Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Escherichia coli, enterotoxigenic

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Escherichia coli, entérotoxinogène

SYNONYME OU RENVOI : ECET Note de bas de page 1,Note de bas de page 2, E. coli entéropathogène Note de bas de page 2.

CARACTÉRISTIQUES : Escherichia coli entérotoxinogène (ECET) appartient à la famille des Enterobacteriaceae Note de bas de page 3. Il s’agit d’un bacille Gram négatif, en forme de bâtonnet, asporulé, qui peut se déplacer au moyen de flagelles péritriches ou être non mobile. Les bactéries se développent sur gélose MacConkey (les colonies, rouges ou incolores, atteignent un diamètre de 2 à 3 mm) Note de bas de page 4. Elles peuvent croître dans des conditions aérobies ou anaérobies Note de bas de page 1, et produisent deux types d’entérotoxines : des entérotoxines thermolabiles (LT) (oligomériques) et des entérotoxines thermostables (ST) (monomémiques) Note de bas de page 2,Note de bas de page 3.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : L’infection par ECET se caractérise habituellement par l’apparition soudaine de diarrhée aqueuse non sanglante, sans présence de mucus ou de pus (non dysentérique) Note de bas de page 1. La diarrhée est habituellement légère à modérée, mais certains patients peuvent présenter une déperdition hydrique sévère Note de bas de page 1. Une faible fièvre, des nausées et des douleurs abdominales peuvent être présentes Note de bas de page 5. La déshydratation peut devenir sévère ou mortelle chez les nouveau-nés et les enfants, et nécessite un traitement énergique en vue d’assurer le remplacement des liquides et des électrolytes Note de bas de page 2. Il s’agit d’une maladie spontanément résolutive qui disparaît après 2 à 5 jours et qui est courante surtout chez les voyageurs adultes Note de bas de page 1; certaines souches peuvent toutefois provoquer une maladie beaucoup plus longue, dont la durée médiane est de 7 jours Note de bas de page 6. On estime qu’ECET provoque chaque année 800 000 décès Note de bas de page 7.

ÉPIDÉMIOLOGIE : Chez l’humain, la diarrhée due à ECET est la maladie la plus courante causée par les souches pathogènes d’E. coli Note de bas de page 7. On estime que plus de 650 millions de cas d’infection par ECET surviennent chaque année Note de bas de page 7. L’infection à ECET frappe davantage les pays en développement qui ne disposent pas d’installations sanitaires appropriées ni d’installations de traitement de l’eau potable Note de bas de page 1,Note de bas de page 2, mais elle est désormais considérée comme une maladie d’origine alimentaire ou hydrique réémergente dans les pays développés. Dans les pays en développement, la maladie peut survenir à n’importe quel moment durant l’année, mais un pic d’incidence est atteint pendant la saison chaude et humide, qui favorise la multiplication des bactéries dans l’environnement Note de bas de page 1. La maladie due à ECET touche les jeunes enfants dans les pays en développement Note de bas de page 2. ECET est à l’origine de la maladie chez 10 à 30 % des enfants atteints de diarrhée Note de bas de page 8. Dans les zones endémiques, de 20 à 40 % des cas de diarrhée sont causés par ECET Note de bas de page 8. Il ressort de plusieurs études que de 20 à 60 % des voyageurs venant de pays développés sont atteints de diarrhée lorsqu’ils se rendent dans des régions où l’infection par ECET est endémique Note de bas de page 8. En outre, plusieurs éclosions sont survenues à bord de navires de croisière, qui semblent être un endroit où la maladie causée par ce microorganisme se manifeste assez fréquemment Note de bas de page 9. Des éclosions d’infection par ECET causées par des souches endémiques, qui ne sont pas liées à des voyages, sont survenues aux États­Unis Note de bas de page 10-Note de bas de page 12 et au Danemark Note de bas de page 13,Note de bas de page 14. Comme dans le cas de la diarrhée du voyageur, la maladie causée par ECET dans les pays développés touche généralement les enfants plus âgés et les adultes.

GAMME D'HÔTES : L’humain (principalement les nouveau-nés et les voyageurs venant d’une région où l’infection par ECET n’est pas endémique) Note de bas de page 7 et les animaux (animaux d’élevage et diarrhée post-sevrage chez les porcelets) Note de bas de page 7. L’infection à ECET a été fortement associée aux bovins Note de bas de page 15, mais le rôle des bovins dans la transmission de souches infectieuses à l’humain n’a pas encore été élucidé.

DOSE INFECTIEUSE : La dose infectieuse d’ECET chez l’adulte est estimée à au moins 10microorganismes, mais les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées pourraient être vulnérables à des doses moins élevées Note de bas de page 16.

MODE DE TRANSMISSION : ECET se propage principalement par voie oro-fécale. L’infection par ECET est plus courante dans les pays en voie de développement qui ne disposent pas d’installations sanitaires appropriées ni d’installations de traitement de l’eau potable Note de bas de page 17. Le mode de transmission le plus important est l’eau potable contaminée ou traitée de façon inadéquate Note de bas de page 1,Note de bas de page 2. Les fruits et les légumes crus lavés avec de l’eau contaminée sont également des vecteurs de transmission Note de bas de page 1,Note de bas de page 2. La transmission interhumaine est peu fréquente Note de bas de page 17.

PÉRIODE D'INCUBATION : La période d’incubation est courte, soit de 14 à 30 heures Note de bas de page 5.

TRANSMISSIBILITÉ : La transmission interhumaine est possible, mais peu fréquente en raison de la dose infectieuse élevée Note de bas de page 1,Note de bas de page 18.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : Humains Note de bas de page 7 et animaux (en particulier les porcelets qui viennent d’être sevrés) Note de bas de page 7.

ZOONOSE : Aucun cas signalé Note de bas de page 19.

VECTEURS : Aucun.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Sensible au carbapénème, à la fosfomycine­trométamol, à la nitrofurantoïne et à l’apolactoferrine bovine Note de bas de page 2,Note de bas de page 20. Les bactéries E. coli peuvent être résistantes au chloramphénicol, aux bêta‑lactamines, à l’acide nalidixique, à l’ampicilline et à la ciprofloxacine Note de bas de page 2. Les fluoroquinolones, notamment la ciprofloxacine, augmentent la production de toxines.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Sensible au 2,2-dibromo-2-cyanoacétamide (DBA) associé à l’iodure de sodium (ratio de 20 : 80), à l’iode, au glutaraldéhyde à 2 %, à l’ammonium quaternaire (20 °C, 0,5 min.), à l’hypochlorite (0,525 %, 20 °C, 0,5 min.), aux composés phénoliques (20 °C, 0,5 min.) et à l’alcool éthylique (70 %, 20 °C, 0,5 min.) Note de bas de page 21-Note de bas de page 23.

INACTIVATION PHYSIQUE : Les bactéries E. coli peuvent être inactivées par l’ozone Note de bas de page 24. Elles sont également sensibles à un traitement par la chaleur, en particulier à des températures de 70 °C ou plus Note de bas de page 19,Note de bas de page 25.

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : Les bactéries E. coli peuvent survivre pendant une période allant de 1,5 heure à 16 mois sur des surfaces inertes sèches Note de bas de page 26.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition des symptômes. La coproculture est une méthode couramment utilisée pour détecter la présence de bactéries E. coli Note de bas de page 27. Les bactéries ECET peuvent être détectées au moyen de sondes d’ADN oligonucléotidiques non radiomarquées et de la PCR ciblant les gènes LT et ST Note de bas de page 1,Note de bas de page 2. La méthode ELISA peut également être utilisée pour détecter les gènes LT et ST Note de bas de page 1,Note de bas de page 2.

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Le traitement par le triméthoprime/sulfaméthoxazole (TMP-SMX) ou par des quinolones réduit la durée de la diarrhée Note de bas de page 18. Le remplacement des liquides et des électrolytes s’effectue généralement par voie orale Note de bas de page 1,Note de bas de page 19. L’utilisation de la solution de sels de réhydratation orale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a été recommandée Note de bas de page 1. Il peut être nécessaire de procéder à une réhydratation par voie intraveineuse chez les nourrissons, ou en cas de vomissements abondants ou de déshydratation sévère Note de bas de page 1. Le subsalicylate de bismuth peut diminuer le volume de la diarrhée et la durée de la maladie Note de bas de page 1. Un traitement antimicrobien n’est généralement pas indiqué, étant donné que la maladie est spontanément résolutive Note de bas de page 1.

IMMUNISATION : Il n’existe actuellement aucun vaccin approuvé destiné aux humains contre E. coli diarrhéogène Note de bas de page 1.

PROPHYLAXIE : Le TMP-SMX est recommandé pendant une courte période (< 2 semaines) chez les sujets présentant un risque élevé de développer la maladie Note de bas de page 18. Le subsalicylate de bismuth présente certains avantages sur le plan de la prophylaxie, mais ne devrait pas remplacer les autres mesures de prévention Note de bas de page 1.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Douze cas d’infection par E. coli ont été signalés chez des employés de laboratoire, et la majorité de ces cas étaient attribuables à la souche entérohémorragique d’E.coli (ECEH) Note de bas de page 28.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Selles et tout élément contaminé par des matières fécales Note de bas de page 1,Note de bas de page 2.

DANGERS PRIMAIRES : Ingestion Note de bas de page 28.

DANGERS PARTICULIERS : Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2 Note de bas de page 29. Le groupe de risque correspond au genre dans son ensemble et peut ne pas s’appliquer à toutes les espèces du genre.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux Note de bas de page 30.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 30.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) Note de bas de page 30. L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer Note de bas de page 30.

ÉLIMINATION : Décontaminer les matières à éliminer contenant l’agent infectieux ou ayant été en contact avec celui‑ci par stérilisation à la vapeur, désinfection chimique, rayonnement gamma ou incinération Note de bas de page 30.

ENTREPOSAGE : Dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée Note de bas de page 30.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Décembre 2011

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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