Lettre adressée à l'honorable Bill Blair et à l'honorable Marc Garneau concernant la création d'un bureau fédéral d'aide aux victimes de terrorisme et de violence extrémiste

Le 9 août 2021


L’honorable Bill Blair, ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile
 Ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile
 269, avenue Laurier Ouest
 Ottawa (Ontario)  K1A 0P8 

et 

L’honorable Marc Garneau, ministre des Affaires étrangères
 Affaires mondiales Canada
 125, promenade Sussex
 Ottawa (Ontario)  K1A 0G2

Objet : Création d’un bureau fédéral d’aide aux victimes de terrorisme et de violence extrémiste 

Messieurs les Ministres,

Les citoyens canadiens sont depuis longtemps victimes d’attaques terroristes, au Canada et à l’étranger. Malgré ce phénomène de longue date, je suis d’avis qu’il y a encore une lacune dans les politiques qu’il presse de combler pour soutenir ces Canadiens dans leur rétablissement et leur guérison à long terme. En raison de la multiplicité des administrations concernées et de l’absence d’orientation stratégique fédérale cohérente, ces personnes vulnérables signalent à mon bureau[1] qu’elles passent souvent à travers les mailles du filet, sans que leurs besoins ne soient pris en compte ou respectés. 

Étant donné que le terrorisme transnational est toujours présent et en pleine expansion, il est plus important que jamais pour le Canada de créer un bureau fédéral chargé de fournir des services de soutien et de suivi coordonnés et cohérents aux Canadiens victimes de l’extrémisme. Les groupes extrémistes acquièrent des capacités et une portée de plus en plus transnationales. La Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (CCT) du Conseil de sécurité de l’ONU a signalé en avril 2020 que le nombre d’attentats perpétrés par des extrémistes de droite à motivation idéologique avait augmenté de 320 % au cours des cinq dernières années et que les Australiens, les Européens et les Nord-Américains étaient les plus à risque de ces attentats. En janvier 2020, le Conseil de sécurité de l’ONU a signalé que l’État islamique réaffirme actuellement sa présence en Irak et en Syrie, [traduction] « fomentant de plus en plus d’attaques audacieuses ». En Afghanistan, le pays voisin, les Talibans continuent de lancer des attaques et sont actuellement considérés comme [traduction] « plus forts qu’à n’importe quel moment au cours des 18 dernières années » (Maizland et Laub, 2020). Enfin, le Hezbollah a étendu sa portée en Afrique, en Asie, en Amérique latine et en Europe (Levitt, 2020). Le Hezbollah a accumulé des armes et des explosifs dans des bases en Europe que le coordonnateur de la lutte contre le terrorisme du département d’État des États-Unis a qualifiées en 2020 de danger réel et actuel pour les États-Unis [et ses alliés] (Coughlin, 2020; Karam, 2020). 

Je suis convaincue qu’une politique fédérale globale, axée sur les victimes, ainsi qu’une approche cohérente, sont nécessaires. Les besoins des victimes sont bien définis dans les études; mentionnons l’intervention d’urgence, le respect et la reconnaissance, la protection, le soutien (y compris l’accès à l’information), l’accès à la justice, l’indemnisation et la réadaptation (C‑CAT, 2021). Dans le cadre de son travail avec les familles touchées et les survivants, mon bureau signale fréquemment que les éléments suivants font défaut : 

Le Canada devrait s’inspirer de la façon dont les autres pays du Groupe des cinq, à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ont opérationnalisé leurs interventions afin d’aider les survivants à se rétablir et à normaliser leur vie après des incidents de victimisation massive. La création d’un bureau fédéral d’aide, qui reconnaît la nature et les conséquences à long terme de la violence extrémiste, contribuera à prévenir et à atténuer les résultats psychosociaux négatifs qui peuvent découler d’un traumatisme non traité. Un tel bureau pourrait assurer le suivi de ces incidents à l’échelle mondiale et nationale, fournir les services de sensibilisation nécessaires et le soutien pratique, financier et juridique aux victimes et aux survivants, ainsi qu’effectuer des recherches continues et élaborer des politiques pour garantir une approche globale, cohérente et axée sur les victimes. Par conséquent, je recommande qu’Affaires mondiales Canada et Sécurité publique Canada travaillent en tant que partenaires fédéraux pour créer et administrer conjointement un bureau fédéral d’aide aux victimes de terrorisme et de violence extrémiste. 

En attendant votre réponse, je serais ravie de vous fournir toute l’aide nécessaire à l’examen de cette recommandation. Vous trouverez ci-joint un récent rapport en deux parties, commandé par mon bureau : Élaboration d’un plan d’intervention fédéral modernisé pour les Canadiens victimes d’actes de violence de masse à l’étranger : Comment le Canada peut répondre aux besoins des victimes transfrontalières en se fondant sur les meilleures pratiques internationales. 

Je vous prie d’agréer, Messieurs les Ministres, l’expression de mes sentiments respectueux. 

Heidi Illingworth (she/her/elle)
Federal Ombudsman for Victims of Crime/l’ombudsman fédérale des victimes d’actes criminels

[1] En tant qu’ombudsman fédérale des victimes d'actes criminels, une partie importante de mon mandat consiste à mieux faire connaître les besoins et les préoccupations des victimes d'actes criminels, et à promouvoir un traitement juste et équitable pour l’ensemble des victimes et des survivants d’actes criminels au Canada.

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2021-08-09