Guide sur les Syndromes associés aux ITS : Rectite

Le présent guide fournit un aperçu de la prise en charge et du traitement empirique de la rectite associée aux infections transmissibles sexuellement (ITS). La rectite est l’inflammation de la muqueuse rectale qui ne s’étend pas à plus de 10 à 12 cm de la marge anale.

Sur cette page :

Importance en santé publique

Les infections de l'anus et du rectum sont souvent transmises sexuellement et sont généralement associées aux relations sexuelles anales réceptives au cours desquelles il y a un contact direct ou indirect avec la muqueuse rectaleNote de bas de page 1.

Étiologie courante associée aux ITS

La rectite peut être une infection polymicrobienne. Les infections transmissibles sexuellement (ITS) associées à la rectite comprennent Chlamydia trachomatis (CT) (génotypes lymphogranulomatose vénérienne [LGV] et non-LGV), Neisseria gonorrhoeae (GC), Treponema pallidum et le virus Herpes simplex (VHS)Note de bas de page 2.

Dans une étude menée auprès des hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH) atteints de rectite, les agents étiologiques suivants ont été détectésNote de bas de page 3 :

Puisque plusieurs provinces et territoires font face à des éclosions de syphilis, envisager un diagnostic de syphilis chez les personnes présentant une rectite, des ulcérations anogénitales ou des éruptions cutanées.

Dans le cas des personnes atteintes d'une infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) à un stade avancé, considérer une infection aux cryptosporidies ou aux microsporidies en tant que diagnostic différentielNote de bas de page 2.

Des infections entériques peuvent également être acquises lors d'activités sexuelles oro-anales et entraîner une rectocolite et une entériteNote de bas de page 2. La rectocolite peut être associée à la LGV, à Entamoeba histolytica, à Campylobacter spp., à Salmonella spp. et à Shigella spp. L'entérite peut être associée à une infection à Giardia lamblia. Consulter un collègue expérimenté puisque le traitement et la prise en charge de la rectocolite et de l'entérite ne sont pas abordés dans ce guide.

Manifestations cliniques

Les symptômes et les signes de la rectite comprennent :

Suspecter une LGV en cas de lymphadénopathie inguinale ou fémorale, ou s'il y a des antécédents de relations sexuelles anales réceptives sans condoms et de rectite hémorragique aiguë ou de rectocolite. Les écoulements sanguins, purulents ou muqueux de l'anus et la constipation sont fréquents en présence de la LGVNote de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 6Note de bas de page 7.

Chez les personnes ayant le VIH, il existe d'autres causes possibles de rectite, et les infections sont souvent plus graves. La rectite aiguë peut se manifester par des écoulements sanguinolents, des ulcérations périanales douloureuses ou des ulcérations des muqueusesNote de bas de page 8.

La douleur abdominale, la diarrhée, les crampes, le ballonnement, la nausée ou la fièvre sont souvent associés à des entéropathogènes, qui peuvent être transmis lors d'activités sexuelles avec contact fécal-oral, et à des infections localisées dans la partie supérieure du tractus intestinal.

La rectite peut également être secondaire à une maladie inflammatoire de l'intestinNote de bas de page 9.

Tests diagnostiques

Traitement empirique et prise en charge

La décision de traiter de façon empirique ou d'attendre les résultats des tests doit être fondée sur :

Dans le cadre d'un traitement empirique, la présence d'écoulement ano-rectal est une indication pour le traitement des infections à GC et CTNote de bas de page 8Note de bas de page 9.

Traitement empirique pour la rectite

Ceftriaxone 250 mg IM dose en unique [A-l] ou Céfixime 800 mg PO en dose unique [A-l]
plus
Azithromycine 1 g PO en dose unique [B-ll] ou Doxycycline 100 mg PO BID pendant 7 à 10 jours [B-ll]

Remarques :

Traiter les partenaires sexuels actuels avec le même traitement empirique que le cas index.

Consulter les guides propres à l'étiologie pour le traitement lorsque la syphilis ou une infection génitale au virus Herpes simplex est suspectée.

Suivi

Évaluer la réponse au traitement chez toutes les personnes traitées pour une rectite. Envisager d'orienter les personnes ayant une rectite persistante ou récurrente à un collègue expérimenté, un gastro-entérologue ou un infectiologue aux fins d'investigations plus approfondies.

Le test de contrôle dépend de l'agent pathogène confirmé par les analyses de laboratoire. Consulter le guide propre à l'étiologie.

Déclaration et notification aux partenaires

Si un traitement pour une ITS est indiqué, il convient de notifier, d'évaluer, de dépister et de traiter (le cas échéant) les partenaires sexuels. Consulter les guides propres à l'étiologie pour connaître les recommandations sur la déclaration obligatoire et la notification aux partenaires.

Références

Note de bas de page 1

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