Recommandations au sujet de la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives au Canada - Indicateurs de contamination fécale : Élaboration des recommandations actualisées

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Recommandations pour les activités de contact primaire

Historique des recommandations pour les indicateurs de contamination fécale

La version antérieure des Recommandations pour la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives au Canada, publiée en 2012, contenait des valeurs recommandées pour les indicateurs de contamination fécale que sont E. coli et les entérocoques. Les recommandations pour E. coli visaient principalement les eaux douces, tandis que celles pour les entérocoques s'appliquaient principalement aux eaux marines. Il est noté dans ces recommandations que les valeurs pour E. coli pouvaient s'appliquer aux eaux marines, et les valeurs pour les entérocoques, aux eaux douces, s'il était démontré de façon appropriée que ces bactéries sont associées à la présence d'une contamination fécale dans un site donné.

Les valeurs recommandées incluaient une moyenne géométrique (MG) et une concentration maximale dans un seul échantillon (CM1E) pour chaque indicateur (tableau B1). Les moyennes géométriques étaient basées sur un minimum de cinq échantillons, dont les moments et les lieux de prélèvement garantissaient des données représentatives de la qualité de l'eau en lien avec les activités aquatiques. En cas de dépassement de l'une ou l'autre des valeurs recommandées, il fallait, au minimum, procéder immédiatement à un nouvel échantillonnage. Seules des méthodes fondées sur les cultures étaient présentées.

Tableau B1 : Comparaison des valeurs recommandées pour les activités de contact primaire

Recommandations de 2012

Recommandations actuelles

MG CM1E

BAV

(cfu/100 mL) (cfu/100 mL) (cfu/100 mL) (ece/100 mL)Note de bas de page *
E. coli 200 400 235 S.O.
Entérocoques 35 70 70 1 000
Note de bas de page *

pour les méthodes fondées sur la PCR

Retour à la référence de la note de bas de page *

Les valeurs correspondant aux moyennes géométriques étaient fondées sur l'analyse de régression des données épidémiologiques, effectuée par l'U.S. EPA (Dufour, 1984; Cabelli, 1983), reliant les concentrations d'E. coli ou d'entérocoques à l'incidence des maladies gastro-intestinales associées à la baignade. Les CM1E avaient été fixées au double des moyennes géométriques recommandées. Les CM1E ainsi calculées étaient conformes aux densités d'indicateur maximales admissibles établies par l'U.S. EPA (1986). D'après l'analyse de régression, les valeurs recommandées pour E. coli et les entérocoques correspondaient à des taux saisonniers d'environ 10 à 20 MGIHC pour 1 000 baigneurs.

Valeurs recommandées actuelles pour les indicateurs de contamination fécale

Selon les recommandations actualisées, présentées au tableau B1, il est toujours conseillé d'utiliser E. coli et les entérocoques comme indicateurs de contamination fécale. Si la bactérie E. coli reste utilisée principalement en eaux douces, les entérocoques sont maintenant recommandés en eaux douces et marines. Comme dans les recommandations de 2012, il est possible d'utiliser E. coli en eaux marines s'il est démontré de façon appropriée que cette bactérie est associée à la présence d'une contamination fécale dans le milieu marin.

Les valeurs recommandées comprennent des BAV (valeurs seuils pour la prise des mesures requises à la plage) pour chaque indicateur. Chaque résultat d'échantillon (échantillon seul ou composite) doit être comparé aux BAV. Le dépassement d'une BAV déclenche la prise d'une mesure supplémentaire de la part des autorités responsables, comme un nouvel échantillonnage ou la publication d'avis relatifs aux plages. Les méthodes fondées sur les cultures (E. coli et entérocoques) et celles fondées sur la PCR (entérocoques) peuvent être utilisées pour l'analyse.

Les BAV proviennent du document de l'U.S. EPA (2012) et représentent le 75e centile de la distribution de la qualité de l'eau, ce qui correspond à un risque de 36 maladies gastro-intestinales pour 1 000 personnes pratiquant des activités de contact primaire. Comme il est mentionné à la section Définition de maladie gastro-intestinale, selon la modification de la définition de maladie gastro-intestinale servant aux études épidémiologiques, 36 maladies gastro-intestinales équivalent à 8 MGIHC.

De plus, il est souligné dans les recommandations actuelles que les sources de contamination fécale sont importantes pour déterminer le risque potentiel pour la santé humaine. Par conséquent, lorsque les eaux utilisées à des fins récréatives présentent un très faible risque de contamination fécale causée par les humains ou les ruminants, l'établissement de nouvelles valeurs recommandées peut s'avérer judicieux.

Justification du changement d'approche

Plusieurs changements importants ont été apportés dans les recommandations actuelles sur les indicateurs de contamination fécale. Il s'agit notamment d'abandonner l'utilisation des moyennes géométriques (MG) et des concentrations maximales dans un seul échantillon (CM1E) au profit de l'utilisation des BAV pour la gestion quotidienne des plages (changement fondé sur les données des études épidémiologiques les plus récentes); de recommander des méthodes de surveillance fondées sur la PCR en plus de celles fondées sur la culture; et d'encourager l'utilisation du dépistage des sources de pollution microbienne (DSPM) et l'établissement de critères de substitution (le cas échéant).

Les Recommandations pour la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives au Canada de 2012 présentaient des seuils doubles (c.-à-d. MG et CM1E), car chaque seuil offrait des informations différentes sur la qualité de l'eau. Le seuil établi pour un seul échantillon servait à prévenir les gestionnaires de tout problème immédiat concernant la qualité de l'eau, tandis que le seuil de la moyenne géométrique servait à prévenir les autorités des problèmes de contamination chronique. Bien qu'un minimum de 5 échantillons était recommandé pour le calcul de la moyenne géométrique, plus le nombre d'échantillons est important, plus la moyenne calculée correspond à la qualité de l'eau. Comme de nombreux sites sont échantillonnés peu fréquemment (par exemple une fois par semaine), une part importante de la saison de baignade s'écoule avant l'obtention d'un nombre suffisant d'échantillons pour le calcul d'une moyenne géométrique représentative. Par conséquent, la moyenne géométrique peut servir à dégager les tendances à long terme de la qualité de l'eau et à déterminer si une zone convient de façon générale aux activités récréatives (selon le seuil correspondant à 36 cas de maladies gastro-intestinales par 1 000 personnes pratiquant des activités de contact primaire), mais elle est moins utile pour la prise des décisions de gestion des plages au quotidien. Ainsi, l'utilisation des BAV a été adoptée. Les BAV sont semblables aux concentrations maximales dans un seul échantillon, en ce sens qu'elles signalent aux gestionnaires tout problème immédiat de qualité de l'eau à examiner.

De plus, les BAV reflètent les études épidémiologiques les plus récentes menées aux États-Unis. Contrairement aux études précédentes, les nouvelles études épidémiologiques n'ont pas montré de relation linéaire entre les maladies gastro-intestinales et des concentrations croissantes d'E. coli et d'entérocoques (mesurées au moyen de cultures). Ce que ces études ont déterminé, c'est que lorsque la moyenne géométrique atteint 30 ou 35 entérocoques par 100 mL, il existe une différence de risque significative entre les personnes exposées et non exposées. Ces études ne disposaient pas de données sur E. coli; cependant, des valeurs pour E. coli correspondant à un niveau similaire de risque pour la santé ont été calculées et intégrées au présent document. Cela permet d'harmoniser les niveaux de risque associés aux deux indicateurs de contamination fécale. Les BAV sont basées sur le 75e centile de la distribution de la qualité de l'eau associée aux moyennes géométriques des concentrations, selon les données des nouvelles études. Il est plus prudent de recourir au 75e centile (plutôt qu'au 90e ou au 95e centile), car les mesures requises à la plage seront déclenchées par une concentration moindre d'organismes indicateurs de contamination fécale. Une telle approche permet de mieux protéger les sous-populations sensibles, comme les enfants.

Les méthodes de surveillance de la qualité de l'eau fondées sur la PCR sont désormais incluses, car leurs fondements scientifiques sont bien établis, et elles sont plus accessibles pour les autorités responsables. L'accès à la surveillance fondée sur la PCR facilite également la recherche sur le DSPM, car de nombreuses méthodes de DSPM utilisent des technologies fondées sur la PCR pour déterminer les sources de matières fécales dans un plan d'eau. Il est aussi bien établi que les concentrations d'agents pathogènes humains varient selon les sources de matières fécales et que les sources provenant d'humains et de ruminants posent le plus grand risque. Lorsque l'accès aux méthodes permettant de déterminer l'incidence des matières fécales dans une zone récréative s'améliore, il devient possible de mieux caractériser le risque d'un site récréatif et d'établir, s'il y a lieu, d'autres critères de qualité des eaux utilisées à des fins récréatives. Les valeurs de substitution établies doivent maintenir le même niveau de protection de la santé publique (c.-à-d. au plus 36 cas de maladies gastro-intestinales par tranche de 1 000 personnes pratiquant des activités de contact primaire).

Recommandations pour les activités de contact secondaire

Historique des recommandations

Les Recommandations pour la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives au Canada (publiées en 2012) fournissaient des conseils pour les activités aquatiques de contact secondaire. Il était reconnu que ce type d'activités entraîne un degré moindre d'exposition à l'eau la plupart du temps. Toutefois, vu le peu de recherches disponibles sur les risques de contracter une maladie lors d'activités de contact secondaire, il n'avait pas été possible d'établir un seuil précis pour les indicateurs de contamination fécale en fonction des effets sur la santé. Cependant, sur la base des informations disponibles, il avait été recommandé d'appliquer un facteur de 5 aux moyennes géométriques des indicateurs de contamination fécale qui garantissaient une protection lors d'activités de contact primaire, afin d'établir un seuil pour les activités de contact secondaire.

Recommandations actuelles

Les données épidémiologiques sont encore insuffisantes pour établir des seuils d'indicateurs de contamination fécale en fonction de la santé pour les activités de contact secondaire. Cependant, certaines nouvelles recherches ont évalué les différents degrés d'exposition associés aux activités de contact primaire et secondaire. Les recherches ont montré une réduction du nombre de personnes qui déclarent avaler de l'eau et du volume d'eau avalé par rapport aux activités de contact primaire. L'exposition est donc plus faible. Si l'on souhaite établir un seuil d'indicateur de contamination fécale pour la pratique d'activités de contact secondaire, un multiplicateur direct peut être appliqué aux BAV en fonction de la différence entre les volumes d'eau ingérés par type de contact (primaire ou secondaire). La décision d'appliquer un multiplicateur relève de l'autorité responsable, mais il est suggéré que sa valeur soit comprise entre 3 et 8, selon les études disponibles. Le choix du multiplicateur dépendra des sources de contamination fécale dans les zones récréatives.

Justification du changement d'approche

Depuis la publication des recommandations de 2012, des recherches ont analysé les risques pour la santé humaine liés aux activités de contact secondaire et ont fourni des données sur la différence d'exposition entre les activités de contact primaire et de contact secondaire. De plus, il a été établi que les zones récréatives qui ne sont pas touchées par des matières fécales d'humains ou de ruminants – comme celles où seuls les animaux sauvages ou les oiseaux ont une incidence – peuvent contenir moins d'agents pathogènes pour l'humain, si bien que l'adaptation des valeurs recommandées pourrait s'avérer judicieuse dans ces zones. En fonction de ces deux avancées, un multiplicateur universel unique et une gamme de multiplicateurs ont été envisagés. Il a été déterminé qu'un multiplicateur fixe, appliqué à toutes les zones de loisirs, serait trop restrictif, car les considérations propres au site ne seraient pas prises en compte. C'est pourquoi un éventail de multiplicateurs potentiels est fourni. Les autorités responsables pourront s'y reporter afin d'établir des seuils recommandés pour les activités de contact secondaire, en tenant compte à la fois des risques pour la santé (en fonction des particularités du site) et des bienfaits découlant de la pratique d'activités récréatives dans les plans d'eau, notamment l'activité physique et le plaisir.

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