Orientation et directives en soutien aux pratiques spirituelles autochtones

Le Service de l’Aumônerie royale du Canada s'est engagé à fournir une assistance spirituelle aux membres des Forces armées canadiennes, incluant tous les membres autochtones et leurs familles qui souhaitent pratiquer et valoriser leurs cultures ancestrales, dont la spiritualité est une dimension essentielle. Ce document fournit une orientation et un cadre nous permettant de respecter notre engagement. 

Références

A. Instructions sur la tenue au sein des FAC, Section 2 Apparence, cheveux.

B. Protection, Sécurité, Engagement : La politique de défense du Canada (2017).

Situation

1. Le Service de l’Aumônerie royale du Canada (SAumRC) s'est engagé à fournir une assistance spirituelle aux membres des Forces armées canadiennes (FAC), incluant tous les membres autochtones et leurs familles qui souhaitent pratiquer et valoriser leurs cultures ancestrales, dont la spiritualité est une dimension essentielle.

2. Les peuples autochtones croient et observent une grande variété de principes spirituels traditionnels, en fonction de leurs origines territoriales ou de leurs préférences personnelles. Aussi, certains membres adoptent des religions monothéistes/abrahamiques ou une version chrétienne avec des influences autochtones.

3. En vertu de l'article 35 de la  Loi constitutionnelle de 1982, il existe trois catégories d’autochtones: les Premières nations (634 communautés et 60 langues), les Inuits (50 groupes et 3 dialectes) et les Métis (3 définitions de leur appartenance identitaire).

4. Les membres autochtones des FAC peuvent s'identifier grâce à un questionnaire d'auto-identification volontaire (formulaire MDN 1209-E).

5. En 2016, le SAumRC a créé une nouvelle position : Conseiller autochtone auprès de l’Aumônier général (CAAG). Le CAAG a la responsabilité de fournir des conseils et un soutien pédagogique, en plus de développer un réseautage, dans le but d’aider le SAumRC à répondre aux besoins spirituels traditionnels des membres autochtones. (Pour plus de détails concernant le mandat du CAAG, veuillez consulter le chapitre 8 du Manuel du SAumRC.

But

6. Ce document fournit une orientation et un cadre nous permettant de respecter notre engagement envers les membres autochtones des FAC et leurs familles. 

7. Cette directive se divise en quatre composantes:

  1. Un bref aperçu du cadre juridique;

  2. La mise en place et maintien d'un réseau national des différentes ressources culturelles autochtones;

  3. Offrir le soutien spirituel et une assistance logistique pour faciliter les pratiques spirituelles autochtones et les cérémonies traditionnelles;
  4. Un engagement éducatif, axé sur le développement professionnel continu des aumôniers sur les pratiques spirituelles autochtones.

8. Cadre juridique

  1. Les militaires autochtones canadiens ont le droit d’exercer leurs pratiques ancestrales culturelles et spirituelles tout en servant au sein des FAC conformément : à la Loi canadienne sur les droits de la personneNote de bas de page 1 ; à l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982Note de bas de page 2 ; à la Loi sur les IndiensNote de bas de page 3 ; à la Proclamation royale du roi George III de 1763; et à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA).

  2. Approuvée par le gouvernement du Canada en 2010, la DNUDPA fournit un cadre reconnu internationalement pour la protection des droits humains des personnes autochtones, fixant les « normes minimales pour la survie, la dignité et le bien-être des personnes autochtones à travers le monde. » Plusieurs dispositions sont directement liées aux droits associés à la pratique de la spiritualité autochtone y compris, mais sans se limiter aux articles 12(1), 25, & 34.

9. Réseau national et ressources

  1. Les raisons pour lesquelles un membre autochtone sollicite une rencontre avec un AncienNote de bas de page 4  ou avec un gardien du savoir sont très diversifiées. En effet, la nature de ces demandes peut être d’ordre spirituel ou émotionnel, pour des raisons cérémonielles ou encore pour approfondir les enseignements traditionnels. Les aumôniers locaux ont la responsabilité d'assister le membre autochtone à obtenir le soutien et les ressources nécessaires, et ce dans un délai raisonnable et basé en fonction de la nature de la demande.

  2. Les aumôniers peuvent obtenir l’assistance du CAAG et ainsi bénéficier de son vaste réseau national.

  3. Les aumôniers mettront en place leur propre réseau de représentants autochtones reconnus dans leurs communautés respectives pour leur authenticité, leur humilité et leurs connaissances traditionnelles ancestrales.

  4. Le processus d’embauche et de rémunération pour un Ancien ou un gardien du savoir est similaire à celui d’un officiant civil. Il sera engagé par le biais d’un contrat de services personnels.

10. Faciliter les pratiques spirituelles et traditionnelles autochtones

  1. Le SAumRC s'est engagé à assister et supporter les membres autochtones des FAC afin qu'ils puissent célébrer leur riche patrimoine spirituel et pratiquer leurs cérémonies ancestrales. Les spiritualités autochtones font partie intégrante de la génération actuelle et future des nouveaux centres multiconfessionnels.

  2. Dans le cadre de nos services commémoratifs au sein des centres multiconfessionnels des FAC, les aumôniers sont encouragés à procéder à la reconnaissance du territoire, d’une manière adéquate et ce, avant le début de la célébration. Toutefois, lors des cérémonies publiques, la reconnaissance du territoire sera généralement effectuée par un maître de cérémonie ou toute autre personne désignée.

  3. Le CAAG offre divers conseils et familiarisations sur les politiques et pratiques autochtones au sein des FAC, notamment sur la coiffure autochtone et sa dimension spirituelle (réf A).

  4. Les pratiques spirituelles et les cérémonies autochtones traditionnelles nécessitent généralement l’utilisation d’objets, plantes et herbes médicinales spécifiques, dont certains sont considérés comme sacrés par ceux et celles qui pratiquent les cérémonies traditionnelles. Pour les peuples autochtones, les objets sacrés sont vivants/animés, en plus d’être soignés et protégés avec divers protocoles et cérémonies. Le fait de garder ces objets en toute sécurité entre les cérémonies est considéré comme un honneur et une responsabilité importante.  Les aumôniers doivent faciliter l’achat et la protection de ces articles pour les membres autochtones. Le CAAG est disponible auprès des aumôniers locaux pour assurer une liaison avec les spécialistes d’approvisionnement du SMA (IE)- Affaires autochtones et s’assurer du respect des normes en vigueur.

  5. Les objets/plantes et herbes médicinales autochtones sacrés peuvent inclure, sans s'y limiter : le tabac traditionnel, le sweet grass, le cèdre, la sauge, le tissu de prière, la courtepointe étoilée ou couverture à boutons, la plume d'aigle, la boîte en cèdre, les racines, les châles de cérémonie, les tambours Inuit, les tambours à la main et le grand tambour, le maillet, les hochets, les capteurs de rêve, la pochette médicinale, qulliq et tout le matériel nécessaire pour assembler des billes. Veuillez noter que certains articles (comme le bois de feu pour la hutte de sudation, les tissus, les cordes, etc.) ne sont pas sacrés, mais sont nécessaires en tant que composante des cérémonies sacrées. En somme, les fonds publics sont autorisés pour l'achat de tous les  objets requis pour les cérémonies sacrées.

11. Développement professionnel continu des aumôniers

  1. Les aumôniers des FAC doivent être en mesure d’aider et de soutenir pleinement toutes les formes de spiritualité autochtone. C’est pourquoi, les aumôniers doivent acquérir une compréhension minimale de la culture et des traditions historiques autochtones. Les aumôniers sont encouragés à accroître leur compréhension et leur connaissance de la culture, de la spiritualité et des traditions autochtones en participant entre autres à des cérémonies/évènements traditionnels locaux.

  2. Le SAumRC a initié des opportunités de formations continues en matière de sensibilisation aux peuples et cultures autochtones par le biais du centre-école des aumôniers, situé à BFC Borden. Le CAAG peut également offrir des opportunités d’entraînement à l’échelle des FAC.

Conclusion

12. Dans la continuité des efforts entrepris, le SAumRC se veut une organisation qui assure l’expression respectueuse de la diversité religieuse et spirituelle pour l’ensemble des membres des FAC, incluant notamment les besoins des membres autochtones et leurs familles de pratiquer et de valoriser leurs cultures ancestrales.

Signé

Major-général J.J.G. Chapdelaine, OMM, CD, QHC

L’Aumônier général

Le 29 mai 2019

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