Opération MATADOR

Nom de l'opération internationale :  Groupe d'assistance des Nations Unies pour la période de transition en Namibie  (GANUPT)

Dates de l'opération internationale :   1989/02/16 – 1990/03/21

Organisme responsable : Nations Unies

Nom de la région : Afrique

Lieu : Namibie

Nom de l'opération canadienne : Opération MATADOR 

Dates de l'opération canadienne : 1989/03/14 – 1990/03/21

Mandat de la mission :

Le Groupe d’assistance des Nations Unies pour la période de transition (GANUPT), établi conformément à la résolution 632 (1989) adoptée le 16 février 1989, avait pour mandat d’aider le Représentant spécial du Secrétaire général à réaliser rapidement l’indépendance de la Namibie grâce à des élections libres et honnêtes, sous la supervision et le contrôle des Nations Unies. Ce groupe devait également conjuguer ses efforts à ceux du Représentant spécial pour s’assurer que toutes les hostilités avaient cessé, que les troupes étaient confinées dans leurs bases et, dans le cas des troupes sud-africaines, qu'elles se retireraient en fin de compte de la Namibie, que toutes les lois discriminatoires étaient abrogées, les prisonniers politiques, relâchés et les réfugiés namibiens, autorisés à rentrer chez eux, que tout acte d’intimidation 

Notes sur la mission :  

Après la Première Guerre mondiale, la colonie allemande du Sud Ouest africain, conquise par les troupes sud africaines, a été placée sous l’égide de la Société des Nations, qui a confié à l’Afrique du Sud le mandat de la gouverner. À la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’Afrique du Sud a demandé à plusieurs reprises à l’ONU l’autorisation d’annexer ce territoire. Parallèlement, les autorités sud africaines refusaient de mettre le territoire sous la tutelle des Nations Unies. L’Afrique du Sud a finalement accepté en 1975 d’œuvrer en faveur de l’indépendance de la Namibie, suivant un accord conclu le 10 avril 1978; toutefois, il a fallu encore 10 ans pour que les parties parviennent à s’entendre sur la façon d’appliquer l’accord (16 février 1989). Dans une large mesure, ce sont les actions de l’Organisation du peuple du Sud Ouest africain (SWAPO) et sa campagne de guérilla qui ont contraint l’Afrique du Sud à abdiquer. L’ONU a alors reconnu la SWAPO comme représentante légitime du peuple namibien. Au point culminant du conflit, plus de 30 000 militaires sud africains occupaient la Namibie.

L’accord de 1978 avait déjà proposé la création du Groupe d’assistance des Nations Unies pour la période de transition (GANUPT). Quand l’accord est enfin entré en vigueur en février 1989, on présumait que cette mission arriverait dans le pays avant le 1er avril, mais des retards pour obtenir l’aval du Conseil de sécurité et les crédits nécessaires ont repoussé l’échéance, de sorte que seulement 291 observateurs se trouvaient sur place à cette date. Le premier bataillon d’infanterie a commencé à arriver deux semaines plus tard, et c'est seulement le 1er mai que l'ensemble du contingent de 4 493 membres a été déployé. (En plus des 300 observateurs, il comprenait principalement trois bataillons d’infanterie, deux unités de logistique, des unités du génie et des transmissions et des unités médicales, ainsi qu’une unité d’hélicoptères moyens et une unité de transport aérien de taille moyenne.)

Il s’agissait fondamentalement d’une mission politique visant à instaurer les conditions indispensables à la tenue d’élections libres et démocratiques en Namibie. Le GANUPT comportait trois composantes distinctes, dont les éléments provenaient de 22 pays. Les tâches des 1 500 membres de la composante civile consistaient à superviser le retour des réfugiés et à préparer les élections. Quant au corps de police, qui regroupait cent agents de la Gendarmerie royale du Canada, il était chargé de veiller à ce que les policiers locaux, très marqués culturellement par l’influence de l’Afrique du Sud, exercent leurs fonctions de manière efficace, professionnelle et non partisane.

Les membres du contingent militaire devaient pour leur part surveiller l’application du cessez le feu et le retrait des troupes sud africaines, confiner les troupes de la SWAPO dans leurs bases et assurer une certaine surveillance aux frontières. Étant donné que les bases de la SWAPO se trouvaient en dehors de la Namibie et surtout en Angola, les membres du GANUPT devaient aussi travailler dans ce pays. Il y avait déjà eu des violations du cessez le feu avant l’arrivée du bataillon d’infanterie, des troupes de la SWAPO ayant franchi de nuit la frontière pour attaquer des soldats sud africains et des agents du corps de police du Sud-Ouest africain. Faute de véhicules et de moyens de communication, les observateurs du GANUPT, qui étaient les premiers rendus dans la région, n’ont pas pu faire grand chose pour contrôler la situation, mais une fois le contingent militaire déployé au complet, la situation s’est améliorée progressivement. L’Afrique du Sud a fait de gros efforts pour respecter l’échéancier : les membres de la force territoriale du Sud Ouest africain ont été démobilisés le 27 mai, tandis que les militaires sud africains ont achevé leur retrait obligatoire le 24 juin.

L’Opération canadienne

La participation du Canada au GANUPT remonte à la mise sur pied d’un groupe de contact réunissant cinq pays qui, tout au long des années 80, a tenté de négocier le retrait des Sud Africains hors de la Namibie. Après l’aboutissement des négociations, on a rassemblé très vite le contingent militaire canadien, déployé sous le nom d’opération MATADOR. Une fois l’avis officiel transmis par l’ONU le 10 février 1989, le détachement précurseur est arrivé en Namibie le 14 mars, suivie en avril par le gros des troupes, qui comprenait plusieurs nouvelles unités créées spécifiquement pour cette mission. Trois d’entre elles ont été mises sur pied le 11 avril 1989 : le contingent canadien du Groupe d’assistance des Nations Unies pour la période de transition, qui servait de quartier général et était appuyé par l’élément canadien rattaché au GANUPT, et la 89 e Unité de logistique du Canada (89 U Log C). On a aussi formé le 24 mai suivant la 89 e Unité canadienne de transport aérien (89 UCTA) pour répondre aux besoins de l’ONU en matière de transport aérien moyen.

Le noyau principal du contingent affecté à l’opération Matador a commencé à se rassembler à la BFC Petawawa le 20 mars. La 89 U Log C devait se composer surtout de membres du 2 e Bataillon des services, mais le personnel de soutien provenait d’un peu partout au Canada, et l’unité devait inclure 19 réservistes. Seize des 253 soldats du contingent serviraient pendant un an, et les autres, par rotation de 6 mois. Ces militaires et leur équipement léger ont été amenés en Namibie à bord d'avions du 436e et du 437e Escadron entre le 12 avril et le 7 mai; quant à l’équipement plus lourd (80 conteneurs maritimes, 47 véhicules et 600 tonnes de marchandises diverses), on l’a expédié sur deux navires marchands, qui sont arrivés à Walvis Bay le 4 mai, d’où il a été transporté par train jusqu’à Windhoek.

Depuis sa base principale située dans la capitale, Windhoek, et un poste secondaire à Ketmanshoop (500 km au sud), la 89 U Log C fournissait un soutien à l’ensemble des militaires, policiers et civils du GANUPT dans la partie sud de la Namibie. En collaboration avec les Polonais, cette unité, après avoir mis sur pied un système d’entreposage majeur, s’est employée à livrer ponctuellement les marchandises à un réseau étendu d’unités et d’emplacements. Elle assurait également l’entretien de premier et de deuxième échelon des véhicules de la mission. Il y avait 10 policiers militaires canadiens parmi les 71 membres du contingent de la PM de l’ONU qui devait couvrir l’ensemble du territoire, tandis que des Canadiens ont occupé divers postes d’état major au QG GANUPT, dont celui d’officier de liaison principal entre le GANUPT et les Forces armées sud africaines. La 89 UCTA, issue du 429e Escadron, a fourni deux avions CC130 Hercules servant à transporter du personnel et des marchandises dans le Nord de la Namibie et en Angola. Appuyée par la compagnie de logistique polonaise et un détachement de la PM de 10 membres (dont 4 Canadiens), la 89 UCTA était basée en mai et en juin 1989 à Grootfontein, à 500 km au nord de Windhoek; un détachement espagnol est alors venu la remplacer.

La première rotation du personnel canadien s’est produite en septembre 1989, quand un contingent rattaché au 1er Bataillon des services (Calgary) a pris la relève du contingent provenant du 2 e Bataillon des services. Ces militaires canadiens sont demeurés en Namibie jusqu’à la mi janvier 1990, quand a débuté le retrait du GANUPT. Les derniers des 600 militaires canadiens ayant participé à l’opération MATADOR sont partis lorsqu'on a mis fin aux activités de la mission le 21 mars 1990. Cette mission de l’ONU avait été couronnée de succès : elle avait permis la tenue, entre le 7 et le 11 novembre, d’élections libres et équitables, marquées par un fort taux de participation et sans le moindre incident violent, et le transfert subséquent des pouvoirs s’était fait en douceur.

Détails de la page

Date de modification :