Lien entre la durée de l’incarcération et la récidive

Publication

  • No R-389
  • Juin 2017

Faits saillants de la recherche

La durée de l’incarcération est faiblement liée à la récidive, mais peut être plus importante pour la prédiction de la gravité de la récidive.

Pourquoi nous avons effectué cette étude

Le lien entre la durée de la peine et la récidive fait l’objet d’un grand débat dans la littérature. Selon un point de vue de dissuasion précise, certains résultats de recherche confirment le point de vue selon lequel des peines plus longues dissuaderont la récidive future. En revanche, d’autres recherches n’ont trouvé aucun lien ou ont constaté des effets criminogènes, indiquant que des peines plus longues entraînent une récidive plus importante.

Au cours des dernières années, des modifications proposées et mises en œuvre dans les lois canadiennes ont donné lieu à des approches de dissuasion visant à prévenir les comportements criminels et la récidive. La présente recherche a été menée pour déterminer si les données sur les services correctionnels fédéraux au Canada peuvent éclairer davantage le débat.

Ce que nous avons fait

La présente étude a examiné le lien entre la durée de la peine purgée dans un établissement fédéral et la récidive survenue avant et après l’expiration du mandat. En outre, l’étude a également cherché à déterminer si la durée de la peine purgée permet de prédire la gravité de la récidive. Ces questions de recherche ont été examinées à partir d’une cohorte de délinquants libérés d’établissements fédéraux à la première période d’admissibilité de leur peine entre le 1er avril 2009 et le 31 mars 2011.

Ce que nous avons constaté

Les résultats ont démontré que, avant l’expiration du mandat, il existait un faible lien entre le nombre de mois purgés en incarcération et la révocation de la liberté à la suite d’une infraction, compte tenu des variables suivantes : l’âge au moment de la mise en liberté, l’ascendance autochtone et le risque criminel. Plus précisément, pour chaque mois supplémentaire d’incarcération, il y avait une diminution de 1 % du risque de révocation de la liberté à la suite d’une infraction. Aucun lien n’a été constaté après l’expiration du mandat.

Les examens de la gravité de la récidive ont révélé que, quand la durée de la période d’incarcération augmentait, il en allait de même de la gravité des nouvelles infractions, après la date d’expiration du mandat. Par contre, il n’y avait pas de relation significative entre la durée de la peine purgée et la gravité de la récidive qui s’était produite avant l’expiration du mandat.

On a constaté des résultats intéressants concernant les délinquants autochtones. En particulier, tandis que les délinquants autochtones ont tendance à avoir des taux plus élevés de réincarcération (avec ou sans infraction), la gravité des infractions menant à ces réincarcérations était plus faible pour les délinquants autochtones que pour les délinquants non autochtones, surtout dans la période précédant l’expiration du mandat.

Ce que cela signifie

Dans la présente étude, il ne se dégage pas de constatations uniformes démontrant un lien entre la durée de la peine et la récidive, et si un tel lien existe, il est faible. Du point de vue de la dissuasion, cela soulève évidemment la question de savoir si les coûts associés aux incarcérations prolongées valent une réduction globale relativement faible du risque.

Ces résultats donnent également à penser que l’incidence de la durée de la peine purgée sur la gravité des nouvelles infractions dépend de la surveillance à laquelle le délinquant peut être assujetti. Les comportements après l’expiration du mandat ne sont pas examinés en profondeur par un agent de libération conditionnelle ou d’autres intervenants chargés de la surveillance des délinquants. De ce fait, les comportements des délinquants à la suite de l’expiration du mandat semblent refléter leur probabilité d’adopter sans entrave un comportement criminel. On pourrait ainsi croire que la surveillance dans la collectivité atténue les effets criminogènes de la durée de la peine d’emprisonnement purgée et dissuade des formes plus graves de récidive.

Les différences constatées relativement à la réincarcération des délinquants autochtones peuvent refléter des facteurs qui n’ont pas été examinés, comme des stratégies différentes de gestion des cas liées à l’ascendance autochtone. Cependant, d’autres recherches devront être effectuées pour reproduire et approfondir ces résultats.

Pour de plus amples renseignements

Rubenfeld, S. et Shanahan Somerville M.C. (2017) Lien entre la durée de l’incarcération et la récidive (Rapport de recherche R-389),Ottawa (Ontario) : Service correctionnel du Canada.

Pour obtenir le rapport complet en version PDF, veuillez en faire la demande à la Direction de la recherche ou par téléphone au 613-995-3975.

Vous pouvez également visiter la page des Publications de recherche pour une liste complète des rapports et sommaires de recherche.

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