À titre d'information : La résistance aux agents antimicrobiens
Questions
- Qu'est-ce que la résistance aux antimicrobiens?
- Quel est le problème?
- Comment se développe la résistance aux antimicrobiens?
- Y a-t-il des mesures que les Canadiens et les Canadiennes doivent prendre dès maintenant?
- Que fait Santé Canada pour contrer la résistance aux antimicrobiens?
- Comment puis-je me tenir au courant de l'évolution de cette question?
- Comment participer?
Réponses
Le terme antimicrobien se rapporte aux substances naturelles et synthétiques, telles que les antibiotiques et les désinfectants, qui arrêtent ou inhibent la croissance des micro-organismes. La résistance aux antimicrobiens (RAM) survient lorsqu'une substance ou un agent antimicrobiens ne peuvent plus arrêter ou inhiber la croissance d'un micro-organisme.
Les agents antimicrobiens sont couramment utilisés en médecine humaine et vétérinaire pour le traitement et la prévention des infections microbiennes. Ils servent également à augmenter l'indice de consommation et à stimuler la croissance des animaux dans l'industrie agro-alimentaire.
La probabilité qu'un organisme développe une résistance augmente avec la durée de l'exposition à un agent antimicrobien. Par exemple, des souches de bactéries peuvent développer une résistance aux antimicrobiens, puis survivre, se reproduire et transmettre leur résistance aux générations futures et, éventuellement, aux autres micro-organismes.
La salmonelle, notamment, une bactérie commune, est souvent transmise des animaux aux humains par la chaîne alimentaire. L'émergence et la propagation de salmonelles résistantes sont des questions particulièrement préoccupantes. Des liens directs ont été établis entre l'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux et le développement de la résistance chez les humains.
La RAM constitue un important problème en santé publique à l'échelle mondiale. La croissance et la prolifération de bactéries résistantes pourraient l'emporter sur notre capacité de contrôler leurs effets sur notre santé.
La fréquence croissante des cas de RAM menace notre capacité de lutter contre les infections humaines et animales et pourraient avoir de graves répercussions en santé publique. Les antibiotiques efficaces sont de moins en moins nombreux, ce qui risque de compliquer le traitement des infections et de faire augmenter les coûts des soins de santé.
La RAM est une question des plus controversées, non seulement au Canada, mais partout dans le monde. Diverses opinions, perceptions et approches ont été formulées quant à son évaluation et à sa gestion. Il est donc impératif que le gouvernement du Canada prenne à cet égard des décisions fondées sur l'interprétation la plus précise des preuves scientifiques disponibles, dans une perspective canadienne.
La RAM peut se développer pour une ou plusieurs des raisons suivantes :
1. Utilisation dans les industries agro-alimentaires pour traiter certaines maladies ou prévenir des maladies et stimuler la croissance :
- Les organismes résistants peuvent être transmis par la nourriture, par l'eau ou par un contact direct avec des animaux. Ils peuvent parfois être transmis par des animaux à des pathogènes humains.
- Il arrive parfois que des médicaments à large spectre soient prescrits par des vétérinaires, alors que la meilleure pratique serait d'attendre les résultats de tests de manière à combattre un organisme particulier à l'aide du médicament à spectre étroit, le plus efficace, disponible sur le marché.
- De faibles doses d'antibiotiques dans les aliments du bétail servant à stimuler la croissance peuvent modifier la flore intestinale en éliminant certaines espèces de bactéries, ce qui peut faciliter la prolifération de germes résistants aux antimicrobiens.
- Une résistance croisée peut se développer, lorsque des animaux traités avec un médicament acquièrent une résistance à d'autres médicaments de la même catégorie.
- Une autre cause serait l'importation et l'utilisation de médicaments non homologués ou utilisés en dérogation des directives de l'étiquette.
2. Usage abusif ou inapproprié des antibiotiques en médecine humaine.
- Certains professionnels de la santé prescrivent des antibiotiques pour traiter des infections virales qui résistent aux médicaments destinés aux infections bactériennes.
- Ils peuvent également mal utiliser des antibiotiques à large spectre, alors que la meilleure pratique serait d'attendre les résultats de tests pour diagnostiquer et cibler un organisme particulier à l'aide du médicament à spectre étroit, le plus efficace, disponible sur le marché.
- Des personnes peuvent arrêter un traitement aux antibiotiques sur l'atténuation des symptômes, avant d'avoir pris toute la dose prescrite.
3. Utilisation de produits de nettoyage antibactériens tels que les désinfectants et les antiseptiques commerciaux ou ménagers et les produits d'hygiène personnelle :
- L'industrie produit et met en marché des désinfectants pour les mains et les surfaces, ce qui entraîne une utilisation fréquente et inutile de produits contenant des antimicrobiens. De fait, l'utilisation abusive de produits de nettoyage antibactériens dans les ménages, dans la collectivité et dans les établissements de santé, peut mener à un développement accru de la résistance chez les micro-organismes communs.
4. Contamination de l'environnement attribuable à l'utilisation de produits de nettoyage et de désinfection, ainsi que de médicaments vétérinaires antimicrobiens à la ferme et dans les cliniques vétérinaires. Voici quelques exemples de comment cela peut se produire :
- L'élimination inadéquate d'agents antimicrobiens peut contribuer à la prolifération de bactéries résistantes aux antimicrobiens et à la propagation de la RAM dans l'environnement.
- Les effluents des usines et l'utilisation industrielle et privée d'agents antimicrobiens, de bouillies de pulvérisation et de pesticides et le rejet par les fermes de ces agents ou microorganismes peuvent contaminer l'air, le sol et l'eau.
- L'urine et le fumier d'animaux de ferme exposés à des médicaments antimicrobiens sont aussi des sources possibles de contamination de l'eau souterraine.
4. Y a-t-il des mesures que les Canadiens et les Canadiennes doivent prendre dès maintenant?
Santé Canada continue d'évaluer les risques potentiels et les options qui s'offrent pour minimiser les risques et maximiser les avantages pour les Canadiens et les Canadiennes et promouvoir un usage judicieux des antimicrobiens. Voici quelques mesures que vous pouvez prendre ?
- Si on vous prescrit des antibiotiques, demandez à votre médecin :
- si vous êtes traité pour une infection virale ou bactérienne;
- si l'antibiotique est bénéfique pour votre santé;
- s'il existe une autre méthode de traitement aussi efficace.
- si vous êtes traité pour une infection virale ou bactérienne;
- Prenez toujours la dose complète des antibiotiques pour la durée prescrite de traitement de vos infections bactériennes, même si les infections ou les symptômes se résorbent avant.
- Avant d'utiliser des antibiotiques en vente libre, consultez votre médecin ou votre pharmacien.
- Limitez l'utilisation des produits étiquetés comme antibactériens ou antimicrobiens. L'emploi d'eau et de savon ou d'une faible solution d'eau de Javel est habituellement suffisant pour nettoyer votre résidence.
- Amenez les médicaments inutilisés ou périmés dans les centres de réception des produits toxiques ou remettez-les à la pharmacie - ne les jetez pas dans les toilettes.
- Ne consommez pas de lait, de fromage, de viande de volaille ou autre qui ont été contaminés à la source ou qui n'ont pas été apprêtés à partir de produits adéquatement pasteurisés.
Si vous élevez du bétail :
- Veillez à ce que vos pratiques de gestion de l'exploitation agricole contribuent à la propreté et à la salubrité de l'environnement.
- Adoptez des pratiques d'hygiène améliorées sur l'exploitation agricole afin d'éviter le recours aux antibiotiques.
- L'utilisation d'antimicrobiens dans les aliments des animaux peut ne pas être nécessaire pour améliorer la santé de votre bétail. Renseignez-vous sur les antimicrobiens ajoutés aux aliments préparés pour les animaux et la raison de leur présence. La documentation scientifique ne permet pas d'affirmer que les antimicrobiens ajoutés aux aliments sont efficaces dans les installations modernes d'élevage des animaux.
- Suivez les directives de l'étiquette des médicaments vétérinaires; utilisez ces médicaments uniquement pour les animaux et les traitements indiqués
Tout en augmentant ses activités d'éducation et de sensibilisation sur la RAM, Santé Canada mène d'autres travaux dans divers domaines tels que la recherche, la surveillance et l'élaboration de politiques :
Au sein du gouvernement :
- La Direction des médicaments vétérinaires (DMV) a affecté des employés à l'élaboration de politiques sur la RAM
- La DMV préside et coordonne le Comité d'orientation interministériel sur la résistance aux antimicrobiens formé de représentants de Santé Canada, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, d'Environnement Canada et de Pêches et Océans Canada.
En collaboration avec des groupes d'intervenants :
- Santé Canada a établi et appuie le Comité consultatif sur l'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux et les conséquences sur la résistance et la santé humaine;
- a tenu des réunions de consultation avec des intervenants sur les options de gestion des risques pour la santé humaine que pose la RAM;
- se fonde sur les avis d'experts scientifiques pour l'évaluation des risques et des avantages de l'utilisation d'agents antimicrobiens chez les animaux producteurs de denrées alimentaires;
- fournit un soutien financier au Comité canadien sur la résistance aux antimicrobiens (CCRA).
Avec des partenaires :
- a travaillé avec des partenaires fédéraux et provinciaux et d'autres intervenants intéressés au financement de l'élaboration du Programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (PICRA) que dirige le Laboratoire de Santé Canada à Guelph. Ce programme de surveillance a été mis sur pied pour suivre les tendances du développement de la RAM et réunir des données sur l'utilisation des antimicrobiens de sources humaines et animales. Le premier rapport annuel du PICRA a paru en mars 2004.
Sur la scène internationale :
- Santé Canada échange des informations et met son expertise à la disposition d'un certain nombre d'organismes, notamment la FAO (Comité du Codex sur les résidus de médicaments vétérinaires dans les aliments) et le Center for Veterinary Medicine (Food and Drug Administration des états-Unis).
- La Direction des médicaments vétérinaires de Santé Canada représente le gouvernement du Canada auprès de groupes de travail du VICH (Coopération internationale pour l'harmonisation des exigences techniques régissant l'homologation des produits médicaux vétérinaires) qui se penchent sur différentes questions, dont la RAM. Le Groupe d'experts du VICH sur la résistance aux antimicrobiens a terminé ses travaux sur la Ligne directrice 27, un document d'orientation intitulé: Pre-approval Information for Registration of New Veterinary Medicinal Products for Food-producing Animals with Respect to Antimicrobial Resistance.
De plus, plusieurs projets de recherche ont été lancés pour évaluer les liens entre l'utilisation d'agents antimicrobiens et la résistance à ces agents. Les résultats de ces évaluations permettront d'évaluer la résistance et ses répercussions possibles sur la santé humaine. Cela nous aidera aussi à augmenter nos connaissances et notre capacité de mise au point de tests de diagnostic rapide et de nouveaux produits dans les délais prescrits.
Les recherches se poursuivent et les connaissances augmentent. Nous continuerons d'afficher sur notre site Web, à l'adresse ci-dessous, de nouveaux renseignements concernant la RAM et nos politiques axées sur la résolution de ce problème.
Santé Canada favorise la participation du public à l'élaboration des politiques liées aux questions de santé publique telles que la RAM. Si vous avez des commentaires à formuler ou désirez participer, n'hésitez pas à nous écrire à l'adresse de courriel suivante : vetdrugs-medsvet@hc-sc.gc.ca
Adresse de Santé Canada :
Direction des médicaments vétérinaires
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada
Complexe Holland Cross
Rez-de-chaussée
11, avenue Holland, suite 14
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
Indice de l'adresse - 3000A
No de téléphone - Renseignements généraux : (613) 954-5687
Télécopieur : (613) 957-3861
Glossaire
Effluents : déchets rejetés dans l'eau par des usines industrielles et de traitement.
Utilisation en dérogation des directives de l'étiquette : Utilisation de médicaments pour des indications autres que celles pour lesquelles ils ont été homologués.
Flore intestinale : micro-organismes (incluant les bactéries) que l'on trouve normalement dans le tractus intestinal des animaux et des humains.
Micro-organisme : pour les besoins de ce feuillet, la définition englobe les bactéries, les levures, les protozoaires, les algues et les virus.
Pathogène : agent capable de causer une maladie.
À large spectre : médicaments pouvant traiter différents micro-organismes
Détails de la page
- Date de modification :