Lettre ouverte - Mise au point sur les progrès réalisés en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques

En 2009, les pays développés se sont engagés à réunir conjointement 100 milliards de dollars américains par année au plus tard en 2020 dans le cadre de mesures d’atténuation concrètes et de transparence sur la mise en œuvre. En 2015, avec l’adoption de l’Accord de Paris, il se sont engagés à maintenir cet objectif jusqu’en 2025. En s’appuyant sur les travaux conjoints visant à publier le Plan de mise en œuvre du financement pour le climat en 2021 et son rapport d’étape en 2022, le Canada, l’Allemagne et les autres contributeurs continuent de travailler ensemble pour rehausser l’ambition en matière de financement pour le climat.

Le 16 novembre 2023, l’honorable Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, et Jennifer Morgan, secrétaire d’État et envoyée spéciale de l’Allemagne pour l’action climatique internationale, ont fait la déclaration suivante :

« Dans la perspective de la COP28 et après celle-ci, nous reconnaissons l’importance de démontrer que nous avons réalisé des progrès au regard de nos engagements passés, notamment en matière de financement pour le climat, afin de préparer le terrain pour la tenue de discussions fécondes en matière d’action climatique. Maintenant plus que jamais, nous devons déployer des efforts importants et concertés sur tous les fronts pour relever les défis croissants – des mesures ambitieuses en matière d’atténuation et d’adaptation, de financement pour le climat et des efforts visant à transformer les flux financiers sont essentiels pour maintenir la perspective d’un avenir à faibles émissions de carbone et résilient aux changements climatiques. Comme l’a souligné de nouveau lors de la pré-COP de 2023 Sultan al-Jaber, Ph. D., président désigné de la COP28, il est nécessaire d’atteindre d’urgence l’objectif de 100 milliards de dollars américains consacré au financement pour le climat afin de débloquer les ressources nécessaires pour répondre aux besoins croissants et soutenir de tels efforts. De concert avec les autres contributeurs, nous demeurons fermement déterminés à atteindre pleinement cet objectif d’ici à la fin de l’année 2023.

En septembre, nous avons publié une lettre ouverte qui traçait la voie à suivre en matière de financement pour le climat. Elle décrivait les mesures à prendre pour réaliser des progrès tangibles en vue d’atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars américains en prévision de la COP28. Depuis lors, nous avons continué à travailler en étroite collaboration avec la communauté des contributeurs pour réaffirmer notre confiance dans le fait que l’objectif sera atteint au plus tard en 2023. Aujourd’hui, nous sommes heureux de communiquer une mise à jour positive.

Une mise à jour sur le financement climatique en 2021 et au-delà 

Les chiffres publiés par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) cette semaine ont montré qu’en 2021, nous avons collectivement fourni et mobilisé 89,6 milliards de dollars américains en faveur du financement pour le climat. Cela représente une augmentation substantielle par rapport aux 83,3 milliards de dollars américains fournis en 2020, ce qui reflète d’importants efforts de la part des contributeurs pour augmenter le niveau de financement climatique fourni. Ce montant dépasse notamment les scénarios prospectifs pour 2021 publiés il y a deux ans par l’OCDE. Cela démontre qu’au niveau collectif le financement climatique augmente au-delà du niveau anticipé. Il s’agit d’une amélioration considérable par rapport à la trajectoire initialement décrite dans notre Plan de mise en œuvre du financement de la lutte contre les changements climatiques.

Nous sommes heureux de voir le Secrétaire général de l’OCDE faire part de son optimisme quant à l’année 2022, qui devrait de nouveau surpasser les prévisions. Selon les informations préliminaires recueillies auprès des contributeurs bilatéraux et des fournisseurs multilatéraux pour l’année 2022, dont des chiffres qui déjà rendus publiques par certains des principaux contributeurs et fournisseurs de financement climatique, l’OCDE a aujourd’hui indiqué que l’objectif est susceptible d’avoir déjà été atteint en 2022^{Note de bas de page 1} . Le Canada, l’Allemagne et les contributeurs demeurent conscients qu’il est important de fournir dès que possible des données finales sur le financement pour le climat fourni et mobilisé en 2022. C’est pourquoi nous travaillons avec les contributeurs et en collaboration avec l’OCDE pour veiller à ce que les chiffres de 2022 soient publiés en temps voulu, et ce, sans compromettre la qualité ou l’exactitude des données sous-jacentes.

Une mise à jour sur les quatre domaines d’action du Rapport d’étape du plan de mise en œuvre du financement de la lutte contre les changements climatiques

La réalisation urgente de l’objectif de 100 milliards de dollars américains en support à nos partenaires des pays en développement demeure une priorité centrale.  Néanmoins, il est essentiel d’améliorer la qualité du financement pour le climat afin de s’assurer que chaque dollar versé est aussi efficace et utile que possible. En 2022, notre rapport d’étape du Plan de mise en œuvre du financement de la lutte contre les changements climatiques a mis en évidence quatre domaines d’action sur lesquels nous devons concentrer nos efforts collectifs : le financement de l’adaptation, la mobilisation du financement privé, l’accès au financement pour le climat et le financement provenant de banques de multilatérales de développement (BMD). Bien qu’il reste des défis considérables à relever, nous pensons que le paysage du financement climatique a évolué de manière positive, grâce aux efforts importants déployés par tous les intervenants pour améliorer les mesures prises dans ces quatre domaines d’action.

Nous reconnaissons que les besoins en matière de financement de la lutte contre le changement climatique sont importants et qu'ils augmentent rapidement. Pour répondre à ces besoins, nous avons besoin de l'action et de la coopération de tous les acteurs - nationaux, internationaux, publics et privés - afin de transférer les milliers de milliards de dollars nécessaires à la transition vers un monde sans émissions nettes et résilient au changement climatique.

Parallèlement aux données de 2021 sur le financement pour le climat, l’OCDE a publié deux rapports thématiques sur le financement de l’adaptation (disponible en anglais seulement) et le financement privé mobilisé (disponible en anglais seulement). Ces rapports fournissent une évaluation factuelle de l’état actuel de la situation, ainsi que des informations précieuses sur les défis qui subsistent et des recommandations concrètes pour continuer à faire avancer les choses dans la bonne direction.

Financement de l’adaptation

Il est clair que, alors que nous travaillons à doubler le niveau de financement de l’adaptation fourni collectivement, tel que demandé dans le cadre du Pacte de Glasgow, nous devons collaborer pour livrer des efforts soutenus sur le financement de l’adaptation. Tel que défini dans Plan de mise en œuvre du financement de la lutte contre les changements climatiques, ce doublement implique une augmentation du niveau de financement fourni par les contributeurs de 20 milliards de dollars américains (2019) a 40 milliards de dollars américains d’ici 2025. À cet égard, nous exhortons les BMD à s'engager à atteindre des objectifs ambitieux en matière de financement de l'adaptation, en annonçant des projections révisées et améliorées pour 2025. Les données communiquées par l'OCDE montrent une diminution du financement du climat pour l'adaptation en 2021 (24,6 milliards de dollars américains) par rapport à 2020 (28,6 milliards de dollars américains), avec une augmentation parallèle du niveau de financement transversal, qui soutient en partie les activités d'adaptation. Nous sommes convaincus que la tendance générale à l'augmentation du financement de l'adaptation se maintient, notamment parce que les contributeurs réagissent au Pacte de Glasgow sur le climat, qui a été adopté à la fin de l'année 2021.

À la suite de l'appel à l'ambition lancé par le Pacte climatique de Glasgow, et comme indiqué dans le rapport d’étape de l'année dernière, les contributeurs ont fixé des objectifs et des engagements renforcés pour faire un pas en avant en matière d'adaptation. Nous restons sur la bonne voie pour atteindre ces objectifs et engagements et nous sommes collectivement déterminés à continuer à donner la priorité à la programmation en matière d'adaptation. Nous engageons également les bénéficiaires des fonds dans une série de forums afin de cibler les problèmes liés à la qualité et à la fourniture des financements, y compris récemment en marge de la pré-COP lorsque les ministres du climat et du développement des pays contributeurs, des pays les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires en développement (PEID) ont discuté de la manière d'améliorer l'accès à un financement de qualité pour l'adaptation et l'ampleur de ce financement.

Pour favoriser les progrès en matière de financement de l’adaptation, nous nous efforcerons de mettre en œuvre les recommandations de l’OCDE. Cela suppose notamment de renforcer la coordination entre les fournisseurs et les bénéficiaires de financements pour l’adaptation, surtout pour mieux tirer parti des financements privés, et de privilégier des approches holistiques des programmes qui s’inscrivent dans les priorités nationales. Parallèlement, nous encourageons également les bénéficiaires du financement pour le climat à continuer d’intégrer l’adaptation dans les processus nationaux de budgétisation et de planification et à demander un soutien à cet égard dans le cadre des dialogues individuels avec les donateurs.

Mobilisation des financements privés

En ce qui concerne la mobilisation des financements privés, les données de 2021 montrent un retour au niveau de 2019, avec 14.4 milliards de dollars américains mobilisés, après une baisse en 2020. Depuis 2017, les financements privés mobilisés dans le cadre de l'objectif de 100 milliards de dollars américains n'ont pas augmenté, malgré une croissance simultanée significative des financements publics pour le climat. De toute évidence, des efforts concertés de la part des contributeurs aux finances publiques et des principaux acteurs du secteur privé, ainsi que des efforts réglementaires de la part des pays en développement partenaires pour favoriser un climat d'investissement attrayant, sont nécessaires pour permettre des progrès à l'échelle requise pour répondre aux besoins.

L’OCDE a formulé des mesures concrètes pour améliorer cette situation. Conformément à ces recommandations, nous nous efforcerons de mieux adapter nos financements publics afin d’exploiter plus efficacement les occasions commercialement viables, le cas échéant, et de réduire le risque des investissements dans les secteurs qui demeurent moins attrayants pour les fournisseurs de financements privés y compris par une application accrue des garanties. Pour ce faire, nous nous efforcerons d’améliorer la coordination entre les principaux acteurs, notamment les acteurs internationaux et nationaux. L’élan récent des plateformes dirigées par les pays montre que nous progressons dans la bonne direction. Ces plateformes, comme les Partenariats pour une transition énergétique équitable, qui se concentrent sur la décarbonation et la réalisation d’une transition équitable, sont adaptées aux objectifs climatiques particuliers de chaque pays. Elles ont permis de rassembler des sommes importantes de financement du développement et de ressources philanthropiques pour aider à catalyser la mobilisation de milliards de dollars de financement privé pour soutenir les objectifs climatiques des pays partenaires.

Améliorer l'accès

Alors que nous cherchons à améliorer l’efficacité et à accroître la portée du financement pour le climat, nous devons impérativement concentrer nos efforts sur l’amélioration de l’accès, tout particulièrement pour les plus vulnérables. Bien que des difficultés subsistent, plusieurs composantes de l’architecture du financement pour le climat, notamment le Fonds vert pour le climat, sont en cours d’amélioration pour faciliter l’accès. Le Fonds a récemment défini « l’amélioration considérable de l’accès aux ressources du Fonds vert pour le climat » comme une priorité opérationnelle clé pour sa deuxième période de reconstitution, entre 2024 et 2027. Ce recentrage va de pair avec les mises à jour récemment approuvées de ses programmes de soutien à la préparation et de soutien aux projets, deux outils essentiels pour soutenir le renforcement des capacités et l’élaboration de projets dans les pays partenaires. D’importants progrès ont également été réalisés grâce au groupe de travail sur l’accès au financement de la lutte contre les changements climatiques. Les essais de la nouvelle approche en matière d’accès, conformément aux principes et aux recommandations du groupe de travail, explorent des approches simplifiées et programmatiques qui améliorent la rapidité, l’envergure et l’accessibilité du financement pour le climat. Le groupe de travail se concentre sur les pays où les besoins humanitaires sont importants afin de garantir un meilleur accès au financement pour le climat aux pays vulnérables au climat qui rencontrent des difficultés d’accès particulièrement marquées.

Par ailleurs, les données relatives au financement pour le climat fournies en 2021 révèlent également des tendances positives en ce qui concerne l’accès des plus vulnérables; en 2021, 4 % du financement total fourni et mobilisé a été fourni aux petits États insulaires en développement et 20 % aux pays les moins développés. En outre, le montant du financement pour le climat octroyé sous forme de subventions a augmenté de 7,9 milliards de dollars américains entre 2016 et 2021 globalement.

Partenariat avec les BMD

Enfin, les efforts visant à optimiser le rôle des BMD dans la fourniture de financements pour le climat et, plus généralement, en tant qu’acteurs clés d’un système financier international privilégiant un développement à faibles émissions de carbone et résilient aux changements climatiques, demeurent une priorité. Comme le montre le rapport conjoint de 2022 sur le financement climatique des banques multilatérales de développement , publié en octobre, les BMD font état d’une augmentation importante des engagements de la part d’économies à revenu faible et intermédiaire en matière de financement pour le climat, qui se sont chiffrés à 60,7 milliards de dollars américains en 2022, comparativement à 50,7 milliards de dollars américains en 2021^{Note de bas de page 2} . Le rapport confirme également que les BMD ont surpassé les objectifs de financement pour le climat pour 2025 qui ont été fixés en 2019, lors du Sommet sur l’action pour le climat organisé par le Secrétaire général des Nations Unies.

Par ailleurs, l’élan en faveur de la réforme se poursuit. Lors de ses assemblées annuelles, qui se sont récemment tenues à Marrakech, la Banque mondiale a dévoilé un énoncé de vision actualisé : « Créer un monde sans pauvreté sur une planète vivable. »Cet énoncé met l’accent sur un engagement en faveur de l’action climatique illustré en outre par le versement record de 38,6 milliards de dollars américains (disponible en anglais seulement) en financement pour le climat entre juillet 2022 et juin 2023. Les mesures prises pour augmenter la capacité de prêt de la Banque mondiale de plus de 157 milliards de dollars américains au cours des dix prochaines années témoignent également du fait qu’un changement se fait sentir. Dans cette optique, les contributeurs continueront à travailler avec les BMD pour réaliser des progrès audacieux en matière de climat.

Perspective

Dans leur ensemble, ces évolutions positives, les données sur le financement climatique fourni en 2021 et l'échantillon partiel de données disponibles pour 2022, fournissent des preuves convaincantes de progrès assurés. L'indication de l'OCDE selon laquelle l'objectif a probablement été atteint en 2022 est une mise à jour bienvenue. Bien que la réalisation de cet objectif constitue une étape importante, il reste encore beaucoup à faire pour étendre et améliorer le financement pour le climat. Les engagements ambitieux des contributeurs, notamment dans le cadre de la deuxième reconstitution du Fonds vert pour le climat, montrent que nous continuons à prendre des mesures dans la bonne direction. Nous invitons ceux qui n’ont pas encore contribué à la deuxième reconstitution du Fonds vert pour le climat à le faire en prenant des engagements ambitieux. Nous invitons également toutes les parties en mesure de le faire à se joindre à la mobilisation des ressources du Fonds d’adaptation de cette année en prenant de nouveaux engagements, ainsi qu’au Fonds pour les pays les moins avancés et du Fonds spécial pour les changements climatiques. Parallèlement, il est essentiel d’intensifier les efforts pour relever les défis de longue date afin d’amplifier la portée du financement pour le climat. C’est pourquoi nous restons déterminés à travailler en collaboration avec les autres contributeurs et tous les intervenants pour atteindre l’objectif et livrer du progrès au-delà de cet objectif.