Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Virus de l’encéphalite de Saint-Louis
FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES
SECTION I – AGENT INFECTIEUX
NOM: Virus de l’encéphalite de Saint-Louis
SYNONYME OU RENVOI : ESL, VESL, virus de l’encéphalite de Saint-Louis, encéphalite transmise par les moustiques, encéphalite transmise par les arthropodes, arbovirus, encéphalite virale(Footnote 1Footnote 2).
CARACTÉRISTIQUES: Le virus de l’encéphalite de Saint-Louis (VESL) appartient à la famille des Flaviviridae et au genre Flavivirus (anciennement regroupé dans la famille des Togaviridae)(Footnote 3Footnote 4). Il est membre du sérocomplexe du virus de l’encéphalite japonaise (VEJ)(Footnote 5 Footnote 6). Le VESL est un virus enveloppé icosaédrique transmis par les arthropodes. Son génome est constitué d’un ARN monocaténaire de polarité positive d’environ 11 Kb(Footnote 5 Footnote 6). Il mesure de 40 à 50 nm de diamètre(Footnote 6).
SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE
PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: La plupart des infections sont asymptomatiques ou entraînent un léger malaise de courte durée, particulièrement chez les jeunes et les personnes d’âge moyen(Note de bas de page 1). La maladie clinique causée par l’infection peut être caractérisée par une encéphalite, une méningo-encéphalite, une encéphalomyélite, une forte fièvre, une altération de l’état de conscience, un dysfonctionnement neurologique, une méningite aseptique, une raideur du cou, des maux de tête, une myalgie, des tremblements, des nausées, des vomissements et une infection urinaire(Note de bas de page 1Note de bas de page 3Note de bas de page 7-9). Les symptômes apparaissent souvent de façon soudaine(Note de bas de page 1Note de bas de page 3Note de bas de page 7) et peuvent disparaître spontanément(Note de bas de page 1). La gravité de la maladie clinique et le taux de mortalité (mais non le taux d’infection) augmentent avec l’âge; en effet, c’est chez les personnes de plus de 60 ans que l’on note le nombre le plus élevé de cas de maladie clinique et de mortalité(Note de bas de page 1Note de bas de page 7-13). L’hypertension(Note de bas de page 11Note de bas de page 12) et la pathologie vasculaire(Note de bas de page 12) peuvent être des facteurs de risque d’infection. D’après les observations portant sur les autres membres du genre Flavivirus, les sujets immunodéprimés présentent également un risque accru d’atteinte grave(Note de bas de page 14Note de bas de page 15). Le taux de mortalité varie de 5 % à 20 %(Note de bas de page 1), et l’atteinte aiguë peut être suivie d’une période de convalescence prolongée dans 30 % à 50 % des cas(Note de bas de page 1Note de bas de page 3).
ÉPIDÉMIOLOGIE: Le VESL est répandu en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Amérique centrale(Footnote 1). Plusieurs éclosions sont survenues, et le nombre moyen de cas déclarés est légèrement supérieur à 100(Footnote 16). Le plus grand nombre de cas a été signalé entre 1974 et 1976, alors que plus de 12 éclosions ont été à l’origine de plus de 2 000 cas officiellement déclarés au Canada et aux États-Unis(Footnote 10Footnote 16). Les cas surviennent principalement entre le milieu et la fin de l’été et au début de l’automne dans les zones tempérées et peuvent survenir toute l’année dans les pays où le climat est plus doux(Footnote 1). Les températures élevées peuvent prolonger la saison de transmission du virus, et les personnes vivant dans les zones où l’on note un très grand nombre de moustiques par rapport à la population (c.‑à‑d. dans les zones rurales) peuvent courir un risque d’infection accru(Footnote 1).
GAMME D’HÔTES: Humains, chauves-souris, faune aviaire, volaille, orques, rongeurs et possiblement d’autres mammifères(Footnote 1Footnote 2Footnote 6Footnote 8Footnote 12Footnote 15Footnote 17). La faune aviaire est le principal hôte vertébré : elle présente immédiatement une virémie suffisante pour infecter les moustiques, qui agissent comme vecteurs, mais ne présente pas de signes apparents de la maladie après avoir été infectée.
DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.
MODE DE TRANSMISSION: Le cycle de transmission entre les moustiques et la faune aviaire est la principale source d’infection chez l’humain. Les moustiques transmettent le virus en piquant un hôte animal infecté et, par la suite, un hôte humain (ou un autre hôte animal). Les principales espèces de moustiques connues pour transmettre le VESL sont Culex pipiens, Culex quinquefasciatus, Culex nigripalpus et Culex tarsalis(Footnote 1Footnote 9Footnote 10Footnote 13).
PÉRIODE D’INCUBATION: 4 à 21 jours(Footnote 1Footnote 9).
TRANSMISSIBILITÉ: La transmission de personne à personne n’a pas été documentée. On n’a pas démontré la présence du virus dans le sang humain après l’apparition de la maladie, bien que la virémie chez les oiseaux infectés soit habituellement détectée 1 à 5 jours après l’infection, selon la souche virale et l’espèce d’oiseau(Footnote 1 Footnote 18). Les moustiques sont infectés pour toute la durée de leur vie.
SECTION III - DISSÉMINATION
RÉSERVOIR: Les principaux réservoirs sont la faune aviaire, la volaille et les chauves-souris(Footnote 1 Footnote 19). Il est possible que le virus survive à l’hiver dans des chauves-souris(Footnote 19), des oiseaux(Footnote 20) et des moustiques ou dans des œufs de moustiques(Footnote 1).
ZOONOSE: Oui. Le VESL peut se transmettre des animaux infectés à l’humain par l’intermédiaire des moustiques. Les animaux infectés sont habituellement asymptomatiques(Footnote 1Footnote 3Footnote 10).
VECTEURS: Les principaux vecteurs sont les moustiques du genre Culex, dont C. pipiens, C. tarsalis, C. quinquefasciatus et C. nigripalpus(Footnote 1 Footnote 10 Footnote 13).
SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ
SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: Aucune sensibilité connue aux médicaments.
SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Le VESL est sensible aux désinfectants, notamment au formaldéhyde 3 % à 8 %, au glutaraldéhyde 2 %, au peroxyde d’hydrogène 2 % ou 3 %, au chlore actif (500 à 5 000 ppm), à l’alcool, l’iode 1 % et aux phénol-iodophores(Footnote 21).
INACTIVATION PHYSIQUE: Le VESL est complètement inactivé à une température de 56 °C pendant 30 minutes(Footnote 22) et est sensible aux rayonnements ultraviolets(Footnote 23) et gamma(Footnote 7). L’infectiosité du virus est réduite de 50 % après 10 minutes à 50 °C, le virus est stable à 4 °C(Footnote 22).
SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: Le VESL sous forme d’aérosol liquide est stable pendant au moins 6 heures à température ambiante et à une humidité de 23 % à 80 %; sous forme lyophilisée, il est stable quasi-indéfiniment à température ambiante(Note de bas de page 21).
SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX
SURVEILLANCE: Rechercher les symptômes et confirmer le diagnostic par analyse sérologique. Le titre d’anticorps dirigés contre le VESL peut être déterminé par analyse sérologique ou ponction lombaire, et les taux de séroprévalence chez les oiseaux en liberté ou chez les poulets sentinelles peuvent être utiles pour suivre l’évolution de la transmission du virus(Footnote 1 Footnote 18 Footnote 22). La surveillance passive des cas soupçonnés d’infection humaine par le VESL ainsi que la surveillance active des populations à risque élevé peuvent fournir des indications sur le nombre de personnes touchées(Footnote 1). Une lutte efficace contre les vecteurs est le seul moyen de réduire la prolifération du virus et les cas d’infection humaine(Footnote 1).
Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.
PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Il n’existe aucun vaccin ni agent antiviral contre le VESL(Footnote 3). Les symptômes et les complications causés par l’infection sont traités par des soins de soutien.
IMMUNISATION: Aucun vaccin n’est offert sur le marché.
PROPHYLAXIE: Il n’existe aucun traitement préventif particulier. Cependant, les mesures visant à réduire le risque de piqûre par les moustiques peuvent être efficaces (c.‑à‑d. vêtements de protection et insectifuges).
SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE
INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Un cas d’infection contractée en laboratoire à la suite d’une exposition percutanée a été déclaré en 1950(Footnote 24 Footnote 25), et trois autres cas associés à une source autre qu’un aérosol ont été déclarés dans un sondage mené en 1979 auprès de laboratoires américains(Footnote 26).
SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Sang(Footnote 1), liquide céphalo-rachidien(Footnote 12), urine(Footnote 17) et exsudats(Footnote 9). À l’autopsie, le VESL a été isolé à partir d’échantillons de tissus du système nerveux central, du foie, de la rate et du rein(Footnote 9 Footnote 17 Footnote 27-Footnote 29).
DANGERS PRIMAIRES: Exposition à des aérosols de solutions infectieuses ou à du sang ou de l’urine d’animaux infectés (p.ex. litière), inoculation parentérale accidentelle ou contact avec une lésion cutanée(Footnote 27).
DANGERS PARTICULIERS: Aucun danger particulier connu.
SECTION VII - CONTRÔLE DE L’EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE
CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 3 (Footnote 30).
EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 3 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.
VÊTEMENTS DE PROTECTION: Avant d’entrer dans le laboratoire, le personnel doit enlever sa tenue de ville et ses bijoux pour ensuite mettre des vêtements et des chaussures réservés aux travaux en laboratoire, ou mettre un vêtement protecteur complet (c’est‑à‑dire qui couvre entièrement la tenue de ville). Une protection supplémentaire peut être portée par‑dessus les vêtements de laboratoire lors de la manipulation directe de matériel infectieux, comme une blouse ne s'ouvrant pas à l'avant avec poignets serrés, des gants et une protection respiratoire. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure (Footnote 31).
AUTRES PRÉCAUTIONS: Toutes les activités avec du matériel infectieux doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) ou dans un autre dispositif de confinement primaire adéquat, avec un équipement de protection individuelle. La centrifugation des matières infectées doit s’effectuer dans des enceintes scellées placées dans des réservoirs hermétiques ou des rotors qui sont remplis et vidés dans une ESB. L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Les plaies ouvertes, les coupures et les éraflures doivent être couvertes avec des pansements imperméables. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle (Footnote 31).
SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE
DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer , répéter(Footnote 31).
ÉLIMINATION: Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique (Footnote 31).
ENTREPOSAGE: Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûr (Footnote 31).
SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES
INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.
DERNIÈRE MISE À JOUR: Septembre 2010
PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.
Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.
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