Fiche technique santé-sécurité : Agents pathogènes - Taenia solium
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- Section I : Agent infectieux
- Section II : Détermination du risque
- Section III : Dissémination
- Section IV : Viabilité et stabilité
- Section V : Premiers soins et aspects médicaux
- Section VI : Dangers pour le personnel de laboratoire
- Section VII : Contrôle de l'exposition et protection personnelle
- Section VIII : Manutention et entreposage
- Section IX : Renseignements sur la réglementation et autres
- Références
Section I : Agent infectieux
Nom : Taenia solium
Synonyme ou renvoi : Ténia du porc, téniase, taeniasis, cysticercose, neurocysticercoseNote de bas de page 1, Cysticercus cellulosaeNote de bas de page 2Note de bas de page 3.
Caractéristiques : Taenia solium est un ver solitaire de la classe des Cestoda, de l'ordre des Cyclophyllidea et de la famille des TæniidaeNote de bas de page 1.
Ver adulte : Les vers matures ne sont observés que chez l'humain. Leur taille atteint 2 à 4 mètres; leur scolex est muni de 4 ventouses et le rostre est garni d'une double couronne de crochets. Les proglottis gravides ont un diamètre et une longueur de 1 cm. L'ovaire comporte 2 lobes, 1 lobe accessoire et 1 pore génital. Le proglottis gravide de T. solium comporte 12 ramifications latérales, mais n'a pas de sphincter vaginal.
Larve (cysticerques) : La forme larvaire de T. solium est appelée Cysticercus cellulosae. Les cysticerques mesurent de 8 à 10 mm et sont contenus dans une vésicule remplie de liquide. Les cysticerques peuvent se retrouver dans les yeux, la moelle épinière ou les muscles de l’hôte intermédiaire, ou dans le cerveau dans le cas de neurocysticercose.
Œufs : Les œufs sont sphériques et mesurent de 30 à 40 μm de diamètre. Ils sont constitués d'un embryon pourvu de 6 crochets (oncosphère), qui est entouré d'une mince coque présentant des stries radiaires de couleur brun-jaune. Sur le plan morphologique, les œufs de T. solium sont identiques à ceux de Taenia saginata, mais, contrairement aux seconds, ils peuvent coloniser les humains.
Section II : Détermination du risque
Pathogénicité et toxicité : L'infection par le ténia du porc adulte est appelée téniase et ne s'observe que chez l'humain, qui est le seul hôte définitif. La cysticercose est causée par la larve de T. solium.
Téniase : La plupart des porteurs de T. solium sont asymptomatiques; toutefois, certains symptômes tels une obstruction, une diarrhée, une faim douloureuse, une perte de poids et de l'inconfort peuvent se manifesterNote de bas de page 4Note de bas de page 5.
Cysticercose : À l'état larvaire, le ver peut infecter diverses parties du corpsNote de bas de page 6. Les porteurs de T. solium présentent un risque considérable de développer la cysticercose par contact avec les œufs (contamination fécale-orale causant une auto-infection)Note de bas de page 5. Les porteurs peuvent aussi infecter leurs proches qui seront alors atteints de cysticercose. C'est en Asie et en Afrique que la cysticercose sous-cutanée est le plus souvent observée; elle est caractérisée par la présence de petits nodules sur les bras et la poitrine, qui disparaissent graduellement au fil des mois ou des années. La cysticercose musculaire est plus courante et est caractérisée par des calcifications révélées par la radiographie. La cysticercose oculaire est rare et causée par la présence de kystes qui flottent dans l’œil. Si les kystes se retrouve dans le corps vitré ilspeuvent entraîner une altération de la vision, alors que s’ils se retrouvent dans l’espace sous-rétinien, ils peuvent entraîner un décollement de la rétine. La neurocysticercose résulte de l'infection du système nerveux central; les patients peuvent rester asymptomatiques pendant plusieurs années avant que l'affection ne se manifeste par divers symptômes neurologiques non spécifiques tels les maux de tête, la confusion, l'ataxie, les convulsions et le méningismeNote de bas de page 7. Les convulsions épileptiques sont le symptôme le plus courant et la neurocysticercose est la principale cause d'épilepsie apparaissant à l'âge adulte. Les effets nocifs surviennent lorsque le cysticerque dégénère et déclenche une réponse immunitaire.
Épidémiologie : Partout dans le mondeNote de bas de page 1Note de bas de page 6. La prévalence est plus importante en Amérique latine, en Asie, en Afrique subsaharienne, en Europe de l'Est et dans certaines régions de l'OcéanieNote de bas de page 6Note de bas de page 8.
Gamme d'hôtes : L'humain est l'hôte définitifNote de bas de page 1Note de bas de page 4Note de bas de page 9Note de bas de page 10. Des études expérimentales respectant un protocole strict ont démontré que les chats et les chiens peuvent être des hôtes temporaires de T. solium cependant, le ver ne se développe pas au stade adulteNote de bas de page 11. Un gibbon a été infecté expérimentalement et un proglottis gravide a été récupéré, démontrant qu’il peut agir comme un hôte définitif. Les porcsNote de bas de page 4Note de bas de page 9Note de bas de page 10 sont les hôtes intermédiaire natifs, alors que les humains et les chiensNote de bas de page 2Note de bas de page 12 peuvent aussi agir comme hôtes intermédiaires du parasite.
Dose infectieuse : Inconnue.
Mode de transmission : L'hôte intermédiaire contracte T. solium en ingérant les œufsNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Après avoir colonisé les tissus de l'hôte intermédiaire, les œufs se transforment en cysticerques infectieux, que les humains contractent en consommant de la viande de porc insuffisamment cuite.
La cysticercose survient chez l'humain lorsque ce dernier est infecté par la larve de T. solium après avoir ingéré des œufs. Les œufs se transforment en larves, qui traversent la paroi intestinale et empruntent le système circulatoire pour se répandre dans l'organisme et atteindre les tissus, où elles s'enkystent sous forme de cysticerquesNote de bas de page 13. La téniase est par contre l'infection par un ver adulte de T. solium, provoquée chez l'humain (l'hôte définitif) par l'ingestion de cysticerques.
Période d'incubation : Après l'ingestion d'œufs de T. solium, les cysticerques mettent 2 à 3 mois à se développer dans les muscles. Les proglottis apparaissent dans les selles du patient dans les 2 mois suivant l'ingestion de cysticerquesNote de bas de page 6.
Transmissibilité : Les humains contractent l'infection par contamination fécale-orale, d'une personne porteuse du parasite adulte et matureNote de bas de page 6Note de bas de page 9, ou par l'ingestion de viande de porc insuffisamment cuite contaminée par les cysticerques de T. solium. Une auto-infection est aussi possible.
Section III : Dissémination
Réservoir : Les humains et les porcs sont les réservoirs les plus courantsNote de bas de page 4Note de bas de page 9Note de bas de page 10. Les chiens, les chats et les primates non humains sont très rarement des réservoirsNote de bas de page 2Note de bas de page 11Note de bas de page 12.
Zoonose : Oui. Les humains sont infectés par le ténia du porc en consommant de la viande de porc crue ou insuffisamment cuiteNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 4Note de bas de page 14Note de bas de page 15.
Vecteurs : Aucun.
Section IV : Viabilité et stabilité
Sensibilité aux médicaments : Sensible à l'albendazole et au praziquantelNote de bas de page 1Note de bas de page 4Note de bas de page 16.
Sensibilité aux désinfectants : Sensible à l'hypochlorite de sodiumNote de bas de page 17 à 1 % et au glutaraldéhyde à 2 %Note de bas de page 18.
Inactivation physique : Les cysticerques sont inactivés par l'irradiation ou la cuissonNote de bas de page 19 (à une température d'au moins 60 °CNote de bas de page 4), ainsi que par 4 jours d'exposition à une température de - 10 °CNote de bas de page 20.
Survie à l'extérieur de l'hôte : Les cysticerques peuvent survivre jusqu'à 30 jours dans une carcasse de porc à 4 °CNote de bas de page 20; les œufs peuvent subsister dans l'environnement pendant des moisNote de bas de page 2.
Section V : Premiers soins et aspects médicaux
Surveillance : Surveillez l'apparition des symptômes. Le diagnostic de téniase repose sur l'observation d'œufs et de proglottis dans les selles examinées au microscopeNote de bas de page 6. Cependant, l'excrétion des œufs est intermittente et les résultats de l'examen parasitologique des selles s'avèrent généralement négatifs. La cysticercose peut être diagnostiquée par la détection des antigènes dans le sérum, le LCR ou les selles. On a recours à l'analyse EITB (enzyme-linked immunoelectrotransfer blot) afin d'accroître la spécificité des épreuvesNote de bas de page 21.
Premiers soins et traitement : L'infection est traitée par l'albendazole ou le praziquantelNote de bas de page 5.
Immunisation : Aucune.
Prophylaxie : Aucune.
Section VI : Dangers pour le personnel de laboratoire
Infections contractées au laboratoire : AucuneNote de bas de page 3.
Sources et échantillons : Les sellesNote de bas de page 3, les muscles, le cerveau, les organes et le liquide céphalorachidien (LCR)Note de bas de page 12.
Dangers primaires : Ingestion d'œufs ou de cysticerques infectieuxNote de bas de page 3.
Dangers particuliers : Le processus d'identification demande l'adoption de précautions particulières étant donné qu'il est impossible, sur le plan morphologique, de distinguer les œufs de T. solium et de T. saginata non infectieuxNote de bas de page 14. Les œufs de T. solium sont hautement infectieux et subsistent dans l'environnement pendant plusieurs mois. La téniase (parasitose intestinale) peut être évitée par la destruction, la congélation ou la cuisson adéquate du porc contaminé. La cysticercose est toutefois due à une contamination fécale-orale par des matières contenant des œufs de T. solium.
Section VII : Contrôle de l'exposition et protection personnelle
Classification par groupe de risque : Groupe de risque 2Note de bas de page 22.
Exigences de confinement : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieuxNote de bas de page 23.
Vêtements de protection : Sarrau. Gants, lorsqu'un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussureNote de bas de page 23.
Autres précautions : Tous les actes médicaux pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB)Note de bas de page 21. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle.Note de bas de page 23.
Section VIII : Manutention et entreposage
Déversements : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyerNote de bas de page 23.
Élimination : Décontaminer les matières à éliminer qui contiennent l'agent infectieux ou sont venues en contact avec celui-ci par autoclavage, désinfection chimique, irradiation gamma ou incinérationNote de bas de page 23.
Entreposage : L'agent infectieux devrait être conservé dans des contenants étanches dûment étiquetés de façon appropriéeNote de bas de page 23.
Section IX : Renseignements sur la réglementation et autres
Information sur la réglementation : L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.
Dernière mise à jour : Décembre 2011
Préparée par : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.
Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.
Tous droits réservés
©Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada
Références
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