La crise des opioïdes : comment une meilleure surveillance aide à orienter l'intervention du gouvernement
Le leadership et la coordination de l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) ont permis au Canada de réagir énergiquement à la crise des opioïdes. Moins de cinq mois après qu'on lui a demandé d'obtenir des données permettant de définir l'ampleur de la crise, l'ASPC, en collaboration avec les provinces et les territoires, a publié le premier rapport national de surveillance des décès liés aux opioïdes. Ce fut une tâche colossale pour la petite équipe de surveillance, ce qui témoigne de l'importance de la collaboration fédérale-provinciale-territoriale (FPT).
Le problème
Une épidémie de décès et de surdoses liés aux opioïdes au Canada a retenu l'attention de tout le pays pour la première fois à la fin de 2016, mais la crise était déjà bien présente dans quelques régions de l'ouest du Canada, notamment en Colombie-Britannique. Cependant, faute de données nationales, il était difficile d'évaluer l'ampleur du problème.
La réaction
L'ASPC et ses partenaires FPT ont uni leurs forces pour pallier le manque de données nationales. Une équipe d'experts en surveillance de l'ASPC, des provinces et des territoires s'est vue confier la mission de mettre en œuvre un nouveau système national de surveillance pour recueillir des données dans le but d'orienter l'intervention de santé publique. Il est vite devenu évident que les réseaux de santé publique traditionnels ne disposaient pas de données essentielles, et l'équipe s'est alors tournée vers le milieu de la justice.
« Les coroners et les médecins légistes recueillent des renseignements à des fins médico-légales, comme la cause et les circonstances d'un décès. Ces données nous ont été d'une valeur inestimable, car elles nous ont aidés à savoir combien de personnes au pays étaient mortes à cause des opioïdes », a affirmé Jessica Halverson, directrice de la Division des méfaits liés aux substances.
« Voilà un excellent exemple de partenariat entre les milieux de la santé publique et de la justice pour appuyer les efforts de surveillance de la santé publique », a-t-elle ajouté.
La création de partenariats
De nombreuses difficultés sont apparues lors de l'établissement de nouveaux partenariats intersectoriels, notamment des priorités divergentes, des technologies incompatibles et des méthodes de collecte de données qui varient selon la province ou le territoire. De plus, les ressources étaient limitées. L'ASPC a compris qu'il était essentiel que les provinces et les territoires continuent d'appuyer cette priorité nationale et a donc affecté des ressources pour embaucher 12 épidémiologistes et les dépêcher dans les provinces et territoires pour appuyer la collecte de données et renforcer les systèmes d'information sur la santé.
L'équipe de surveillance s'est aussi alliée aux services médicaux d'urgence de tout le pays pour concevoir et mettre en place un nouveau système national de surveillance des surdoses présumées qui ont dû être traitées par les premiers intervenants. Le premier rapport de ce nouveau système de surveillance a été publié en juin 2018.
Une contribution significative
Les données et les éléments probants recueillis grâce à ces activités (et à d'autres) ont joué un rôle essentiel dans la réponse globale du gouvernement du Canada face à la crise des opioïdes jusqu'à présent. Elles ont servi de base aux décisions prises en ce qui a trait aux ressources et elles ont éclairé les politiques liées aux activités de prévention et de réduction des méfaits, notamment la création des sites de consommation supervisée. Les données ont aussi servi à orienter les campagnes de sensibilisation publique grâce au marketing, comme des publicités à la télévision et à la radio.
Mme Halverson est fière des efforts coordonnés de surveillance de la crise des opioïdes déployés par les gouvernements FPT. « C'est un très bon exemple de progrès rapides pouvant être réalisés quand tous les partenaires sont investis, et quand il s'agit d'un enjeu qui préoccupe réellement les Canadiens. Tout tourne autour des gens, des partenariats et de leur engagement. »
Des progrès continus
Depuis la parution du premier rapport en juin 2017, huit autres rapports trimestriels de surveillance nationale ont été publiés. Le plus récent, daté d'avril 2019, révélait que plus de 10 300 Canadiens sont morts d'une surdose d'opioïdes présumée de janvier 2016 à septembre 2018.
« S'il y a une chose que cette crise nous a rappelée, c'est que le progrès ne va jamais assez vite lorsque nos compatriotes canadiens perdent la vie et lorsque nous constatons les ravages qu'elle provoque dans les collectivités et chez les proches laissés derrière », a indiqué Mme Halverson. « Mais nous réalisons graduellement des progrès, et c'est ce qui nous aidera à produire des résultats avec le temps. »
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