Rafales courtes:
Le retrait des sept drills de combat de section de la QMB (partie 2)
Solutions pour l’instruction initiale dans le cadre des sept drills de combat de section
par James Dillard II, Ph. D., et le Bdrc Alec Rembowski
(suite de la partie 1)
Dans le cas des sept drills de combat de section, le nouveau cours de qualification militaire de base – commune (QMB - commune) de la Première réserve (P rés) a été tronqué, ce qui a entraîné la perte de compétences essentielles pour le soldat et a potentiellement réduit la capacité de combat des diplômés de ce cours. La suppression de la qualification militaire de base – terre (QMB - terre) a contraint à transférer le matériel de ce cours à la QMB - commune ou à le transmettre aux cours de la période de perfectionnement 1 (PP1) propres à chaque groupe professionnel. Un comité d’examen du plan d’instruction (CE PLANIN) pour le cours QMB - commune s’est efforcé d’intégrer les sept drills de combat de section qui étaient auparavant enseignés dans le cours QMB - terreNote de bas de page 1 , en réduisant et en condensant le contenu dans ce qui est maintenant enseigné comme « réagir au tir de l’ennemi »Note de bas de page 2 . L’article précédent, intitulé La fable de la poule progressiste de l’Armée canadienne, visait à convaincre le lecteur que le retrait des sept drills de combat de section de l’instruction des réservistes de l’Armée canadienne entrave le perfectionnement des soldats et leur préparation au déploiement dans le cadre d’opérations de combat, en particulier dans le contexte des conflits internationaux croissants où les réservistes de l’Armée canadienne peuvent se trouver aux prises avec des adversaires pairs, proches et non étatiques. Le présent article met en lumière trois solutions possibles qui permettront aux soldats d’apprendre les sept drills de combat de section dès le début de leur carrière afin de mieux se préparer aux opérations de combat.
QMB - commune - Un nouveau système brisé
Le manque de temps accordé au personnel d’instruction de la QMB met en lumière les dangers des cours abrégés dans l’enseignement. Certaines études indiquent qu’il est avantageux d’avoir des cours de courte durée, ou de « découper » les données en courts blocs d’information. Cependant, ces mêmes études soulignent également que lorsque les renseignements sont complexes ou essentiels, comme c’est le cas pour les sept drills de combat de section qui peuvent sauver la vie d’un soldat, les étudiants préfèrent que plus de temps soit consacré à ces sujets importants.Note de bas de page 3
Finalement, la suppression de la QMB - terre a entraîné un manque de compétences chez les nouveaux soldats. Si on ne leur enseigne pas efficacement les sept drills de combat de section, les réservistes risquent davantage de subir des pertes s’ils sont pris sous le tir de l’ennemi, car ils n’ont pas de réaction instinctive efficace au contact et ne peuvent pas progresser logiquement en cas d’opposition mineure.Note de bas de page 4 Bien que cette décision puisse avoir des conséquences désastreuses et coûter la vie à des soldats, l’Armée canadienne conserve la capacité d’annuler la modification du programme par l’adoption de nouvelles normes d’instruction qui intègrent tous les sept drills de combat de section du cours QMB - commune P rés, par le rétablissement du cours QMB - terre dans sa forme d’avant 2021, ou par le changement de vocation complet du cours QMB - commune ainsi que le rétablissement et l’amélioration du cours QMB - terre.
Première solution – Intégration des sept drills de combat de section dans la QMB - commune
La première façon, et la plus simple, de réintégrer les sept drills de combat de section dans l’instruction de la QMB consiste à réunir un nouveau CE PLANIN et à essayer de mieux intégrer les sept drills de combat de section dans la norme de qualification/le plan d’instruction (NORQUAL/PLANIN) de la QMB - commune. Dans l’idéal, il s’agirait d’allouer des périodes similaires aux périodes d’instruction à la « navigation », soit dix périodes de cours magistraux et cinq sur le terrain.Note de bas de page 5 Cette solution entraînerait une contrainte de temps, en particulier pour l’exercice d’entraînement en campagne (XEC) de la QMB-commune. Cette solution pourrait changer fondamentalement l’intention et les attentes du XEC QMB - commune, mais elle devrait être prise en compte pour garantir que les sept drills de combat de section soient pleinement intégrés dans la NORQUAL/le PLANIN QMB - commune.
Deuxième solution - Rétablissement de la QMB - terre dans l’Armée canadienne
La deuxième façon de réintégrer les sept drills de combat de section dans l’instruction des nouveaux soldats consiste à rétablir le cours QMB - terre dans le programme d’instruction de l’Armée canadienne à son état d’avant 2021. Si l’Armée canadienne devait réintégrer le cours de QMB - terre, il faudrait que celui-ci ressemble au cours donné avant les changements apportés en 2021,Note de bas de page 6 ce qui permettrait de maximiser le nombre de soldats de l’Armée canadienne qui recevraient cette instruction en tant que stagiaires. Les instructeurs peuvent également provenir des corps d’infanterie qui possèdent ces compétences de combat fondamentales, telles que les sept drills de combat de section.
Troisième solution - Changement de vocation de la QMB - commune et revitalisation de la QMB - terre
La troisième option, qui est la plus importante, consiste à changer complètement la QMB - commune pour en faire un cours pour les trois armées, comme l’équivalent de la Force régulière. Ensuite, le cours QMB - terre serait réactivé afin d’aborder toutes les compétences propres à l’Armée de terre de manière isolée. Ainsi, le cours QMB - commune ne comporterait pas de XEC et se terminerait par le champ de tir C7 et la chambre à gaz CBRN. Cette solution permettrait de regrouper tous les réservistes des Forces armées canadiennes (FAC) des trois armées : l’Armée canadienne, la Marine royale canadienne et l’Aviation royale canadienne, dans une norme commune, avant de les séparer pour suivre une instruction propre à leur propre armée.
Cette solution permettrait de réduire considérablement la durée du cours de QMB - commune et d’allonger la durée du cours de QMB - terre par l’intégration de toutes les compétences propres à l’Armée de terre dans le cours de QMB - terre, y compris la « navigation » et les sept drills de combat de section. Ce programme culminerait dans un XEC qui serait un hybride de la QMB - commune actuelle et de l’ancien cours de QMB - terre. Cette solution serait celle qui perturberait le plus le système d’instruction actuel de l’Armée canadienne. Cependant, elle permettrait aux nouveaux soldats de la P rés d’interagir avec leurs camarades et instructeurs des autres armées des FAC, ce qui renforcerait la camaraderie entre les trois armées. En outre, cette solution permettrait de regrouper toute l’instruction propre à l’Armée de terre dans un cours propre à l’Armée de terre avant que les stagiaires ne s’orientent vers les cours propres à leur groupe professionnel dans le cadre de la PP1.
Conclusion
À une époque marquée par des situations déstabilisantes sur la scène internationale et où les armées sont confrontées à des contraintes budgétaires et à l’obligation de faire plus avec moins, chaque soldat devient un élément essentiel de l’ensemble. Qu’il s’agisse de la Force régulière ou de la Réserve, des services de combat ou de soutien, chaque soldat doit posséder toutes les compétences militaires de base pour s’engager et survivre au combat contre des adversaires pairs, proches et non étatiques. L’Armée canadienne doit s’attendre à devoir produire des forces pour des opérations internationales, comme c’est le cas pour la Brigade de présence avancée renforcée multinationale dirigée par le Canada en Lettonie, qui s’appuient de plus en plus sur la P rés et nécessitent une instruction adéquate en matière de compétences militaires de base, telles que les sept drills de combat de section.Note de bas de page 7 Les auteurs affirment qu’avec le modèle de programme actuel, les capacités opérationnelles du Canada et sa crédibilité internationale auprès de ses partenaires stratégiques pourraient subir des revers potentiels.
À propos des auteurs
James Dillard II, Ph. D., est un spécialiste des affaires publiques de la Garde côtière des États-Unis qui a pris sa retraite pour des raisons médicales. À sa retraite, il s’est lancé dans le monde universitaire et a obtenu une maîtrise en histoire et un doctorat en éducation à l’université de Houston Clear Lake. Il a ensuite obtenu une maîtrise en études stratégiques et poursuit actuellement un doctorat en études stratégiques au Centre d’études militaires, stratégiques et de sécurité de l’Université de Calgary. Lorsqu’il n’est pas en train de poursuivre des champs d’intérêt universitaires, il aime explorer le Canada avec sa femme, lire et regarder des œuvres de fiction et de non-fiction, ainsi que construire et collectionner des blocs Lego.
Le Bdrc Alec Rembowski est réserviste de l’Armée canadienne au sein du 1er Régiment d’artillerie de campagne (Halifax-Dartmouth). Après son enrôlement dans la P rés en 2015, il a obtenu un baccalauréat ès arts de l’Université Dalhousie. Il est actuellement étudiant en vue de l’obtention d’une maîtrise en études stratégiques au Centre d’études militaires, stratégiques et de sécurité de l’Université de Calgary. De septembre 2023 à août 2024, le Bdrc Rembowski était employé à l’École de combat du 41 GBC, où il donnait des cours de QMB et de QMB(O).
Cet article a été publié pour la première fois en ligne dans la section Rafales Courtes du Journal de l'Armée du Canada (août 2025).
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