Page 5 : Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : document technique – les trihalométhanes

3.0 Application des recommandations

Remarque : Des conseils spécifiques concernant l'application des recommandations doivent être obtenues auprès de l'autorité appropriée en matière d'eau potable dans le secteur de compétence concerné.

Les recommandations relatives aux contaminants qu'on retrouve dans l'eau potable sont généralement élaborées en se fondant sur les résultats d'études sur les animaux. La recommandation pour les THM totaux se base sur les effets sur la santé du chloroforme, classé maintenant comme étant possiblement cancérogène (il était auparavant classé comme « probablement » cancérogène pour les humains). Elle tient compte de facteurs d'incertitude prenant en considération un certain nombre d'éléments, dont les différences intra et interespèces, des lacunes dans la base de données et certaines indications limitées de cancérogénicité. En raison des limites des méthodes scientifiques actuelles, il n'est pas possible de quantifier le risque accru pour la santé humaine découlant d'un dépassement des concentrations recommandées dans un approvisionnement d'eau potable.

La recommandation pour les THM prend également en considération l'exposition et les effets potentiels sur la santé liés à d'autres sous-produits de désinfection (SPD), sur lesquels peu d'informations sont disponibles. Elle représente un niveau d'exposition acceptable pour toute la durée de la vie (70 ans), sans risque accru pour la santé. Elle tient compte de toutes les voies d'exposition par l'eau potable (ingestion, inhalation et absorption cutanée). La valeur est mesurée en prenant la moyenne courante annuelle d'échantillons trimestriels par emplacement, parce que les concentrations de THM peuvent varier considérablement avec le temps, y compris de façon saisonnière, en fonction de facteurs tels que les niveaux de matières organiques dans l'eau brute et la température. Si les mesures individuelles sont supérieures à la valeur de la recommandation, cela ne doit être une source de préoccupation que dans le cas où la moyenne courante des échantillons trimestriels dépasse la valeur recommandée.

Le BDCM est considéré comme étant probablement cancérogène pour les humains, ce qui signifie qu'une exposition à cette substance, à quelque concentration que ce soit, peut augmenter le risque de cancer. La valeur de la recommandation a été établie à un niveau correspondant à un risque de cancer « essentiellement négligeable » lorsqu'une personne y est exposée pendant toute une vie (70 ans) par l'eau potable. Dans le cadre des recommandations pour la qualité de l'eau potable, Santé Canada entend par
« essentiellement négligeable » une plage allant d'un nouveau cas de cancer de plus que le niveau de fond pour 100 000 personnes à un nouveau cas de cancer de plus que le niveau de fond pour 1 million de personnes (c.-à-d. 10−5 à 10−6) au cours de la durée d'une vie. L'exposition à des concentrations de BDCM supérieures à la recommandation a également été associée à une augmentation possible des effets sur la reproduction (risque accru de fausse couche ou de mortinaissance) au-dessus des niveaux auxquels on peut s'attendre normalement dans la population. Des études plus poussées sont cependant nécessaires pour confirmer ces effets. Lorsque les concentrations de BDCM dépassent la valeur de la recommandation, le secteur de compétence concerné peut décider d'adopter des mesures pour réduire les niveaux de BDCM, tout comme il peut choisir de prendre d'autres mesures de précaution fondées sur ces études afin de protéger les populations que l'on croit vulnérables. La recommandation pour le BDCM protège des risques de cancer et des autres risques pour la santé.

Les deux recommandations protègent contre les effets sur la santé d'une exposition à vie. Cependant, comme pour toutes les recommandations, tout dépassement important devrait signaler la nécessité d'effectuer une enquête afin de pouvoir mettre en place des mesures correctives et de consulter les autorités de santé publique compétentes. On suggère d'élaborer et de mettre en oeuvre un plan d'action pour résoudre les problèmes de dépassements importants.

Étant donné les effets potentiels sur la santé des THM, y compris le BDCM, et les informations limitées sur les risques et incertitudes liés aux autres sous-produits chlorés de désinfection (SPCD), on recommande que les usines de traitement déploient tous leurs efforts pour maintenir les concentrations de THM et de BDCM au niveau le plus bas qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre (ALARA) sans compromettre la désinfection. Les usines de traitement devraient également s'assurer que tout effort visant la réduction des sous-produits de désinfection, notamment un changement de stratégie de désinfection, ne puisse causer une augmentation accidentelle des niveaux ou du lessivage d'autres contaminants, tel le plomb, dans l'eau potable distribuée.

3.1 Surveillance

On recommande au minimum une surveillance trimestrielle des THM et du BDCM dans l'eau traitée provenant de sources d'eau de surface et d'eau souterraine. Il faudra peut-être accroître la fréquence de la surveillance dans le cas des installations qui utilisent des sources d'eau de surfaceNote de bas de page 2 pendant les périodes de pointe de formation de sous-produits. On recommande aussi de prélever des échantillons à l'usine de traitement de l'eau et au point du réseau de distribution où le potentiel de formation de THM est le plus élevé. Ces points correspondent généralement aux emplacements du réseau de distribution qui ont la plus longue durée de rétention des désinfectants, et se situent généralement à l'extrémité du réseau.

On pourra réduire la fréquence de la surveillance et de la production de rapports si la surveillance de l'eau potable ne révèle pas la présence, dans le réseau de distribution, de concentrations élevées de SPCD.

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