Virus Mucambo : Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes
Section I – Agent infectieux
Nom
Virus Mucambo
Type d'agent
Virus
Taxonomie
Famille
Togaviridae
Genre
Alphavirus
Espèce
Virus Mucambo
Synonyme ou renvoi
Également connu sous le nom de virus de l'encéphalomyélite équine du Venezuela (EEV)Note de bas de page 1 sous-type IIIA et précédemment appelé souche du virus d'EEVNote de bas de page 2.
Caractéristiques
Brève description
Le virus Mucambo (VMUC) est un membre du complexe de virus de l'encéphalite équine vénézuélienne (EEV)Note de bas de page 1. Le VMUC est un arbovirus qui peut causer une maladie fébrile auto-limitante chez l'homme et est considéré comme l'un des virus du complexe enzootique de l'EEVNote de bas de page 3Note de bas de page 4.
Propriétés
Le VMUC est un virus sphérique, enveloppé, mesurant 65-70 nm de diamètreNote de bas de page 1. Le noyau nucléocapsidique contient un génome d'ARN à un seul brin à sens positif d'une longueur d'environ 11,4 kbNote de bas de page 1Note de bas de page 5.
Section II – Identification des dangers
Pathogénicité et toxicité
Le VMUC provoque une infection subclinique ou une maladie fébrile auto-limitante chez les humains, ce qui indique que le VMUC présente une virulence réduite chez les humains par rapport aux espèces virales étroitement apparentées phylogénétiquement du complexe de l'EEVNote de bas de page 3Note de bas de page 6Note de bas de page 7. Les symptômes comprennent la fièvre, les céphalées et le malaise qui dure de 2 à 3 joursNote de bas de page 3. Aucun décès humain associé au VMUC n'a été signalé.
En milieu naturel, les souches enzootiques du complexe d'EEV, y compris le VMUC, sont généralement avirulentes chez les chevauxNote de bas de page 4; cependant, les chevaux inoculés expérimentalement avec le VMUC ont développé une maladie fébrile et la virémieNote de bas de page 2. Les macaques infectés expérimentalement par le VMUC par aérosolNote de bas de page 8 ont développé de la fièvre et des signes cliniques d'encéphalite légère, y compris la perte d'équilibre et de contrôle musculaire. La phase virémique a été courte, d'environ 2 joursNote de bas de page 8. Les symptômes se sont résorbés après environ 10 jours et tous les macaques complètement guérisNote de bas de page 8.
Épidémiologie
Le VMUC a été trouvé dans plusieurs zones géographiques restreintes de l'Amérique du Sud, y compris certaines parties du BrésilNote de bas de page 9Note de bas de page 10, de la TrinitéNote de bas de page 11, du SurinameNote de bas de page 7, et le PérouNote de bas de page 12Note de bas de page 13. L'incidence de la maladie causée par le VMUC chez l'homme est sporadique, seulement sept isolats de VMUC ayant été répertoriés chez l'homme avant 1992Note de bas de page 3. Dans les zones endémiques de VMUC de l'Amazonie brésilienne, la prévalence des anticorps VMUC chez l'homme varie de 0 % à 34 % (moyenne 6 %)Note de bas de page 6. Le VMUC est généralement avirulent chez les espèces équinesNote de bas de page 4Note de bas de page 14.
Gamme d'hôtes
Hôtes naturels
Le VMUC a été isolé des humainsNote de bas de page 3, des primates non humainsNote de bas de page 15 et des rongeursNote de bas de page 9Note de bas de page 10. Des preuves sérologiques indiquent que les chevauxNote de bas de page 16, les opossumsNote de bas de page 9, les oiseaux sauvagesNote de bas de page 10, et les chauves-sourisNote de bas de page 17 sont parfois infectés dans les régions où le VMUC est répandu.
Autres hôtes
Parmi les hôtes expérimentaux figurent les hamstersNote de bas de page 18 et les cobayesNote de bas de page 4Note de bas de page 14.
Dose infectieuse
Inconnue.
Période d'incubation
La période d'incubation pour les virus du complexe de l'EEV chez les humains est d'environ 2 à 5 joursNote de bas de page 4. La période d'incubation pour les primates non humains infectés par le VMUC par aérosol est d'environ 3 joursNote de bas de page 8.
Transmissibilité
En milieu naturel, le VMUC est principalement transmis aux humains et aux autres mammifères par piqûres de moustiques infectésNote de bas de page 9. En laboratoire, le VMUC est très infectieux par l'entremise d'aérosolNote de bas de page 19Note de bas de page 20, et l'infection peut survenir par contact direct avec le virus avec la peau endommagée ou les muqueusesNote de bas de page 21Note de bas de page 22.
Section III – Dissémination
Réservoir
Le VMUC est maintenu dans un cycle de transmission impliquant les moustiques et les rongeursNote de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 23. Les rongeurs dont Oryzomys capitoNote de bas de page 6, Oecomys spp.Note de bas de page 9, et Proechimys spp.Note de bas de page 9 ont été impliqués dans la transmission VMUC dans la région amazonienne.
Zoonose
Il n'y a aucune preuve de transmission du VMUC entre les humains et les animaux non arthropodes.
Vecteurs
Les moustiques, principalement Culex (Melanoconion) portesi, deviennent porteurs du VMUC lorsqu'ils se nourrissent d'hôtes virémiques infectés par le VMUCNote de bas de page 6Note de bas de page 11Note de bas de page 24.
Section IV – Viabilité et stabilité
Sensibilité/résistance aux médicaments
Il n'existe aucun médicament approuvé pour traiter les maladies causées par le VMUC ou autres virus du complexe de l'EEVNote de bas de page 25. Le sorafenib, un médicament approuvé par la FDA et utilisé pour traiter le carcinome, a inhibé la réplication in vitro de virus du complexe d'EEV. La pyriméthamine, un médicament anti-paludéen, et le Prest-392 (hydrate de tartrate de Ketanserin) ont démontré une activité antivirale contre le virus de l'EEV in vitroNote de bas de page 26.
Sensibilité aux désinfectants
Éthanol (60-80 %)Note de bas de page 27Note de bas de page 28, composés d'ammonium quaternaireNote de bas de page 28Note de bas de page 29, l'acide peracétiqueNote de bas de page 30, l'hydroxyde de sodium (100-500 mM)Note de bas de page 31, le glutaraldéhyde (0,1 %)Note de bas de page 32 et le chlore libre (1 ppm)Note de bas de page 33 sont efficaces contre le VMUC.
Inactivation physique
Les togavirus sont inactivés par l'irradiation UVNote de bas de page 31Note de bas de page 32 et par un traitement thermique à 65 °C pendant 15 minutesNote de bas de page 31Note de bas de page 34.
Survie à l'extérieur de l'hôte
Les arbovirus sont très stables sur une large gamme d'humidités relatives (18 à 90 %) et de températures (-40 à 24 °C) sous forme d'aérosolNote de bas de page 35. Les arbovirus sont également stables sur les surfaces sèches. Dans l'obscurité, la charge virale sur une surface de verre a diminué de 90 % après environ 4 joursNote de bas de page 36.
Section V – Premiers soins et aspects médicaux
Surveillance
La maladie causée par le VMUC est cliniquement indistinguable des autres maladies fébriles comme la dengueNote de bas de page 23. Le VMUC peut être détecté dans des échantillons de tissus et dans le sang pendant la phase virémique de la maladie à l'aide de la technique de transcriptase inverse suivie d'un PCR (RT-PCR) et du séquençageNote de bas de page 37. Des tests sérologiques, notamment des tests de séro-neutralisation par réduction de plaques, l'essai d'immuno-absorption enzymatique (ELISA), l'inhibition de l'hémagglutination et la fixation du complément, ont été utilisés dans le diagnostic des maladies causées par les alphavirusesNote de bas de page 38. Le RT-PCR suivi d'une méthode d'ES-MS par ionisation a également été utilisé pour détecter le VMUC dans les échantillons de moustiquesNote de bas de page 13.
Remarque : Les recommandations spécifiques pour la surveillance en laboratoire devraient provenir du programme de surveillance médicale, qui est fondé sur une évaluation locale des risques des agents pathogènes et des activités en cours, ainsi qu'une évaluation globale des risques du programme de biosécurité dans son ensemble. De plus amples renseignements sur la surveillance médicale sont disponibles dans le Guide canadien sur la biosécurité (GCB).
Premiers soins et traitement
La maladie causée par le VMUC est généralement légère et auto-limitanteNote de bas de page 6. Le traitement est principalement un soutien pour gérer les symptômes.
Remarque : Les recommandations spécifiques concernant les premiers soins et les traitements en laboratoire devraient provenir du plan d'intervention après exposition, qui est élaboré dans le cadre du programme de surveillance médicale. De plus amples renseignements sur le plan d'intervention après l'exposition sont disponibles dans le GCB.
Immunisation
Il n'existe actuellement aucun vaccin homologué contre les virus du complexe de l'EEV, y compris le VMUC. La recherche sur le vaccin d'alphavirus a permis de trouver des candidats prometteursNote de bas de page 20. Des vaccins expérimentaux (p. ex., souche TC-83 atténuée) ont été administrés au personnel à risque qui travaille avec des virus du complexe d'EEVNote de bas de page 21Note de bas de page 39.
Remarque : De plus amples renseignements sur le programme de surveillance médicale sont disponibles dans le GCB et en consultant le Guide canadien d'immunisation.
Prophylaxie
Aucune.
Remarque : De plus amples renseignements sur la prophylaxie dans le cadre du programme de surveillance médicale sont disponibles dans le GCB.
Section VI – Dangers pour le personnel de laboratoire
Infections contractées en laboratoire
Avant 1970, deux travailleurs en laboratoire ont développé une maladie fébrile causée par le VMUCNote de bas de page 19. La voie d'exposition probable était l'inhalation d'aérosols infectieuxNote de bas de page 19.
Remarque : Veuillez consulter la Norme canadienne sur la biosécurité (NCB) et le GCB pour obtenir de plus amples renseignements sur les exigences relatives à la déclaration des incidents d'exposition. Une ligne directrice canadienne sur la biosécurité décrivant les procédures de déclaration est également disponible.
Sources et échantillons
Sang, liquide céphalo-rachidien, tissu cérébral, lavage de gorgeNote de bas de page 8Note de bas de page 12.
Dangers primaires
Inhalation de matériel infectieux en aérosol, piqûre d'un animal/arthropode infecté, exposition de muqueuses ou de peau blessée à des matières infectieuses, et inoculation parentérale sont les principaux risques d'exposition au VMUCNote de bas de page 21.
Dangers particuliers
Aucun.
Section VII – Contrôle de l'exposition et protection personnelle
Classification par groupe de risque
Le VMUC est un pathogène humain du groupe de risque (GR) 3 et un pathogène animal du groupe de risque 1Note de bas de page 40Note de bas de page 41.
Exigences de confinement
Les installations, l'équipement et les pratiques opérationnelles de niveau de confinement 3, tels que décrits dans la NCB pour le travail avec des matières, des animaux ou des cultures infectieux ou possiblement infectieux.
Vêtements de protection
Les exigences applicables au niveau de confinement 3 pour l'équipement et les vêtements de protection individuelle décrites dans la NCB doivent être respectées. À tout le moins, l'utilisation, une couverture corporelle complète, des vêtements de protection spéciaux, des chaussures de protection et/ou des chaussures de protection supplémentaires, des gants pour manipuler des matières infectieuses ou des animaux, une protection du visage lorsqu'il existe un risque connu ou potentiel d'exposition à des éclaboussures ou à des objets volants, des respirateurs lorsqu'il y a un risque d'exposition à des aérosols infectieux, et une couche supplémentaire de vêtements de protection avant le travail avec des matières infectieuses ou des animaux.
Remarque : Une évaluation locale des risques permettra de déterminer la protection appropriée pour les mains, les pieds, la tête, le corps, les yeux, le visage et les voies respiratoires. De plus, les exigences relatives à l'équipement de protection individuelle pour la zone de confinement et les activités de travail doivent être documentées.
Autres précautions
Toutes les activités impliquant des récipients ouverts d'agents pathogènes doivent être effectuées dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) certifiée ou un autre espace de confinement primaire approprié. L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets pointus doit être strictement limitée. Des précautions supplémentaires doivent être prises pour les travaux impliquant des animaux ou des activités à grande échelle.
Section VIII – Manutention et entreposage
Déversements
Laisser les aérosols se déposer. Tout en portant de l'équipement de protection individuelle, couvrir doucement le déversement avec du papier absorbant et appliquer un désinfectant approprié, à partir du périmètre et en allant vers le centre. Permettre un contact suffisant avec le désinfectant avant le nettoyage (GCB).
Élimination
Les matières réglementées, ainsi que tous les articles et les déchets doivent être décontaminés à la barrière de confinement avant leur retrait de la zone de confinement, de la salle animalière, du box ou de la salle de nécropsie. Pour ce faire, on peut utiliser des technologies et des procédés de décontamination qui se sont avérés efficaces contre les matières infectieuses, comme les désinfectants chimiques, l'autoclave, l'irradiation, l'incinération, un système de traitement des effluents ou une décontamination gazeuse (GCB).
Entreposage
Niveau de confinement 3, NC3, prions : Les exigences applicables en matière de confinement de niveau 2 pour l'entreposage, décrites dans la NCB, doivent être respectées. Les contenants primaires de matières réglementées retirés de la zone de confinement doivent être entreposés dans des contenants secondaires étiquetés, étanches, résistants aux chocs et conservés dans un équipement d'entreposage verrouillé ou dans un espace auquel l'accès est limité.
ABCSE : Les contenants d'agents biologiques à cote de sécurité élevée (ABCSE) entreposés à l'extérieur de la zone de confinement doivent être étiquetés, étanches, résistants aux chocs et conservés dans un équipement d'entreposage verrouillé à un endroit fixe (c.-à-d., non mobile) et dans un endroit avec accès limité.
Un inventaire des agents pathogènes du GR3 et du GR4 ainsi que des toxines d'ABCSE entreposés pour une longue durée doit être dressé et inclure :
- l'identification précise des matières réglementées
- un mécanisme qui permet de détecter rapidement la disparition ou le vol d'un échantillon
Section IX – Renseignements sur la réglementation et autres
Renseignements sur la réglementation canadienne
Les activités contrôlées avec le VMUC nécessitent un permis d'agent pathogène humain et de toxines, délivré par l'Agence de la santé publique du Canada.
Voici une liste non exhaustive des désignations, des règlements ou des lois applicables :
- Loi sur les agents pathogènes humains et les toxines et Règlement sur les agents pathogènes humains et les toxines
- Règlement sur le transport des marchandises dangereuses
Dernière mise à jour
2020
Rédigé par
Centre de la biosûreté, Agence de la santé publique du Canada.
Mise en garde
L'information scientifique, opinions et recommandations contenues dans cette Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes ont été élaborées sur la base de ou compilées à partir de sources fiables disponibles au moment de la publication. Les dangers nouvellement découverts sont fréquents et ces informations peuvent ne pas être totalement à jour. Le gouvernement du Canada ne se tient pas responsable de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements.
Les personnes au Canada sont tenues de se conformer aux lois pertinentes, y compris les règlements, les lignes directrices et les normes applicables à l'importation, au transport et à l'utilisation d'agents pathogènes au Canada, établis par les autorités réglementaires compétentes, notamment l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement et Changement climatique Canada et Transports Canada. La classification des risques et les exigences réglementaires connexes mentionnées dans la présente Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes, telles que celles qui figurent dans la norme canadienne de biosécurité, peuvent être incomplètes et sont spécifiques au contexte canadien. D'autres juridictions auront leurs propres exigences.
Tous droits réservés © Agence de la santé publique du Canada, 2023, Canada
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