Page 3 : Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : document technique – le sélénium

Partie I. Vue d'ensemble et application (continué)

2.0 Sommaire

Le sélénium est un élément naturel omniprésent dans l'environnement. Il est généralement présent à l'état élémentaire ou sous forme de séléniure (Se2-), de sélénate (SeO42-) ou de sélénite (SeO32-). Il est répandu dans la croûte terrestre, et on en trouve à l'état de trace dans la plupart des tissus végétaux et animaux. Le sélénium n'est pas obtenu directement par exploitation minière. Il s'agit plutôt d'un sous-produit de la production d'autres métaux. Le sélénium est utilisé dans la fabrication de produits chimiques organiques, d'agents réducteurs, de verre, de peinture, de céramique, de composantes électroniques, d'agents destinés au bleuissage des armes, de suppléments nutritifs et d'engrais, ainsi que dans des applications métallurgiques et dans la plomberie (pour remplacer le plomb).

Dans ce document technique, on recense et on évalue tous les risques connus pour la santé qui sont associés à la présence de sélénium dans l'eau potable. On y passe en revue les nouvelles études et méthodologies et on prend en considération la disponibilité de techniques de traitement appropriées. Sur la base de cet examen, la recommandation pour le sélénium dans l'eau potable est une concentration maximale acceptable de 0,05 mg/L.

2.1 Effets sur la santé

Le sélénium est un oligoélément essentiel dans l'alimentation humaine. Il est un élément constitutif de plusieurs protéines et enzymes de l'organisme, connues pour jouer un rôle important, notamment dans la régulation des hormones thyroïdiennes et la défense antioxydante. Une carence en sélénium peut entraîner des maladies chroniques telles que la maladie de Keshan (myocardiopathie) et la maladie de Kashin-Beck (caractérisée par des rhumatismes) et peut aussi être associée à une forme de crétinisme liée à une hypothyroïdie. Les besoins quotidiens en sélénium (dose minimale) ont été établis par des organisations internationales. Santé Canada a adopté l'apport minimal quotidien recommandé par l'Institute of Medicine (2000), qui varie entre 15 et 55 µg par jour, selon le groupe d'âge. On ne s'attend pas à observer une carence en sélénium au Canada.

Le Centre international de recherche sur le cancer a classé le sélénium dans le groupe 3, soit dans la catégorie des substances inclassables quant à leur cancérogénicité pour l'humain. La grande majorité des publications n'indiquent pas une augmentation de l'incidence du cancer après une exposition au sélénium, qui aurait même un effet protecteur. Dans la présente évaluation, on a adopté une approche non fondée sur la cancérogénicité et la CMA pour le sélénium dans l'eau potable a été déterminée en fonction des signes chroniques de sélénose chez l'humain. Les signes de sélénose, qui apparaissent après une exposition à long terme à des concentrations élevées de sélénium, sont les suivants : perte de cheveux, anomalies des ongles ou perte de ceux-ci, anomalies de la peau, haleine à l'odeur d'ail, caries dentaires et dans les cas plus graves, troubles du système nerveux. On a également établi un lien entre l'exposition au sélénium et d'autres maladies, telles que le diabète et le glaucome, mais on ne peut tirer de conclusions sûres tant que les résultats n'auront pas été confirmés.

2.2 Exposition

Les Canadiens sont exposés au sélénium par sa présence dans les aliments, l'air, le sol et l'eau potable, ainsi que par l'utilisation de certains produits de consommation ou en milieu professionnel, les aliments étant la principale source d'exposition. La concentration de sélénium est généralement faible dans les approvisionnements d'eau potable au Canada. Les formes inorganiques de sélénium habituellement décelées dans l'eau potable ne sont pas volatiles et il existe très peu de données quantitatives sur l'absorption de composés séléniés par les poumons ou la peau. Il est peu probable que la carence en sélénium constitue un problème au Canada.

2.3 Analyse et traitement

Il existe plusieurs méthodes permettant d'analyser le sélénium total dans l'eau potable à des concentrations bien inférieures à la CMA. L'efficacité des méthodes de traitement utilisées pour éliminer le sélénium dépend particulièrement de la spéciation du sélénium dans l'eau brute. L'élimination du sélénium en excès dans l'eau potable n'a pas fait l'objet d'études à pleine échelle dans les usines de traitement. Par ailleurs, les données sur les analyses en laboratoire et dans des usines pilotes sont peu nombreuses. Néanmoins, il existe plusieurs techniques permettant d'enlever le sélénium de l'eau potable, ainsi que des dispositifs de traitement certifiés. Les procédés de traitement qui cont capables d'enlever le sélénium à l'échelle résidentielle et peuvent être certifiés à cet effet comprennent l'adsorption, l'osmose inverse et la distillation.

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