Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Adénovirus (Sérotypes 40 et 41)

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I — AGENT INFECTIEUX

NOM: Adénovirus (sérotypes 40 et 41)

SYNONYME OU RENVOI: Adénovirus de sous-genre F, adénovirus entérique(1,2), adénovirus fastidieux(2), AdV 40 et AdV 41.

CARACTÉRISTIQUES: Les adénovirus humains font partie de la famille des Adenoviridae et du genre Mastadénovirus. Ce sont des virus non enveloppés à capside icosaédrique, de 70 à 90 mm de diamètre et dont le génome est formé d'ADN linéaire à double brin(1).

SECTION II — DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: Les adénovirus des sérotypes 40 et 41 entraînent des gastro-entérites aiguës, surtout chez les enfants. Parmi les symptômes, notons la fièvre, la diarrhée, des vomissements et des douleurs abdominales; l'infection dure environ 10 jours. Certaines personnes présenteront aussi des symptômes respiratoires. La maladie est habituellement autolimitante chez les personnes immunocompétentes; de rares décès se produisent chez les personnes immunodéprimées(1). Les infections asymptomatiques sont fréquentes, en particulier chez les enfants(3).

ÉPIDÉMIOLOGIE: L'adénovirus entérique est souvent responsable de gastro-entérites aiguës chez les enfants partout dans le monde(1). Des adénovirus entériques ont été isolés dans 9 % des cas de diarrhée chez les enfants. Ils constituent la troisième cause en importance de gastro-entérite infantile après les rotavirus et les norovirus(2). Des épidémies et des cas sporadiques peuvent survenir pendant toute l'année(1).

GAMME D'HÔTES: Humains.

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION: Le virus se transmet par la voie fécale-orale(1).

PÉRIODE D'INCUBATION: 3 à 10 jours(1).

TRANSMISSIBILITÉ: Faible possibilité de transmission par contacts étroits dans la même maison(4). L'excrétion virale survient pendant la phase aiguë de la maladie, les adénovirus entériques étant rarement présents dans les échantillons de selles plus de quelques semaines après le rétablissement du malade(1). Les personnes asymptomatiques (surtout les enfants) excrètent les adénovirus dans les selles(3).

SECTION III — DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Humains(5).

ZOONOSE: Aucune.

VECTEURS: Aucun.

SECTION IV — VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: Inconnue. Des rapports mentionnent que le cidofovir peut être efficace contre les adénovirus; cela dit, aucun essai contrôlé n'a été effectué jusqu'à présent, et l'emploi de cet agent n'est pas actuellement approuvé(6).

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Les adénovirus résistent aux désinfectants qui agissent sur les lipides, mais sont inactivés par le formaldéhyde et le chlore(6). Les adénovirus peuvent être inactivés par contact avec une solution d'eau de Javel diluée à 1:5 pendant 1 à 2 minutes, et par contact avec les gels désinfectants pour les mains à base d'alcool(1).

INACTIVATION PHYSIQUE: Les adénovirus sont très résistants à l'inactivation(1). Les adénovirus peuvent être inactivés par la chaleur(6): le chauffage à 56 °C pendant 30 min ou à 60 °C pendant 2 min, et l'autoclavage éliminent toute infectiosité(1). L'adénovirus de sérotype 40 est également sensible aux rayons UV(7).

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: La plupart des sérotypes sont stables pendant une semaine à 36 °C, pendant plusieurs semaines à température ambiante et pendant plusieurs mois à 4 °C(1,8). Les adénovirus sont très stables dans l'environnement et peuvent persister pendant 7 jours à 3 mois sur les surfaces inertes sèches(8). Ils peuvent survivre de nombreux jours dans l'eau du robinet, les effluents des eaux usées et l'eau de mer(9).

SECTION V — PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Surveiller la présence de symptômes gastro-intestinaux et/ou de maladie respiratoire. L'infection par adénovirus entérique peut être diagnostiquée par microscopie électronique, par des tests d'agglutination, des tests ELISA ou par PCR(10).

Remarque: Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: La maladie est habituellement autolimitante. Le traitement consiste surtout en la réhydratation par voie orale, ou par voie intraveineuse dans les cas graves(10).

IMMUNISATION: Aucune.

PROPHYLAXIE: Aucune.

SECTION VI — DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Au moins 10 cas d'infection par adénovirus acquise en laboratoire ont été signalés jusqu'en 2006; on ne connaît pas les sous-types en cause(11).

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Échantillons de selles(1,4).

DANGERS PRIMAIRES: Ingestion de virus(1), inoculation parentérale accidentelle et exposition des muqueuses oculaires, nasales et buccales aux gouttelettes.

DANGERS PARTICULIERS: Aucun.

SECTION VII — CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION DU GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2(12).

EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux(13).

VÊTEMENTS DE PROTECTION: Sarrau. Gants, lorsqu'un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure(13).

AUTRES PRÉCAUTIONS: Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle(13).

SECTION VIII — MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS: Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer(13).

ÉLIMINATION: Décontaminer avant la mise au rebut par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique(13).

ENTREPOSAGE: Dans des contenants antifuite scellés, étiquetés et sécurisés de façon appropriée(13).

SECTION IX — RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION: L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Novembre 2010.

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés
© Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada

RÉFÉRENCES:

  1. Robinson, C., & Echavarria, M. (2007). Adenoviruses. In P. R. Murray, E. J. Baron, J. Jorgensen, M. Pfaller & M. L. Landry (Eds.), Manual of Clinical Microbiology (9th ed., pp. 1589) ASM Press.
  2. Gómara, M. I., Simpson, R., Perault, A. M., Redpath, C., Lorgelly, P., Joshi, D., Mugford, M., Hughes, C. A., Dalrymple, J., Desselberger, U., & Gray, J. (2008). Structured surveillance of infantile gastroenteritis in East Anglia, UK: Incidence of infection with common viral gastroenteric pathogens. Epidemiology and Infection, 136 (1), 23-33.
  3. Wold, W. S. M., & Horwitz, M. S. (2007). Adenoviruses. In D. M. Knipe, & P. M. Howley (Eds.), Fields Virology (5th ed., pp. 2395-2436). Philadelphia, PA: Lippincott Williams & Wilkins.
  4. Mistchenko, A. S., Huberman, K. H., Gomez, J. A., & Grinstein, S. (1992). Epidemiology of enteric adenovirus infection in prospectively monitored Argentine families. Epidemiology and Infection, 109 (3), 539-546.
  5. Parija, S. C. (2009). Adenovirus. Textbook of Microbiology and Immunology (pp. 509-512). Haryana, India: Elsevier Health Sciences.
  6. Flomenberg, P. (2009). Adenovirus infections. Medicine, 37 (12), 676-678.
  7. Thurston-Enriquez, J. A., Haas, C. N., Jacangelo, J., Riley, K., & Gerba, C. P. (2003). Inactivation of feline calicivirus and adenovirus type 40 by UV radiation. Applied and Environmental Microbiology, 69 (1), 577-582.
  8. Kramer, A., Schwebke, I., & Kampf, G. (2006). How long do nosocomial pathogens persist on inanimate surfaces? A systematic review. BMC Infectious Diseases, 6
  9. Enriquez, C. E., Hurst, C. J., & Gerba, C. P. (1995). Survival of the enteric adenoviruses 40 and 41 in tap, sea, and waste water. Water Research, 29 (11), 2548-2553.
  10. Desselberger, U., & Gray, J. (2009). Viral gastroenteritis. Medicine, 37 (11), 594-598.
  11. Paragas, J., & Endy, T. P. (2006). Viral Agents of Human Disease: Biosafety Concerns. In D. O. Fleming, & D. L. Hunt (Eds.), Biological Safety: Principles and Practices (4th ed., pp. 179-207). Washington DC: ASM Press.
  12. Human pathogens and toxins act. S.C. 2009, c. 24, Second Session, Fortieth Parliament, 57- 58 Elizabeth II, 2009. (2009).
  13. Public Health Agency of Canada. (2004). In Best M., Graham M. L., Leitner R., Ouellette M. and Ugwu K. (Eds.), The Laboratory Biosafety Guidelines (3rd ed.). Canada: Public Health Agency of Canada.

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