Virus Alkhumra : Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes
Section I – Agent infectieux
Nom
Virus Alkhumra
Type d'agent
Virus
Taxonomie
Famille
Flaviviridae
Genre
Flavivirus
Espèce
Virus de la maladie de la forêt de Kyasanur
Sous-espèce/souche/isolat clonal
Virus Alkhumra
Synonyme ou renvoi
Virus Alkhumra (ALKV), virus de la fièvre hémorragique AlkhumraFootnote 1Footnote 2, virus d'Alkhumra Footnote 3Footnote 4.
Caractéristiques
Brève description
L'ALKV est étroitement lié au virus de la maladie de la forêt de KyasanurFootnote 1Footnote 2. L'ALKV est un virus à ARN simple brin, à sens positif. Son génome a une longueur d'environ 10,5 kbFootnote 1. L'ALKV a une symétrie icosaédrique, est entouré d'une enveloppe lipidique et a un diamètre d'environ 40 nmFootnote 5.
Section II – Identification des dangers
Pathogénicité et toxicité
L'ALKV est l'agent responsable de la fièvre hémorragique AlkhumraFootnote 6Footnote 7. Chez certaines personnes, les infections par l'ALKV peuvent être subcliniquesFootnote 8. Les personnes symptomatiques peuvent présenter des symptômes semblables à ceux de la grippe, notamment de la fièvre (de 96 % à 100 %), des malaises (de 59 % à 86 %), de l'anorexie (62 %) ou des nausées (60 %)Footnote 9Footnote 10. Des manifestations hémorragiques ont été signalées chez 26 % à 55 % des patientsFootnote 9. Les manifestations neurologiques sont moins fréquentes et comprennent la confusion (de 3 % à 25 %), les hallucinations (4,3 %), la rigidité du cou (de 1 % à 9 %) et les convulsions (de 2 % à 5 %)Footnote 9Footnote 11. Dans 3 % des cas symptomatiques, la maladie est biphasiqueFootnote 7. Dans ces cas, la fièvre initiale persiste pendant 9 à 10 jours, suivie d'une période sans symptôme pendant deux à trois jours et d'une seconde période fébrile de deux joursFootnote 7. Des complications, y compris l'encéphalite, ont été signalées dans 12 % à 20 % des casFootnote 7Footnote 9. Le taux global de mortalité est d'environ 1 %Footnote 7, alors qu'une éclosion a eu un taux de mortalité de 25 %Footnote 6.
Épidémiologie
Depuis sa découverte en 1995, l'ALKV est endémique en Arabie Saoudite, avec des éclosions sporadiquesFootnote 7Footnote 10Footnote 12. Depuis 2009, environ 38 à 93 nouveaux cas de fièvre hémorragique Alkhumra sont signalés chaque année en Arabie SaouditeFootnote 10Footnote 11. Récemment, des cas liés aux voyages et des cas dans les régions géographiques avoisinantes sont devenus plus fréquentsFootnote 1Footnote 13.
Les facteurs prédisposants comprennent les personnes qui manipulent de la viande crue ou du sang provenant d'animaux infectés, ou qui sont en contact étroit avec ces substances dans le cadre de leur travail. Cela comprend les travailleurs d'abattoirs, les bouchers et les bergersFootnote 12Footnote 14.
Gamme d'hôtes
Hôtes naturels
Les humains, les moutonsFootnote 15, les chameauxFootnote 1, les chèvresFootnote 11.
Autres hôtes
Des souris ont été infectées expérimentalement par l'ALKVFootnote 16.
Dose infectieuse
Inconnue.
Période d'incubation
Environ de 3 à 8 joursFootnote 6.
Transmissibilité
Aucune preuve de transmission entre humains. L'ALKV peut être transmis par des piqûres de tiques infectées et par contact direct avec le sang ou la viande crue provenant d'animaux infectésFootnote 7Footnote 12Footnote 15. Même si d'autres flavivirus peuvent être transmis aux humains par la consommation de produits laitiers crusFootnote 17Footnote 18, il n'existe actuellement pas de données probantes suffisantes pour étayer cette voie de transmission de l'ALKVFootnote 8Footnote 19.
Section III – Dissémination
Réservoir
Les réservoirs potentiels comprennent les chèvres, les moutons et les chameauxFootnote 20.
Zoonose
L'ALKV peut être transmis aux humains par le bétail infecté par contact direct avec le sang ou la viande crue provenant d'animaux infectésFootnote 12Footnote 15.
Vecteurs
L'ALKV est transmis aux hôtes mammifères par des piqûres de tiques. L'ALKV a été détecté dans la tique molle Ornithodoros savignyiFootnote 21 et dans les tiques dures Hyalomma dromedarii et Amblyomma lepidumFootnote 19Footnote 22.
Section IV – Viabilité et stabilité
Sensibilité/résistance aux médicaments
Un analogue de l'adénosine (NITD008), la 6-azauridine, la 2'-C-méthylcytidine et l'interféron alpha 2a ont inhibé la réplication de l'ALKV in vitroFootnote 23Footnote 24. Les pérylényltriazoles, un analogue de l'aglycon de l'antibiotique teicoplanine (LCTA-949) et Arbidol (umifénovir), un médicament antiviral à large spectre approuvé en Chine et en Russie pour le traitement de la grippe, ont démontré une activité antivirale contre d'autres flavivirus in vitro Footnote 25Footnote 26Footnote 27.
Sensibilité aux désinfectants
L'éthanol (70 %) inactive efficacement l'ALKVFootnote 1. D'autres membres du genre Flavivirus sont inactivés par les désinfectants à base d'iode (1 %), l'hypochlorite (1 %), le paraformaldéhyde et le glutaraldéhyde (2 %)Footnote 28Footnote 29.
Inactivation physique
L'ALKV est inactivé par traitement thermique à 60 °C pendant trois minutes et à 56 °C pendant 30 minutesFootnote 30. Les flavivirus peuvent être inactivés par rayonnement UV et pH extrême (pH ≥ 9)Footnote 28Footnote 29.
Survie à l'extérieur de l'hôte
Aucune documentation ne fournit actuellement de renseignements sur la survie de l'ALKV à l'extérieur de l'hôte. D'autres flavivirus à tiques sont stables dans le lait pendant 72 heures à température de réfrigération, mais sont indétectables après 48 heures à température ambianteFootnote 31.
Section V – Premiers soins et aspects médicaux
Surveillance
Le diagnostic se fait au moyen de la surveillance des symptômes cliniques. L'ALKV peut être détecté dans le sang à l'aide de la transcriptase inverse suivie de la réaction en chaîne de la polymérase (RT-PCR)Footnote 8Footnote 32. L'épreuve immunoenzymatique compétitive (ELISA) peut être utilisée pour détecter les anticorps ALKV dans le sang, mais la réaction croisée avec d'autres flavivirus (p. ex., la dengue, la fièvre jaune, le virus du Nil occidental) peut être problématiqueFootnote 8Footnote 14.
Remarque: Les recommandations spécifiques pour la surveillance en laboratoire devraient provenir du programme de surveillance médicale, qui est fondé sur une évaluation locale des risques des agents pathogènes et des activités en cours, ainsi qu'une évaluation globale des risques du programme de biosécurité dans son ensemble. De plus amples renseignements sur la surveillance médicale sont disponibles dans le Guide canadien sur la biosécurité (GCB).
Premiers soins et traitement
Aucun traitement antiviral n'est disponible pour la fièvre hémorragique Alkhumra; le traitement comprend des soins de soutien pour gérer les symptômesFootnote 14Footnote 28.
Remarque : Les recommandations spécifiques concernant les premiers soins et les traitements en laboratoire devraient provenir du plan d'intervention après exposition, qui est élaboré dans le cadre du programme de surveillance médicale. De plus amples renseignements sur le plan d'intervention après l'exposition sont disponibles dans le GCB.
Immunisation
Aucun vaccin n'est actuellement disponible.
Remarque : De plus amples renseignements sur le programme de surveillance médicale sont disponibles dans le GCB et en consultant le Guide canadien d'immunisation.
Prophylaxie
Aucune.
Remarque : De plus amples renseignements sur la prophylaxie dans le cadre du programme de surveillance médicale se trouvent dans le GCB.
Section VI – Dangers pour le personnel de laboratoire
Infections contractées en laboratoire
Aucune n'a été signalée à ce jour.
Remarque : Veuillez consulter la Norme canadienne sur la biosécurité (NCB) et le GCB pour obtenir de plus amples renseignements sur les exigences relatives à la déclaration des incidents d'exposition. Une ligne directrice canadienne sur la biosécurité décrivant les procédures de déclaration est également disponible.
Sources et échantillons
Les échantillons de sang et de sérum ainsi que des spécimens de biopsie peuvent être des sources d'ALKV.
Dangers primaires
L'exposition des muqueuses ou des blessures à des matières infectieuses, ainsi que les piqûres ou les égratignures provenant d'un animal infecté sont les principaux dangers associés à l'exposition au ALKV.
Dangers particuliers
Aucun.
Section VII – Contrôle de l'exposition et protection personnelle
Classification par groupe de risque
Le virus Alkhumra est un pathogène humain du groupe de risque (GR) 4 et un pathogène animal du GR 4Footnote 33Footnote 34.
Exigences de confinement
Les installations, l'équipement et les pratiques opérationnelles de niveau de confinement 4, tel qu'ils sont décrits dans la NCB pour le travail avec des matières, des animaux ou des cultures infectieux ou possiblement infectieux.
Vêtements de protection
Les exigences applicables au niveau de confinement 4 pour l'équipement et les vêtements de protection individuelle décrites dans la NCB doivent être respectées. L'utilisation d'une combinaison à pression positive ou d'enceintes de sécurité biologique (ESB) de classe III est requise pour tout travail avec des agents pathogènes du GR4.
Remarque : Une évaluation locale des risques permettra de déterminer la protection appropriée pour les mains, les pieds, la tête, le corps, les yeux, le visage et les voies respiratoires. De plus, les exigences relatives à l'équipement de protection individuelle pour la zone de confinement doivent être documentées.
Autres précautions
Toutes les activités impliquant des récipients ouverts qui contiennent des matières réglementées doivent être effectuées dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) certifiée ou dans un autre dispositif de confinement primaire approprié. La centrifugation des matières infectées doit être effectuée dans des contenants fermés placés dans des gobelets de sûreté scellés ou dans des rotors qui sont déchargés dans une enceinte de sécurité biologique. L'intégrité des combinaisons pressurisées doit être vérifiée régulièrement pour détecter les fuites possibles. L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets pointus doit être restreinte. Les plaies ouvertes, les coupures, les égratignures et les éraflures doivent être recouvertes par des pansements imperméables. Les travailleurs doivent prendre des précautions supplémentaires pour les travaux impliquant des animaux.
Section VIII – Manutention et entreposage
Déversements
La zone de déversement doit être évacuée et sécurisée. Laisser les particules en aérosols se déposer pendant 30 minutes. Les déversements de matières potentiellement contaminées doivent être recouverts de papier absorbant (p. ex. des essuie-tout), puis abondamment recouverts d'un désinfectant efficace (p. ex., hypochlorite de sodium à 1 %). Il faut laisser le désinfectant pendant une période appropriée (p. ex., 10 minutes) avant de commencer à essuyer le déversement. Après le retrait de la matière initiale, le processus de désinfection doit être répété. Les personnes qui effectuent cette tâche doivent porter de l'EPI, notamment des respirateurs à particules (p. ex., N95 ou protection supérieure). Les gants jetables, les blouses imperméables et les lunettes de protection doivent être retirés immédiatement après la fin du processus, placés dans un sac autoclave et décontaminés avant l'élimination (GCB).
Élimination
Toutes les matières et substances qui sont entrées en contact avec les matières réglementées doivent être complètement décontaminées avant d'être retirées de la zone de confinement. Pour ce faire, on peut utiliser des technologies et des procédés de décontamination qui se sont avérés efficaces contre les matières réglementées, comme les désinfectants chimiques, l'autoclave, l'irradiation, l'incinération, un système de traitement des effluents ou une décontamination gazeuse (GCB).
Entreposage
Les exigences applicables du niveau de confinement 4 pour l'entreposage décrites dans le GCB doivent être respectées. Les agents pathogènes, toxines et autres matières réglementées doivent être entreposés dans la zone de confinement. Les agents pathogènes du groupe de risque 4 (RG4) entreposés à long terme doivent figurer dans un répertoire qui sera tenu à jour et qui comprendra :
- l'identification précise des agents pathogènes, des toxines et des autres matières infectieuses réglementées;
- un moyen de détecter rapidement un échantillon manquant ou volé.
Section IX – Renseignements sur la réglementation et autres
Renseignements sur la réglementation canadienne
Les activités contrôlées avec l'ALKV nécessitent un permis d'agent pathogène humain et de toxines, délivré par l'Agence de la santé publique du Canada. L'ALKV est un pathogène animal non indigène au Canada; par conséquent, l'importation de ce virus nécessite un permis d'importation délivré par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA).
Voici une liste non exhaustive des désignations, règlements ou lois applicables :
- Loi sur les agents pathogènes humains et les toxines et Règlement sur les agents pathogènes humains et les toxines
- Loi sur la santé des animaux et Règlement sur la santé des animaux
- Règlement sur le transport des marchandises dangereuses
Dernière mise à jour
Octobre 2019
Rédigé par
Centre de la biosûreté, Agence de la santé publique du Canada.
Mise en garde
L'information scientifique, opinions et recommandations contenues dans cette Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes ont été élaborées sur la base de ou compilées à partir de sources fiables disponibles au moment de la publication. Les dangers nouvellement découverts sont fréquents et ces informations peuvent ne pas être totalement à jour. Le gouvernement du Canada ne se tient pas responsable de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements.
Les personnes au Canada sont tenues de se conformer aux lois pertinentes, y compris les règlements, les lignes directrices et les normes applicables à l'importation, au transport et à l'utilisation d'agents pathogènes au Canada, établis par les autorités réglementaires compétentes, notamment l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement et Changement climatique Canada et Transports Canada. La classification des risques et les exigences réglementaires connexes mentionnées dans la présente Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes, telles que celles qui figurent dans la norme canadienne de biosécurité, peuvent être incomplètes et sont spécifiques au contexte canadien. D'autres juridictions auront leurs propres exigences.
Tous droits réservés©Agence de la santé publique du Canada, 2023, Canada
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