Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Virus T-lymphotrope humain (HTLV)
FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES
SECTION I - AGENT INFECTIEUX
NOM: Virus T-lymphotrope humain (HTLV)
SYNONYME OU RENVOI: HTLV, leucémie à lymphocytes T de l'adulte (LLTA), myélopathie associée au HTLV-1/paraparésie spastique tropicale (HAM/TSP)Note de bas de page 1Note de bas de page 3, syndrome de SézaryNote de bas de page 4.
CARACTÉRISTIQUES: Le virus T-lymphotrope humain est un rétrovirus de type C appartenant au genre Deltaretrovirus de la famille des Retroviridae, possédant un noyau central opaque aux électrons Note de bas de page 1 Note de bas de page 5. Son matériel génétique se présente sous la forme de deux fragments d'ARN monocaténaire à polarité positive. Le virion contient une transcriptase inverse. Les virions sont de forme ronde et ont un diamètre d'environ 100 nm Note de bas de page 3 Note de bas de page 5 Note de bas de page 6.
SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE
PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: L'infection par le virus T-lymphotrope humain persiste tout au long de la vieNote de bas de page 7. On connaît deux souches pathogènes de HTLV, soit HTLV-1 et HTLV-2. HTLV-1 cause principalement la leucémie ou le lymphome à lymphocytes T de l'adulte et la myélopathie associée au HTLV-1/paraparésie spastique tropicale. Il cause également une uvéite, une dermatite infectieuse et une lymphadéniteNote de bas de page 3 Note de bas de page 5 Note de bas de page 7Note de bas de page 10. La souche HTLV-2 est moins pathogène et a été associée à des troubles neurologiques et à des infections pulmonaires chroniques de gravité moindre. HTLV-3 et HTLV-4 n'ont été associés à aucune maladie particulière. L'infection aiguë à HTLV est rarement soupçonnée ou diagnostiquée. La leucémie ou le lymphome à lymphocytes T de l'adulte LLTA) touche de 1 à 2 % des personnes infectées. Les symptômes apparaissent de 20 à 30 ans après l'infection Note de bas de page 1 Note de bas de page 2 Note de bas de page 7. Parmi les cas de LLTA, les deux tiers présentent une leucémie, et le tiers, un lymphomeNote de bas de page 11. Le pronostic est d'environ 1 an après l'apparition de la LLTANote de bas de page 12. Il existe 5 types de LLTA : asymptomatique, préleucémique, chronique/indolente, lymphomateuse et aiguëNote de bas de page 7. La forme indolente est caractérisée par des lésions cutanées et une atteinte de la moelle osseuse. La forme chronique est associée à une concentration élevée de cellules leucémiques circulantes et évolue en général vers la forme aiguë en l'espace de 2 ans. La phase aiguë est une forme agressive de leucémie qui est accompagnée d'hypocalcémie, d'un taux élevé de lactate-déshydrogénase (LDH), de lésions cutanées, d'une adénopathie, d'une méningite lymphomateuse, de lésions osseuses lytiques, d'une atteinte de la rate ou du foie et d'une immunodéficience. La myélopathie associée au HTLV-1/paraparésie spastique tropicale (HAM/TSP) a une période de latence plus brève que la LLTA Note de bas de page 5 Note de bas de page 7. La HAM/TSP est une myélopathie progressive et chronique, qui cause de manière préférentielle des lésions du segment thoracique du rachis et dont les principaux symptômes sont la faiblesse musculaire des membres inférieurs, l'hyperréflexie, les troubles sphinctériens, l'impuissance, les perturbations sensorielles et les lombalgies.
ÉPIDÉMIOLOGIE: Présent dans le monde entier; selon les estimations, entre 10 et 20 millions d'individus sont porteurs du virus T-lymphotrope humainNote de bas de page 5Note de bas de page 7. Les régions où il est endémique incluent le Sud du Japon, le bassin des Caraïbes, l'Afrique centrale, l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud, la Mélanésie et la population autochtone de l'Australie. Des infections sporadiques touchent les groupes à risque ainsi que les régions métropolitaines d'Europe et des États-Unis.
GAMME D'HÔTES: Humains et animaux, y compris les lapins, les rats et les primates non humainsNote de bas de page 7.
DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.
MODE DE TRANSMISSION: Les infections peuvent être transmises par le sang et l'exposition des muqueusesNote de bas de page 6. Le virus est transmis par les rapports sexuels, l'utilisation de drogues injectables et les transfusions sanguines Note de bas de page 2 Note de bas de page 3 Note de bas de page 5 Note de bas de page 7 Note de bas de page 8 Note de bas de page 10. Les greffes d'organe, l'accouchement et l'allaitement au sein sont également des modes de transmission efficaces.
PÉRIODE D'INCUBATION: Inconnue
TRANSMISSIBILITÉ: La transmission d'une personne à une autre est possible. Le virus T-lymphotrope humain est transmis par les rapports sexuels, l'utilisation de drogues injectables et les transfusions sanguines Note de bas de page 2 Note de bas de page 3 Note de bas de page 5 Note de bas de page 7 Note de bas de page 8 Note de bas de page 10.
SECTION III - DISSÉMINATION
RÉSERVOIR: Humains Note de bas de page 2 Note de bas de page 7 Note de bas de page 8.
ZOONOSE: AucuneNote de bas de page 13.
VECTEURS: Aucun.
SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ
SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: Aucun traitement établiNote de bas de page 8. L'administration de zidovudine (AZT) en association avec l'interféron alpha (INF-α) est utilisée avec un certain succès pour améliorer le pronostic.
SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Sensible à l'hypochlorite de sodium à 1 %, au glutaraldéhyde à 2 %, à la chlorhexidine à 4 %, à l'éthanol à 70 %, au peroxyde d'hydrogène à 0,3 %, aux iodophores, aux dérivés phénoliques et aux composés d'ammonium quaternaireNote de bas de page 14.
INACTIVATION PHYSIQUE: Peut être inactivé par stérilisation à la vapeur à 121 °C pendant au moins 15 minutes et par exposition aux rayons UVNote de bas de page 14.
SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: Les virus HTLV-1 et HTLV-2 peuvent survivre dans le sang conservé pendant 8 à 9 joursNote de bas de page 15.
SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX
SURVEILLANCE: Rechercher les symptômes. La détection du HTLV dans le sérum sanguin s'effectue par l'identification d'anticorps à l'aide de la technique ELISA. On peut également utiliser d'autres méthodes comme les tests d'agglutination de particules et le transfert de WesternNote de bas de page 5 Note de bas de page 6. Pour la reconnaissance de séquences virales précises, on fait appel à la PCR.
PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: On dispose de traitements de portée limitée contre les infections à HTLVNote de bas de page 1. La LLTA est traitée par chimiothérapie. La zidovudine (AZT) et l'interféron alpha ont démontré une certaine efficacité relativement à l'amélioration du pronostic de la LLTA. D'autres traitements sont actuellement à l'étude, notamment l'arsenic, le trioxyde, les inhibiteurs du protéasome, les rétinoïdes, les inhibiteurs de l'angiogenèse et l'immunothérapie cellulaire. Les traitements antirétroviraux faisant appel à la lamivudine associée à de fortes doses d'interféron alpha et d'interféron bêta sont utilisés contre la myélopathie associée au HTLV-1/paraparésie spastique tropicale. L'uvéite est traitée par des corticoïdes topiques et systémiques pour améliorer la vue. La dermatite infectieuse est traitée aux antibiotiques.
IMMUNISATION: Aucune
PROPHYLAXIE: Aucune
SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE
INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: On a signalé un cas d'infection à HTLV-1, soit celui d'un médecin ayant subi une blessure accidentelle au pied avec une seringue contenant un échantillon de sangNote de bas de page 16, et un cas d'infection à HTLV, soit celui d'une infirmière s'étant accidentellement piqué un doigt avec l'aiguille d'une seringue contenant un échantillon de sangNote de bas de page 17.
SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Échantillons de sang et liquides organiques (p. ex. LCR, sang, etc.)Note de bas de page 6.
DANGERS PRIMAIRES: Exposition des muqueuses et inoculation parentérale accidentelleNote de bas de page 18 Note de bas de page 19.
DANGERS PARTICULIERS: Aucun
SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE
CLASSIFICATION DU GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 3 Note de bas de page 20.
EXIGENCES DE CONFINEMENT: Veuillez vous référer à la Directive en matière de biosécurité portant sur le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et le virus T-lymphotrope humain de type 1 (HTLV-1).
VÊTEMENTS DE PROTECTION : Avant d'entrer dans le laboratoire, le personnel doit enlever sa tenue de ville et ses bijoux pour ensuite mettre des vêtements et des chaussures réservés aux travaux en laboratoire, ou mettre un vêtement protecteur complet (c'est-à-dire qui couvre entièrement la tenue de ville). Une protection supplémentaire peut être portée par-dessus les vêtements de laboratoire lors de la manipulation directe de matériel infectieux, comme une blouse ne s'ouvrant pas à l'avant avec poignets serrés, des gants et une protection respiratoire. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussureNote de bas de page 20.
AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les activités avec du matériel infectieux doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) ou dans un autre dispositif de confinement primaire adéquat, avec un équipement de protection individuelle. La centrifugation des matières infectées doit s'effectuer dans des enceintes scellées placées dans des réservoirs hermétiques ou des rotors qui sont remplis et vidés dans une ESB. L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Les plaies ouvertes, les coupures et les éraflures doivent être couvertes avec des pansements imperméables. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelleNote de bas de page 18Note de bas de page 20.
SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE
DÉVERSEMENTS: Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer Note de bas de page 18.
ÉLIMINATION: Avant la mise au rebut, décontaminer tout le matériel par stérilisation à la vapeur, désinfection chimique ou incinérationNote de bas de page 18 Note de bas de page 19
ENTREPOSAGE: Le matériel infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches, scellés et étiquetés de façon appropriéeNote de bas de page 18 Note de bas de page 19.
SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES
INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION: L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.
DERNIÈRE MISE À JOUR: Septembre 2016
PRÉPARÉE PAR: Centre de la biosûreté, agence de la santé publique du Canada.
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