Page 2 - Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : Document technique : N-nitrosodiméthylamine (NDMA)

Partie I. Vue d'ensemble et application

1.0 Recommandation

La concentration maximale acceptable (CMA) pour la N-nitrosodiméthylamine (NDMA) dans l'eau potable est de 0,000 04 mg/L (0,04 µg/L).

2.0 Sommaire

Les niveaux de NDMA dans l'eau potable au Canada sont généralement très faibles. Il n'existe aucun usage industriel ou commercial de la NDMA au Canada. Elle peut être présente dans les eaux de surface et les eaux souterraines, mais sa présence dans l'eau potable résulte principalement de sa formation durant le processus de traitement de l'eau, en particulier le traitement aux chloramines.

Le présent document technique passe en revue et analyse tous les risques pour la santé reconnus comme étant associés à la NDMA dans l'eau potable, en tenant compte de toutes les voies d'exposition liées à l'eau potable, à savoir l'ingestion ainsi que l'absorption cutanée lors d'une douche ou d'un bain; il semble toutefois que l'inhalation ne soit pas une voie importante d'exposition à la NDMA. Des études et approches nouvelles y sont examinées, en prenant en considération la disponibilité des technologies de traitement appropriées. La recommandation pour la NDMA dans l'eau potable établie à partir de cet examen est une concentration maximale acceptable (CMA) de 0,000 04 mg/L (0,04 µg/L). Elle repose sur les effets sur la santé liés au cancer, et on estime qu'elle protège de tous les effets sur la santé.

2.1 Effets sur la santé

En se basant principalement sur les données probantes cancérogénécité chez les animaux, il est très probable que la NDMA soit cancérogène pour les humains. Par conséquent, peu d'études ont été réalisées sur ses autres effets néfastes possibles sur la santé. La concentration maximale acceptable pour la NDMA dans l'eau potable a été établie en fonction de l'incidence du cancer du foie chez des rats mâles et femelles, par le calcul d'un risque unitaire à vie.

2.2 Exposition

La population canadienne peut être exposée à la NDMA par l'eau, l'air et les aliments. On considère que l'eau potable n'est qu'une source mineure d'exposition à la NDMA comparativement aux autres sources. Dans l'ensemble, les concentrations de NDMA mesurées dans les approvisionnements en eau du Canada sont normalement bien inférieures à la CMA.

2.3 Traitement

La présence de la NDMA dans l'eau potable est principalement associée au traitement de l'eau. Elle peut se former par suite du traitement aux chloramines et, dans une moindre mesure, de la chloration, ainsi que de l'utilisation de certains coagulants et résines échangeuses d'anions. Par conséquent, les méthodes les plus efficaces pour réduire la concentration de NDMA dans l'eau potable consistent à éliminer les précurseurs organiques azotés (incluant les substances humiques) de l'eau non traitée ou à modifier la méthode de désinfection afin de réduire sa formation sans compromettre l'efficacité du procédé de désinfection. Toute modification à la stratégie de désinfection doit prendre en considération la formation possible d'autres sousproduits de désinfection dans l'ensemble du système et faire l'objet d'essais pilotes. Il est techniquement possible de réduire la quantité de NDMA dans l'eau potable à l'aide de l'irradiation aux rayons ultraviolets (UV), mais ce procédé peut se révéler complexe pour les petites installations.

3.0 Application de la recommandation

Remarque : Des instructions précises concernant l'application de la recommandation doivent être obtenues auprès de l'autorité appropriée en matière d'eau potable dans le secteur de compétence concerné.

Les opérateurs des usines de traitement d'eau potable devraient s'efforcer de maintenir faibles les concentrations de NDMA en mettant en oeuvre des stratégies visant à empêcher sa formation durant le traitement de l'eau, sans compromettre l'efficacité de la désinfection. La NDMA est considérée comme probablement cancérogène chez l'humain. Le risque d'effets néfastes sur la santé associés à l'exposition à la NDMA n'est pas plus élevé chez des souspopulations, comme les enfants et les femmes enceintes, que pour l'ensemble de la population.

La recommandation pour l'eau potable a été établie en fonction d'une exposition à vie à la NDMA dans l'eau potable. Pour les sources d'approvisionnement en eau potable dont les concentrations dépassent à l'occasion et pour de courtes périodes la CMA, on suggère l'élaboration et la mise en oeuvre d'un plan approprié à ces situations. Dans le cas de dépassements plus importants et de longue durée auxquels on ne peut remédier par le traitement, on suggère de recourir à d'autres sources d'eau potable.

Une recommandation concernant un cancérogène est généralement établie à une concentration à laquelle l'accroissement du risque de cancer est considéré comme étant « essentiellement négligeable » pour une exposition pendant la vie entière (70 ans) par l'eau potable. Dans le cadre des recommandations pour la qualité de l'eau potable, Santé Canada entend par « essentiellement négligeable » une plage allant d'un nouveau cas de cancer de plus que le niveau de fond pour 100 000 personnes à un nouveau cas de cancer de plus que le niveau de fond pour un million de personnes (c.-à-d. 10-5 à 10-6) exposées à un contaminant à la CMA pendant toute une vie. Dans le cas de la NDMA, la recommandation proposée correspond à la concentration qui présenterait un risque essentiellement négligeable d'un nouveau cas de cancer de plus que le niveau de fond pour 100 000 personnes (c.-à-d. 10-5) exposées à la NDMA à sa CMA pendant toute une vie, et prend en considération les limites des procédés de traitement.

3.1 Surveillance

En général, la surveillance de la NDMA devrait être faite annuellement. Lorsque les caractéristiques de l'eau non traitée ou des stratégies de traitement et de désinfection favorise la formation de la NDMA, on recommande une surveillance trimestrielle de la NDMA dans l'eau traitée provenant des sources d'eau de surface et d'eau souterraine. Cette surveillance pourrait être réduite à une fréquence annuelle si la surveillance effectuée de façon régulière ne démontre pas la présence de NDMA dans l'eau traitée. La surveillance devrait être effectuée à l'usine de traitement d'eau et aux emplacements du réseau de distribution qui ont la plus longue durée de rétention des désinfectants.

Lors de la détermination des besoins de surveillance de la NDMA, il faudrait tenir compte des facteurs suivants : la présence de précurseurs de la NDMA ou de composés contenant de l'azote; le type de coagulant utilisé; le type de résine échangeuses d'anions utilisée; la pratique de désinfection (p. ex., chloramination ou poste de rechloration). Il pourrait être nécessaire, selon les systèmes spécifiques, d'augmenter la fréquence de surveillance pour les usines qui traitent de l'eau de surface pendant les périodes où les caractéristiques de l'eau à la source favorisent la formation de sous-produits.

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