Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada – Antimoine : Aperçu

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Organisation : Santé Canada

Date publiée : Décembre 2022

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Objet de la consultation

Le présent document technique décrit l'évaluation de l'information disponible sur l'antimoine dans le but de mettre à jour la recommandation relative à la présence d'antimoine dans l'eau potable. La consultation vise à solliciter des commentaires sur les recommandations proposées, la démarche suivie pour l'élaborer et les répercussions possibles de sa mise en œuvre.

Le document technique existant sur l'antimoine, préparé en 1999, recommandait une concentration maximale acceptable (CMA) de 0,006 mg/L (6 µg/L) sur la base de modifications histologiques observés chez le rat dans une étude de Poon et coll. (1998). Cette recommandation a fait l'objet d'une gestion des risques afin de considérer les limites des technologies de traitement. Ce document propose une CMA de 0,006 mg/L (6 µg/L) pour l'antimoine dans l'eau potable, d'après des modifications histologiques du foie et des modifications de la biochimie sérique chez le rat dans la même étude de Poon et coll. (1998). La CMA révisée et proposée a fait l'objet d'une gestion des risques afin de prendre en compte les difficultés de traitement liées à un abaissement de la CMA (en particulier pour les puits privés et les petits systèmes) sans augmentation significative de la protection de la santé. Le document a été examiné par des spécialistes externes, puis a fait l'objet d'une révision.

Le document est disponible pour une période de consultation publique de 74 jours. Veuillez faire parvenir vos commentaires (avec justification, au besoin) à Santé Canada par courriel à water-eau@hc-sc.gc.ca.

Au besoin, vous pouvez envoyer vos commentaires par la poste à l'adresse suivante :

Bureau de la qualité de l'eau et de l'air, Santé Canada
269, avenue Laurier Ouest, IA 4903D
Ottawa (Ontario) K1A 0K9

Tous les commentaires doivent être reçus au plus tard le 8 mars 2023. Les commentaires reçus dans le cadre de la consultation seront transmis, avec le nom et l'affiliation de leurs auteurs, aux membres du Comité fédéral-provincial-territorial sur l'eau potable (CEP). Les personnes ne souhaitant pas que leur nom et leur affiliation soient communiqués aux membres du CEP doivent joindre à leurs commentaires une déclaration à cet égard.

Il convient de noter que le présent document technique pourrait être révisé après évaluation des commentaires reçus et que, s'il y a lieu, une recommandation pour la qualité de l'eau potable sera formulée. Ce document devrait donc être considéré strictement comme une ébauche aux fins de commentaires.

Recommandation proposée

Une concentration maximale acceptable (CMA) de 0,006 mg/L (6 μg/L) est proposée pour l'antimoine dans l'eau potable.

Résumé

Ce document technique a été préparé en collaboration avec le Comité fédéral-provincial-territorial sur l'eau potable.

Exposition

L'antimoine est naturellement présent dans l'environnement sous la forme de composés organiques et inorganiques. L'antimoine pénètre dans l'environnement à partir de sources naturelles et d'activités humaines, la combustion du charbon, l'exploitation minière et les opérations de fonte étant les sources les plus importantes de rejets provenant des activités humaines.

Les Canadiens peuvent être exposés à l'antimoine par l'alimentation, l'eau potable, l'air et les produits de consommation. L'exposition à l'antimoine par le biais des milieux naturels, des aliments et de l'eau est considérée comme étant faible. L'antimoine peut être présent dans l'eau potable en raison des soudures de plomberie dans les réseaux de distribution d'eau potable. On a déterminé que les aliments (y compris le lait maternel pour les nourrissons), les boissons et, dans une moindre mesure, l'eau potable étaient les principaux contributeurs à l'exposition de la population générale.

Les données canadiennes indiquent que l'antimoine n'est pas couramment présent dans l'eau potable. La fréquence de détection de l'antimoine dans l'eau potable est très faible et les concentrations déclarées sont largement inférieures aux limites de détection.

Effets sur la santé

L'exposition par voie orale à l'antimoine peut induire des effets indésirables principalement sur le tractus gastro-intestinal et le foie. On a aussi fait état d'effets indésirables sur les reins, le système cardiovasculaire, le métabolisme et le développement dans la littérature. La valeur basée sur la santé (VBS) de 0,003 mg/L (3 µg/L) a été calculée en fonction des modifications histopathologiques du foie et des modifications de la biochimie sérique observées dans les études sur les animaux. Ces effets révèlent des répercussions sur le foie.

La force probante globale de la preuve scientifique indique que l'antimoine et les composés apparentés ne sont pas considérés comme étant cancérogènes suite à une exposition par voie orale.

Considérations relatives à l'analyse et au traitement

L'élaboration d'une recommandation sur la qualité de l'eau potable tient en compte la capacité à mesurer le contaminant et à l'enlever des approvisionnements en eau potable. Plusieurs méthodes d'analyse existent pour mesurer l'antimoine dans l'eau à des concentrations bien inférieures à la CMA proposée. Les mesures doivent porter sur l'antimoine total, qui comprend à la fois les formes dissoutes et particulaires de l'antimoine dans un échantillon d'eau.

À l'échelle municipale, les technologies de traitement disponibles pour atteindre des concentrations d'antimoine dans l'eau potable inférieures à la CMA proposée comprennent la coagulation, l'adsorption, la filtration sur membrane et la coagulation suivie d'une ultrafiltration. Le rendement de ces technologies dépend de facteurs tels que l'espèce d'antimoine, le pH, le type de coagulant, la dose de coagulant et le type d'adsorbant.

À l'échelle résidentielle, il n'existe actuellement aucun dispositif de traitement certifié pour l'enlèvement de l'antimoine de l'eau potable, mais la technologie qui devrait être efficace est l'osmose inverse. La distillation peut également être efficace. Lorsqu'on utilise un tel dispositif de traitement, il est important d'envoyer des échantillons de l'eau qui entre dans le dispositif et qui en sort à un laboratoire accrédité aux fins d'analyse afin d'assurer l'enlèvement adéquat de l'antimoine. L'utilisation et l'entretien de routine des dispositifs de traitement, y compris le remplacement des composants du filtre, doivent être effectués conformément aux spécifications du fabricant. Il est recommandé aux responsables de systèmes de distribution d eau potable d'élaborer un plan de gestion du réseau de distribution afin de réduire au minimum l'accumulation et la libération d'antimoine et de contaminants concomitants. Cela nécessite généralement de réduire au minimum la concentration d'antimoine entrant dans le réseau de distribution et de mettre en œuvre des pratiques exemplaires afin de maintenir des conditions stables offrant une qualité chimique et biologique de l'eau dans tout le réseau, ainsi que pour réduire au minimum les perturbations physiques et hydrauliques.

Application de la recommandation

Des conseils spécifiques concernant l'application des recommandations pour l'eau potable devraient être obtenus auprès de l'autorité appropriée en matière d'eau potable.

Tous les responsables de systèmes de distribution d'eau potable devraient mettre en place une approche axée sur la gestion des risques, par exemple une approche « de la source au robinet » ou un plan de gestion de la sécurité sanitaire de l'eau pour assurer la salubrité de l'eau. Ces stratégies nécessitent une évaluation du réseau pour les raisons suivantes : caractériser la source d'approvisionnement en eau, décrire les barrières de traitement qui préviennent ou réduisent la contamination, déterminer les conditions menant à une contamination et mettre en œuvre des mesures de contrôle. Une surveillance opérationnelle est alors établie et des protocoles opérationnels ou de gestion sont institués (p. ex. modes opératoires normalisés, mesures correctives et interventions en cas d'incident). Une surveillance de la conformité est élaborée, ainsi que d'autres protocoles permettant de valider le plan de gestion de la sécurité sanitaire de l'eau sont mis en œuvre (par exemple, tenue de registre, satisfaction des consommateurs). Il faut aussi former les opérateurs pour veiller à ce que ce plan soit efficace en tout temps.

La valeur de la recommandation proposée offre une protection contre les effets sur la santé associée à une exposition à l'antimoine par l'eau potable toute la vie durant. Tout dépassement de la CMA proposée devrait faire l'objet d'une enquête et être suivi des mesures correctives appropriées, s'il y a lieu. En cas de dépassement dans une source d'eau qui n'est pas traitée, une surveillance supplémentaire devrait être mise en place afin de confirmer le dépassement. S'il est confirmé que les concentrations d'antimoine dans la source d'approvisionnement en eau sont supérieures à la CMA proposée, on devrait alors mener une enquête afin de déterminer la meilleure façon de diminuer l'exposition à l'antimoine. Les options possibles comprennent l'utilisation d'un autre d'approvisionnement en eau ou l'installation d'un système de traitement d'antimoine. Si un système de traitement de l'eau est déjà en place lorsqu'un dépassement survient, une enquête devrait être menée pour vérifier l'efficacité du traitement et déterminer si des ajustements visant à diminuer la concentration dans l'eau traitée sous la CMA proposée s'imposent.

Il est probable que les épisodes de coloration soient accompagnés d'une libération de contaminants accumulés, dont l'antimoine, parce que l'antimoine dissous peut être adsorbé sur les dépôts présents dans les réseaux de distribution et les installations de plomberie. Il ne faut donc pas considérer de tels événements uniquement comme un problème d'ordre esthétique, mais procéder à un échantillonnage en vue de détecter la présence de métaux et, le cas échéant, effectuer des travaux d'entretien du réseau de distribution.

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