Méthode d’évaluation des risques liés aux missions pour l’évaluation des options du Secrétariat national d’approvisionnement en chasseurs

Formats Alternatifs

Sean Bourdon
Direction de la recherche opérationnelle de la Force aérienne

R & D pour la défense Canada – CARO

Document technique
DT RDDC CARO 2013230(F)
Avril 2014

Auteur principal

Original signé par Sean Bourdon
Sean Bourdon

Approuvé par :

Original signé par R.E. Mitchell, Ph. D.
R.E. Mitchell, Ph. D.
Chef, Recherche opérationnelle (Mer et Air)

Approuvé pour publication par :

Original signé par P. Comeau
P. Comeau
Scientifique en chef, Président du Comité de révision des documents


Les renseignements qui figurent dans la présente publication ont été inspirés des pratiques exemplaires et respectent les plus hauts niveaux des principes de déontologie et des études scientifiques et techniques. Les résultats, leur interprétation, ainsi que toute opinion exprimée à leur égard dans le présent document demeurent ceux de l’auteur et ne représentent ou ne reflètent en aucun cas l’opinion du ministère de la Défense nationale et du gouvernement du Canada.

© Her Majesty the Queen in Right of Canada as represented by the Minister of National Defence, 2014
© Sa Majesté la Reine (en droit du Canada), telle que représentée par le ministre de la Défense nationale, 2014

Sommaire

Méthode d’évaluation des risques liés aux missions pour l’évaluation des options du Secrétariat national d’approvisionnement en chasseurs

Sean Bourdon : DT RDDC CARO 2013-230(F); R & D pour la Défense Canada – CARO; Avril 2014.

Introduction

La méthode d’évaluation a été conçue pour décrire les risques associés aux différentes options pour le remplacement de l’appareil CF18 du Canada dans sa capacité d’accomplir avec succès les missions qui sont décrites dans la Stratégie de défense Le Canada d’abord (SDCD). Bien qu’elle s’abstienne de faire des recommandations, l’évaluation des résultats des options permettra néanmoins au gouvernement de prendre une décision éclairée sur la meilleure voie à prendre pour le Canada.

Pour assurer un résultat crédible, on devait utiliser dans l’évaluation des options un processus aussi juste que possible pour tous les répondants industriels. Les caractéristiques suivantes ont été considérées comme essentielles à la méthode et ont orienté les choix pendant son élaboration :

Impartiale : La méthode utilisée ne pouvait pas favoriser l’une des options. Elle devait rester neutre dans son application et être appliquée de la même façon à toutes les options envisagées.

Complète : La méthode devait prendre en compte tous les aspects liés à l’utilisation de chasseurs ainsi que les facteurs qui permettent de mener des opérations avec ces chasseurs. En étant complète, la méthode aurait moins de chances d’être subjective.

Compréhensible : Le recours à une méthode compréhensible sur le plan de sa structure et de son application allait permettre de retracer facilement les données ayant mené aux conclusions, particulièrement dans les situations où le jugement professionnel militaire a été utilisé. Grâce au caractère défendable de ses conclusions, la méthode serait par ailleurs crédible.

Solide : Une méthode serait jugée solide si elle pouvait être appliquée sans exception dans des conditions très variées. Il est important que cette application se fasse sans compromis sur le plan de la rigueur. Pour être solide, cette méthode devait notamment offrir la capacité d’utiliser des renseignements exclusifs ou classifiés dans le cadre du processus d’évaluation. La méthode devait également être reproductible de sorte que ses conclusions demeurent uniformes même si les évaluateurs étaient différents ou que le processus d’évaluation était réalisé une deuxième fois.

Le Secrétariat national d’approvisionnement en chasseurs (SNAC) a entrepris plusieurs étapes pour favoriser un climat d’ouverture et de diligence afin de faciliter l’évaluation des options. Par exemple, la méthode décrite dans le présent rapport a été communiquée à l’industrie avant l’évaluation officielle des aéronefs proposés. Le SNAC a aussi utilisé trois questionnaires pour obtenir l’information des entreprises en vue de guider l’évaluation des options. Le premier questionnaire couvrait les capacités techniques associées aux chasseurs actuellement en production ou programmés pour l’être, et les facteurs déterminants qui sont exigés dans l’acquisition d’une flotte et de son maintien en puissance pendant tout son cycle de vie. À ce titre, les réponses de l’industrie ont fourni les bases pour l’évaluation des risques liés aux missions de la SDCD. Les deuxième et troisième questionnaires portaient sur l’évaluation des coûts de l’appareil et des avantages potentiels pour l’industrie canadienne. Ces renseignements ont été utilisés dans deux volets distincts d’évaluation, au-delà de la portée du présent sommaire.

Composantes de l’analyse

La méthode décompose les missions des Forces armées canadiennes (FAC), comme elles sont énoncées dans la SDCD, en composantes qui peuvent être évaluées d’une manière équitable à l’aide des données disponibles ou de l’expertise des spécialistes du domaine. Plus précisément, la structure était composée des éléments suivants :

Scénarios de mission de chasseur : Le ministère de la Défense nationale (MDN) a utilisé des scénarios détaillés, fondés sur les missions de la SDCD, pour évaluer la capacité militaire. Dans l’évaluation des options, ces scénarios étaient adaptés pour déterminer la contribution attendue de la force de chasse dans chacune des missions de la SDCD.

Capacités aérospatiales : Dans le cadre de la planification axée sur la capacité, le MDN tient à jour une liste des capacités que doivent fournir les FAC. Dans le cadre du processus d’évaluation, on a envisagé uniquement le sous-ensemble de capacités que la force de chasse fournit.

Critères d’efficacité d’un chasseur : Les critères d’efficacité sont des indicateurs de haut niveau de l’efficacité attendue de chacun des divers chasseurs à l’égard des capacités aérospatiales requises. Ces critères sont étroitement liés au contexte précis de la mission.

Critère de rendement d’un chasseur : Les critères de rendement ont été utilisés pour évaluer de façon absolue le rendement de chaque catégorie de système de bord.[a]

Pour concevoir cette structure, il fallait disposer d’une analyse des besoins de mission. Cette analyse était fondée sur des analyses précédentes que le MDN avait menées sur les capacités générales des FAC, et a permis de mettre au point des scénarios de mission de chasseur, des capacités aérospatiales et des critères d’efficacité qui sont cohérents avec les orientations et la documentation actuelle du MDN.

L’application de cette structure a bénéficié à l’évaluation des options de plusieurs façons, y compris de rendre l’évaluation mieux compréhensible et d’améliorer l’exactitude des questions d’évaluation en les rendant plus précises.

Cadre d’évaluation

La méthode a été appliquée aux opérations de chasse qui se dérouleraient dans deux périodes : de 2020 à 2030, la période pendant laquelle l’Aviation royale canadienne fera la transition de sa force de chasse du CF18 vers un nouvel appareil, sans dégradation de ses capacités; et à partir de 2030, lorsqu’on prévoit qu’il y aura prolifération des menaces existantes en plus de l’arrivée de menaces nouvelles et améliorées, ce qui rendra plus difficiles les opérations dans cette période. La faisabilité et les coûts attendus de l’exploitation sécuritaire du CF18 au-delà de 2020 ont été soigneusement étudiés dans le cadre de l’analyse globale.

En pratique, l’analyse a commencé par l’évaluation du rendement des chasseurs, puis de leur efficacité, de leurs capacités aérospatiales et des scénarios de mission de chasseur. De cette manière, chaque niveau d’évaluation dans la structure a fourni des renseignements à l’évaluation subséquente, ce qui a mené à un autre bénéfice : la capacité de retracer les données dans tout le processus.

La structure a aussi permis de regrouper le processus d’évaluation en trois niveaux qui sont représentatifs des aspects militaires : tactique, opérationnel et stratégique. Aux fins de la présente évaluation, on a distingué les trois niveaux comme suit :

Tactique : L’évaluation au niveau tactique repose sur un appareil correctement configuré, en vol dans la zone d’opérations, sans égard à la logistique requise pour l’amener à cette position et à toutes les contraintes en matière de ressources et de règlements qu’il faudrait surmonter afin de parvenir à cette situation. Cette partie de l’évaluation portait sur l’évaluation des chasseurs alors qu’ils s’acquittent de fonctions très précises en appui aux missions qui sont précisées dans la SDCD.

Le processus d’évaluation commençait par une évaluation des composantes technologiques du chasseur, au moyen des critères de rendement et des critères d’efficacité, et se terminait par une évaluation de la façon dont ces technologies se combinent pour aider le chasseur à respecter ses obligations dans le cadre de scénarios définis. L’évaluation selon les critères d’efficacité dépendait grandement sur les résultats d’une analyse des menaces, qui fournissait des limites réalistes des menaces escomptées pour chacun des scénarios de mission. L’analyse des menaces a aussi permis de prévoir la prolifération des menaces existantes vers de nouvelles régions, et l’arrivée de menaces plus sophistiquées ou de nouvelles menaces dans les deux périodes visées.

Opérationnel : L’évaluation au niveau opérationnel met l’évaluation au niveau tactique dans le bon contexte en fournissant une vue d’ensemble des opérations du chasseur. On a évalué la contribution du chasseur au succès de toutes les missions de la SDCD, au moyen de scénarios représentatifs précis.

Ce niveau d’évaluation a fait en sorte que les fonctions importantes des chasseurs ont été traitées adéquatement, et il a aidé à déterminer si les options disposaient de la capacité nécessaire pour satisfaire aux besoins de la mission. Comme l’évaluation au niveau tactique, cette composante de l’évaluation partait du principe que les conditions nécessaires pour qu’un chasseur soit opérationnel étaient en place. Cette évaluation a donné lieu à une évaluation des risques, qui décrit dans quelle mesure chaque option est capable d’exécuter les missions de la SDCD en fonction des deux périodes, après l’application de mesures d’atténuation raisonnables[b] à la disposition de l’ARC. Ces mesures d’atténuation ont été extrêmement importantes parce qu’elles ont permis d’appliquer de manière plus sensée les capacités des chasseurs aux scénarios de mission.

Stratégique : L’évaluation au niveau stratégique était fondée sur l’évaluation au niveau opérationnel en tenant compte de toutes les conditions qui doivent être en place pour que le chasseur accomplisse ses fonctions. Les risques ont été recensés pour quatre facteurs déterminants : l’acquisition de l’appareil, la gestion du maintien en puissance et des forces, l’intégration et le potentiel de croissance. L’absence d’une ou de plusieurs de ces conditions peut empêcher l’utilisation de l’avion de chasse dans des opérations des FAC. Encore une fois, les évaluateurs ont appliqué des mesures pour atténuer les risques lorsqu’il était possible de le faire.

Le résultat final a donné une évaluation des risques liés à l’utilisation des différentes options de chasseur pour une bonne exécution des missions de la SDCD. Ces risques peuvent découler d’un manque de capacité opérationnelle, comme il a été déterminé dans l’évaluation au niveau opérationnel, ou de considérations supplémentaires nécessaires pour permettre cette capacité. Pour arriver à l’évaluation des risques intégrés, les évaluateurs ont aussi eu à déterminer si les risques attribuables aux facteurs déterminants aggravaient les risques recensés au niveau opérationnel, ou si ces risques n’avaient pas d’influence l’un sur l’autre. Lorsqu’il y avait influence, le risque combiné a été évalué.

Expertise en la matière

En l’absence de pouvoir mettre les appareils à l’essai dans les conditions précisées dans les scénarios de missions de chasse, le savoir-faire des experts en la matière (EM) a constitué un élément essentiel du processus d’évaluation. Cependant, on a pris grand soin d’éliminer toute subjectivité du processus.

La décomposition des missions de la SDCD en composantes a aidé à cibler les EM appropriés, et à empêcher que ces derniers aient à évaluer des aspects qui n’étaient pas dans leurs champs de compétence. Lorsque possibles, de multiples équipes d’évaluation ont été employées. Cette façon de procéder a apporté une diversité dans les opinions et a permis de réduire la possibilité des phénomènes comme la pensée de groupe. De plus, les EM devaient fournir des justifications pour chacune de leurs évaluations, sous la surveillance du SNAC. Leurs constatations ont été aussi examinées par un comité d’examen externe.

Conclusion

On a élaboré une méthode d’évaluation des risques liés à la mission, qui décompose l’ensemble des missions de la SDCD en composantes. Par nécessité, cette méthode exige le recours au jugement professionnel d’experts en la matière, mais on a apporté un grand soin pour faire en sorte que la méthode soit impartiale, complète, compréhensible et robuste.

Liste des figures

Figure 1 : Aperçu du processus d’évaluation des risques liés aux missions

List of tables

  • Tableau 1 : Calcul de la note opérationnelle de l’aéronef A dans le cadre de la mission n
  • Tableau 2 : Conversion des notes opérationnelles en risque opérationnel brut minimum
  • Tableau 3 : Matrice de détermination du risque
  • Tableau 4 : Calcul des risques opérationnels bruts de l’aéronef A pendant la mission B
  • Tableau 5 : Risques opérationnels provisoires
  • Tableau 6 : Groupement des risques opérationnels (risques indépendants)
  • Tableau 7 : Groupement des risques opérationnels (risques composés)
  • Tableau 8 : Description de la probabilité pour l’évaluation des risques stratégiques
  • Tableau 9 : Groupement des risques liés aux missions (risques indépendants)
  • Tableau 10 : Groupement des risques liés aux missions (risques composés)

Remerciements

Ce rapport décrit simplement le résultat final de nombreuses heures de discussion sur la meilleure façon de relever la myriade de défis qui jalonnent l’élaboration de la méthode utilisée pour évaluer les solutions de remplacement pour le CF18 Hornet. L’auteur était l’un des nombreux contributeurs aux diverses équipes ayant conçu, testé et finalisé sa mise en œuvre. Par conséquent, il tient à remercier les personnes suivantes (par ordre alphabétique) pour leurs rôles dans l’élaboration de la méthode et dans le cadre de ses nombreuses itérations :

  • Benoît Arbour, Maj Mike Ayling, Darren Benedik, Maj Rob Butler, Lcol Trevor Campbell, Maj Haryadi Christianto, Maj Seane Doell, Lcol Shayne Elder, Lcol Kevin Ferdinand, Maj Nicholas Griswold, Maj Jameel Janjua, Peter Johnston, Maj Rich Kohli, Maj Sébastien LapierreGuay, Maj Francis Mercier, Maj Warren Miron, Maj Brandon Robinson, Lcol Bernard Rousseau, Lcol Tim Shopa et Maj David Wood.

Les personnes suivantes ont généreusement accepté de participer à divers exercices d’essai des différentes parties de la méthode :

  • Lcol Guy Armstrong, Slawek Dreger, Lcol Paul Fleury, Lcol (retraité) Kelly Kovach, Lcol Glenn Madsen, Maj Irvin Marucelj, Lcol Charles Moores, Capt Tim Pistun, Lcol Luc Sabourin, Lcol Pat Sabourin, Terry Sullivan, Maj Dave Turenne et Maj Paul Whalen.

Leurs commentaires avisés ont permis de rendre la méthode plus solide et conviviale.
L’auteur tient également à remercier ceux qui ont examiné ce document pour leurs commentaires éclairés. Ces commentaires ont permis d’améliorer l’exactitude et la clarté des sujets traités. Il aimerait, tout particulièrement, remercier :

  • Ross Graham, Ph. D., Dave Mason, Bgén Stephan Kummel, Vance Millar, Roy Mitchell et Bgén Alain Pelletier, ainsi que les membres du panel d’examinateurs indépendant (PEI), Keith Coulter, Ph. D., Philippe Lagassé, Ph. D., James Mitchell, Ph. D. et M. Rod Monette.

Toutefois, les éventuelles erreurs ou inexactitudes ne sont imputables qu’à l’auteur.

Introduction

Contexte

En réponse au rapport du printemps 2012 du vérificateur général du Canada [1], le gouvernement du Canada a annoncé un plan à sept volets pour « veiller à ce que l’Aviation royale canadienne (ARC) acquière les avions de chasse dont elle a besoin pour accomplir les missions qui lui sont confiées par le gouvernement et à ce que le Parlement et la population canadienne aient confiance dans le processus d’acquisition ouvert et transparent qui sera utilisé pour remplacer la flotte d’appareils CF18 ». [2] Le Secrétariat national d’approvisionnement en chasseurs (SNAC) a été créé pour examiner, superviser et coordonner la mise en œuvre du plan à sept volets. La quatrième étape de ce plan est l’évaluation des options qui permettront d’assurer le maintien en puissance de la capacité des chasseurs pendant une grande partie du XXIe siècle [3].

L’objectif de l’évaluation des options est de fournir des conseils au gouvernement du Canada en ce qui concerne les points forts et les risques associés à tous les avions de chasse évalués. Le processus n’avait pas pour but de faire une recommandation. Au contraire, il a été conçu pour exposer les risques associés aux options évaluées, afin d’aider le gouvernement à prendre une décision éclairée quant à la meilleure voie à suivre pour le Canada. L’évaluation générale des options comporte trois volets parallèles d’activité concernant chacune des options de chasseur : un volet visant à évaluer le risque relatif à la bonne exécution de l’ensemble de missions des Forces armées canadiennes (FAC) tel qu’il est exprimé dans la Stratégie de défense Le Canada d’abord (SDCD), un volet visant à évaluer les coûts d’acquisition et de maintien et un volet visant à évaluer les retombées industrielles et régionales (RIR) offertes par chaque fabricant.

Ce rapport décrit la méthode utilisée pour évaluer le risque lié à la bonne exécution des missions de la SDCD. Bien qu’élaborée, mise en œuvre et exécutée sous la direction de l’ARC, cette méthode a fait l’objet d’une consultation et d’un examen d’envergure par un tiers indépendant. À cette fin, un PEI a été mis sur pied [3]. Comme il est décrit dans le cadre de référence de l’évaluation des options [4], le PEI a participé au processus à des étapes clés du travail pour évaluer la méthodologie utilisée et les analyses effectuées afin de s’assurer que ce travail était à la fois rigoureux et impartial. En outre, la participation du PEI au cours du processus a été essentielle pour que les résultats rendus publics soient complets et compréhensibles [5].

Principes généraux

Avant toute chose, l’évaluation des options devait intégrer un processus qui est aussi juste que possible pour tous les répondants industriels afin que le résultat soit crédible. Les caractéristiques suivantes ont été considérées comme essentielles à la méthode et ont orienté les choix effectués lors de son élaboration :

Impartiale : La méthode utilisée ne pouvait pas favoriser l’une des options. Elle devait rester neutre dans son application et être appliquée de la même façon à toutes les options envisagées.

Complète : La méthode devait prendre en compte tous les aspects liés à l’utilisation de chasseurs ainsi que les facteurs qui permettent de mener des opérations avec ces chasseurs. En étant complète, la méthode aurait moins de chances d’être subjective.

Compréhensible : Le recours à une méthode compréhensible sur le plan de sa structure et de son application allait permettre de retracer facilement les preuves ayant mené aux conclusions. Grâce au caractère défendable de ses conclusions, la méthode serait par ailleurs crédible.

Solide : Une méthode serait jugée solide si elle pouvait être appliquée sans défaillance dans des conditions très variées. Il est important que cela se fasse sans compromis sur le plan de la rigueur. Pour être solide, cette méthode devait notamment offrir la capacité d’utiliser des renseignements exclusifs ou classifiés dans le cadre du processus d’évaluation. La méthode devait également être reproductible de sorte que ses conclusions demeurent uniformes même si les évaluateurs étaient différents ou que le processus d’évaluation était réalisé une deuxième fois.

Ces caractéristiques font partie intégrante de la conception de la méthode, comme on le verra dans les sections suivantes de ce rapport. Des processus similaires utilisés par des pays alliés comme l’Australie et le Danemark ont été largement consultés lors de l’élaboration de cette méthode afin d’étalonner la portée de l’évaluation et d’aider à établir la validité de la démarche d’un point de vue scientifique. Bien que typiquement canadienne, la méthode partage de nombreuses caractéristiques importantes avec celles employées par d’autres nations.

Engagement de l’industrie

En vue de favoriser un climat d’ouverture et de diligence, le SNAC a entamé un dialogue avec plusieurs fabricants d’équipement d’origine (FEO) pour faciliter l’évaluation des options. Par exemple, la méthode décrite dans le présent rapport a été communiquée à l’industrie avant l’évaluation officielle de l’aéronef proposé.

Les FEO ont également été invités à fournir des renseignements pour répondre à des questions précises sur leurs aéronefs et systèmes de soutien dans le cadre d’une analyse de marché. Trois questionnaires ont été préparés afin de permettre à l’industrie de fournir des renseignements pour remplacer le CF18. Le questionnaire « Renseignements sur la capacité, la production et le maintien en puissance » [6] portait sur les capacités techniques associées aux chasseurs actuellement en production ou programmés pour l’être et sur les éléments stratégiques connexes nécessaires à l’acquisition de la flotte et à son maintien tout au long de sa durée de vie. Ainsi, les réponses de l’industrie ont servi de base pour l’évaluation des risques liés à l’exécution des missions de la SDCD. Toutes les entreprises étaient libres de soumettre des renseignements exclusifs et classifiés, à leur seule discrétion. Les deuxième et troisième questionnaires portaient sur les estimations de coûts de l’appareil [7] et les avantages potentiels pour l’industrie canadienne [8].

Les entreprises ont reçu des ébauches de chacun des trois questionnaires aux fins de commentaires. Ainsi, chaque entreprise a eu l’occasion de mettre en évidence les capacités potentielles de son chasseur pour endosser les rôles et mener les missions précisés dans la SDCD. Ces commentaires ont été pris en compte dans les questionnaires finaux. Les trois questionnaires ont également bénéficié de la supervision et de l’orientation du PEI. En outre, des réunions plénières et bilatérales ont été organisées avec les entreprises afin de présenter chacun des trois questionnaires et la méthodologie de l’évaluation et d’en discuter. Une consultation continue avec les entreprises s’est poursuivie parallèlement à l’évaluation des réponses. De cette façon, l’engagement de l’industrie a offert aux entreprises la possibilité de mieux présenter tous leurs renseignements pertinents pour l’analyse des capacités des aéronefs à l’appui d’une évaluation complète et équitable de toutes les options évaluées.

Aperçu de la méthode d’évaluation

De nombreux aspects de l’armée, y compris son organisation et sa doctrine, sont conçus autour d’une structure à trois niveaux : tactique, opérationnel et stratégique [9]. Il était donc naturel de structurer l’évaluation des options en fonction du même modèle. Aux fins de cette évaluation, on a distingué les trois niveaux comme suit :

Tactique : L’évaluation au niveau tactique des options de chasseur partait du principe que toutes les conditions nécessaires pour qu’un chasseur soit opérationnel étaient en place.[1] Cette partie de l’évaluation était centrée sur l’évaluation des chasseurs dans le cadre de leurs fonctions très précises à l’appui des missions précisées dans la SDCD. De ce fait, ce niveau constitue l’élément fondamental sur lequel les évaluations de niveau supérieur ont été créées. Le processus d’évaluation commençait par une évaluation des composantes technologiques du chasseur et se terminait par une évaluation de la façon dont ces technologies se combinent pour aider le chasseur à respecter ses obligations dans le cadre de scénarios définis. Cette évaluation portait sur la capacité du chasseur dans une perspective qui ne dépend pas de la fréquence attendue des fonctions concernées ni de leur importance relative.

Opérationnel : L’évaluation au niveau opérationnel met les évaluations tactiques dans le bon contexte en fournissant une vue d’ensemble des opérations du chasseur. La planification axée sur les capacités (PAC) [10, 11, 12] a servi de base pour comparer l’importance relative de la contribution du chasseur à la bonne exécution de l’ensemble des missions de la SDCD, tel qu’il est défini dans le cadre de l’utilisation de scénarios représentatifs précis. Ce niveau de l’évaluation a permis de s’assurer que les fonctions importantes du chasseur étaient traitées en tant que telles et de déterminer si les options de chasseur offrent une capacité en rapport avec les attentes de la force de chasse. Comme l’évaluation au niveau tactique, cette composante de l’évaluation partait du principe que les conditions nécessaires pour qu’un chasseur soit opérationnel étaient en place.

Stratégique : L’évaluation au niveau stratégique était fondée sur l’évaluation au niveau opérationnel en tenant compte de toutes les conditions qui doivent être en place pour que le chasseur accomplisse ses fonctions. On a évalué des facteurs relatifs à l’acquisition de l’aéronef, à la gestion de la force et au maintien en puissance, et à l’intégration par exemple, ainsi que des considérations liées au potentiel de croissance. L’absence d’une ou de plusieurs de ces conditions peut empêcher l’utilisation de l’avion de chasse dans des opérations des FAC. Le résultat final était une évaluation des risques liés à l’utilisation des différentes options de chasseur pour une bonne exécution des missions de la SDCD. Ces risques peuvent découler d’un manque de capacité opérationnelle, comme il a été déterminé dans l’évaluation au niveau opérationnel, ou de considérations supplémentaires nécessaires pour permettre cette capacité.

La méthode a été appliquée à des opérations de chasseur ayant lieu pendant deux périodes : de 2020 à 2030 et à partir de 2030. La première période est celle au cours de laquelle la force de chasse de l’ARC passera du CF18 à sa capacité ultérieure, sans dégradation de la capacité des chasseurs pendant la période de transition. Au cours de la période débutant en 2030, il est prévu qu’il y ait une prolifération accrue des menaces existantes en plus de l’introduction de nouvelles capacités de menace, toutes deux rendant le fonctionnement pendant cette période plus difficile. La faisabilité et les coûts prévus liés à l’exploitation en toute sécurité des CF18 au-delà de 2020 ont été soigneusement analysés dans le cadre de l’évaluation générale.

Organisation du rapport

La section 1 fournit le cadre pour l’évaluation des options afin de remplacer le CF18 Hornet, ainsi qu’un aperçu général de la façon dont la méthode est structurée et des principes généraux qui ont guidé l’élaboration et la mise en œuvre de la méthode. La section 2 présente les renseignements généraux nécessaires pour contextualiser la méthode générale de sorte que les parties décrites dans la suite de ce rapport puissent être mieux comprises. Les sections 3, 4 et 5 décrivent, respectivement, les niveaux tactique, opérationnel et stratégique de la méthode d’évaluation. Dans chaque cas, les quatre composantes les plus importantes du processus sont décrites : les intrants du processus, le personnel qui a mené le processus, une description du processus lui-même et les extrants que le processus a générés. La conclusion de ce rapport se trouve dans la section 6.

Contexte

Les chasseurs sont des machines complexes qui peuvent fonctionner dans un environnement très complexe et dynamique. Par conséquent, il n’est pas surprenant de constater que, dans un effort d’exhaustivité et d’équité, il a fallu faire un travail énorme pour élaborer la méthode décrite ici. Le cadre de référence de l’étape 4 du Plan à sept volets du gouvernement [4] présente les six tâches que comporte l’évaluation des options :

  1. Analyse des menaces (y compris les tendances technologiques pour couvrir les périodes de 2020 à 2030 et à partir de 2030);
  2. Analyse des besoins des missions (en fonction de la SDCD et de la PAC de 2012);
  3. Analyse de la capacité des chasseurs (évaluation des options des aéronefs au niveau tactique);
  4. Mise à jour de la durée de vie prévue du CF18 (y compris les estimations de coûts pour les mises à niveau nécessaires afin de maintenir la sécurité et l’efficacité des opérations au-delà de 2020);
  5. Analyse de marché (obtention de renseignements sur la capacité et les coûts auprès de sources de l’industrie et du gouvernement afin de faciliter l’ensemble du processus);
  6. Évaluation des risques liés aux missions (évaluation des risques associés à l’exécution des missions prévues par la SDCD pour chacune des options de chasseur).

En parallèle, le coût de chaque option de chasseur devait être estimé et les RIR prévues devaient être examinées. La portée de ce rapport ne comprend pas la description de chacune de ces tâches en détail, mais une explication de la façon dont chaque partie contribue à l’état final de l’évaluation de la capacité du chasseur.

La figure 1 offre un aperçu de l’ensemble du processus et de la place de chaque partie dans les niveaux tactique, opérationnel et stratégique.

La figure 1 offre un aperçu de l’ensemble du processus et de la place de chaque partie dans les niveaux tactique, opérationnel et stratégique. Chaque composante du processus d’évaluation des risques liés aux missions sera décrite dans une section ultérieure de ce rapport. Quelques définitions permettant d’établir les paramètres et le cadre pour l’évaluation sont d’abord présentées dans le reste de cette section. Ensemble, ces définitions peuvent être un peu difficiles à comprendre du premier coup. Dans le cadre d’une première lecture, il peut sembler plus facile de passer directement à la section 3 et d’utiliser le reste des renseignements de cette section comme référence, au besoin.

 

Scénarios de mission de chasseur

Le document sur l’environnement de la sécurité de 2030 [13] décrit les principales tendances de l’environnement de la sécurité future et les défis qu’elles engendreront pour les FAC lorsque celles-ci fonctionneront dans cet environnement. La méthode d’évaluation est fondée sur une décomposition structurée de la mission du chasseur dans le contexte du document sur l’environnement de la sécurité de 2030. La décomposition permet de diviser la mission en composantes importantes, afin que chacune puisse être correctement évaluée par un groupe d’experts de la défense. Le niveau supérieur de la décomposition comprend les missions précisées dans la SDCD. Les scénarios de planification des forces élaborés par le personnel du Chef – Développement des forces (CDF) dans le cadre de son travail de PAC sont représentatifs de l’ensemble des missions de la SDCD et ont été utilisés aux fins de ce processus d’évaluation.[2] Dans la mesure où ces scénarios ont été conçus pour analyser les FAC d’une façon générale, le personnel de l’ARC du Canada a déterminé la composante propre au chasseur de chaque scénario, en vue de faciliter l’évaluation de ces aéronefs. Voici les scénarios de chasseur :

  • 1 – Mener des opérations quotidiennes nationales et continentales, y compris dans l’Arctique et par l’entremise du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) :
    • Le chasseur canadien procède à des missions régulières quotidiennes et d’urgence du NORAD à des niveaux d’alerte normale et est prêt à réagir à des niveaux d’alerte élevée. Les opérations sont menées à partir des bases d’opérations principales ainsi que des emplacements avancés d’opérations. Les missions peuvent se dérouler sur terre et sur mer. Les menaces pour ces missions peuvent provenir de l’air ou de la mer.
  • 2 – Offrir son soutien dans le cadre d’un événement international important au Canada :
    • Les FAC sont employées pour appuyer un événement d’envergure internationale au Canada. Les actifs des chasseurs canadiens se trouvent dans des bases d’opérations déployées ou des aérodromes civils situés plus près de la zone d’opérations prévue. Le chasseur canadien servira à empêcher les perturbations pendant un événement d’envergure internationale au Canada. Si une menace est déterminée, le chasseur la poursuivra sur terre, en mer ou dans les airs. Si une attaque se concrétise, le chasseur et d’autres actifs interarmées[3] seront utilisés pour maintenir la surveillance et empêcher d’autres attaques.
  • 3 – Répondre à une attaque terroriste importante :
    • Une menace terroriste au Canada a été décelée. Cette menace se présente sous la forme d’une attaque planifiée à l’étranger et qui est en cours avec des armes en transit ou qui vient d’avoir lieu. Les actifs des chasseurs canadiens sont basés selon la disponibilité opérationnelle normale et peuvent être avancés jusqu’aux bases d’opérations déployées ou aux aérodromes civils, en fonction de la menace et des renseignements sur la situation. Si l’attaque est planifiée à l’étranger, une unité expéditionnaire de chasseurs sera affectée dans un pays ami de la région en vue d’appuyer une attaque préventive de la force interarmées. Si des armes sont en transit, le chasseur canadien sera utilisé pour empêcher l’attaque en cours ou répondre à cette attaque terroriste majeure après qu’elle s’est produite. En fonction de la menace terroriste décelée, le chasseur canadien poursuivra les menaces terroristes asymétriques sur terre, en mer et dans les airs avant qu’elles ne frappent. Si une attaque a déjà eu lieu, le chasseur canadien, de pair avec d’autres actifs interarmées, maintiendra la surveillance et empêchera d’autres attaques.
  • 5b – Opération de rétablissement de la paix complexe dans un pays côtier :
    • Les FAC ont été chargées de se déployer pour appuyer des opérations multinationales de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dans un État en déroute. Une unité expéditionnaire de chasseurs fait partie de ce déploiement et sera basée dans un pays voisin favorable aux forces de l’OTAN. Le chasseur canadien participera à cette opération de rétablissement de la paix dans le cadre d’un effort de la coalition. La population civile et l’infrastructure clé doivent être protégées, et il faut instaurer un environnement propice à l’arrivée de l’aide humanitaire. Dans le cadre de l’opération de rétablissement de la paix, le chasseur canadien sera également utilisé pour localiser et détruire les cellules terroristes connues. L’instabilité dans la région peut conduire à une obligation d’utiliser le chasseur canadien pour maintenir la souveraineté devant des États voisins menaçants.
  • 5c – Participation à une guerre de coalition entre États :
    • Le Canada a promis la participation des FAC dans le cadre d’une intervention de la coalition pour contrer une menace d’agression d’un État étranger. Une force expéditionnaire de chasseurs est incluse dans la contribution des FAC à la force alliée, et ce, afin d’aider à dissuader l’agression de la part de l’État menaçant. Si la dissuasion échoue, l’État menaçant sera vaincu. Une guerre entre États nécessitera le recours à l’ensemble du spectre des capacités opérationnelles d’une coalition interarmées. Le chasseur canadien sera déployé dans une base de la coalition avancée et fera usage du soutien logistique de la coalition dans le cadre d’une éventuelle campagne aérienne ultérieure.
  • 6 – Déployer des forces en cas de crise à l’étranger pour une période de plus courte durée :
    • Le Canada a offert la participation d’unités des FAC pour appuyer une intervention des Nations Unies en cas de crise humanitaire ou de catastrophe pour l’humanité à l’échelle internationale. Cette intervention comprend une unité expéditionnaire de chasseurs déployée, qui sera basée aux côtés d’autres participants aux efforts d’aide. Le chasseur canadien contribuera à la stabilisation et aux missions de maintien de l’ordre, à l’appui d’efforts d’aide internationale. Les efforts de secours sont entravés par l’activité criminelle et l’anarchie générale, ce qui constitue une menace à la bonne exécution de l’aide d’urgence.
  • Il est à noter que la mission 4 de la SDCD (Appuyer les autorités civiles en cas de crise au Canada, par exemple en cas de catastrophe naturelle) n’a pas été explicitement incluse dans cette liste en raison de sa ressemblance, du point de vue des opérations de chasseur, à la mission 2. La mission 5a (Opérations de soutien de la paix) est également absente de la liste étant donné que la capacité des chasseurs a été évaluée comme n’étant pas applicable à ce scénario particulier.

Capacités aérospatiales

La deuxième couche de la décomposition comprend les capacités, qui ont servi à fournir les effets nécessaires pour accomplir les missions de la SDCD. Le personnel du CDF a déterminé, dans le cadre des travaux de PAC en cours, une taxonomie de capacités utilisées par les FAC. Comme prévu, les effets produits par les chasseurs polyvalents ne contribuent pas à chacune de ces capacités. Parmi ceux qui figurent sur la liste, les chasseurs ont été évalués pour fournir des effets significatifs dans sept capacités, désignées désormais sous le nom de capacités aérospatiales, dont les définitions correspondent étroitement à celles de la doctrine aérospatiale historique devant être remplacée [14] :

Opération défensive contre le potentiel aérien (DCA) : Toutes les mesures visant à annuler ou à réduire l’efficacité des menaces aériennes. Opérations menées pour neutraliser les forces aérospatiales ennemies qui menacent les forces ou les installations amies dans le cadre de missions de patrouille aérienne de combat, d’escorte et d’interception.

Opération offensive contre le potentiel aérien (OCA) : Opérations montées pour détruire, perturber ou limiter la puissance aérienne ennemie le plus près possible de sa source. Cela inclut des tâches comme l’attaque de surface, la mise hors de combat des moyens de défense aérienne ennemis et le ratissage.

Attaque stratégique : Capacités visant à détruire et à désintégrer progressivement la capacité de l’adversaire ou sa volonté de s’engager dans un combat (comme ce fut le cas dans les phases initiales des deux campagnes américaines en Irak). Ces missions sont normalement menées contre le centre de gravité ennemi, à savoir les objectifs dont la perte aura un impact disproportionné sur l’ennemi, comme les centres de commandement nationaux ou les installations de communication.

Appui aérien rapproché (AAR) : Attaques aériennes contre des cibles qui sont si près de forces terrestres amies qu’il est nécessaire d’intégrer en détail chaque mission aérienne aux tirs et au mouvement de ces forces.

Frappe terrestre[4] : Opérations antisurface à l’aide de la puissance aérospatiale, en coopération avec des forces amies sous-marines et de surface pour dissuader, contenir ou vaincre les forces terrestres ou maritimes de l’ennemi sur le littoral.

Appui aérien tactique aux opérations maritimes (TASMO) : Opérations pendant lesquelles l’aéronef, qui ne fait pas partie intégrante de l’unité présentant la demande, doit fournir un appui aérien aux unités maritimes.

Renseignement, surveillance et reconnaissance (RSR) : Activité permettant de synchroniser et d’intégrer la planification et l’utilisation de toutes les capacités de collecte à l’exploitation et au traitement, afin de transmettre les renseignements qui en résultent (c’est-à-dire des renseignements utiles pour la prise de décisions) à la bonne personne, au bon moment, dans le bon format et en appui direct aux opérations en cours et futures.

Critères d’efficacité d’un chasseur

Le troisième niveau de la décomposition de la mission des chasseurs comprend les critères d’efficacité (CE). Ces derniers ont servi à déterminer la façon dont les différentes options de chasseur offrent les effets requis pour fournir les capacités aérospatiales nécessaires. D’une façon plus générale, les CE sont des agrégats de haut niveau de l’efficacité de chaque aéronef qui contribuent aux capacités aérospatiales, une fois mis dans un contexte propre à la mission. Voici la définition des CE employés dans cette analyse :

Connaissance de la situation : Capacité à regrouper, à assimiler et à afficher des renseignements en temps réel provenant de capteurs de bord et non embarqués. La connaissance de la situation dépend en grande partie de la fidélité et de la capacité de tous les capteurs de bord. De plus, il est avantageux que tout le système ait la capacité d’afficher des renseignements complets tirés des données d’entrée produites par de multiples capteurs.

Capacité de survie : Capacité à fonctionner dans un espace de combat opérationnel en empêchant ou en contrant l’application de force de l’ennemi. La capacité de survie peut être augmentée par la détection, la classification et la localisation des menaces et, par la suite, en les évitant ou en nuisant à leur efficacité. Une fois l’alerte donnée de la présence d’une menace (p. ex., au moyen d’un récepteur d’alerte radar ou d’un système avertisseur d’approche missile), différents moyens actifs (p. ex., attaque électronique et utilisation de leurres, ainsi que de paillettes ou de fusées éclairantes) ou passifs (p. ex., réduction de la signature, manœuvre) peuvent être utilisés pour empêcher que cette menace ne se matérialise.

Portée et persistance : Distance et durée selon lesquelles un chasseur peut se servir efficacement de sa puissance aérienne. Dans le but d’établir la portée et la persistance, il faut tenir compte de facteurs comme la vitesse, l’endurance, la distance franchissable et la quantité totale de carburant interne et externe.

Capacité de réaction : Application opportune de la puissance aérienne, y compris la capacité d’établir une nouvelle cible tout en suivant différentes pistes, voire à éventuellement passer d’une capacité aérospatiale à une autre, dans le cadre d’une mission de base. La capacité de réaction doit aussi comprendre la possibilité des systèmes d’arme d’effectuer plus d’une fonction à la fois. Par exemple, dans le cadre d’opérations défensives contre le potentiel aérien, un aéronef donné peut-il continuer de participer à la capacité RSR? Il faut en outre tenir compte de la rapidité à laquelle un aéronef peut changer de cible, changer de rôle et se repositionner dans la zone d’opérations.

Puissance de destruction : Capacité combinée d’occuper une position avantageuse et d’annuler ou de poursuivre une cible ou une menace. Le fait de prendre une position avantageuse relève du rendement d’un aéronef. Une fois en position, il est souhaitable que le système d’arme soit en mesure d’annuler ou de poursuivre la cible au moyen de différentes ressources cinétiques et non cinétiques. Le recours à des ressources cinétiques et non cinétiques pourrait exiger le soutien de capteurs et d’autres sous-systèmes d’avionique pour appuyer les armes.

Interopérabilité : Capacité à exploiter et à échanger de l’information avec différentes forces amies afin de participer à des opérations interarmées et de coalition. L’interopérabilité avec une coalition et des actifs des forces terrestres, maritimes et aériennes est un élément essentiel. Cette interaction peut comprendre, sans s’y limiter, l’utilisation de liaisons de données et de communications.

Critères de rendement d’un chasseur

Les CR correspondent à la dernière couche de la décomposition. Une norme de mesure a été associée à chaque catégorie de système de bord pour évaluer le rendement de l’ensemble de ces systèmes de façon absolue, quels que soient la menace présente et le contexte de la mission à l’étude. Par exemple, les CR des communications ne visent pas à déterminer le bon fonctionnement des systèmes de communication vocale. Ils ont plutôt pour objectif d’aider à établir si tous les systèmes de communication fonctionnent bien ensemble dans le contexte des opérations générales des chasseurs. Il est utile de considérer les CR comme un moyen de mesurer le rendement en « laboratoire » et les CE comme un outil permettant de déterminer la mesure selon laquelle les chasseurs exécutent leurs fonctions dans le cadre d’une mission particulière.

La question spécifique utilisée pour chaque CR afin d’orienter le processus d’évaluation est présentée à la section 3.1.3. Les définitions qui ont été utilisées pour les catégories de systèmes évalués dans les CR sont les suivantes :

Capteurs à fréquence radio (FR) : Tout capteur ou ensemble de capteurs qui transmet ou reçoit dans le spectre des radiofréquences. Les capteurs FR comprennent, mais sans s’y limiter, le radar, l’interrogateur-transpondeur combiné (CIT) et le récepteur d’alerte radar (RWR).

Capteurs optroniques (EO)/infrarouges (IR) : Tout capteur ou ensemble de capteurs qui transmet ou reçoit dans le spectre EO/IR. Les capteurs EO/IR comprennent, mais sans s’y limiter, la nacelle de désignation d’objectif améliorée (ATP), le système de veille et poursuite par infrarouge (IRST) et le capteur infrarouge à ouvertures réparties (DAS).

Armes air-air : Armes employées contre des cibles aériennes. Elles comprennent les armes employées au-delà et à l’intérieur de la portée visuelle. Il faut aussi tenir compte de la capacité en armes dans la configuration voulue.

Armes air-sol : Armes employées contre des cibles terrestres. Il faut aussi tenir compte de la capacité en armes dans la configuration voulue.

Armes air-surface : Armes employées contre des cibles maritimes. Il faut noter que certains aéronefs ne disposent pas d’armes air-surface spécifiques, mais il est possible d’employer des armes air-sol traditionnelles, jusqu’à un certain point. Il faut aussi tenir compte de la capacité en armes dans la configuration voulue.

Armes non cinétiques : Armes offensives qui ne dépendent pas d’engagements cinétiques. Il s’agit, par exemple, des armes laser et des attaques électroniques.

Autoprotection à FR : Autoprotection non déployable qui exploite le spectre FR et protège contre les menaces présentes dans ce même spectre. Il s’agit, par exemple, du RWR et de la protection électronique (PE).

Autoprotection à IR : Autoprotection non déployable qui exploite le spectre IR et protège contre les menaces présentes dans ce même spectre. Il s’agit, par exemple, d’alarme de proximité missile et de capteur infrarouge à ouvertures réparties

Contremesures : Tout dispositif déployé par un aéronef pour contrer ou briser une attaque. Ces dispositifs peuvent fonctionner dans n’importe quel spectre. Il s’agit, par exemple, de paillettes, de fusées éclairantes, de BOL infrarouge, de leurres remorqués et de leurres consommables.

Liaison de données : Moyens d’établir une connexion entre un aéronef et un autre ou d’autres actifs afin d’envoyer ou de recevoir de l’information. Une liaison de données peut servir à échanger des données de capteurs ou de suivi stockées ou en temps réel, à transmettre des ordres non verbaux, à passer une vidéo pleine vitesse ou d’autres transmissions. Il faut tenir compte de la capacité à envoyer cette information de façon sécurisée.

Communications : Moyens pour envoyer et recevoir des communications vocales entre la plateforme et un autre aéronef ou des actifs, tant à l’intérieur qu’au-delà de la portée optique. Il faut tenir compte de la capacité à envoyer et à recevoir des communications vocales sécurisées et résistantes au brouillage. De plus, le nombre et le type de dispositifs de bord doivent être pris en considération.

Intégration de capteurs : Capacité à utiliser tous les capteurs disponibles pour avoir une image plus complète de la situation. Il faut aussi tenir compte de la combinaison de données en provenance de divers capteurs afin d’obtenir plus de justesse comparativement aux données obtenues par l’utilisation de capteurs individuels.

Charge de travail du pilote : Cela comprend tout moyen de transfert de l’information entre le pilote et la plateforme, et vice versa, et tout moyen pris pour réduire la charge de travail du pilote. Il s’agit, par exemple, d’un système de repérage monté sur casque (HMCS) et du système HOTAS (mains sur manche et manette).

Signature FR : Quantité relative d’énergie FR reflétée et transmise par la plateforme.

Signature IR : Quantité d’énergie IR transmise par la plateforme.

Moteur/cellule : Mesure du rendement cinématique et aérodynamique des aéronefs. Des éléments comme le rapport masse/poussée, cadence et rayon de virage instantané et continu, « g » disponible et continu possible, et autres critères de rendement général qui correspondent à cette catégorie. De plus, de nouvelles technologies, comme le contrôle du vecteur de poussée, seraient aussi incluses ici.

Rayon d’action de combat et endurance : La distance hors ravitaillement en vol sur laquelle il est possible d’employer un aéronef ou le temps qu’il peut demeurer en vol.[5]

Facteurs de risques critiques

L’objectif final consistait à évaluer le risque pour l’accomplissement réussi des missions décrites dans la SDCD. Le cadre décrit jusqu’à maintenant peut être utilisé pour évaluer les risques d’un point de vue opérationnel.

Cependant, d’autres facteurs pouvant présenter des risques ne sont pas compris dans l’évaluation des risques opérationnels. Ces facteurs de risques critiques, que l’on appelait auparavant facteurs d’évaluation stratégique militaire, recensent les principaux éléments qui permettent à la force de chasse d’exécuter ses missions. Les facteurs de risques critiques utilisés dans le cadre de l’analyse sont décrits ci-dessous.

Acquisition d’un aéronef : Ce facteur de risque critique porte sur les éléments, autres que le coût, qui influeraient sur l’acquisition de différents types de chasseur. Ces éléments comprennent :

  • les périodes de production prévues pour chaque option de remplacement;
  • la capacité du fabricant à poursuivre ou à rétablir les périodes de production;
  • la capacité du fabricant à offrir un programme « de bout en bout », comprenant la formation, le soutien en service et selon le cycle de vie du matériel et l’élimination;
  • la réalisation par le fabricant des travaux préparatoires nécessaires avant que l’aéronef soit prêt pour l’acquisition;
  • la capacité à obtenir un certificat de navigabilité pour chaque aéronef en vertu des règlements des FAC.

Gestion du maintien en puissance et des forces : Évaluation du maintien en puissance global et à long terme et des volets liés à la gestion de la force de chasse pour chaque option de remplacement. Ces facteurs comprennent :

  • le nombre d’aéronefs nécessaires;
  • les états d’alerte et les rations de maintien en puissance gérés;
  • le système de formation et la production de pilotes et de personnel d’entretien et de soutien adéquatement formés, y compris l’utilisation de simulateurs;
  • les facteurs à prendre en considération concernant la formation du personnel d’entretien et du personnel navigant;
  • les taux de disponibilité des aéronefs en vue des missions et la charge de travail du personnel navigant et des techniciens;
  • la disponibilité à long terme des composantes nécessaires à l’entretien des aéronefs;
  • la mise en œuvre et le maintien en puissance de l’infrastructure de soutien;
  • la capacité à mener les opérations à partir des emplacements requis;
  • la compatibilité des armes et le soutien correspondant;
  • la pertinence d’une capacité de reprogrammation, y compris sa souplesse et sa réactivité en présence de nouvelles menaces, de nouveaux théâtres d’opérations ou de nouvelles capacités.

Intégration : Ce facteur de risque critique évalue l’interopérabilité globale de chaque option de remplacement au sein des FAC et avec les forces alliées. Cela comprend l’interopérabilité avec les services de ravitaillement air-air (autres que ceux des FAC), le soutien commun au sol et sur les pièces de rechange avec les alliés et leurs voies d’approvisionnement, les systèmes de formation, l’échange de renseignements, les communications, les accords de normalisation OTAN (STANAG) et la capacité à alimenter les données dans les réseaux des FAC et du gouvernement du Canada en tenant compte des exigences en matière de sécurité nationale.

Potentiel de croissance : Ce facteur de risque critique évalue le potentiel de croissance et la souplesse technologique de chaque mode d’action pour répondre aux avancées imprévisibles à venir sur les capacités de la menace, mettre en place les améliorations nécessaires à la technologie de l’avion de chasse et assurer l’évolution nécessaire pour combler les besoins des FAC. Cela comprend une analyse de l’architecture des types d’aéronefs ainsi que de la puissance et de la capacité de refroidissement des nouveaux systèmes.

Évaluation tactique

L’évaluation des options de chasseur est entièrement résumée dans le cadre de la tâche 3. Elle visait à déterminer le rendement de chaque aéronef, individuellement et séparément, en matière de mise en œuvre des capacités aérospatiales dans le contexte de l’ensemble des scénarios de mission. Il est évident que toutes les capacités aérospatiales n’ont pas la même importance dans l’accomplissement de chaque scénario de mission. Cependant, à cette étape du processus, l’efficacité des chasseurs a été évaluée sans tenir compte de l’importance de la capacité aérospatiale. Les scénarios de mission étaient très importants à cette étape, puisqu’ils portaient sur de nombreux éléments nécessaires à l’évaluation adéquate des avions de chasse, comme la menace prévue et l’aire d’application géographique de la zone d’opérations.

L’évaluation tactique des options est un processus en deux étapes : l’évaluation des critères de rendement d’un chasseur et l’évaluation des critères d’efficacité d’un chasseur.

Critères de rendement

L’évaluation des CR énumérés à la section 2.4 était la première étape du processus général. Les CR ont tous été évalués comme décrits dans cette section. Cette partie du processus visait à évaluer le rendement total des systèmes de bord de manière absolue. Un bon rendement demeure un bon rendement, peu importe la menace qui se présente. Les évaluations des CR ont été un facteur clé dans l’évaluation de l’efficacité des avions de chasse.

Facteurs

Trois facteurs clés ont été pris en considération dans l’évaluation des CR. Ces facteurs sont les suivants :

  • Avis envoyés en réponse à la DEI : Comme il a été mentionné plus tôt, le SNAC a demandé à plusieurs FEO des renseignements[6] au moyen de trois questionnaires visant à éclairer l’évaluation des options dans le cadre de l’analyse de marché de la tâche 5. Le premier questionnaire [6] reflétait étroitement la présente partie de l’évaluation des options; il portait sur les capacités techniques[7] associées aux avions de chasse ainsi qu’aux éléments stratégiques connexes relatifs à l’acquisition d’une flotte de chasse et au maintien de ses capacités tout au long de sa durée de vie. Les avis envoyés en réponse à la DEI ont constitué la base de l’évaluation des risques d’exécution des missions de la SDCD, bien que seules les portions directement liées aux capacités des chasseurs aient été utilisées à cette étape.
  • Données de sources ouvertes : Une autre composante de l’analyse de marché de la tâche 5 consistait à comparer l’information de sources ouvertes de chaque avion de chasse qui serait proposé comme remplacement viable du CF18 selon l’ARC. Le recours aux renseignements de sources ouvertes (OSINT) a aidé les évaluateurs à compléter les informations fournies par l’industrie par l’intermédiaire de la DEI.
  • Autres données : Le gouvernement du Canada avait des renseignements supplémentaires sur certains des aéronefs proposés qu’il avait obtenus par l’intermédiaire d’échanges ou d’autres interactions intergouvernementales. Il s’agit souvent de renseignements classifiés.

Personnel

Le personnel participant à l’évaluation des CR appartenait généralement à l’une des trois catégories suivantes : les experts en la matière (EM) ayant une connaissance approfondie des systèmes de bord et de leur rendement, les animateurs et les autres.

Les EM étaient divisés en deux groupes constitués en grande partie d’ingénieurs (militaires et civils), d’opérateurs et de scientifiques de Recherche et développement pour la défense Canada (RDDC). Dans la plupart des cas, des personnes en particulier ont été choisies en fonction de leurs connaissances spécialisées des systèmes en question. Afin de diminuer les risques de parti pris, on a interdit expressément au personnel ayant expérimenté de façon directe l’un des avions de chasse proposés, ainsi qu’à ceux qui ont contribué à la conception et à l’élaboration du processus d’évaluation, de participer en tant que EM. Ces personnes étaient collectivement responsables d’évaluer chaque option de chasseur pour cette partie du processus.

Les animateurs étaient constitués du personnel de la Direction des besoins en ressources aériennes 5 (Chasseurs et avions-écoles) [DBA 5]. Ils étaient responsables de veiller à ce que les évaluateurs aient toutes les informations nécessaires, y compris de fournir des résumés et d’agir en tant qu’agent de liaison avec l’industrie par l’intermédiaire du SNAC concernant toute précision qui aurait pu être requise relativement aux renseignements soumis par l’intermédiaire de la DEI. En plus de leurs autres fonctions de base, les animateurs devaient également veiller à ce que les équipes d’évaluation aient suffisamment étayé leurs réponses d’évaluation.

Les autres personnes qui ont participé au processus comprenaient des membres du personnel du SNAC qui supervisaient le processus et des employés du Centre d’analyse et de recherche opérationnelle (CARO) de RDDC qui ont aidé à rassembler et à traiter l’information.

Méthode

Le processus d’évaluation des CR était simple. Les EM ont travaillé en groupe pour relever les informations pertinentes des avis envoyés en réponse à la DEI, des données de sources ouvertes et d’autres données. À partir des informations recueillies, les groupes ont coté les CR qui leur avaient été attribués. Plus précisément, les questions auxquelles ils ont répondu sont les suivantes :

Dans le contexte très général de l’exécution des missions et des capacités aérospatiales de la SDCD, le rendement attendu du système est :

  • 9–10 Excellent – Sans lacune notable;
  • 7–8 Très bon – Limité uniquement par des lacunes mineures;
  • 5–6 Bon – Limité par des lacunes modérées;
  • 3–4 Faible – Limité par des lacunes majeures;
  • 1–2 Très faible – Limité de façon importante par des lacunes majeures;
  • 0 Inexistant;
  • S.O. Sans objet – Impossible d’attribuer une note sur cette échelle.

En répondant à la question, il était essentiel que les équipes d’évaluation justifient les notes attribuées, peu importe leur valeur. Étant donné que de nombreux évaluateurs n’étaient pas physiquement affectés à la région de la capitale nationale et devaient venir de partout au Canada pour effectuer les évaluations, l’information produite à cette étape du processus devait être aussi distincte que possible. Par conséquent, toutes les suppositions ou les restrictions devaient être notées et saisies afin d’éviter une interprétation erronée de leurs conclusions et permettre la traçabilité dans le cas où il faudrait reconstruire les résultats.

L’échelle d’évaluation utilisée par les EM est mieux représentée comme une échelle de cinq points (Excellent, Très bon, Bon, Faible, Très faible) dotée d’une note Sans objet disponible lorsqu’un système ne faisait pas partie du chasseur envisagé. Les évaluateurs ont utilisé cette échelle à titre de référence dans le cadre de la notation des CR. Deux cotes numériques sont associées à chaque point de l’échelle, comme le lien entre 7–8 et Très bon. Ainsi, les évaluateurs pouvaient, lorsque cela était nécessaire, davantage établir une distinction entre, par exemple, une capacité actuelle cotée comme Très bonne et la capacité d’une des options, également cotée comme Très bonne, bien que cette dernière fût quelque peu meilleure que la première.

Lorsqu’ils notaient les CR, les évaluateurs étaient tous encouragés à coter leur CR de façon individuelle et à ensuite discuter de leurs notes en tant que groupe afin d’arriver à un consensus. L’objectif consistait à fournir une note consensuelle pour chaque CR. Dans le cas où un consensus ne pouvait être établi, les raisons sous-jacentes aux divergences ont soigneusement été documentées pour qu’elles soient prises en considération dans le cadre d’évaluations de suivi. Lorsqu’ils étaient incertains de la note à donner en raison d’informations manquantes ou contradictoires, les évaluateurs devaient collaborer avec les animateurs afin d’obtenir des précisions, dans la mesure du possible. Peu importe les renseignements disponibles, les évaluateurs devaient fournir autant de détails que possible. Par exemple, s’ils ne possédaient pas assez d’informations pour porter un jugement suffisamment précis relativement au rendement d’un système donné, mais qu’ils savaient que génériquement la catégorie des systèmes donne un meilleur rendement qu’un autre système connu, ils pouvaient alors utiliser le second système comme seuil pour le CR.

Extrants

Une fois ce travail terminé, chaque aéronef a été évalué au moyen de CR, dans trois configurations, pour les deux périodes visées. Les évaluations portant sur la période 2030 et plus ont été réalisées en tenant compte des configurations améliorées des aéronefs décrites par les fabricants; sinon, aucune autre mesure d’atténuation n’a été prise en considération dans le cadre de l’évaluation des CR. L’ensemble des évaluations des CR a constitué la pierre angulaire de l’évaluation des CE réalisée ensuite.

Critères d’efficacité

L’évaluation des CE décrits à la section 2.3 est l’activité qui a immédiatement suivi l’évaluation des CR. Cette activité représente la deuxième étape du processus global et la dernière étape de l’évaluation tactique. Cette section décrit le processus utilisé pour évaluer l’efficacité véritable des chasseurs dans le cadre de l’évaluation des options. Contrairement aux CR, les CE dépendent du contexte, ce qui signifie que les notes attribuées à ces critères peuvent varier d’un scénario de mission à un autre, compte tenu de la nature changeante de la menace dans chaque situation.

Intrants

Étant donné que l’évaluation des CE repose sur l’évaluation des CR, les extrants de l’évaluation des CR ainsi que ses intrants (les avis envoyés en réponse à la DEI, mais aussi les données de sources ouvertes et autres données) ont servi d’intrants pour l’évaluation des CE. Les autres intrants utilisés dans le cadre de l’évaluation des CE étaient les suivants :

  • Rapport de la tâche 1 [15] : Ce rapport décrit le contexte de menace de chaque mission de la SDCD et la manière dont ce contexte pourrait évoluer au cours des deux périodes à l’étude. Ces renseignements étaient essentiels pour évaluer l’efficacité des options de chasseur, car la capacité de l’adversaire varie considérablement d’une mission de la SDCD à une autre. Pour les besoins de ce rapport, des exemples précis de menaces aériennes, terrestres et maritimes ont été mentionnés pour chaque scénario de mission, et ce, pour les deux périodes à l’étude.
  • Rapport de la tâche 2 [16] : L’objectif du rapport de la tâche 2 est d’évaluer les besoins des missions dans le contexte des exigences probables des missions. Ce rapport s’appuie fortement sur un effort de 17 mois de PAC; une analyse du développement des forces réalisée à l’échelle de l’ensemble des FAC dans le cadre de l’examen stratégique du portefeuille.

Personnel

Comme dans le cas des évaluations des CR, les membres du personnel participant à l’évaluation des CE appartenaient à trois catégories : les EM, les animateurs et les autres. À cette occasion, les EM étaient des membres du personnel possédant une expérience plus directe des opérations de chasse. Il y avait trois groupes d’évaluation, chacun constitué de deux à trois pilotes de chasse occupant alors un poste directement lié aux opérations, et d’un contrôleur des armes aériennes. On recherchait divers niveaux de qualification au sein de la communauté des pilotes de chasse, mais le personnel n’a pas été sélectionné en fonction d’une expérience opérationnelle particulière (p. ex., Force opérationnelle Libeccio). Les niveaux de qualification étaient plutôt une indication du niveau général d’expérience opérationnelle de chaque pilote. Les animateurs et les autres membres du personnel n’étaient pas différents des animateurs et employés ayant participé à l’évaluation des CR.

Méthode

La méthode d’évaluation des CE et la méthode d’évaluation des CR présentent de nombreuses similitudes, mais également de grandes différences. Dans le cadre de l’évaluation des CE, les EM ont de nouveau travaillé en groupe afin d’évaluer chaque CE, dans le contexte de la capacité aérospatiale envisagée comme soutien dans un scénario de mission, en veillant continuellement à tenir dûment compte de la menace prévue. Chaque membre s’est efforcé, au sein de son équipe, de noter tous les CE conformément aux lignes directrices suivantes :

Compte tenu de la tâche à accomplir et de la menace existante, l’efficacité de l’aéronef est :

  • 9–10 Excellente – Aucune limitation notable dans l’obtention de l’effet recherché.
  • 7–8 Très bonne – Limitations mineures seulement dans l’obtention de l’effet recherché.
  • 5–6 Bonne – Limitations modérées dans l’obtention de l’effet recherché.
  • 3–4 Faible – Limitations majeures dans l’obtention de l’effet recherché.
  • 1–2 Très faible – Limitations graves dans l’obtention de l’effet recherché.
  • S.O. Sans objet – Impossible d’attribuer une note sur cette échelle.

Contrairement à l’échelle d’évaluation des CR, l’échelle d’évaluation des CE n’admettait pas la possibilité d’une capacité inexistante.

Il était essentiel que les équipes d’évaluation utilisant l’échelle ci-dessus justifient leurs réponses en s’appuyant sur les évaluations des CR ainsi que sur tout autre renseignement pertinent. Ces équipes devaient également rendre compte des hypothèses formulées ou des limites constatées lors de l’application de cette méthode. Cependant, il n’existe pas de lien explicite entre les CR et les CE. C’est intentionnel, car plusieurs combinaisons de CR peuvent être utilisées pour obtenir les effets recherchés. Un chasseur peut par exemple avoir une puissance de destruction considérable, dans un contexte de DCA, s’il peut tirer sur un aéronef représentant une menace avant que ce dernier n’ait une bonne occasion de lui tirer dessus. Cela peut arriver si le chasseur a de faibles signatures dans les spectres FR et IR (CR Signatures FR et Signature IR), s’il est équipé de missiles air-air de longue portée (CR Armes air-air), s’il est suffisamment rapide et maniable pour rendre inefficaces les missiles menaçants (CR Moteur/cellule), ou s’il présente plusieurs de ces caractéristiques. Il existe des cas plus difficiles à évaluer, mais cet exemple montre pourquoi il n’était pas raisonnable d’être trop normatif quant à la façon dont les CR contribuent ensemble à la définition des CE.

Un grand nombre de combinaisons de scénarios de missions de chasseurs, de capacités aérospatiales, de CE et d’aéronefs ont bien sûr été évaluées, et ce, pour les deux périodes à l’étude. Afin de rendre le processus plus facile, les évaluateurs ont travaillé chaque jour sur une seule mission. Cependant, ils ont évité de considérer comme constants la capacité aérospatiale et les CE lorsqu’ils examinaient à fond chacun des aéronefs évalués. Ils s’étaient eux-mêmes imposé cette restriction pour éviter, dans la mesure du possible, de comparer les aéronefs les uns avec les autres.

Les équipes d’évaluateurs se sont régulièrement réunies en groupe plus important afin de comparer leurs évaluations. L’objectif du travail en équipes individuelles était de s’assurer que l’on disposerait d’un échantillon d’opinions représentatif aussi vaste que possible. Les réunions en groupe plus important permettaient de garantir une certaine uniformité des hypothèses et des paramètres entre les groupes. L’objectif de ce groupe élargi était de parvenir à un consensus quant aux évaluations des CE. Dans les cas où il était impossible de dégager un consensus, les différences entre les jugements des EM étaient consignées.

En ce qui concerne les CE, les notes étaient utilisées directement dans le cadre d’évaluations de suivi au niveau opérationnel. Il importait donc aussi de saisir la nature de l’écart entre les notes lorsqu’un consensus ne pouvait être atteint. Par exemple, si pour le CE Capacité de survie la note la plus appropriée était comprise entre 4 et 8, la situation était fondamentalement différente d’une situation dans laquelle la note aurait été précisément 4 ou 8 et non comprise entre ces deux valeurs. Le fait de connaître la nature de l’incertitude relative aux notes a permis aux analystes de caractériser cette incertitude comme il convenait en utilisant des distributions statistiques, et de la reporter dans les calculs ultérieurs au niveau opérationnel.

Extrants

Cette étape du processus a permis en définitive de disposer d’évaluations des CE pour chaque aéronef, relativement à chaque capacité aérospatiale, dans le contexte de chaque scénario de mission, et ce, pour les deux périodes à l’étude. Bien que chaque capacité aérospatiale ne soit pas nécessaire pour exécuter chaque scénario de mission, on comprend aisément pourquoi cette étape de la méthode d’évaluation était de loin la plus longue à réaliser. Les extrants de ces évaluations ont complété l’évaluation au niveau tactique. Les notes attribuées aux CE ont servi d’indicateurs clés quant aux risques potentiels non atténués associés à chacune des options de chasseur au niveau opérationnel.

ÉVALUATION OPÉRATIONNELLE

L’évaluation des options de chasseur au niveau opérationnel a été effectuée en deux étapes. La première étape était essentiellement un processus mécanique, en raison du travail colossal qu’a nécessité sa réalisation. L’objectif de cette première étape était de regrouper les renseignements tirés de l’évaluation des CE afin de cerner les éventuelles forces et faiblesses associées à l’utilisation des options de chasseur dans le cadre de chacune des missions de la SDCD. La deuxième étape consistait à refondre le risque opérationnel dans le contexte des opérations de l’ARC, en appliquant des mesures visant à atténuer les risques mis en évidence au cours de la première étape. Le processus décrit dans cette section fait partie du programme de travail associé à la tâche 5 et est désigné comme étant la tâche 5d.

Recensement des sources potentielles de risque opérationnel

En règle générale, le risque est fonction de la probabilité de survenue d’un événement et des conséquences de la survenue de cet événement. Il était difficile de tenter d’appliquer ce cadre à la tâche à accomplir, compte tenu du manque de spécificité et de la variabilité qui existe entre les missions de la SDCD. Au lieu de cela, la première étape de l’évaluation du risque opérationnel a été le produit d’une fusion des extrants de la tâche 2 (Besoins des missions) et de la tâche 3 (Analyse de la capacité des chasseurs), fusion réalisée dans le respect d’un ensemble de règles choisies avec soin et mettant en évidence la capacité de chaque option de chasseur à contribuer de manière significative aux capacités aérospatiales requises pour accomplir l’ensemble des missions de la SDCD. Par extension, ce processus a permis de repérer les éventuelles limites de la capacité des chasseurs. Ainsi, la première étape de l’évaluation opérationnelle n’est pas une évaluation du risque au sens le plus strict du terme, mais sert plutôt à fournir, pour les besoins de la deuxième étape de cette évaluation opérationnelle, des renseignements sur les éventuelles limites opérationnelles associées à chacune des options de chasseur étudiées.

Intrants

En plus des évaluations des CE, découlant de l’évaluation tactique, et des intrants connexes, deux autres nouveaux intrants ont été nécessaires pour mener à bien cette étape du processus d’évaluation. Il s’agit de :

  • L’utilisation prévue des chasseurs : Dans le cadre de l’effort de PAC, on a demandé aux EM de l’ARC de prévoir la répartition de l’effort (sous forme de pourcentages) dans tous les domaines de capacité concernés et pour toutes les flottes, y compris celle des chasseurs. Les chiffres fournis couvraient deux périodes coïncidant étroitement avec les périodes définies dans le cadre de cette évaluation des options. Les chiffres concernant les chasseurs correspondent au pourcentage d’heures de vol (hors temps de formation) que les chasseurs devraient avoir à effectuer pour offrir les capacités aérospatiales requises dans le cadre de chaque scénario de mission de chasseur. Ainsi, la somme des pourcentages associés à chaque scénario de mission de chasseur devait être de 100 %. Les chiffres utilisés dans le cadre de l’évaluation des options ont récemment été corroborés par le personnel du DBA 5.
  • La criticité des chasseurs : Les données générées au cours de l’effort de PAC comprennent une évaluation de la criticité des capacités aérospatiales en ce qui concerne la contribution à la bonne exécution des missions de la SDCD. Ces données se sont avérées utiles, mais n’étaient pas propres aux chasseurs. Par exemple, la capacité de RSR peut être une capacité essentielle dans le cadre de certaines missions, mais cela ne signifie pas forcément qu’il est essentiel que le chasseur remplisse des fonctions de RSR pour réussir sa mission. Afin d’aider à corriger ce point, des membres du personnel de l’organisation du CDF, ainsi que des employés de l’ARC et de RDDC CARO ont attribué un degré de criticité à la contribution des chasseurs à l’offre de capacités aérospatiales dans le cadre de chaque scénario de mission. Les options possibles étaient les suivantes :
    • - Essentiel à la mission : Une capacité d’un chasseur est essentielle à la mission si sa fonction principale consiste notamment à produire un effet direct, et si cet effet est considéré comme essentiel à la réussite de la mission. La réussite de la mission sera sérieusement compromise si l’on ne recourt pas à cette capacité.
    • – Indispensable à la mission : Une capacité d’un chasseur est indispensable à la mission s’il s’agit d’une capacité sur laquelle s’appuient les capacités essentielles à la mission; l’absence d’une ou de plusieurs capacités indispensables à la mission compromet la réussite de la mission.
    • Fonction habituelle : Une capacité d’un chasseur est une fonction habituelle si l’effet qu’elle produit est nécessaire à la mission, mais à titre de fonction de soutien courante ou dont la probabilité d’utilisation est très faible. La mission comportera un risque appréciable uniquement si de multiples fonctions habituelles provoquent une défaillance des systèmes.

Personnel

Compte tenu de la nature mécanique de cette étape du processus, les besoins en personnel étaient minimes. Pour procéder au regroupement décrit ci-dessous, le personnel du DBA 5 et de RDDC CARO a utilisé comme outils de simples feuilles de calcul. Le personnel du DBA a fourni des descriptions pour expliquer les résultats de cette étape du processus global.

Méthode

La méthode a été appliquée en deux étapes séquentielles. Dans le cadre de la première étape, on s’est appuyé sur l’utilisation prévue des chasseurs et sur les évaluations des CE pour calculer la note opérationnelle de chaque option de chasseur étudiée, dans chaque scénario de mission. Au cours de la deuxième étape, on a utilisé cette note pour recenser les sources potentielles de risque opérationnel, et on a tenu compte de la criticité de chaque chasseur pour déceler toute faiblesse importante susceptible d’avoir été masquée par les opérations arithmétiques réalisées pour calculer les notes opérationnelles. L’extrant a été appelé « risque brut opérationnel », afin de le distinguer du risque atténué mis en évidence dans le cadre de l’étape suivante.

Un calcul direct de la moyenne pondérée a permis d’obtenir les notes opérationnelles. Pour chaque capacité aérospatiale utilisée dans le contexte de chaque scénario de mission, la note opérationnelle était calculée au moyen d’une pondération des notes des CE, en tenant compte de l’utilisation prévue des chasseurs.

Tableau 1 : Calcul de la note opérationnelle de l’aéronef A dans le cadre de la mission n
Capacité aérospatiale
DCA OCA Attaque stratégique AAR Frappe terrestre TASMO RSR
Note de CE 8 9 s.o. s.o. s.o. 6 9
Utilisation prévue du chasseur 70 % 10 % 0 % 0 % 0 % 10 % 10 %
Note opérationnelle 8 (= 8 x 70 % + 9 x 10 % + 6 x 10 % + 9 x 10 %)

Un exemple est présenté dans le Tableau 1. Dans cet exemple, seules les capacités DCA, OCA, TASMO et RSR sont requises pour exécuter la Mission n. Les notes de CE d’un hypothétique Aéronef A ainsi que les pourcentages concernant l’utilisation prévue du chasseur sont présentés dans le tableau. La note opérationnelle calculée est de 8, un résultat qui s’explique essentiellement par la forte capacité DCA de l’aéronef en question. L’interprétation de ce résultat ressemble à celle des résultats étudiés précédemment, à la différence que, dans ce cas, la note représente un minimum en ce qui concerne le risque opérationnel brut, comme le montre le Tableau 2 ci-dessous. Compte tenu de ce résultat, le risque opérationnel brut associé à l’utilisation de l’aéronef A aux fins d’exécution de la mission n est au moins de niveau modéré.

Tableau 2 : Conversion des notes opérationnelles en risque opérationnel brut minimum.
Note opérationnelle Risque opérationnel brut minimum
9–10 Faible
7–8 Modéré
5–6 Appréciable
3–4 Élevé
1–2 Très élevé

Le lecteur avisé remarquera ici l’escalade dans le langage utilisé pour décrire les lacunes à ce stade, par comparaison au langage employé dans le cadre des évaluations des CR et des CE. Par exemple, un aéronef dont l’efficacité est considérée comme « Bonne » devrait engendrer un risque « appréciable » dans le cadre d’opérations de chasse. Ce type d’escalade est fréquent dans un contexte militaire, contexte dans lequel des inconvénients mineurs en matière de capacité peuvent, en cas d’accrochage, rendre la victoire bien plus difficile, voire impossible à remporter.

La deuxième et dernière étape de l’obtention du risque opérationnel brut consistait à compiler les notes de CE et la criticité des chasseurs pour voir si le risque augmentait alors. Le Tableau 4 présente les mêmes CE que le Tableau 1, mais il intègre les renseignements sur la criticité du chasseur plutôt que sur l’utilisation prévue de ce dernier. Les deux facteurs sont compilés au moyen de l’ensemble de règles présenté dans le Tableau 3, appelé « Matrice de détermination du risque ».

Cette matrice doit permettre de déterminer quelles sont les capacités aérospatiales susceptibles de mettre la mission en péril, quelles que soient les indications fournies par la note opérationnelle. Lorsque l’on utilise la matrice de détermination du risque, on constate que le risque associé à la capacité TASMO est Appréciable. Le risque opérationnel brut doit donc au moins être de niveau Appréciable. Étant donné qu’il s’agit de la valeur de risque la plus élevée obtenue, on peut en conclure que le risque associé à l’utilisation du chasseur A dans le cadre de la mission n est appréciable, compte tenu de l’impossibilité d’obtenir les effets recherchés au moyen d’une capacité essentielle à la mission.

Extrants

L’extrant produit par ce processus consiste en une évaluation des risques potentiels non atténués associés à l’utilisation des options de chasseur pour réaliser chacun des scénarios de mission à l’intérieur des deux périodes visées. L’étape suivante, qui consistait à déterminer les risques opérationnels en adoptant une approche plus holistique, intégrait directement ces évaluations brutes des risques opérationnels.

Tableau 3 : Matrice de détermination du risque
CE + Criticité du chasseur = Risque opérationnel brut minimum
Excellent
Très bon
Bon
Mauvais
Très mauvais

+

Essentiel à la mission

=

Faible
Modéré
Appréciable
Élevé
Très élevé
Excellent
Très bon
Bon
Mauvais
Très mauvais

+

Indispensable à la mission

=

Faible
Faible
Modéré
Appréciable
Élevé
Excellent
Très bon
Bon
Mauvais
Très mauvais

+

Fonction habituelle

=

Faible
Faible
Faible
Faible
Modéré
Tableau 4 : Calcul des risques opérationnels bruts de l’aéronef A pendant la mission B
Capacité aérospatiale
DCA OCA Attaque stratégique AAR Frappe terrestre TASMO RSR
Note de CE 8
(TB)
9
(Exc.)
s.o. s.o. s.o. 6
(Bon)
9
(Exc.)
Criticité du chasseur EM FH s.o. s.o. s.o. EM IM
Risque op. min. Mod. Faible s.o. s.o. s.o. Appr. Faible

Exc. = excellent, TB = très bon, EM = essentiel à la mission, IM = indispensable à la mission, FH = fonction habituelle, Appr. = appréciable, Mod. = modéré

Évaluation des risques opérationnels

Comme il a été mentionné plus haut, l’extrant produit par l’étape précédente ne représente pas une évaluation adéquate des risques. Deux considérations importantes en sont absentes, à savoir celle de la probabilité, qui fait partie de tout processus d’évaluation du risque, et celle de l’atténuation des risques,[8] qui fait partie intégrante de la plupart des cadres de gestion du risque. Le fait d’évaluer la probabilité aide généralement à distinguer les événements catastrophiques dont la survenue est extrêmement peu probable de ceux dont les conséquences potentielles sont moins importantes, mais dont la survenance est plus fréquente. L’atténuation des risques est également un facteur important à incorporer dans le processus d’évaluation, puisqu’il participe à présenter les risques opérationnels d’une façon qui est plus représentative de la manière dont l’ARC utilise ses aéronefs. Ensemble, ces considérations ont apporté des détails qui ont amélioré la justesse des évaluations des risques opérationnels.

Intrants

Les intrants de cette étape comprennent les évaluations des risques opérationnels bruts provenant de l’étape précédente, ainsi que tous les intrants employés pour les déduire. De plus, puisque les risques seront évalués selon une perspective qui concerne davantage l’ensemble de l’ARC, toute la documentation pertinente qui décrit la façon dont les FAC et l’ARC exécutent des opérations, comme la Doctrine, les Concepts des opérations et les Concepts d’emploi, a été consultée au besoin.

Personnel

Cette évaluation a été menée par un comité composé de dirigeants supérieurs de l’ARC possédant de l’expérience du commandement, de l’expérience des chasseurs, ou les deux. Afin de pouvoir établir un lien entre les sources de risque potentielles ciblées et les opérations de chasseur, il était nécessaire que ces EM possèdent une expérience pertinente en la matière. En outre, leur expérience était nécessaire afin de bien concevoir la possibilité de survenance des problèmes ciblés lors de la première étape de l’évaluation des risques opérationnels, et ce, afin de les classer convenablement par ordre de priorité et de décider quelles stratégies d’atténuation étaient les mieux adaptées aux problèmes ciblés. Le personnel de l’ARC a facilité cette partie du processus.

Méthode

Pour commencer, le comité a pris en considération chacune des contraintes opérationnelles ciblées lors de l’étape précédente afin d’évaluer la possibilité qu’un scénario opérationnel donné se produise, et les conséquences que cela entraînerait. Ces données ont ensuite été combinées de la façon décrite dans le Cadre de gestion intégrée du risque du MDN (voir [17] et le tableau 5) afin d’obtenir un risque opérationnel provisoire.

Tableau 5 : Risques opérationnels provisoires
Probabilité
Mince Peu probable Possible Probable Presque certain
Risque
Conséquence Grave Appréciable Élevé Élevé Très élevé Très élevé
Majeur Modéré Appréciable Élevé Élevé Très élevé
Moyen Faible Modéré Appréciable Appréciable Élevé
Mineur Faible Faible Modéré Modéré Appréciable
Négligeable Faible Faible Faible Modéré Modéré

Ensuite, les stratégies d’atténuation ont été examinées.[1] Généralement, les risques peuvent être atténués en modifiant, entre autres, les procédures, la technologie, les budgets, les horaires ou la politique. Dans le contexte actuel, l’atténuation des risques peut s’accomplir en apportant des modifications à l’aéronef et à sa charge, à la façon dont l’aéronef est piloté, ou à la façon dont l’ARC exécute ses opérations (p. ex., transférer certaines tâches à d’autres plateformes d’aéronef). Pour chaque risque ciblé, les évaluateurs ont examiné plusieurs stratégies d’atténuation.

Ensuite, les risques associés à chacune de ces stratégies d’atténuation ont aussi été évalués. Il s’agissait d’une étape importante pour garantir que la quantité de ressources, humaines ou autres, affectées à l’exécution des stratégies d’atténuation proposées n’était pas plus importante qu’elle ne l’aurait été par suite des conséquences estimées en cas d’inaction. Par exemple, on pourrait proposer de pallier les lacunes d’un aéronef en concevant et intégrant une nouvelle nacelle de détecteur. Si la nacelle de détecteur est dispendieuse, la solution présente donc un risque financier, ce qui pourrait éventuellement compliquer la réalisation d’autres priorités du MDN et des FAC.

L’étude des effets occasionnés par l’atténuation des risques s’est avérée une tâche exigeante, quoique très bénéfique. Elle a permis aux évaluateurs d’éliminer du cadre de l’évaluation certains éléments superflus procédant d’une interprétation trop stricte des scénarios de mission ou des configurations de l’aéronef. Dans certains cas, plusieurs stratégies d’atténuation des risques étaient jugées viables. L’expérience des EM qui ont réalisé cette partie de l’évaluation s’est révélée un atout essentiel. Grâce à leur perspicacité, ils ont pu évaluer les options possibles et choisir la plus appropriée, y compris celle où le risque demeurait non atténué.

Finalement, les risques opérationnels provisoires et les risques associés aux stratégies d’atténuation ont été combinés en appliquant la règle générale décrite plus bas afin de produire l’évaluation finale des risques opérationnels. Le résultat final dépendait de la nature des liens qui existaient entre les risques liés à la stratégie d’atténuation et les risques opérationnels provisoires. Si les deux types de risque étaient de nature complètement différente, le risque global était déterminé simplement en sélectionnant le plus élevé des deux, comme le montre le tableau 6. En revanche, si les risques s’aggravaient l’un l’autre, alors le tableau 7 montre le risque global. Les seules différences peuvent être constatées dans les quatre cellules où les risques appréciables, élevés, ou les deux sont combinés.

Tableau 6 : Groupement des risques opérationnels (risques indépendants)
Risque opérationnel provisoire
Faible Modéré Appréciable Élevé Très élevé
Risque opérationnel global
Atténuation du risque Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé
Élevé Élevé Élevé Élevé Élevé Très élevé
Appréciable Appréciable Appréciable Appréciable Élevé Très élevé
Modéré Modéré Modéré Appréciable Élevé Très élevé
Faible Faible Modéré Appréciable Élevé Très élevé
Tableau 7 : Groupement des risques opérationnels (risques composés)
Risque opérationnel provisoire
Faible Modéré Appréciable Élevé Très élevé
Risque opérationnel global
Atténuation du risque Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé
Élevé Élevé Élevé Très élevé Très élevé Très élevé
Appréciable Appréciable Appréciable Élevé Très élevé Très élevé
Modéré Modéré Modéré Appréciable Élevé Très élevé
Faible Faible Modéré Appréciable Élevé Très élevé

Peu importe le tableau utilisé, les évaluateurs devaient valider chacun des extrants pour s’assurer qu’ils représentaient convenablement leur jugement d’expert.

Extrants

L’extrant produit par ce processus consistait en une évaluation des risques associés à l’utilisation des options du chasseur pour réaliser chacun des scénarios de mission à l’intérieur des deux périodes visées. Ces évaluations, et les évaluations des risques au niveau stratégique, ont été utilisées directement pour déterminer de façon globale les risques de la mission associés à chacune des options de remplacement des chasseurs.

Évaluation au niveau stratégique

Les évaluations au niveau stratégique ont été réalisées en trois étapes. Réalisée à l’aide des facteurs déterminants de la section 2.5, la première étape consistait à cibler les éléments de soutien qui sont les plus susceptibles de présenter un risque durant le cycle de vie de l’aéronef. La deuxième étape introduisait un contexte en déterminant les conséquences de ces risques potentiels sur les opérations. Ensemble, ces deux étapes composent l’évaluation des risques stratégiques de la même façon que la section 4 décrivait l’évaluation des risques opérationnels. L’étape finale consistait à combiner les évaluations des risques opérationnels et des risques stratégiques afin de déterminer le risque global des missions de la SDCD qui pourrait être causé par chaque aéronef.

Recensement des sources potentielles de risques stratégiques

Le risque associé aux éléments de soutien peut provenir de plusieurs sources différentes. Les facteurs déterminants ciblent quatre zones à haut potentiel de risque pour n’importe laquelle des options données. L’objectif de la présente étape du processus était de faire la synthèse des renseignements pertinents de façon à permettre à un comité composé de dirigeants supérieurs de l’ARC d’effectuer une évaluation judicieuse des risques lors de l’étape suivante. Durant la première étape de l’évaluation des risques stratégiques, les risques potentiels ont été examinés indépendamment de la mission effectuée. Ainsi, cette étape est, à bien des égards, semblable à l’évaluation des CR effectuée au niveau tactique.

Intrants

Les intrants nécessaires pour déterminer les sources de risques potentiels les plus importantes étaient semblables à ceux utilisés dans les évaluations effectuées aux niveaux tactique et opérationnel. Les rapports des tâches 1 et 2, ainsi que les avis envoyés en réponse à la DEI et les renseignements de sources ouvertes, présentaient un intérêt tout particulier. Notez que l’évaluation des risques stratégiques a été effectuée indépendamment de la capacité des chasseurs. Ainsi, seules les parties des avis envoyés en réponse à la DEI concernant les éléments de soutien étaient nécessaires pour réaliser cette partie de l’analyse. Il en est de même pour les renseignements de sources ouvertes qui ont été recueillis.

Personnel

À cette étape, les exigences en matière de personnel étaient semblables à celles des étapes d’évaluation précédentes de ce processus. Les comités d’EM ont travaillé avec un animateur, et la surveillance était assurée par le SNAC. Les EM travaillaient en groupes, un pour chaque facteur déterminant, même si leurs domaines d’expertise se chevauchaient peu.

Méthode

La responsabilité première des EM était de fournir suffisamment de renseignements pour répondre aux questions sur les sources potentielles de risque :

  1. Quelle est la probabilité que ce problème se produise?
  2. Si ce problème venait à se produire, quelles en seraient les conséquences?
  3. Quelles mesures peuvent être adoptées pour atténuer le risque?[10]

En se basant sur des exercices préalables d’essai de la méthode, un ensemble de sources potentielles de risque a été ciblé afin de faciliter cette partie du processus, à savoir les sources de risque spécifiques les plus probables déjà décrites et classées parmi les quatre facteurs déterminants généraux. Une évaluation fondée sur les renseignements fournis par les EM a été effectuée afin de déterminer si une incidence sur la force de chasse était probable. La probabilité de chaque source de risque était évaluée selon l’échelle du tableau 8.

Tableau 8 : Description de la probabilité pour l’évaluation des risques stratégiques
Probabilité Définition
Mince Ne se produit que dans des circonstances exceptionnelles
Peu probable Ne devrait pas se produire
Possible Pourrait se produire à un moment donné
Probable Se produira probablement dans la plupart des cas
Presque certain Devrait se produire

Même si cette approche structurée a été utilisée pour saisir les renseignements nécessaires, les EM pouvaient ajouter à la liste d’autres points à considérer s’ils exprimaient des préoccupations qui ne faisaient pas déjà partie du processus. De plus, si plusieurs mesures se révélaient être appropriées pour atténuer un risque spécifique, il était possible de les recommander toutes.

Extrants

This stage of the process produced a set of key deductions for use by the team assessing strategic risk. It produced a summary of the information required to make a proper risk assessment.

Évaluation des risques stratégiques

Cette étape est semblable à l’évaluation des CE au niveau tactique. Elle prend appui sur les renseignements générés lors de l’étape précédente, sans toutefois présenter une structure officielle pour établir un lien entre les intrants et l’évaluation des risques à l’aboutissement. Cette étape place les renseignements de l’étape précédente dans un contexte opérationnel.

Intrants

L’extrant de l’étape précédente constituait le point de départ de l’évaluation des risques stratégiques. Quand cela s’avérait nécessaire, les renseignements utilisés pour réaliser l’étape précédente étaient également utilisés pour réaliser cette partie du processus.

Personnel

Cette évaluation a été menée par un comité composé de dirigeants supérieurs de l’ARC possédant de l’expérience du commandement, de l’expérience des chasseurs, ou les deux. Afin de pouvoir établir un lien entre les sources de risque potentielles ciblées et les opérations de chasseur, il était nécessaire que ces EM possèdent une expérience pertinente en la matière. En outre, leur expérience était nécessaire pour bien concevoir l’importance des problèmes ciblés de manière à les classer convenablement par ordre de priorité et à déterminer quelles stratégies d’atténuation étaient les mieux adaptées aux problèmes ciblés. Le personnel de l’ARC a également facilité cette partie du processus.

Méthode

Les EM ont examiné les renseignements qui leur étaient fournis, y compris les stratégies potentielles d’atténuation des risques, et ils ont ensuite élaboré un jugement holistique sur le niveau global de risque que les facteurs déterminants présentent dans le cadre des opérations de chasse. Le risque était évalué pour chaque chasseur exécutant chaque mission au cours des deux périodes visées, en examinant les intrants sur la probabilité et les conséquences provenant de l’étape précédente et ensuite en déterminant, le cas échéant, quelle stratégie d’atténuation permettait de diminuer le risque global. Après avoir réalisé cette étape pour chacun des problèmes ciblés en lien avec les facteurs déterminants, les EM évaluaient ensuite si ces problèmes s’aggravaient l’un et l’autre. Dans de tels cas, les EM devaient envisager l’effet net de la combinaison de deux problèmes potentiels ou plus. Par exemple, un potentiel de croissance limité peut aggraver des problèmes d’interopérabilité. Conformément aux échelles d’évaluation utilisées dans ce rapport, les EM ont élaboré leur évaluation des risques stratégiques à l’aide de la question et des descripteurs présentés ci-dessous :

Compte tenu de la probabilité et des conséquences possibles pour le programme global de chasseurs, et selon votre jugement militaire professionnel, comment évalueriez-vous les risques stratégiques courus par l’ARC et sa capacité à assurer l’apport en chasseurs pour chaque mission de la SDCD?

Risque stratégique
  • Faible
  • Modéré
  • Appréciable
  • Élevé
    Très élevé

Notez tout particulièrement que certains risques peuvent provoquer un effet plus marqué que d’autres sur certaines missions de la SDCD.

Extrants

Cette étape de l’évaluation des options est le résultat d’une évaluation des risques stratégiques qui ciblait quels risques (atténués) chaque option pouvait potentiellement introduire dans la capacité de l’ARC à accomplir les missions de la SDCD au cours des périodes de 2020 à 2030 et de 2030 et plus. On a combiné l’extrant de cette étape du processus et l’évaluation des risques opérationnels lors de l’étape finale de l’évaluation des risques de la mission.

Évaluation intégrée des risques liés aux missions de la SDCD

L’objectif de cette dernière étape était de combiner les évaluations des risques opérationnels et stratégiques de façon à évaluer le risque pour les missions de la SDCD.

Intrants

Les deux composants principaux de cette partie étaient les évaluations des risques opérationnels et stratégiques. Cependant, tous les renseignements qui ont été utilisés pour effectuer ces évaluations ont été employés pour en dresser le portrait global.

Personnel

Les risques liés aux missions ont été évalués par le même personnel qui a évalué les risques stratégiques.

Méthode

À cette étape finale, la tâche des évaluateurs était de combiner les risques ciblés aux niveaux opérationnel et stratégique afin de constater leur effet cumulé sur les opérations des chasseurs. Cette tâche a été effectuée en examinant soigneusement chaque couple de risques opérationnel et stratégique. En règle générale, il y a trois situations possibles :

  1. les risques n’interagissent pas de façon significative;
  2. les risques s’aggravent les uns les autres et empirent le problème;
  3. l’absence de risques stratégiques peut aider à atténuer les risques opérationnels, et vice versa.

Afin de faciliter cette étape du processus, les évaluateurs avaient accès à deux outils d’aide à la décision. Ces outils fournissaient des règles générales pour combiner les évaluations des risques opérationnels et stratégiques comme celles exposées dans l’évaluation des risques opérationnels à la section 4. Ces tableaux étaient fournis, puisqu’on s’attendait, avant que l’évaluation officielle soit effectuée, à ce que l’évaluation des risques liés aux missions soit fausse d’au moins une catégorie dans chaque cas. Pour des raisons pratiques, ces règles sont répétées ci-dessous. Le premier tableau montre les risques indépendants (tableau 9), et le deuxième, les risques composés (tableau 10).

Tableau 9 : Groupement des risques liés aux missions (risques indépendants)
Risque opérationnel
Faible Modéré Appréciable Élevé Très élevé
Évaluation intégrée des risques liés aux missions
Risque stratégique Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé
Élevé Élevé Élevé Élevé Élevé Très élevé
Appréciable Appréciable Appréciable Appréciable Élevé Très élevé
Modéré Modéré Modéré Appréciable Élevé Très élevé
Faible Faible Modéré Appréciable Élevé Très élevé
Tableau 10 : Groupement des risques liés aux missions (risques composés)
Risque opérationnel
Faible Modéré Appréciable Élevé Très élevé
Évaluation intégrée des risques liés aux missions
Risque stratégique Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé Très élevé
Élevé Élevé Élevé Très élevé Très élevé Très élevé
Appréciable Appréciable Appréciable Élevé Très élevé Très élevé
Modéré Modéré Modéré Appréciable Élevé Très élevé
Faible Faible Modéré Appréciable Élevé Très élevé

Dans chaque cas, l’équipe d’évaluation décidait quelle situation était la plus appropriée. Dans les cas où il y a atténuation du risque, les évaluateurs se servaient de leur jugement militaire professionnel pour déterminer à quel point le problème avait été atténué de manière à attribuer leur cote globale de risques liés aux missions. Après avoir appliqué ces règles, le comité passait en revue les extrants afin de s’assurer qu’ils étaient valides dans tous les cas.

Extrants

Une fois cette étape réalisée, le risque lié à la réussite des six missions de la SDCD que présentait chaque option de remplacement de chasseur, y compris son entretien et ses concepts de soutien, a été ciblé pour les périodes de 2020 à 2030 et de 2030 et plus.

Conclusion

Au début de ce rapport, quatre caractéristiques du processus utilisé pour l’évaluation des risques liés aux missions ont été ciblées. Ainsi, le processus doit être impartial, exhaustif, compréhensible et solide.

Le processus décrit dans ce rapport dépend fortement du jugement professionnel d’EM, ce qui peut poser des problèmes quant à son impartialité. En imposant une structure considérable au processus d’évaluation et en employant plusieurs équipes d’évaluation, la possibilité qu’un biais systématique s’y introduise était minime. Éliminer du processus le personnel possédant de l’expérience directe sur n’importe lequel des chasseurs proposés a également aidé à limiter l’introduction d’un biais.

En vertu de la décomposition des missions de combat, le processus est exhaustif d’un point de vue de l’analyse de la capacité des chasseurs. Les facteurs de l’évaluation stratégique ont également été élaborés en procédant à des consultations avec les EM travaillant actuellement dans des domaines liés.

Un autre avantage apporté par la décomposition des missions de combat provient du fait que chaque évaluation remontait la structure de décomposition afin d’alimenter les évaluations ultérieures, directement ou indirectement. De cette façon, on pouvait retracer tous les risques ciblés au sein de la structure de décomposition afin de déterminer leurs causes fondamentales. Les conséquences entraînées par toute insuffisance en matière de capacité étaient ainsi mises en évidence et cela permettra d’assurer la transparence du fondement de toute décision prise par le gouvernement du Canada relativement au remplacement du CF18.

Grâce à l’emploi de plusieurs équipes d’évaluation, on a pu s’assurer que chaque évaluateur a eu l’occasion d’exprimer son opinion. L’emploi de plusieurs équipes a apporté une richesse aux évaluations et a aidé à diminuer la possibilité qu’une personne monopolise les conversations et qu’un phénomène comme la pensée de groupe se développe. Le processus en était ainsi plus solide. L’exhaustivité de la décomposition fait également en sorte que le contexte de toutes les évaluations était restreint le plus possible et qu’aucun EM n’a dû effectuer l’évaluation de sujets qui ne relevaient pas de son domaine de spécialité. Cette restriction du contexte était essentielle pour assurer l’exactitude des résultats. De plus, le processus permettait facilement l’utilisation de renseignements classifiés ou exclusifs dont on peut discuter et que l’on peut présenter de façon non classifiée pour ensuite les diffuser au public.

Documents de référence

Notes de bas de page

[a] Il peut être utile de penser aux critères de rendement comme l’évaluation du rendement dans un contexte de « laboratoire », et les critères d’efficacité, comme la mesure de la réalisation des tâches dans un contexte de mission précis.

[b] Ces mesures d’atténuation devaient être appliquées de manière raisonnée; par exemple, un risque ne pouvait pas être éliminé par la mise à niveau des systèmes aéronautiques pour un coût supplémentaire substantiel. Ces mesures devaient également être restreintes à celles sur lesquelles l’ARC ou le MDN ont autorité.

[1] Le point de départ de l’évaluation au niveau tactique est un aéronef configuré correctement et aéroporté dans la zone d’opérations, indépendamment de la logistique nécessaire pour y arriver et des éventuelles contraintes réglementaires ou de ressources qui devront être surmontées afin de parvenir à cette situation.

[2] En raison de l'éventail d'opérations comprises dans la mission 5 de la SDCD – Diriger et/ou mener une opération internationale importante durant une période prolongée, le personnel du CDF a inclus trois sous-missions dans les évaluations de sa PAC : 5a – Opérations de soutien de la paix, 5b – Opération de rétablissement de la paix, et 5c – Opération de conflit régional.

[3] Dans ce contexte, le terme « interarmées » désigne généralement divers éléments ou divers services, et diffère du terme « multinational » (de coalition). Les scénarios qui utilisent indifféremment les termes « interarmées » et « multinational » sont repris tels quels aux présentes.

[4] Dans [14], une « frappe terrestre » désigne des « opérations (interarmées) antisurface ».

[5] On présume implicitement que tous les aéronefs auront une capacité de ravitaillement en vol.

[6] Les FEO avec qui on a communiqué pour l’analyse de marché comprenaient Boeing Defense, Space and Security; Dassault Aviation; Eurofighter Jagdflugzeug GmbH; Lockheed Martin Aeronautics; et le groupe Saab. Tous étaient réputés avoir des aéronefs disponibles actuellement à l’étape de la production ou prévus pour la mise en production.

[7] Aux termes de la DEI, l’industrie devait décrire les capacités techniques de trois configurations : une capacité optimisée pour chaque sortie air-air, air-sol et air-surface (maritime). Le rendement peut varier d’une configuration à l’autre en raison du chargement de missiles ou de l’ajout de réservoirs à carburant externes, entre autres.

[8] Il existe généralement quatre stratégies pour gérer un risque : l'accepter, l'atténuer, le transférer ou l'éviter. Bien que ce document ne présente que la stratégie d'atténuation, des solutions qui proposent une des autres stratégies de gestion des risques sont tout aussi acceptables.

[9] Notez qu'à ce stade, si toutes les possibilités de réduction des risques étaient valables en tant que points de discussion, une certaine réserve était de mise, car plusieurs stratégies visant à accepter ou éviter un risque relèvent inévitablement de la discussion de politiques, ce qui n'est pas du ressort de l'ARC. Néanmoins, les stratégies d'atténuation des risques jugées raisonnables, mais qui n'étaient pas du ressort des FAC et du MDN, ont été documentées et définies ainsi.

[10] Ici encore, toute stratégie d'atténuation proposée pouvait faire l'objet d'une discussion. Cependant, seulement celles qui étaient du ressort de l'ARC étaient appliquées pour déterminer les cotes de risque résiduel. Les mesures d'atténuation possibles, mais qui n'étaient pas du ressort de l'ARC, ont été ciblées sans être appliquées.

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