Remarques officiaux au Comité permanent de la défense nationale (NDDN)

Remarques officiaux

23 septembre 2025

Mario Baril

L'Ombudsman de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes

---

Bonjour membres du Comité.

Je vous remercie de m’avoir invité à prendre la parole devant vous. Je crois comprendre qu’il existe une tradition de communication entre le Comité permanent de la Défense nationale et le Bureau de l’ombudsman, et qu’elle dure depuis plus de 27 ans.

Je suis en compagnie de la directrice générale des opérations du Bureau de l’ombudsman, Robyn Hynes.

C’est un véritable honneur de servir à titre d’ombudsman des Forces armées canadiennes et du ministère de la Défense nationale. Ce dimanche, j'ai participé à la Course de l'Armée canadienne à Ottawa et j'ai ressenti une grande fierté envers l'équipe de la Défense. 

Mon mandat est clair : contribuer à la mise en place d’améliorations substantielles et durables qui profiteront à la communauté de la Défense.

Ma nomination est entrée en vigueur le 2 juillet de cette année. Je possède 28 années d’expérience dans la fonction publique, y compris 18 en tant qu’exécutive. Au fil des ans, j’ai eu le privilège de conseiller des sous-ministres en tant que chef de cabinet à Services publics et Approvisionnement Canada ainsi qu’au Secrétariat du Conseil du Trésor, plus précisément au Bureau du dirigeant principal des ressources humaines. J’ai également conseillé des cabinets ministériels en matière de communication stratégique et organisationnelle. 

Ces 7 dernières années, j’ai exercé les fonctions d’ombudsman organisationnel à Innovation, Sciences et Développement économique Canada, puis celles d’ombudsman pour les questions de santé mentale à Services publics et Approvisionnement Canada. Grâce à cette expérience, j’ai pu constater directement le besoin croissant de mécanismes psychologiquement sûrs permettant d’aborder les problèmes propres au lieu de travail sans crainte de représailles. Telle est la proposition de valeur de toute organisation d’ombudsman, à laquelle s’ajoute, dans le cas présent, le fait d’offrir un cadre fiable et confidentiel où les militaires, leurs familles, les Rangers, les Cadets, les employés du Ministère, le personnel des Fonds non publics et, maintenant, celui de la Garde côtière canadienne peuvent parler de ce qu’ils vivent.

En plus de mon expérience d’ombudsman, je possède des accréditations en matière de médiation, de santé mentale en milieu de travail, de mentorat de dirigeants, d’évaluation du lieu de travail et d’arbitrage.

Mon objectif est clair : faire en sorte que chaque commettant se sente entendu, que nos enquêtes soient fondées sur des données probantes, que nos recommandations soient applicables et que nos activités de suivi soient cohérentes.

J’ai passé les premiers mois de mon mandat à examiner les rapports antérieurs, à rencontrer les hauts responsables et à écouter la communauté de la Défense. Cela m’a aidé à définir mes priorités.

Avant tout, la visibilité

J’ai l’intention de visiter les bases et les escadres de tout le pays, à partir de janvier, afin d’entendre directement les commettants, de relever les nouveaux problèmes, d’en discuter avec les autorités compétentes et de formuler, le cas échéant, des recommandations réalisables. Nous sommes déjà en voie de planifier nos premières visites, qui auront lieu dans les bases de Trenton et de Petawawa.

Mes premières rencontres et mes premières lectures m’ont permis de noter plusieurs enjeux propres à la communauté de la Défense.

• Les retards et les obstacles dans le processus de recrutement.

• Faibles taux de rétention

• Manque de disponibilité, l’accessibilité et le charactère abordable des logements restent des défis.

• Tensions familiales liées aux affectations et à la séparation

• Pénurie de personnel dans les services de santé entraînant un accès incohérent aux soins physiques et mentaux

• Une transition fragmentée de la vie militaire à la vie civile

• Des signalements persistants de harcèlement, de racisme et de discrimination

Nous sommes également très attentifs à de nouveaux enjeux qui seront importants pour ce Comité dans les mois qui viennent :

• Le recours croissant à la Force de réserve, malgré les difficultés persistantes en matière de rémunération, d’avantages sociaux et de soutien des employeurs.
• Le rôle croissant que les Rangers canadiens doivent jouer dans la souveraineté du Nord, alors que nombre d’entre eux manquent encore d’équipement et de soutien.
• Les conséquences des nouvelles mesures de rémunération et la question de savoir si elles répondent de manière significative aux pressions financières qui s’exercent sur les militaires.
• La pression qui sera exercée sur les infrastructures telles que le logement, les soins médicaux et les installations de formation si les objectifs de recrutement sont atteints sans que le soutien correspondant soit offert.
• L’intégration de la Garde côtière canadienne au Ministère – une expansion qui ajoutera plus de 7 000 personnes à notre clientèle.

Les organisations d’ombudsman jouent un rôle essentiel d’agent de contrôle et d’équilibre ou de soupape de sécurité dans la manière dont les employés sont traités dans le cadre de l’application de politiques et de mécanismes tels que les processus de règlement des griefs et de traitement des plaintes pour harcèlement. L’importance des ombudsmans a été reconnue à l’échelle internationale, y compris par les Nations Unies, qui ont approuvé les Principes de Venise en 2020 et 2024. Ces principes désignent l’indépendance, l’objectivité et la transparence en tant que normes mondiales pour les organisations d’ombudsman; il s’agit des pierres angulaires de la promotion d’une gouvernance, d’un contrôle et d’une reddition de comptes adéquats. Dans ce contexte global, je demeure convaincu de l’importance de la mise en œuvre des recommandations issues du troisième examen indépendant de la Loi sur la défense nationale effectué par le juge Fish, et en particulier de la recommandation 103, qui concerne directement l’indépendance de notre organisation.

Pour conclure, je tiens à saluer le travail exceptionnel réalisé par les militaires des Forces armées canadiennes et leurs familles tant au Canada qu’à l’étranger. Les efforts qu’ils ont récemment déployés pour lutter contre les incendies de forêt dans tout le pays illustrent leur engagement inébranlable en faveur du service.

Je vous remercie encore une fois de m’avoir donné l’occasion de me présenter devant vous aujourd’hui. Je me réjouis de travailler en collaboration avec ce comité pour améliorer le bien-être de l’équipe de la Défense et renforcer les systèmes qui la soutiennent. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.