Page 7 : Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : document technique – le chlorure de vinyle

Partie II. Science et considérations techniques (continué)

6.0 Méthodes d'analyse

 À l'heure actuelle, trois méthodes d'analyse sont approuvées par la United States Environmental Protection Agency (U.S.EPA): la méthode 502.2, révision 2.1, la méthode 524.2, révision 4.1, et la méthode 524.3, version 1.0) pour le dosage du chlorure de vinyle dans l'eau potable (U.S. EPA, 2003, 2009a). Ces méthodes sont des méthodes génériques pour la caractérisation et la quantification des composés organiques volatils (COV) purgeables. Ces méthodes font appel à des procédures de purge et de piégeage, suivies d'une chromatographie en phase gazeuse (CG) sur colonne capillaire, pour séparer les analytes. Après élution sur la colonne de CG, les analytes sont caractérisés à l'aide de différentes méthodes de détection.

La méthode 502.2, révision 2.1 emploie une colonne capillaire de CG pour la purge et le piégeage, associée à des détecteurs par photoionisation (DPI) et à des détecteurs de conductivité électrolytique (DCEL) en série. La LDM dépend de la colonne de CG utilisée; elle se situe entre 0,02 et 0,04 µg/L pour les DPI, et entre 0,01 et 0,18 µg/L pour les DCEL.

La méthode 524.2, révision 4.1, emploie une colonne capillaire de CG couplée à un spectromètre de masse (SM). La LDM se situe entre 0,04 et 0,17 µg/L, selon la colonne de CG utilisée et le couplage entre l'appareil de CG et le SM (U.S. EPA, 1995).

La méthode 524.3, version 1.0, approuvée en 2009, fait appel à une technique de CG-SM, et sa limite de détection est de 0,029 µg/L pour le chlorure de vinyle. Parmi les avantages que procure cette méthode figurent l'optimisation des paramètres de purge et de piégeage, la possibilité de recourir à la détection d'ions déterminés (DID) et la possibilité d'utiliser des agents de préservation acides solides (U.S. EPA, 2009a).

Deux méthodes normalisées peuvent également être employées pour doser le chlorure de vinyle dans l'eau potable (APHA et coll., 2005). Ces méthodes, SM 6200B et SM 6200C, consistent à utiliser une colonne capillaire de CG pour la purge et le piégeage, puis un détecteur de SM ou encore des DPI ou des PCEL en série, respectivement. La méthode SM 6200B a une limite de détection de 0,12 µg/L, et la méthode SM 6200C, de 0,025 µg/L. La limite inférieure de quantification, soit la concentration la plus faible pouvant être quantifiée de manière exacte à l'aide de ces méthodes, est de 0,48 µg/L pour la méthode SM 6200B, et de 0,1 µg/L pour la méthode SM 6200C.

Une étude menée récemment sur les facteurs ayant une incidence sur le relargage du chlorure de vinyle à partir des conduites en PVC et en PVCC utilisées pour l'eau potable avait une LDM de 0,0045 µg/L pour l'analyse par GC-MS en mode SIM (Richardson et Edwards, 2009).

Toutefois, le seuil pratique d'évaluation quantitative (SPEQ) des méthodes approuvées par l'U.S. EPA est de 2 µg/L. Il est fondé sur la capacité des laboratoires à mesurer le chlorure de vinyle avec une précision et une exactitude raisonnables au moment de l'élaboration de leur règlement. Les évaluations actuelles de SPEQ sont basées sur deux approches : 1) la plus faible valeur que 75 % des laboratoires peuvent doser avec les limites de précision prescrites basées sur des données réelles si les données sont suffisantes; 2) la multiplication des limites supérieures de la LDM pour tenir compte de la variation intrinsèque des méthodes de test et des appareils utilisés pour les analyses, quand les données sont suffisantes. En établissant leur SPEQ, l'U.S. EPA a préféré utiliser les données de performance des laboratoires pour des méthodes approuvées au moment de l'examen plutôt que de suivre l'approche de la LDM (U.S. EPA, 2009d).

Lors du deuxième examen sur 6 ans du National Primary Drinking Water Regulations en vigueur, l'U.S. EPA a déterminé que qu'il n'y avait pas assez de données de tests de compétence pour déterminer des SPEQ (U.S. EPA, 2009d). L'U.S. EPA a donc utilisé deux autres sources pour calculer un seuil estimé d'évaluation quantitative (SEEQ) : une approche de seuil minimal de niveau à rapporter (SMNR) et une approche de multiplication de la LDM basée sur des méthodes d'analyse approuvées. Le SEEQ est une estimation de la limite inférieure possible du SPEQ. Il est basé sur une analyse statistique des résultats de tests de compétence pour une méthode ou sur la SMNR provenant de l'ensemble de données. La SMNR représente les limites d'analyse en laboratoire pour un grand nombre de laboratoires des États-Unis. Au moyen des SMNR de plus de 139 000 ensembles de données collectés entre 1998 et 2005, l'U.S. EPA a établi un SEEQ de 0,5 µg/L pour le chlorure de vinyle, rapportant qu'un pourcentage élevé des échantillons atteignait le SMNR de 0,5 µg/L.

En multipliant par 10 les limites supérieures de la LDM pour chacune des deux méthodes d'analyse approuvées (502.2 et 524.2), on obtient une gamme de SPEQ possibles de 1,7 à 1,8 µg/L. Ces valeurs sont légèrement inférieures au SPEQ actuel de 2 µg/L (U.S. EPA, 2009d). En fin de compte, l'EPA a décidé de ne pas modifier le SPEQ existant, car les données ne pouvaient pas permettre l'adoption d'une valeur plus faible (U.S. EPA, 2009d).

Au Canada, il n'existe aucun programme centralisé équivalent pour une collecte et une analyse statistique rigoureuse des données. Il n'est donc pas possible d'établir un SPEQ pour les laboratoires canadiens.

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