Clostridium botulinum : Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes
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Section I – Agent infectieux
Nom
Clostridium botulinum
Type d'agent
Bactérie
Taxonomie
Famille
Clostridiaceae
Genre
Clostridium
Espèce
botulinum
Synonyme ou renvoi
Anciennement connu sous le nom de Bacillus botulinus; agent causal du botulismeNote de bas de page 1.
Caractéristiques
Brève description
C. botulinum sont des bacilles à Gram-positif, anaérobiques, en forme de bâtonnets et produisant des spores, qui peuvent être seuls, en paires ou formant des chaînes et varient de 0,5 à 2,4 µm de diamètre et de 1,6 à 22,0 µm de longueurNote de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4. C. botulinum comprend quatre groupes distincts (I-IV) et sept sérotypes (A-G) en fonction des caractéristiques génétiques et physiologiques ainsi qu'en fonction de l'antigénicité de la neurotoxine produite : Le groupe I (protéolytique; inclus toutes les souches de type A et les souches protéolytiques des types B et F), le groupe II (non protéolytique; comprend toutes les souches de type E et les souches non protéolytiques des types B et F), le groupe III (les souches de types C et D) et le groupe IV (Clostridium argentinense, anciennement C. botulinum de type G)Note de bas de page 2Note de bas de page 4Note de bas de page 5. Les groupes I et II sont responsables de la maladie chez l'humain, tandis que les souches du groupe III sont impliquées dans la maladie chez les oiseaux et certaines espèces de mammifèresNote de bas de page 2Note de bas de page 3. La souche ATCC 3502 de C. botulinum du groupe I a été la première à être séquencée; son génome a une faible teneur G+C (28,2 %) et est formé d'un chromosome (3,89 Mb) et d'un petit plasmide (16,3 kb)Note de bas de page 5. Les génomes des autres souches du groupe I, ainsi que des souches du groupe II, sont très similaires; cependant, les souches du groupe II ont une teneur G+C légèrement plus faible.
Propriétés
Caractéristique du genre Clostridium, C. botulinum forme des endospores de forme ovale, métaboliquement dormants, qui sont hautement résistants aux facteurs de stress environnementaux et permettent la persistance dans des conditions défavorablesNote de bas de page 3. La germination des spores dans des conditions favorables entraîne la croissance végétative de C. botulinum et la production de BoNT (toxines botuliques), le facteur de virulence primaire et l'agent causal du botulismeNote de bas de page 2Note de bas de page 3. Les BoNT sont divisés en sept sérotypes immunologiques distincts (A-G)Note de bas de page 2Note de bas de page 3. Les sérotypes A, B, E et rarement F causent le botulisme chez l'humainNote de bas de page 3. C. argentinense (anciennement C. botulinum de type G), Clostridium butyricum et Clostridium baratii peuvent également produire des BoNTNote de bas de page 2Note de bas de page 3.
Section II – Identification des dangers
Pathogénicité et toxicité
Le botulisme est une maladie neuro-paralytique grave, mais rare, et potentiellement mortelle, causée par le BoNT produit lors de la germination des spores C. botulinumNote de bas de page 3. Le BoNT se lie à la jonction neuromusculaire et bloque la transmission synaptique excitatoire en bloquant la libération d'acétylcholine, entraînant une paralysie flasqueNote de bas de page 6. Il existe différentes formes de botulisme selon la voie d'expositionNote de bas de page 2Note de bas de page 3. Les types les plus courants sont le botulisme d'origine alimentaire, infantile et par blessure, bien que le botulisme d'origine iatrogène, par inhalation et causé par une toxémie intestinale chez l'adulte aient aussi été rarement signalésNote de bas de page 2Note de bas de page 3. Les symptômes classiques du botulisme sont communément décrits comme les quatre D : la diplopie (double vision), la dysarthrie (difficulté avec la parole), la dysphonie (voix altérée) et la dysphagie (difficulté à avaler)Note de bas de page 2Note de bas de page 7. En l'absence de traitement, la maladie peut progresser vers une insuffisance respiratoire mortelle avec un taux de mortalité entre 40 % et 50 %Note de bas de page 6Note de bas de page 8.
Le botulisme alimentaire est la forme classique du botulisme et est causé par l'ingestion des toxines (BoNT) préformées dans les aliments contaminésNote de bas de page 2. En plus des quatre D, les autres symptômes comprennent les paupières tombantes (ptosis), une élocution laborieuse et une paralysie flasque symétrique descendante qui, si elle n'est pas traitée, se transforme en insuffisance respiratoire, menant à un arrêt cardiaque et à la mortNote de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 6. Les symptômes neurologiques peuvent également être précédés de symptômes gastro-intestinaux, comme la diarrhée, les nausées, les vomissements et les crampes abdominalesNote de bas de page 1Note de bas de page 7. Le taux de létalité des cas a diminué de façon significative au cours des dernières années et est maintenant inférieur à 5 % en raison des améliorations apportées à la reconnaissance clinique, au traitement et aux mesures de transformation des alimentsNote de bas de page 2.
Le botulisme par blessure contaminée se produit par la contamination d'une lésion par des spores provenant d'espèces du genre Clostridium produisant des BoNT présentent dans l'environnement et la germination subséquente de ces spores, suivie de la production in situ du BoNT et de son absorption dans le sangNote de bas de page 2Note de bas de page 6. Les symptômes sont semblables au botulisme d'origine alimentaire mais cependant, il n'y a pas de symptômes gastro-intestinauxNote de bas de page 9. Le taux de mortalité est de 5 à 10 %Note de bas de page 9.
Le botulisme intestinal infantile est causé presque exclusivement par l'ingestion de spores, leur prolifération et de la production de toxines dans l'intestin. Il survient chez les nourrissons de moins d'un anNote de bas de page 2Note de bas de page 3. Le premier signe clinique est habituellement la constipation, mais la maladie présente un large spectre de gravité clinique, allant d'une maladie légère avec apparition graduelle, à une insuffisance respiratoire nécessitant une ventilation mécaniqueNote de bas de page 3Note de bas de page 10. L'absorption des toxines BoNT est minime chez les nourrissons, ainsi la maladie est généralement moins sévère que chez les adultes. Elle peut cependant présenter ou se diriger vers une insuffisance respiratoireNote de bas de page 6. Le botulisme infantile progresse pendant 1 à 2 semaines jusqu'à la stabilisation, et environ 2 à 3 semaines sont nécessaires pour le rétablissement totalNote de bas de page 6. Avec des soins de soutien, la plupart des nourrissons atteints de botulisme guérissent en semaines ou en mois sans séquellesNote de bas de page 6. Toutefois, certains cas ont entraîné des complications graves et des séquelles à long termeNote de bas de page 11. Par exemple, dans une étude portant sur 12 cas de botulisme infantile aux États-Unis entre 1977 et 1979, on a signalé qu'un des 12 nourrissons était atteint d'une encéphalopathie ischémique hypoxique grave suite à un arrêt respiratoire en route vers l'hôpitalNote de bas de page 11. De plus, les patients atteints d'une maladie grave peuvent développer une atonie de la vessie qui peut entraîner une rétention urinaire, ainsi qu'une colite à Clostridioides difficile qui peut se produire chez les nourrissons atteints de stase colonique associée au botulismeNote de bas de page 12. Les autres complications infectieuses courantes du botulisme infantile comprennent l'otite, la pneumonie par aspiration et les infections urinaires. Les nourrissons atteints de botulisme sont léthargiques, mangent peu, pleurent faiblement, présentent un ptosis et une hypotonie au niveau du cou. L'état peut dégénérer vers la paralysie musculaireNote de bas de page 3Note de bas de page 9. Le taux de décès associé au botulisme intestinal infantile est inférieur à 1 %Note de bas de page 9Note de bas de page 12.
Le botulisme intestinal chez l'adulte est une forme rare de botulisme causé par la colonisation intestinale par C. botulinum, suivie par la production in vivo du BoNT selon le même mode que dans le cas du botulisme infantileNote de bas de page 2Note de bas de page 3. Les symptômes sont semblables à ceux du botulisme d'origine alimentaire et par blessure infectéeNote de bas de page 3.
Le botulisme par inhalation ne survient pas en nature mais il a été signalé chez des travailleurs de laboratoire exposés aux BoNT aérosolisésNote de bas de page 3Note de bas de page 7. Le botulisme par inhalation entraîne des symptômes neurologiques semblables à ceux du botulisme d'origine alimentaireNote de bas de page 9.
Le botulisme iatrogène résulte de l'injection de concentrations suprathérapeutiques de BoNT à des fins cosmétiques et/ou thérapeutiques et se caractérise par une faiblesse musculaire ainsi que par d'autres symptômes classiques du botulismeNote de bas de page 6Note de bas de page 10.
Épidémiologie
Les éclosions de botulisme chez les humains sont sporadiques, généralement petites et raresNote de bas de page 3. Les éclosions sont généralement associées au botulisme d'origine alimentaire à la suite de produits contaminés mis en conserve à la maison et produits commercialement contaminésNote de bas de page 3. Des éclosions de la maladie sont signalées dans le monde entierNote de bas de page 13. Entre 1920 et 2014, il y a eu 197 éclosions de botulisme d'origine alimentaire aux États-Unis, au Canada, en Europe, en Asie, en Afrique et dans d'autres pays, dont 55 % aux États-UnisNote de bas de page 13. De 2006 à 2021, il y a eu 55 éclosions de botulisme d'origine alimentaire au CanadaNote de bas de page 14. De 1979 à 2019, 63 cas de botulisme infantile confirmés en laboratoire ont été signalés au Canada, ce qui représente une incidence annuelle moyenne de 4,3 cas par million de naissances vivantes au cours de cette périodeNote de bas de page 15. De 2005 à 2017, 239 cas de botulisme par blessure contaminée ont été signalés aux États-Unis, dont 93 % étaient associés à l'utilisation de drogues injectablesNote de bas de page 16. Le botulisme intestinal chez les adultes est très rarement signalé et survient sporadiquement avec 33 cas décrits dans la littérature entre 1986 et 2018Note de bas de page 17. Trois des cas ont été signalés au Canada.
L'usage de drogues injectables (principalement de l'héroïne « black tar ») et la consommation d'aliments mis en conserve à la maison constituent des facteurs de risque pour le botulisme par blessure contaminée et le botulisme d'origine alimentaire, respectivementNote de bas de page 9. Dans le cas du botulisme intestinal chez l'adulte, la colonisation se produit généralement suite à une interruption grave de la flore intestinale normale causée par une chirurgie récente, une maladie ou une utilisation d'antibiotiquesNote de bas de page 3. Les facteurs de risque pour le botulisme infantile comprennent vivre en zone rurale, avoir un parent qui travaille avec le sol et l'ingestion de miel au cours de la première année de vieNote de bas de page 3Note de bas de page 6. Les enfants de plus de 1 an peuvent ingérer des spores de C. botulinum sans risque de colonisation en raison du développement de leur microbiote intestinalNote de bas de page 15. Les patientes enceintes atteintes de botulisme peuvent présenter un risque accru d'insuffisance respiratoireNote de bas de page 1.
Le botulisme chez les animaux, comme le bétail, les chevaux et les oiseaux, survient en grandes éclosions avec des taux de mortalité élevés et des pertes économiques importantesNote de bas de page 3. Les animaux peuvent être infectés après avoir ingéré des aliments, des proies et des asticotsNote de bas de page 3Note de bas de page 18 contaminés.
Gamme d'hôtes
Hôtes naturels
Les humains, les oiseaux, le bétail, les poissons, les visons, les renards, les chats, les chiens et les cochons sont les hôtes primairesNote de bas de page 3. Les mouches et leurs larves sont des hôtes secondairesNote de bas de page 18.
Autres hôtes
Les souris et les primates non humains peuvent être infectés de manière expérimentaleNote de bas de page 7.
Dose infectieuse
La dose infectieuse minimale de spores de C. botulinum chez les nourrissons humains est inconnue, mais elle peut être aussi faible que 10-100 spores d'après les estimations suite à l'exposition au miel contenant des sporesNote de bas de page 19.
Période d'incubation
Chez les humains, la période d'incubation varie de 12 à 72 heures pour le botulisme d'origine alimentaireNote de bas de page 2, de 7 à 21 jours pour le botulisme par blessures contaminéesNote de bas de page 6, de 12 à 72 heures pour le botulisme par inhalationNote de bas de page 6 et de 18 à 36 heures pour le botulisme infantileNote de bas de page 2.
Transmissibilité
La transmission entre humains de C. botulinum ne se produit pasNote de bas de page 2. Le botulisme d'origine alimentaire est causé par l'ingestion d'aliments contaminés contenant des BoNT préformées, généralement en raison d'aliments transformés commercialement et préparés à la maison qui ont subi une transformation, un entreposage et/ou une conservation inappropriésNote de bas de page 2Note de bas de page 6. Le botulisme intestinal chez l'enfant et l'adulte implique l'ingestion de spores plutôt que des BoNTNote de bas de page 3. Le botulisme des blessures contaminées est causé par l'exposition de la peau endommagée à des surfaces contaminées comme le sol ou par l'injection d'héroïne « black tar »Note de bas de page 3. Le botulisme par inhalation résulte de l'inhalation de BoNT aérosolisésNote de bas de page 3, tandis que le botulisme iatrogène est causé par l'injection de concentrations suprathérapeutiques de BoNTNote de bas de page 6, cependant, ces formes de botulisme représentent une intoxication plutôt qu'une infection. L'ingestion est considérée comme le mode de transmission le plus courant, car le botulisme d'origine alimentaire et infantile sont les formes les plus courantes de botulisme, bien que la transmission par injection soit également un mode de transmission importantNote de bas de page 2.
Le botulisme animal est généralement causé par l'ingestion d'aliments ou de proies contaminés ou l'infection de blessures causées par l'ubiquité des spores de C. botulinum dans l'environnementNote de bas de page 3.
Section III – Dissémination
Réservoir
C. botulinum a été trouvé dans les tractus gastro-intestinaux d'oiseaux, de poissons et de mammifères en santéNote de bas de page 18. Les poissons et les porcs ont été identifiés comme des animaux sains porteurs des types E et B4 de C. botulinum, respectivementNote de bas de page 20.
Zoonose
Bien que le botulisme ne soit pas une maladie transmissible et qu'il n'y ait pas de transmission directe d'un animal à l'autre, l'ingestion d'aliments contaminés préparés à partir d'animaux sains porteurs de souches de C. botulinum du groupe II, à savoir les porcs (C. botulinum type B4) et les poissons (C. botulinum type E) présente un risque de transmission d'animal à humainNote de bas de page 20.
Vecteurs
Il a été démontré que les mouches nécrophages agissent comme vecteurs mécaniques dans les éclosions de botulisme aviaireNote de bas de page 18. Ces mouches pondent des œufs sur des carcasses d'animaux contaminées par les BoNT, et l'alimentation des larves entraîne la concentration des BoNT, suivie de la consommation de larves par les animaux, ce que l'on appelle le cycle carcasse-asticots.
Section IV – Viabilité et stabilité
Sensibilité/résistance aux médicaments
Sensible à la pénicilline, à l'ampicilline, à l'acide amoxicilline-clavulanique, à la moxifloxacine, au métronidazole, à la clindamycine, à la céphalothine, à la céfoxitine, au chloramphénicol, à la tétracycline, à l'érythromycine, au triméthoprime-sulfaméthoxazole, à la rifampicine et à la vancomycine (avec une certaine variation)Note de bas de page 21Note de bas de page 22Note de bas de page 23. Résistant à la cyclosérineNote de bas de page 23.
C. botulinum s'est révélé sensible aux antibiotiques faisant partie de la famille des céphalosporines, y compris la ceftriaxone, le céfuroxime, le céfotaxime et le céfépime mais par contre, on prétend que le traitement par une céphalosporine peut entraîner une paralysie plus importante et plus soutenueNote de bas de page 21.
Sensibilité aux désinfectants
Le NaCl, à des concentrations entre 5 et 10 %, est suffisant pour prévenir la croissance du C. botulinum, selon le groupe phénotypiqueNote de bas de page 3. Les BoNT sont sensibles aux désinfectants tels que l'éthanol et l'hypochlorite de sodium à 0,1 %Note de bas de page 7. Les spores de C. botulinum sont sensibles à l'hypochlorite de sodium à 1 %Note de bas de page 24. Les spores de Clostridium sporogenes, semblables à celles du C. botulinum, sont sensibles aux désinfectants contenant 0,01 % d'acide peracétique ou 2,5 % de glutaraldéhydeNote de bas de page 25. Les désinfectants généraux contre les spores comprennent : >diacétate de chlorhexidine 0,05 % en poids/vol, >0,05 % en poids/vol de chlorure de cétylpyridinium, >0,4 % en poids/vol de chlorocrésol, >cresol de 5 % en poids/vol, et >0,02 % en poids/vol de phénol de nitrate de phénylmercuriqueNote de bas de page 26.
Inactivation physique
Le traitement thermique à 121 °C pendant 3 minutes à haute pression (appelé « cuisson botulique ») est suffisant pour inactiver les spores de C. botulinumNote de bas de page 3Note de bas de page 9. Les BoNT préformés dans les aliments peuvent être inactivés par chauffage à 85 °C pendant 5 minutesNote de bas de page 3Note de bas de page 6. L'irradiation à des doses de 2,0-4,5 kGy et de 1,0-2,0 kGy est efficace pour obtenir une réduction d'un log de spores de souches protéolytiques et non protéolytiques de C. botulinum, respectivement, dans les aliments congelésNote de bas de page 9. La haute pression hydrostatique (HPH) à 600-900 MPa combiné à des températures élevées (80-110 °C) peut inactiver les spores de C. botulinum, bien que le degré d'inactivation dépend de facteurs liés à l'organisme (p. ex. type de bactérie, phase de croissance, dose d'inoculum, température de croissance optimale), aux matrices alimentaires (p. ex. pH, activité hydrique, propriétés physicochimiques) et aux conditions de traitement (température, air, emballage, liquide sous pression)Note de bas de page 9.
Survie à l'extérieur de l'hôte
Les spores de C. botulinum survivent aisément dans le sol, l'eau et les produits agricoles et peuvent persister dans ces milieux pendant des décenniesNote de bas de page 18. La lumière du soleil inactive les BoNT en 1 à 3 heuresNote de bas de page 27. On estime que les BoNT aérosolisés se dégradent à un taux de 1 à 4 % par minuteNote de bas de page 7.
Section V – Premiers soins et aspects médicaux
Surveillance
Comme le botulisme est une maladie potentiellement mortelle, un diagnostic rapide est crucial et nécessite des tests pour éviter la confusion avec d'autres maladies neurologiquesNote de bas de page 10. Le traitement ne devrait pas attendre la confirmation des résultats des testsNote de bas de page 3. L'essai biologique chez la souris est la méthode la plus fiable pour confirmer le diagnostic de botulismeNote de bas de page 3Note de bas de page 28. Les méthode immuno-enzymatiques (ELISA) et la réaction en chaîne par polymérase (PCR) peuvent également être utilisées pour détecter les BoNT ou C. botulinum à partir d'échantillons de patientsNote de bas de page 2Note de bas de page 28. Si la PCR est utilisée, il est possible de détecter un organisme qui porte le gène producteur du BoNT, mais qui n'exprime pas la toxineNote de bas de page 28.
Le botulisme alimentaire peut être diagnostiqué par la présence de BoNT dans le sérum, les selles et l'aspiration gastrique ou les aliments en cause, ou par culture de C. botulinum à partir de d'un échantillon d'aspiration gastrique ou des selles du patient dans un cas cliniqueNote de bas de page 6Note de bas de page 10Note de bas de page 28Note de bas de page 29. Le botulisme par blessure contaminée peut être diagnostiqué par la présence de BoNT dans le sérum ou par la détection d'une espèce Clostridium productrice de neurotoxines à partir de tissus débridés, d'un échantillon d'écouvillonnages ou d'une culture anaérobique à partir de blessureNote de bas de page 10. Le botulisme intestinal chez l'enfant et l'adulte peut être diagnostiqué par la présence de C. botulinum (ou d'autres espèces productrices de neurotoxines) et/ou de toxines dans les selles du patientNote de bas de page 6. Le botulisme par inhalation peut être diagnostiqué par la détection de BoNT dans le sérumNote de bas de page 7. Le botulisme iatrogène devrait être soupçonné si le patient a reçu récemment des injections thérapeutiques de BoNT, qui peuvent être décelées dans le sérum ou par électromyographie de fibre uniqueNote de bas de page 6.
Remarque : Les recommandations spécifiques pour la surveillance en laboratoire devraient provenir du programme de surveillance médicale, qui est fondé sur une évaluation locale des risques des agents pathogènes et des activités en cours, ainsi qu'une évaluation globale des risques du programme de biosécurité dans son ensemble. De plus amples renseignements sur la surveillance médicale sont disponibles dans le Guide canadien sur la biosécurité.
Premiers soins et traitement
Les personnes soupçonnées, ou diagnostiquées, atteintes de botulisme peuvent avoir besoin de soins de soutien en matière de nutrition et de soutien respiratoireNote de bas de page 6. L'antitoxine botulinique heptavalente (BAT®) est efficace contre les sept sérotypes du botulisme et devrait être utilisée pour traiter tous les cas de botulisme, sauf infantileNote de bas de page 3Note de bas de page 30. Dans le cas du botulisme d'origine alimentaire, le lavage gastrique, les lavements intestinaux et l'administration d'un cathartique (sorbitol) peuvent être considérés si l'ingestion de nourriture contaminée est récenteNote de bas de page 1. Dans le cas du botulisme par blessure contaminée, la plaie doit également être débridée et des antibiotiques, tels que la pénicilline ou le métronidazole, doivent être administrés après le traitement antitoxineNote de bas de page 6Note de bas de page 10. Les antibiotiques ne sont pas recommandés pour d'autres formes de botulisme en raison du risque d'exacerber les symptômes neurologiques et de lyser les cellules C. botulinum végétatives, libérant ainsi plus de BoNTNote de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 10. BabyBIG®, une immunoglobuline d'origine humaine, est utilisée pour traiter le botulisme infantile mais cependant, elle n'est pas approuvée pour être utilisée au Canada et n'est disponible que par l'entremise du Programme d'accès spécial (PAS) de Santé CanadaNote de bas de page 3Note de bas de page 28Note de bas de page 31.
Remarque : Les recommandations spécifiques concernant les premiers soins et les traitements en laboratoire devraient provenir du plan d'intervention après exposition, qui est élaboré dans le cadre du programme de surveillance médicale. De plus amples renseignements sur le plan d'intervention après l'exposition sont disponibles dans le Guide canadien sur la biosécurité.
Immunisation
Aucun vaccin n'est actuellement disponible pour les humainsNote de bas de page 3. En 2018, deux essais cliniques en phase 2 pour des vaccins candidats ont été achevés, dont l'un a été développé pour remplacer la formule BabyBIG®actuelleNote de bas de page 30. Des vaccins vétérinaires ont été mis au point pour protéger le bétail, les moutons, le vison et les chevauxNote de bas de page 3.
Remarque : De plus amples renseignements sur le programme de surveillance médicale sont disponibles dans le Guide canadien sur la biosécurité, et en consultant le Guide canadien d'immunisation.
Prophylaxie
L'administration de BAT® dans les 48 heures suivant l'apparition des symptômes peut réduire la gravité de la maladie et l'évolution de la paralysie dans toutes les formes de botulisme, sauf infantileNote de bas de page 2Note de bas de page 10. L'antitoxine devrait être administrée aux patientes enceintes atteintes de botulismeNote de bas de page 10.
Remarque : De plus amples renseignements sur la prophylaxie dans le cadre du programme de surveillance médicale sont disponibles dans le Guide canadien sur la biosécurité.
Section VI – Dangers pour le personnel de laboratoire
Infections contractées en laboratoire
Avant 1970, trois cas de botulisme par inhalation ont été signalés en laboratoireNote de bas de page 7. Trois membres du personnel vétérinaire éliminaient des lapins et des cobayes dont la fourrure était enduite de BoNT/A aérosolisé. Ce sérotype a été détecté par la suite dans des échantillons sériques des trois personnes. Depuis, il n'y a eu aucun cas documenté de botulisme en laboratoire.
Remarque : Veuillez consulter la Norme canadienne sur la biosécurité et le Guide canadien sur la biosécurité pour obtenir de plus amples renseignements sur les exigences relatives à la déclaration des incidents d'exposition.
Sources et échantillons
C. botulinum et/ou BoNT se retrouvent dans le sang, les selles, les vomissures, les aspirations gastriques, les exsudats des lésions et les frottis de ceux-ci, les tissus débridés, les lésions cutanées des utilisateurs d'héroïne et les aspirations nasales des patients avec une utilisation de cocaïne intranasaleNote de bas de page 3Note de bas de page 6Note de bas de page 10.
Dangers primaires
L'ingestion, le contact avec les lésions cutanées ou les muqueuses et l'inhalation de BoNT aérosolisés sont les principaux dangers associés à l'exposition au C. botulinum et/ou aux BoNTNote de bas de page 3Note de bas de page 7.
Dangers particuliers
Aucun.
Section VII – Contrôle de l'exposition et protection personnelle
Classification par groupe de risque
C. botulinum est un agent pathogène humain du groupe de risque 2 et un agent pathogène animal du groupe de risque 2Note de bas de page 32Note de bas de page 33.
Exigences de confinement
Les installations, l'équipement et les pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 tels que décrits dans la Norme canadienne sur la biosécurité pour le travail avec des matières, des animaux ou des cultures infectieux ou possiblement infectieux.
Vêtements de protection
Les exigences applicables au niveau de confinement 2 pour l'équipement et les vêtements de protection individuelle décrites dans la Norme canadienne sur la biosécurité doivent être respectées. L'équipement de protection individuelle peut inclure l'utilisation d'un sarrau de laboratoire et de chaussures spécialisées (par exemple, des bottes, des chaussures) ou de chaussures de protection supplémentaires (par exemple, des couvre-bottes ou des couvre-chaussures) lorsque les sols peuvent être contaminés (par exemple, les box, les salles de nécropsie), des gants lorsque le contact direct de la peau avec des matériaux ou des animaux infectés est inévitable, et une protection oculaire lorsqu'il existe un risque connu ou potentiel d'exposition à des éclaboussures.
Remarque : Une évaluation locale des risques permettra de déterminer la protection appropriée pour les mains, les pieds, la tête, le corps, les yeux, le visage et les voies respiratoires. De plus, les exigences relatives à l'équipement de protection individuelle pour la zone de confinement et les activités de travail doivent être documentées.
Autres précautions
Le risque d'exposition au BoNT et d'absorption après ingestion, ou après contact avec les lésions cutanées ou les muqueuses, ainsi que la formation de spores de C. botulinum justifient l'utilisation d'une ESB ou d'autres dispositifs de confinement primaire pour les activités avec un récipient ouvert; la centrifugation doit être effectuée dans des coupes de sécurité scellées ou des rotors qui sont déchargés à l'aide d'un mécanisme qui empêche leur libération. Une protection respiratoire doit être envisagée lorsqu'il n'est pas possible d'utiliser une ESB ou d'autres dispositifs de confinement primaire; un flux d'air vers l'intérieur est nécessaire pour les travaux impliquant des animaux de grande taille ou des activités à grande échelle.
L'utilisation d'aiguilles et de seringues est strictement limitée. Le pliage, le cisaillement, le rebouchage ou l'élimination d'aiguilles de seringues est à éviter, et, si nécessaire, à effectuer uniquement comme spécifié dans les procédures d'opération normalisées (PON). Des précautions supplémentaires sont requises pour les travaux comprenant des animaux ou des activités à grande échelle.
Pour les laboratoires de diagnostic qui manipulent des échantillons primaires provenant de patients susceptibles d'être infectés par C. botulinum, les ressources suivantes peuvent être consultées :
- Ligne directrice canadienne sur la biosécurité : Activités de diagnostic humain
- Lignes directrices canadiennes sur la biosécurité : Évaluation locale des risques
Section VIII – Manutention et entreposage
Déversements
Laisser les aérosols se déposer. Tout en portant de l'équipement de protection individuelle, couvrir doucement le déversement avec du papier absorbant et appliquer un désinfectant approprié, à partir du périmètre et en allant vers le centre. Il faut prévoir un temps de contact suffisant avec le désinfectant avant le nettoyage (Guide canadien sur la biosécurité).
Élimination
Toutes les matières ou substances qui sont en contact avec les matières réglementées doivent être entièrement décontaminées avant d'être retirées de la zone de confinement ou des procédures d'opérations normalisées (PON) doivent être en place afin de déplacer ou de transporter les déchets en toute sécurité hors de la zone de confinement vers une zone de décontamination désignée ou une tierce partie. On peut y parvenir en utilisant des technologies et des procédés de décontamination qui se sont avérés efficaces contre les matières réglementées, comme les désinfectants chimiques, l'autoclavage, l'irradiation, l'incinération, un système de traitement des effluents ou la décontamination gazeuse (Guide canadien sur la biosécurité).
Entreposage
Les exigences applicables en matière de confinement de niveau 2 pour l'entreposage, décrites dans la Norme canadienne sur la biosécurité, doivent être respectées. Les contenants primaires de matières réglementées enlevés de la zone de confinement doivent être étiquetés, étanches aux fuites, résistants aux impacts et gardés soit dans des équipements d'entreposage verrouillés, soit dans une zone à accès limité.
Section IX – Renseignements sur la réglementation et autres
Renseignements sur la réglementation canadienne
Les activités contrôlées avec C. botulinum nécessitent un permis d'agent pathogène et de toxine délivré par l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC). C. botulinum est un pathogène animal terrestre au Canada; par conséquent, son importation nécessite un permis d'importation en vertu du Règlement sur la santé des animaux (RSA). L'ASPC délivre un permis d'agent pathogène et de toxine qui comprend un permis d'agent pathogène et de toxine et un permis d'importation conformément au RSA.
Voici une liste non exhaustive des désignations, des règlements ou des lois applicables :
- Loi sur les agents pathogènes humains et les toxines et Règlement sur les agents pathogènes humains et les toxines
- Loi sur la santé des animaux et Règlement sur la santé des animaux
- Loi sur la mise en quarantaine
- Maladies à déclaration obligatoire à l'échelle nationale (humaines)
- Maladies à notification annuelle (animales)
Dernière mise à jour
Juin 2024
Rédigé par
Centre de la biosûreté, Agence de la santé publique du Canada.
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