Rafales courtes:
Le retrait des sept drills de combat de section de la QMB (partie 1)

La fable de la poule progressiste de l’Armée canadienne
par James Dillard II, Ph. D., et le Bdrc Alec Rembowski

Les unités et le personnel de réserve sont considérés comme une solution « disponible en cas de besoin » qui, dans le cas de l’armée américaine, a entraîné le déploiement de 300 000 réservistes depuis les attaques du 11 septembre.Note de bas de page 1  Au cours de l’engagement du Canada en Afghanistan, entre 20 et 30 % des Forces canadiennes déployées étaient des réservistes,Note de bas de page 2  ce qui souligne l’importance accordée aux forces de réserve, mais qui soulève une question préoccupante : que se passe-t-il si ces forces manquent d’instruction essentielle? Cette réflexion analytique se concentre sur la question de l’instruction et de la préparation de la Première réserve (P rés) de l’Armée canadienne en ce qui concerne les sept drills de combat de section.

Par le passé, les sept drills de combat de section étaient officiellement enseignés dans le cadre du cours de qualification militaire de base – terre (QMB - terre). Ce cours était obligatoire pour tous les soldats de l’Armée canadienne. Le cours de qualification militaire de base - terre suivait le cours de qualification militaire de base – commune (QMB - commune) et constituait un prérequis pour les stagiaires avant qu’ils ne passent aux cours propres à leur groupe professionnel dans le cadre de la première période de perfectionnement (PP1). À la suite de l’abandon de la QMB - terre, le contenu du cours a été soit intégré dans la QMB - commune, soit transféré dans les cours de groupes professionnels de la PP1 pour les stagiaires.

Si les cours de durée réduite peuvent être bénéfiques à la fois pour les stagiaires et les instructeurs, il existe un piège important : il incombe aux instructeurs de veiller au maintien de la rigueur des études et du programme d’enseignement, ce qui signifie que, malgré le raccourcissement des échéances, les éléments essentiels du cours ne doivent pas être abrégés.Note de bas de page 3  Les études indiquent que, lors de la refonte ou du raccourcissement des cours, le processus doit être soigneusement contrôlé afin de s’assurer que les objectifs du cours restent intacts et que les normes en matière d’éducation ne sont pas diminuées ou compromises.Note de bas de page 4 

Le problème : les soldats ne sont pas prêts pour le combat

Ce problème est particulièrement important pour la P rés de l’Armée canadienne, qui ne dispose pas de la souplesse nécessaire pour renforcer toutes les normes en matière d’éducation au retour de ses cours. Les sept drills de combat de section, qui ont été supprimés de l’instruction à la qualification militaire de base (QMB), constituent un cas important pour la P rés de l’Armée canadienne.Note de bas de page 5  Sans cette instruction inestimable, les soldats de la P rés auront du mal à se défendre contre les forces d’insurrection ainsi que contre les adversaires pairs et proches dans le cadre des opérations.

L’organisation et le commandement d’une section de soldats dans l’Armée canadienne reposent sur les sept drills de combat de section. Comme il est décrit dans La section et le peloton d’infanterie en opération, l’expérience a montré que lorsqu’une action rapide est essentielle au succès, il est avantageux de disposer de méthodes pour résoudre les problèmes tactiques mineurs qui sont à la fois connues et comprises. Les drills de combat de section ont été mis au point pour permettre une réaction instinctive au contact. L’exécution séquentielle des drills est une progression logique de l’action qui permet à une section de surmonter une opposition mineure.Note de bas de page 6 

Les sept drills de combat de section sont les suivants : 1) Se préparer au combat, 2) Réagir au tir d’efficacité de l’ennemi, 3) Repérer l’ennemi, 4) Gagner l’échange de feu, 5) Approcher, 6) Donner l’assaut, 7) Procéder à la consolidation.Note de bas de page 7  Ces drills enseignent aux soldats comment fonctionner au combat en tant que membre d’une section dans le cadre de la doctrine de l’Armée canadienne.

Le 22 février 2023, un comité d’examen du plan d’instruction (CE PLANIN) a été constitué pour prendre des décisions et formuler des recommandations concernant la norme de qualification (NORQUAL)/le plan d’instruction (PLANIN) de la QMB – commune.Note de bas de page 8  Le CE PLANIN a conclu qu’il serait préférable de réduire le contenu et de supprimer le titre des sept drills de combat de section.Note de bas de page 9  Il a plutôt recommandé de conserver les étapes un à quatre : 1) Se préparer au combat, 2) Réagir au tir d’efficacité de l’ennemi, 3) Repérer l’ennemi, et 4) Gagner l’échange de feu.Note de bas de page 10  Ce contenu réduit porte maintenant le titre « Réagir au tir de l’ennemi » et comprend également « Réagir au tir indirect de l’ennemi ».Note de bas de page 11 

Le CE PLANIN a reconnu que, sans QMB - terre, la génération actuelle de stagiaires P rés entame son cours propre au groupe professionnel de la PP1 moins bien préparée que ses prédécesseurs.Note de bas de page 12  Le compte rendu de décision du CE PLANIN indique qu’il faudrait réduire le temps alloué à l’instruction à la « navigation » dans le cadre de l’exercice d’entraînement en campagne (XEC) de la QMB - commune afin d’incorporer des éléments du contenu du cours QMB - terre. Cependant, comme la « navigation » est un contenu essentiel qui a toujours été un pilier du cours de la QMB - commune, le CE PLANIN a suggéré de limiter la « navigation » à une demi-journée au cours du XEC afin de libérer du temps pour le contenu du cours « réagir au tir de l’ennemi ».

Bien que cette décision semble satisfaire à la fois le contenu « navigation » et le contenu « réagir au tir de l’ennemi », dans la pratique, le contenu « réagir au tir de l’ennemi » a reçu beaucoup moins de temps que le contenu « navigation ». Dans les NORQUAL/PLANIN QMB - commune P rés, le contenu « navigation » se voit attribuer quinze périodes d’instruction, dont cinq pendant le XEC, à dispenser sous forme de cours magistraux interactifs, de démonstrations et de pratique.Note de bas de page 13  Tandis que le contenu « réagir au feu de l’ennemi » ne se voit attribuer que deux périodes d’instruction pendant le XEC, à dispenser sous forme d’une combinaison de cours magistraux interactifs, de démonstrations et de pratique.Note de bas de page 14  « Réagir au tir de l’ennemi » englobe les quatre premières étapes des sept drills de combat de section et le point d’enseignement « Réagir au tir indirect de l’ennemi », ce qui place des attentes irréalistes à la fois sur le personnel d’instruction et les stagiaires de la QMB - commune.

S’il peut être avantageux d’abréger ou de condenser les cours, le premier engagement doit être de maintenir la qualité de l’enseignement. Si le contenu est abrégé, de sorte que les stagiaires ont des connaissances insuffisantes, les efforts déployés risquent de ne pas atteindre les résultats escomptés. Ce constat est tout aussi vrai aujourd’hui qu’en 1903, lorsque Wilber Jackman a présenté sa Fable de la poule progressiste dans The Journal of Education. Dans cette fable, la poule choisissait de gagner du temps à l’éclosion en réduisant de trois jours la durée pendant laquelle elle restait assise sur ses œufs. Ainsi, ses poussins naissaient plus rapidement et gagnaient trois jours d’avantages sur les autres poussins, et sa charge maternelle était allégée de trois jours. À la fin de la période de durée réduite, elle a aidé ses bébés à sortir de leur coquille et les a vus mourir, l’un après l’autre, à cause de ses efforts progressistes pour gagner du temps.Note de bas de page 15  L’Armée canadienne ne peut pas refuser à la prochaine génération de soldats recrutés l’instruction essentielle nécessaire pour réussir dans les opérations de combat. L’Armée canadienne ne peut pas se permettre d’être une poule progressiste.

(à suivre dans la partie 2)

À propos des auteurs

James Dillard II, Ph. D., est un spécialiste des affaires publiques de la Garde côtière des États-Unis qui a pris sa retraite pour des raisons médicales. À sa retraite, il s’est lancé dans le monde universitaire et a obtenu une maîtrise en histoire et un doctorat en éducation à l’université de Houston Clear Lake. Il a ensuite obtenu une maîtrise en études stratégiques et poursuit actuellement un doctorat en études stratégiques au Centre d’études militaires, stratégiques et de sécurité de l’Université de Calgary. Lorsqu’il n’est pas en train de poursuivre des champs d'intérêt universitaires, il aime explorer le Canada avec sa femme, lire et regarder des œuvres de fiction et de non-fiction, ainsi que construire et collectionner des blocs Lego.

Le Bdrc Alec Rembowski est réserviste de l’Armée canadienne au sein du 1er Régiment d’artillerie de campagne (Halifax-Dartmouth). Après son enrôlement dans la P rés en 2015, il a obtenu un baccalauréat ès arts de l’Université Dalhousie. Il est actuellement étudiant en vue de l’obtention d’une maîtrise en études stratégiques au Centre d’études militaires, stratégiques et de sécurité de l’Université de Calgary. De septembre 2023 à août 2024, le Bdrc Rembowski était employé à l’École de combat du 41 GBC, où il donnait des cours de QMB et de QMB(O).


Cet article a été publié pour la première fois en ligne dans la section Rafales Courtes du Journal de l'Armée du Canada (juillet 2025).

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