui abordent les problèmes depuis des perspectives individuelles et sociétales simultanément.

L’orientation dans le marché financier : résumé des points clés

  • La complexité du marché financier s’accroît rapidement et, pour la plupart des gens, l’accès aux services financiers est devenu plus facile que jamais.
  • Alors que le marché financier continue à prendre de l’expansion, les membres vulnérables de la société risquent fort d’être négligés ou exclus. 
  • Des ressources (p. ex., des outils et des manuels pratiques) sont offertes pour aider les gens à mieux comprendre certains sujets financiers, à renforcer leurs comportements financiers et à aider les praticiens à évaluer et à améliorer l’efficacité de leurs programmes d’éducation financière.
  • Des chercheurs explorent les défis liés à l’orientation et les stress financiers uniques auxquels font face les groupes vulnérables (p. ex., les femmes, les jeunes, les personnes à faible revenu, les Autochtones), et les façons d’améliorer ces stratégies d’orientation en tirant parti de l’introspection comportementale (p. ex., intention et action, pénurie, confiance) pour offrir une meilleure éducation financière.
  • D’autres recherches s’imposent pour comprendre le rôle des technologies financières en ce qui a trait à la littératie financière et à la prise de décisions financières, aux barrières sociétales plus vastes qui pourraient empêcher les individus de réussir sur le plan financier, et à la manière dont l’introspection comportementale peut renforcer les outils visant à améliorer le bien-être financier des consommateurs.

Accroissement de l’épargne

En moyenne, les Canadiens n’épargnent pas suffisamment, bien que le taux d’épargne incroyablement faible des ménages (0,7 %) vers la fin de 2018 ait considérablement augmenté pour atteindre 3,6 % à la fin de 2019 (Statistique Canada, 2020b; avant la pandémie de COVID-19). Bien entendu, le fait de disposer d’une épargne est souvent lié à un niveau d’endettement gérable plus élevé et à des options plus nombreuses sur le marché financier (p. ex., en ce qui concerne les choix d’investissement). Toutefois, les taux d’intérêt historiquement bas et la grande disponibilité des produits de crédit renouvelable ont contribué à la faiblesse des taux d’épargne et à l’augmentation de la dette en général (Taux d’intérêt canadiens, 2019). En outre, la faible croissance des salaires moyens au cours des dernières décennies contribue également à ce phénomène (Statistique Canada, 2013, 2019b). Des recherches récentes nous ont donné une image plus claire du paysage de l’épargne au Canada. Bien qu’il existe de nombreuses raisons d’économiser de l’argent, certaines ont fait l’objet d’un plus grand nombre d’études, notamment celles liées aux urgences, à l’éducation et à la retraite.

Accroissement de l’épargne : points de départ pour la recherche future

Les dépenses d’urgence peuvent concerner un certain nombre de situations inattendues, allant de la nécessité de faire réparer immédiatement une voiture ou une maison à la gestion de la perte d’un emploi ou d’un ralentissement économique inattendu. L’enquête annuelle de l’Association canadienne de la paie (2019) a révélé qu’un Canadien sur cinq a déclaré qu’il ne pourrait absorber une dépense imprévue de 2 000 $, ce qui suggère une légère amélioration par rapport aux années précédentes (ACP, 2017, 2018). En outre, les recherches de David Rothwell et Jennifer Robson ont montré qu’un peu moins de la moitié des Canadiens à faible revenu disposent d’un actif financier suffisant pour maintenir leur mode de vie actuel pendant trois mois (Rothwell et Robson, 2018). (Voir ci-dessous pour l’Étude de cas II : Décisions financières avec de faibles revenus). Des travaux antérieurs réalisés à l’étranger ont prouvé l’existence d’une corrélation positive entre la littératie financière, la confiance en soi et la probabilité de disposer d’un fonds d’urgence (Babiarz et Robb, 2014), tandis que d’autres travaux ont étendu ces résultats aux personnes à faible revenu au Canada, révélant une corrélation positive entre l’éducation financière, la confiance ou l’efficacité personnelle en matière financière et l’épargne (Rothwell et coll., 2016, 2017). Ce qui est clair, c’est que l’amélioration des connaissances financières à elle seule n’est pas aussi susceptible d’aider les ménages à accroître leur épargne d’urgence (Despard et coll., 2020).

Le coût de l’éducation a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, comme en témoignent les frais de scolarité annuels (environ 7 000 dollars en 2018) et la dette moyenne des étudiants (environ 26 000 dollars pour ceux qui obtiennent un diplôme de premier cycle) (Statistique Canada, 2015b, 2018b). Cela souligne l’importance pour les jeunes Canadiens et leurs parents d’épargner pour leurs études et d’approfondir leurs connaissances en matière d’épargne pour leur avenir en général. Cependant, les familles plus riches qui ont les moyens d’épargner sont plus susceptibles de le faire, tandis que les familles à faible revenu sont plus susceptibles de voir leur richesse globale diminuer en moyenne après avoir eu des enfants (Maroto, 2018). Néanmoins, les jeunes Canadiens semblent bien comprendre les avantages liés à l’épargne pour obtenir plus tard des articles ou des services comme des études, car la plupart des étudiants de 15 ans ont déclaré qu’ils épargneraient pour un article qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter ou qu’ils ne l’achèteraient pas du tout (OCDE, 2017).

Fait prometteur, près des trois quarts des parents canadiens ont déclaré épargner pour les études de leurs enfants (ACFC, 2015a; 2019e). La majorité d’entre eux ont déclaré utiliser le régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour atteindre cet objectif. Les personnes à faible revenu et les AutochtonesNote de bas de page 7  sont des populations particulièrement vulnérables, qui épargnent généralement beaucoup moins que la moyenne canadienne, bien que près de la moitié des personnes à faible revenu qui épargnent pour les études de leurs enfants utilisent les REEE pour le faire. L’Unité de l’impact et de l’innovation du Bureau du Conseil privé, en collaboration avec le Laboratoire de l’innovation d’Emploi et Développement social Canada, a utilisé la science du comportement pour accroître l’utilisation du Bon d’études canadien – une mesure d’incitation à l’épargne-études pour les familles à faible revenu (Hardy et coll., 2018). Dans l’ensemble, ils ont constaté que l’envoi de lettres à des groupes cibles (p. ex., les nouveaux parents) et l’utilisation de documents clés supplémentaires (p. ex., un faux chèque) ont considérablement augmenté le taux d’utilisation.

Pour la plupart des gens, l’épargne sera probablement davantage utilisée lors de la retraite, une période pendant laquelle la qualité de vie est largement liée aux actifs qu’ils ont accumulés au fil du temps. Le nombre de Canadiens qui prendront leur retraite au cours des prochaines décennies augmente rapidement, et l'on estime que d’ici 2036, il y aura 39 personnes âgées pour chaque tranche de 100 adultes en âge de travailler (Statistique Canada, 2015a). La plupart des Canadiens ne savent pas combien ils devront épargner pour leur retraite et craignent de ne pas pouvoir épargner suffisamment (ACFC, 2017b). 

L’Indice IRE annuel pour 2020, publié par l’Institut sur la retraite et l’épargne de HEC Montréal, a montré que la plupart des Canadiens ont une compréhension limitée de leur système de retraite. Les questions relatives aux régimes de pensions des employeurs et au programme de Sécurité de la vieillesse s’avèrent particulièrement problématiques, les trois quarts des répondants ayant obtenu moins de 50 % de bonnes réponses. De plus, les recherches sur le Régime de pensions du Québec et le Régime de pensions du Canada révèlent que les Canadiens ne savent pas très bien comment maximiser leurs prestations (en anglais seulement) et que les changements apportés à l’âge d’admissibilité pourraient avoir des conséquences indésirables (Michaud et coll., 2020). Dans une enquête menée auprès de 2 000 Canadiens, la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (2018) a constaté que si les jeunes Canadiens sont optimistes quant à la retraite, relativement peu ont commencé à épargner. Parmi les Canadiens en âge de travailler, les deux tiers préparent leur retraite (ACFC, 2017b). Toutefois, il convient de noter qu’un nombre croissant de personnes s’attendent à travailler au-delà de l’âge de la retraite (ACP, 2018).

Les capacités et les connaissances des individus peuvent varier considérablement d’un groupe à l’autre. Les personnes les plus connaissantes en matière financière, celles aux revenus les plus élevés, celles plus instruites et celles de plus de 65 ans sont plus conscientes de ce qu’elles doivent épargner pour avoir une retraite confortable. Par contre, les personnes à faible revenu et les Autochtones sont les moins susceptibles d’épargner (Boisclair et coll., 2017; Messacar, 2017; ACFC, 2017b). En fait, les personnes qui obtiennent de meilleurs résultats aux questions sur les connaissances financières de base sont plus susceptibles d’épargner dans un compte de retraite ou un compte d’épargne libre d’impôt, comme un REER, un CELI ou un régime de retraite (Boisclair et coll., 2017). La confiance financière (mentionnée ci-dessus) semble être un lien crucial entre les connaissances financières et l’épargne, tant pour l’accroissement des fonds d’urgence que pour celui des fonds de retraite, et cela est accentué pour les personnes à faible revenu (Rothwell et coll., 2016). Fait important, ces travaux ont contribué à élargir le champ de la littératie financière au Canada, en mettant davantage l’accent sur la valeur des facteurs subjectifs (p. ex., la confiance, le sentiment de contrôle), qui sont de plus en plus reconnus comme étant des médiateurs fondamentaux de comportements financiers sains.

L’épargne est importante pour ces raisons, et bien d’autres encore, et les consommateurs canadiens économisent généralement moins aujourd’hui que par le passé. C’est pourquoi la recherche qui permet de mieux comprendre les défis et les obstacles potentiels à l’épargne, ainsi que les moyens d’améliorer les comportements d’épargne, reste une priorité.

Étude de cas II : Décisions financières avec de faibles revenus

Les personnes à faibles revenus sont confrontées à des choix difficiles. On compte parmi ces personnes celles qui occupent des emplois faiblement rémunérés et celles qui reçoivent une aide à l’emploi et au revenu. Leurs revenus étant limités, les bénéficiaires de l’aide à l’emploi et au revenu ont du mal à payer toutes leurs dépenses (et encore plus de mal à l’épargner) et doivent choisir leurs options bancaires avec soin – ce qui inclut la prise en compte de la proximité et la possibilité de payer des frais supplémentaires.

Sandy (pseudonyme), qui participe au projet Financial Diaries, est au début de la cinquantaine et touche l’aide à l’emploi et au revenu. En tant que personne handicapée, Sandy utilise un déambulateur pour se déplacer dans le centre-ville de Winnipeg. Cela constitue un défi pendant les longs mois d’hiver enneigés. Outre les semaines où les trottoirs ne sont pas déneigés et où elle est obligée de rester à la maison, elle parcourt un demi-kilomètre à pied pour se rendre à son emploi bénévole de défenseure des clients. Sandy prend des décisions prudentes concernant ses revenus limités. Lorsque le chèque mensuel de l’aide à l’emploi et au revenu est déposé dans son compte bancaire, elle doit faire des choix difficiles quant à la manière de payer ses factures et d'acheter l’épicerie.

Par exemple, doit-elle se rendre en autobus à sa banque et retirer de l’argent liquide afin de réduire les frais de guichet automatique et de transaction? Cela demande du temps et des billets d’autobus. Pour ce qui est de l’épicerie, elle pourrait faire ses achats au dépanneur de son quartier ou prendre l’autobus pour se rendre dans une épicerie offrant des options moins chères et plus saines. Dans chaque cas, elle pouvait utiliser sa carte de débit ou retirer de l’argent liquide à un guichet automatique situé à proximité. La plupart des mois où j’ai rencontré Sandy, elle m’a dit qu’elle achetait son épicerie au dépanneur en raison de la facilité d’accès. Elle m’a indiqué que l’allocation de l’aide à l’emploi et au revenu pour l’épicerie ne suffisait pas pour acheter des fruits et légumes frais dans une épicerie. En outre, elle utilisait souvent les guichets automatiques situés à proximité, ce qui entraînait des frais supplémentaires, car l’accès était rapide, opportun et pratique. Son compte bancaire à faible coût offrait trop peu de transactions et elle a dû payer des frais pour une utilisation excessive. Il semble que les décisions financières de Sandy soient largement dictées par sa réalité de personne à faible revenu et à mobilité limitée.

Les comptes bancaires à faible coût offrent un service nécessaire aux personnes démunies et pourtant les restrictions sur les transactions par carte de débit ne répondent pas aux besoins de Sandy, et ont des conséquences imprévues. Les personnes qui bénéficient de l’aide à l’emploi et au revenu ou qui ont de faibles revenus ne peuvent pas faire de gros achats fréquemment, et font plutôt de petits achats récurrents dans des magasins proches de chez eux. En outre, étant donné que les banques s’orientent vers des systèmes sans papier et principalement en ligne, les personnes aux revenus limités ont besoin d’un accès Internet fiable et à proximité. La prise de décisions financières efficaces présente constamment des défis pour les populations vulnérables.

Accroissement de l’épargne : orientations futures

Les initiatives de recherche suivantes, prévues ou en cours, sont entreprises pour combler les lacunes existantes dans notre compréhension de la manière de promouvoir l’épargne personnelle au Canada.

Accroissement de l’épargne : lacunes existantes

Lorsque l’on examine les quatre thèmes susmentionnés, il devient évident qu’une grande partie de notre compréhension actuelle se concentre sur le comportement individuel et les déterminants sociaux du bien-être financier. Le domaine de l’accroissement de l’épargne s’est prêté davantage à l’étude de mesures pratiques, comme l’analyse de l’expérience des consommateurs en matière de produits d’épargne-retraite ou d’épargne-études, ou la formulation de recommandations claires à l’intention des décideurs politiques ou des praticiens de première ligne.

Toutefois, il reste beaucoup à faire pour mieux comprendre comment ces produits sont utilisés. Par exemple, on ne sait pas à quelle fréquence et à quelles fins les consommateurs puisent dans les fonds de retraite ou d’études avant qu’ils ne soient utilisés à leurs fins prévues. On ne sait pas non plus dans quelle mesure les Canadiens qui épargnent utilisent des véhicules peu efficaces pour le faire (p. ex., des comptes d’épargne), alors que des produits plus adaptés à leurs objectifs (p. ex., des CELI, des REER, des REEE) pourraient exister. La plupart des obstacles à l’épargne signalés il y a quelques années sont toujours d’actualité, y compris un revenu disponible insuffisant, une mauvaise compréhension des outils et produits financiers disponibles et un faible niveau de littératie financière, comme le fait de ne pas savoir quel montant épargner (Boisclair et coll., 2017), bien que nous comprenions mieux aujourd’hui comment opérer des changements à l’avenir. 

Comme pour les autres priorités, un certain nombre de questions restent en suspens. Bien qu’il existe maintenant de nombreux outils offerts en ligne et sur les téléphones intelligents pour aider à gérer les dettes, à épargner et à établir un budget, on en sait relativement peu quant à l’effet de ces outils pour savoir s'ils contribuent ou nuisent au bien-être financier des consommateurs. En outre, peu de travaux ont été réalisés dans le contexte canadien pour étudier l’incidence des conseils d’experts ou de l’utilisation de recommandations assistées par ordinateur sur les comportements d’épargne et le bien-être financier.

Accroissement de l’épargne : résumé des points clés

  • Dans l’ensemble, les Canadiens économisent moins d’argent.
  • Les emprunts pour payer des dépenses imprévues, l’augmentation des frais de scolarité, et un manque de clarté quant à la façon de se préparer à la retraite et au montant à épargner à cette fin sont autant de défis et d’obstacles à l’épargne. 
  • L’éducation des Canadiens en matière d’instruments d’épargne pertinents (p. ex., le CELI, le REEE, le Bon d’études canadien, le REER) et la conception de programmes et de ressources d’éducation financière visant à renforcer la confiance financière renforcent la littératie financière des Canadiens et augmentent la probabilité qu’ils épargnent. 
  • Les chercheurs s’efforcent de comprendre les obstacles qui empêchent les gens d’épargner et explorent les moyens d’encourager les Canadiens à épargner par la création de ressources pertinentes en éducation financière et par des interventions ciblées effectuées en temps opportun.
  • D’autres recherches s’imposent pour découvrir la fréquence et les raisons pour lesquelles les consommateurs utilisent à d’autres fins l’épargne destinée à la retraite ou aux études, pour savoir dans quelle mesure les Canadiens utilisent les instruments d’épargne les plus appropriés pour leurs objectifs personnels et pour comprendre l’incidence des outils d’épargne sur le bien-être financier des Canadiens.

Établissement du budget

Les budgets permettent de comprendre de façon claire comment les dépenses prévisibles et imprévisibles peuvent être gérées avec les revenus d’un individu et permettent aux consommateurs de planifier plus efficacement leur avenir. Les budgets peuvent être associés à la capacité d’une personne d’adopter chaque comportement lié à une priorité de recherche (c’est-à-dire gérer les dettes, s’orienter sur le marché financier et économiser) avec confiance. La recherche visant à découvrir quand et pour qui l’établissement d’un budget est le plus utile, ainsi que les moyens d’améliorer les comportements en matière de budget, reste une priorité. 

Établissement du budget : points de départ pour la recherche future

Un certain nombre de projets de recherche antérieurs ont contribué à mettre en lumière l’incidence des comportements budgétaires personnels sur le bien-être financier. Par exemple, Fernbach, Kan et Lynch Jr (2015) ont constaté que les personnes qui utilisent des budgets effectuent une planification des priorités pour déterminer leurs besoins plutôt que leurs désirs. Ceux qui disposent d’un budget sont plus susceptibles de respecter tous leurs engagements financiers, d’épargner et d’être mieux préparés à la retraite (ACFC, 2017b). Cependant, moins de la moitié des Canadiens disposent d’un budget, en dépit des avantages qu’il présente(ACFC, 2015a, 2016a, 2019e) et beaucoup disent qu’ils tiennent un budget mentalement (ACP, 2017; ACFC, 2019e).

Un projet de l’ACFC visant les personnes qui n’ont pas de budget a permis de diffuser, au moyen d’une application mobile, des messages éducatifs et promotionnels sur l’incidence positive de l’utilisation d’un budget (ACFC, 2016a, 2017a). Les premiers résultats obtenus en Colombie-Britannique, à Terre-Neuve-et-Labrador et en Ontario ont montré que l’intervention a entraîné une augmentation de l’utilisation du budget (14 à 23 %), des connaissances (4 à 10 %) et de la confiance (environ 16 %) chez les personnes qui n’avaient pas de budget au départ. Il importe de noter que ces résultats s’étaient maintenus lors d’un suivi effectué un an et demi plus tard : plus de la moitié des personnes qui avaient commencé à établir un budget en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve-et-Labrador ont continué à utiliser un budget à long terme. On a également observé chez ces participants une plus grande confiance et une meilleure capacité à respecter leurs engagements financiers par rapport à ceux qui n’avaient pas fait de budget (ACFC, 2019c).

En ce qui concerne les renseignements relatifs à des groupes précis, des analyses utilisant les données de l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2014 (ECFC; voir l’annexe I) ont révélé qu’il existe une corrélation positive entre l’établissement d’un budget et le fait de connaître le montant d’argent nécessaire pour la retraite chez les personnes qui avaient atteint l’âge de la retraite ou qui étaient près de l’atteindre (ACFC, 2017b). Guidée par un modèle d’Elaine Kempson, de l’Université de Bristol (Kempson et coll., 2006), l’ACFC a effectué une analyse transversale de quatre compétences financières liées à la confiance et aux connaissances financières dans la vie quotidienne, y compris l’établissement d’un budget (ACFC, 2017b). Cette étude a révélé que le respect d’un budget était positivement lié au fait de connaître le montant nécessaire pour la retraite et au niveau de vie du consommateur lors de sa retraite. On comprend moins bien, cependant, comment l’établissement d’un budget à long terme peut avoir une incidence sur d’autres comportements clés (p. ex., l’épargne, la gestion de la dette, l’orientation sur le marché). Pour cela, il faudra davantage d’analyses longitudinalesNote de bas de page 9 . 

L’analyse d’autres groupes démographiques s’impose également pour une compréhension plus nuancée des effets de l’établissement d’un budget. Par exemple, les millénariaux (les personnes nées de 1980 à 2000 environ) sont peut-être généralement plus informés en matière de budget et de gestion des risques, par rapport à leur faible compréhension en matière de planification de la retraite (Killins, 2017). En outre, bien que les comportements en matière de budget puissent être de la plus haute importance pour le bien-être financier des consommateurs à faible revenu, au moins une étude américaine a indiqué que l’établissement d’un budget est une très faible priorité dans ce groupe (Xiao et O’Neill, 2018).

Établissement d’un budget : orientations futures

Les initiatives de recherche suivantes, prévues ou en cours, sont entreprises pour combler les lacunes existantes dans notre compréhension actuelle de l’utilisation des budgets personnels :

Établissement de budget : lacunes existantes

Lorsque l’on examine les quatre thèmes susmentionnés, il devient évident qu’une grande partie de notre compréhension actuelle se concentre sur le comportement individuel. Nous savons que les personnes qui utilisent des budgets sont en meilleure situation financière que celles qui ne le font pas. Celles qui établissent un budget tendent à être plus confiantes quant aux questions financières et sont mieux préparées à l’ égard des événements de la vie, qu’ils soient prévus (p. ex., la retraite) ou imprévus (p. ex., des réparations de voiture). Par rapport aux autres priorités de recherche, il est évident qu’il y a moins d’études sur l’établissement d’un budget.

De nombreuses questions demeurent donc en suspens, notamment en ce qui concerne les consommateurs canadiens. Nous comprenons mal comment les comportements budgétaires peuvent différer d’un groupe socioéconomique à l’autre. Il est nécessaire de mieux comprendre dans quelle mesure les outils technologiques financiers récemment développés, comme les outils d’établissement de budget en ligne ou les applications pour téléphone intelligent, affectent la capacité des consommateurs à gérer leur argent. Par exemple, à l’instar des travaux susmentionnés qui montrent que les millénariaux qui utilisent les services bancaires mobiles sont plus susceptibles de mettre à découvert leurs comptes financiers (Lusardi et coll., 2018), il se pourrait bien que certaines personnes utilisant des applications d’établissement de budget aient l’illusion que cet établissement de budget automatisé contribue à améliorer leur situation financière alors que le contraire pourrait être vrai. En ce sens, il pourrait être utile de mieux comprendre les effets des différentes approches budgétaires (p. ex., l’utilisation de la comptabilité mentale par rapport aux applications ou aux feuilles de calcul) sur les comportements budgétaires des consommateurs et leur probabilité d’en tirer des bénéfices à long terme. En outre, l’incidence des formations et de l’éducation en matière de budget en première ligne n’est pas claire non plus. Par exemple, ces outils sont-ils utiles aux conseillers financiers et à leurs clients?

Outre les projets en cours, d’autres facteurs indirects moins bien étudiés peuvent avoir une incidence sur le comportement budgétaire. Par exemple, les travaux d’Erin Maloney et de ses collègues laissent entendre que l’anxiété liée aux mathématiques empêche certaines personnes de s’attaquer à des défis mathématiques simples – comme ceux qui sont liés à l’établissement et au maintien d’un budget (Ramirez et coll., 2018). Cela est indépendant des capacités en mathématiques, ce qui signifie que les personnes souffrant d’une forte anxiété liée aux mathématiques ont de moins bons résultats que les autres, même si leur niveau de compétence est le même. Il reste à savoir si cet évitement et ce manque de confiance peuvent empêcher les gens d’établir leur budget ou miner la persévérance de ceux qui commencent.

Dans un autre ordre d’idées, des données probantes sur le comportement et le cerveau ont confirmé le lien entre le fait de payer en espèces et les émotions négatives, ce qui laisse entendre que, dans un certain sens, payer en espèces peut être « douloureux » (Mazar et coll., 2017; Shah et coll., 2016). Ces résultats soulèvent des questions concernant une société de plus en plus exempte d’argent liquide, dans laquelle les gens utilisent principalement des méthodes de paiement « sans douleur » (p. ex., les cartes de débit ou de crédit). Par exemple, bien que l’établissement d’un budget puisse devenir plus facile (en utilisant des applications en ligne ou mobiles avec un lien direct vers les comptes financiers), l’utilisation de méthodes de paiement « sans douleur » pourrait implicitement promouvoir les dépenses et rendre le respect d’un budget plus difficile pour beaucoup de personnes.

Une fois encore, il est prudent de souligner que les recherches et les lacunes existantes décrites ici, et dans toutes les autres sections, ne se veulent pas exhaustives. En fait, ce document vise à la fois à guider et à inspirer les chercheurs et les autres intervenants à ajouter leurs idées aux travaux et discussions futurs. 

Établissement de budget : Résumé des points clés

  • Les budgets permettent aux consommateurs de planifier plus efficacement leur avenir en les aidant à gérer leurs dettes, à s’y retrouver dans le marché financier et à épargner en toute confiance.
  • Malgré les avantages qu’offre l’établissement d’un budget, moins de la moitié des Canadiens en ont un.
  • L’analyse des données longitudinales du point de vue des groupes démographiques permettra de comprendre de façon plus nuancée les effets de l’établissement d’un budget à court et à long terme.
  • Les chercheurs s’appuient sur l’introspection comportementale pour rendre l’établissement de budget accessible et attrayant pour les consommateurs de produits et services financiers. Ils étudient les caractéristiques des personnes qui établissent un budget et de celles qui ne le font pas, ainsi que le rôle de la confiance et du langage et leur effet sur le comportement des consommateurs en matière de budget.
  • D’autres recherches sont nécessaires pour comprendre comment les comportements budgétaires diffèrent selon les groupes socioéconomiques, les effets des différentes approches budgétaires sur les comportements et les résultats financiers des consommateurs, et les facteurs indirects qui ont une incidence sur les comportements budgétaires et la capacité des gens à respecter leur budget.

Recherche sur la littératie financière en situation de COVID-19

Avec l’apparition inattendue de la pandémie mondiale de COVID-19, les chercheurs des établissements universitaires, ainsi que ceux de l’industrie, des organisations à but non lucratif et du gouvernement, ont cherché à en savoir plus sur ses répercussions sur le bien-être financier, les expériences et les comportements des consommateurs. Les quelques paragraphes suivants présentent un petit échantillon de ces efforts dans le domaine de la littératie financière.

Le gouvernement du Canada a suivi de près l’éclosion et a créé un portail sur la façon de recevoir une aide financière pendant la pandémie de COVID-19. L’ACFC a réagi à la pandémie en mobilisant les entités réglementées et en fournissant un soutien et des conseils aux consommateurs. Prospérité Canada a utilisé ses données sur la COVID-19 pour élaborer l’Explorateur d’allègements financiers afin d’aider les Canadiens à trouver les mesures d’aide et d’allègement auxquelles ils pourraient être admissibles. 

L’ACFC a également réalisé deux enquêtes sur la COVID-19 : Surveillance du bien-être financier des Canadiens et l’Enquête sur l’utilisation des produits et services bancaires par les Canadiens (voir l’annexe I). À partir de l’automne 2020, ces enquêtes seront menées chaque mois sur le terrain jusqu’au printemps 2021 et viseront chaque fois 1 000 Canadiens. L’objectif est de surveiller les effets de la pandémie sur le bien-être financier des consommateurs, leurs expériences et leurs comportements en ce qui concerne leurs finances personnelles et leurs interactions avec les institutions et les produits financiers.

Andrea Hasler et ses collègues ont récemment publié une recherche sur la préparation financière des millénariaux et leur façon de gérer leur argent avant la COVID-19. La recherche a révélé que de nombreux jeunes adultes aux États-Unis étaient mal préparés pour faire face aux incertitudes d’une crise économique et pour s’y retrouver dans le paysage financier complexe d’aujourd’hui en général (Bolognesi et coll., 2020). L’équipe a également élaboré et publié d’autres ressources et des recherches axées sur les États-Unis sur la façon de renforcer la résilience et la littératie financières (Lusardi et coll., 2020); elle a également créé un carrefour de ressources (en anglais seulement) pour les personnes aux États-Unis qui cherchent de l’information pendant cette crise.

Pierre-Carl Michaud et ses collègues ont mené une enquête au Québec pour mesurer l’incidence de la COVID-19 sur les finances personnelles des consommateurs, ainsi que sur tout changement dans leur santé mentale et leurs attentes pour l’avenir (Achou et coll., 2020). Ces données d’enquête porteront également sur un certain nombre d’aspects financiers quantitatifs, comme les montants des actifs et des dettes et les changements du nombre d’heures de travail.

Prochaines étapes

La littératie financière et le bien-être financier constituent un domaine d’étude relativement nouveau et essentiel. L’Agence de la consommation en matière financière du Canada demeure déterminée à servir les nombreuses communautés qui ont en commun notre vision globale du renforcement du bien-être financier de tous les Canadiens, à collaborer avec elles et à créer des liens entre elles. Nous continuons d’agir en tant que collaborateur clé pour la création, la promotion et le soutien de la recherche en matière de littératie financière. Nous continuerons de défendre les nouvelles initiatives qui aident à traduire les résultats de la recherche en politiques fondées sur des données probantes ainsi qu'en services et en outils efficaces.

Cette Revue de la recherche en littératie financière au Canada a résumé certains des principaux résultats de la recherche canadienne dans de nombreux domaines fondamentaux qui composent le paysage de la littératie financière et du bien-être financier. Les quatre priorités de recherche – Gestion des dettes, Orientation dans le marché financier, Accroissement de l’épargne et Établissement d’un budget – ont été associées à quatre thèmes –capacités mentales et comportementales, déterminants sociaux du bien-être financier, technologie financière, recherche en pratique – qui recoupent les priorités et soulignent la nature contextuelle de toute recherche. Ces travaux ont collectivement apporté des réponses à de nombreuses questions pressantes, mais nous ne devons pas oublier que ce domaine pluridisciplinaire n’en est qu’à ses débuts. L’objectif principal de cette Revue est de mettre en évidence les nouvelles constatations et les renseignements qui pourraient permettre de mieux éclairer les politiques et les pratiques aux premières lignes, ainsi que d’aider à orienter les nouvelles pistes de recherche qui continueront à étayer ce travail. Nous devons également continuer à nous interroger sur l’efficacité des programmes anciens et nouveaux dont les Canadiens pourraient bénéficier et à encourager tous les intervenants à mener davantage de recherches, de collectes de données et d’évaluations pour aider à répondre à ces questions.

Communiquez avec nous : Si vous souhaitez en savoir plus sur les données relatives à la littératie financière (voir l’annexe I), ou si vous avez des questions concernant la Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada, veuillez communiquer avec la Division de la politique stratégique, de la recherche et de l’expérimentation de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, à l’adresse Research-Recherche.acfc@fcac-acfc.gc.ca.

Annexes

Annexe I – Données canadiennes pour les chercheurs

Les ensembles de données suivants ont été utilisés pour créer de nouvelles connaissances concernant la littératie financière et le bien-être financier des consommateurs canadiens. Ensemble, ils ont donné lieu à de nombreuses publications qui ont contribué à éclairer les politiques et les pratiques dans tout le pays.

Enquête canadienne sur les capacités financières (ECFC) – Conçue pour dresser un portrait des connaissances, des capacités et des comportements des Canadiens en matière de gestion des finances personnelles, elle a été réalisée en 2009 et 2014 par Statistique Canada, et en 2019 par l’ACFC.

Enquête sur le bien-être financier – Elle se concentre sur quatre déterminants clés du bien-être financier : (1) l’environnement social et économique (2) les connaissances et l’expérience financières (3) les facteurs psychologiques et (4) le comportement lié à la capacité financière. Cette enquête a été menée au Canada en 2018 par l’ACFC.

ECFC et données administratives fiscales – Les données de l’ECDC ont été liées à certaines données administratives fiscales pour la première fois en 2018. Ce projet a été entrepris par Statistique Canada et l’Institut sur la retraite et l’épargne de Montréal de HEC Montréal. 

Enquête sociale générale – L’ESG est menée tous les cinq ans par Statistique Canada pour recueillir des données transversales représentatives à l’échelle nationale sur les six grands thèmes suivants : la prestation de soins, les familles, l’emploi du temps, l’identité sociale, le bénévolat et la victimisation.

Enquête sur la sécurité financière (ESF) – Conçue pour recueillir des renseignements auprès d’un échantillon de ménages canadiens sur leurs actifs, leurs dettes, leur emploi, leur revenu et leurs études, l’ESF de Statistique Canada fournit des renseignements sur les actifs financiers et non financiers, par exemple les hypothèques, les véhicules, les cartes de crédit, les prêts étudiants et les autres dettes.

Enquête du RIEF de l’OCDE sur l’évaluation de la littératie financière et l’inclusion financière – Cet outil permet de comparer les connaissances, les attitudes et les comportements des adultes en matière de finances, ainsi que les indicateurs d’inclusion et de bien-être financier dans de nombreux pays du monde.

Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) – Le PISA est une initiative menée en collaboration par les pays membres de l’OCDE afin de sonder les élèves de 15 ans de partout sur la planète. Menée tous les trois ans, l’enquête évalue, chez les élèves, les niveaux de connaissances et de compétences qui sont essentielles à la pleine participation à la vie dans une société moderne. Le Canada a participé en 2015 et 2018. 

Enquêtes sur la COVID-19 : Surveillance du bien-être financier des Canadiens et Enquête sur l’utilisation des produits et services bancaires par les Canadiens – Ces enquêtes seront menées tous les mois de l’automne 2020 au printemps 2021. Elles examinent l’évolution du bien-être, des expériences et des comportements financiers des consommateurs. 

Pour toute information ou question concernant ces ensembles de données, veuillez communiquer avec l’ACFC :

Research-Recherche.acfc@fcac-acfc.gc.ca

Annexe II – Liste des collaborateurs

Jerry Buckland, professeur, Collège Menno Simons

Karen Duncan, professeure agrégée, Université du Manitoba

Andrea Hasler, professeure adjointe, Université George Washington

Dave Hayes, Agence de la consommation en matière financière du Canada

Rebecca Kong, Agence de la consommation en matière financière du Canada

Jodi Letkiewicz, professeure adjointe, Université York

Bruno Lévesque, Agence de la consommation en matière financière du Canada

Allison Meserve, gestionnaire principale, Recherche et évaluation, Prospérité Canada

Pierre-Carl Michaud, professeur, HEC Montréal

Nicole Rivest, Agence de la consommation en matière financière du Canada

Nicole Robitaille, professeure adjointe, Université Queen’s

David Rothwell, professeur adjoint, Université de l’État de l’Oregon

Bettina Schneider, professeure adjointe et vice-rectrice adjointe, Université des Premières Nations du Canada

Dilip Soman, professeur et titulaire de la chaire de recherche du Canada, Université de Toronto

Brenda Spotton Visano, professeure, Université York

Ruth Stephen, Agence de la consommation en matière financière du Canada

Steve Trites, Agence de la consommation en matière financière du Canada

Jiaying Zhao, professeur adjoint, Université de la Colombie-Britannique

Annexe III – Glossaire des termes

Aînés/personnes âgées : Au Canada, il n’existe pas de paramètre d’âge universel pour les personnes âgées ou les aînés. Toutefois, les termes « personnes âgées » et « aînés » peuvent généralement être considérés comme désignant des personnes âgées de 55 ans et plus, et de 65 ans et plus, respectivement. En 2018, les aînés représentaient un peu moins d’un cinquième de la population canadienne (Statistique Canada, 2019d).

Bien-être financier : la mesure dans laquelle une personne peut répondre confortablement à tous ses engagements et besoins financiers actuels tout en ayant la résilience financière nécessaire pour continuer de le faire à l’avenir (ACFC, 2019d).

Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : il s’agit d’un compte d’épargne offert aux personnes âgées de 18 ans et plus pour les aider à mettre de l’argent de côté à l’abri de l’impôt tout au long de leur vie. Les cotisations à un CELI ne sont pas déductibles aux fins d’impôts. Tout montant cotisé ainsi que tout revenu gagné sur le compte est généralement exonéré d’impôt, même lorsqu’il est retiré (ACFC, 2016c).

Confiance financière (ou efficacité financière personnelle) : la confiance financière signifie avoir suffisamment confiance en soi pour prendre des décisions importantes (Société de recherche sociale appliquée, 2016b). 

Décideur politique : « Une politique est un jeu d’énoncés de principes, de valeurs et d’intentions qui résume les attentes et jette les bases d’une prise de décisions et d’une attribution de ressources uniformes à l’égard d’une question spécifique » (Canada.ca, 2017). De là, au sens le plus large, un décideur politique est toute personne (p. ex., un politicien, un fonctionnaire ou des dirigeants institutionnels) qui joue un rôle dans l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique.

Dépenses d’urgence : dépenses imprévues qui résultent d’une situation inattendue ou d’une diminution soudaine des revenus. Une panne de voiture, une visite urgente chez le vétérinaire, une perte d’emploi ou des problèmes de santé empêchant de travailler sont autant d’exemples de dépenses urgentes.

Jeunesse : Au Canada, il n’existe pas de paramètres d’âge universel pour les jeunes, mais on peut généralement considérer que les jeunes sont les personnes qui ont moins de 30 ans (Statistique Canada, 2019a). En 2018, les jeunes représentaient un peu plus d’un tiers de la population canadienne (Statistique Canada, 2019c). D’un point de vue international, les Nations Unies ont, à des fins statistiques, établi que ce terme désigne les personnes âgées de 15 à 24 ans (ONU, s.d.).

Littératie financière : s’entend des connaissances, de la confiance et des compétences nécessaires pour prendre des décisions financières responsables (ACFC, 2015b). 

Pénurie : La condition de ne pas avoir suffisamment de ressources pour faire face aux demandes (Zhao et Tomm, 2018).

Praticien : Bien qu’il n’existe pas de définition unique pour ce terme, ou pour le terme « praticien financier » en particulier, il désigne généralement une personne exerçant une activité ou un emploi qualifié qui travaille principalement avec des clients dans l’espace public et qui agit souvent comme un architecte des choix, qui organise et présente le contexte dans lequel les gens prennent des décisions (Thaler et Sunstein, 2008; Ly et coll., 2013). 

Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) : un régime d’épargne conçu pour aider les Canadiens à épargner en vue de la retraite. L’argent gagné dans un REER est généralement exonéré d’impôt tant que les fonds restent dans le régime, mais est généralement soumis à l’impôt lorsqu’il est retiré.

Technologie financière : s’entend de l’innovation technologique dans le secteur des services financiers qui transforme la nature des services financiers et la façon dont ils sont fournis aux consommateurs (Bureau de la concurrence, 2018). 

Annexe IV – Outils de l’ACFC

Planificateur budgétaire : Un outil interactif gratuit qui permet de créer un budget personnalisé qu’on peut sauvegarder en ligne et mettre à jour plus tard.

Calculatrice d’objectifs financiers : Un outil qui permet de calculer comment payer ses dettes et atteindre vos objectifs financiers. 

Calculatrice du revenu de retraite : Une calculatrice étape par étape pour aider les gens à évaluer leur revenu de retraite, leur rente d’employeur et leurs autres sources de revenus.

Calculatrice de paiements de carte de crédit : Un outil qui permet d’établir combien de temps il vous faudra pour régler le solde de votre carte de crédit et examiner les différentes options pour régler votre solde plus rapidement.

Base de données canadienne sur la littératie financière : Un guichet unique de ressources et d’activités d’organisations canadiennes qui portent sur l’établissement d’un budget, l’épargne, l’investissement et plus encore.

Le mieux-être financier en milieu de travail : Des stratégies et des ressources fondées sur les pratiques exemplaires pour aider les employeurs à établir des programmes visant à améliorer le bien-être financier de leurs employés.

Finances personnelles : notions de base : Atelier sur la gestion financière qui vise à aider les jeunes adultes à prendre des décisions financières éclairées.

Annexe V – Citation suggérée de la Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada

Agence de la consommation en matière financière du Canada. (2019). Revue de la recherche sur la littératie financière au Canada : Une analyse de la conjoncture et des lacunes. Consulté à l’adresse : https://canada.ca/fr/agence-consommation-matiere-financiere/programmes/recherche/revue-recherche-litteratie-financiere.html.

Annexe VI – Références

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