Traduire dame Nature
Vivre au Canada, c'est vivre la ronde des saisons, avec les plaisirs que nous offre dame Nature… et les surprises qu'elle nous réserve! Ce n'est pas un hasard si la météo occupe une grande place dans nos conversations, nos bulletins de nouvelles et nos appareils mobiles.
Mais saviez-vous que c'est le Bureau de la traduction de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) qui traduit les bulletins et alertes météorologiques du gouvernement fédéral pour l'ensemble du Canada?
Le Bureau de la traduction collabore avec le Service météorologique du Canada (SMC) depuis près de 50 ans. Une « collaboration sans pareil », selon Geneviève Gravel, cheffe de l'équipe de traduction des bulletins météorologiques, qui travaille au Bureau depuis 2008.

« La Loi sur les langues officielles exige la publication des alertes et bulletins météorologiques dans les deux langues en même temps », explique Geneviève. Pour illustrer le travail de cette équipe dont elle fait partie depuis 15 ans, elle utilise l'exemple de la bande rouge qui apparaît dans les applications mobiles lorsqu'une alerte est en vigueur. « Cette bande rouge, c'est nous. C'est le travail de notre équipe. Plus précisément, les météorologues rédigent l'alerte, nous la traduisons, puis l'avis apparaît sur les téléphones. »

La technologie au service de la sécurité publique
Pour Anne-Sophie Antoine, traductrice depuis 2008 et membre de l'équipe depuis 2019, la technologie joue un rôle fondamental dans ce travail. « Sans elle, on ne pourrait pas traduire les alertes aussi rapidement. En moyenne, on traduit un bulletin en moins de 5 minutes, et un bulletin compte environ 80 mots. Ce serait beaucoup plus long sans la technologie. »

Geneviève renchérit : « Je pense à la journée record du 24 décembre 2022. L'équipe a reçu et traité 440 bulletins pour un total de plus de 33 000 mots. Le traducteur en poste a donc traité quelque 11 000 mots pendant son quart de travail. Sans la technologie, cette charge de travail aurait été insurmontable. »
C'est d'ailleurs dans le domaine de la météorologie que le Bureau de la traduction est devenu un pionnier de la traduction automatique, et ce, dès 1977. En effet, les formulations se ressemblent beaucoup d'un bulletin météorologique à l'autre, ce qui en facilite la traduction par une machine – sous le regard avisé des traducteurs et traductrices, bien entendu!
L'outil de traduction automatique utilisé par l'équipe a évolué au fil du temps. La version actuelle, propulsée par l'intelligence artificielle, repose sur les bulletins traduits par l'équipe au cours des 20 dernières années. Cela en fait un outil hautement spécifique, alimenté par des données de qualité supérieure. « C'est ce qui permet d'optimiser les résultats et d'accroître notre efficacité », explique Geneviève.
Le fonctionnement est simple et fluide, puisque l'outil est branché directement dans le système du SMC. Dès qu'un bulletin est prêt, l'outil propose une traduction, qui est révisée par l'équipe, retournée au SMC et diffusée dans les deux langues officielles sur les différentes plateformes du SMC, comme meteo.gc.ca et l'application MétéoCAN. Le tout exige à peine quelques minutes. Comme l'indique Geneviève : « Le fait que notre outil soit intégré au système du SMC permet d'épurer notre façon de faire et d'axer nos efforts sur le plus important : une traduction rapide de qualité. »
Rapidité et qualité sont les mots d'ordre de l'équipe. La sécurité du public en dépend : tout retard ou toute erreur pourrait avoir des conséquences graves. Dans le cas d'une alerte de tornade, la traduction doit être prête en moins de 2 minutes! Geneviève raconte qu'il lui est arrivé de recevoir l'alerte météo sur son cellulaire quelques secondes après avoir livré la traduction. « C'est quasi simultané. Notre travail touche les gens directement. Ma plus grande fierté est de servir la population canadienne », confie-t-elle.
Une petite équipe aux grandes répercussions
L'équipe de Geneviève compte actuellement 9 traductrices et traducteurs, qui assurent le service 24 h par jour, 7 jours par semaine, 365 jours par année. L'horaire de travail est divisé en quarts de jour, de soir et de nuit. La majeure partie du temps, il y a une seule personne en poste.
La collaboration est cruciale au sein de l'équipe, qui se partage les quarts de travail par rotation. « On est vraiment une belle équipe soudée, qui s'entraide beaucoup. On peut compter les uns sur les autres et chacun fait preuve de beaucoup de flexibilité », mentionne Anne-Sophie.
Pour la maman de 3 enfants, le travail par quarts peut sembler un défi, mais il en est tout autre. « Ce type d'horaire me permet de me dégager du temps pour m'impliquer dans ma vie personnelle. Par exemple, faire le quart de soir me permet de participer plus activement aux activités de l'école de mes enfants pendant le jour. »
Déjà crucial pour le Canada, le travail de l'équipe s'étend même à l'international. En effet, le Bureau de la traduction vient en aide à l'Unité hydrométéorologique d'Haïti pendant la saison des ouragans. « Si un ouragan touche Haïti ou passe près du pays, l'Unité émet un bulletin spécial pour prévenir la population des dangers possibles, explique Geneviève. Ces bulletins sont en français et nous les traduisons vers l'anglais pour les aider à bien informer l'ensemble des gens sur leur territoire. »
Et le travail de l'équipe ne se limite pas aux bulletins et alertes météorologiques : durant les périodes d'accalmie, elle s'occupe d'une panoplie d'autres textes pour le SMC, dont les prévisions du Service canadien des glaces.
Alors la prochaine fois que vous discuterez de la pluie et du beau temps, ayez une pensée pour les traductrices et traducteurs qui vous aident à connaître l'humeur de dame Nature!
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