Annexe A – Ouverture : L'Ohenten Kariwatekwen

Avant d’entamer tout travail important, pendant une réunion ou au moment de créer un document, beaucoup de gens sont d’avis qu’il vaut la peine de prononcer quelques « mots avant tous les autres mots ». Certains appellent cette pratique une prière. La plupart des peuples autochtones ont une certaine forme d’ouverture. Le peuple Kanien’kehá:ka appelle cela l’Ohenten Kariwatekwen. On nous apprend à prononcer ces mots pour témoigner notre reconnaissance à notre Créateur et l’honorer, quelle que soit la manière dont nous le percevons. On nous apprend à prononcer ces mots parce que nous sommes tous arrivés à ce moment précis après avoir suivi nos propres parcours de vie; nous avons tous vécu des expériences différentes qui nous ont conduits à ce moment précis où nous lisons ces mots ou nous préparons à écouter les suivants. Il est important de témoigner notre reconnaissance et d’honorer nos propres parcours. On nous apprend à prononcer ces mots parce qu’ils nous rappellent ce qui compte vraiment dans la vie et ce pour quoi nous devrions être reconnaissants chaque jour. On nous apprend à prononcer ces mots pour que nos esprits se réunissent pour n’en former qu’un seul afin de mener à bien notre tâche.

On nous apprend que les premiers mots prononcés doivent servir à exprimer notre gratitude envers toutes les personnes qui font partie de notre vie. Le Créateur place sur nos chemins de nombreuses personnes; parfois, elles ne restent qu’un bref moment, parfois, elles sont là pour nous enseigner une leçon. Parfois, elles marchent à nos côtés le temps d’une saison, parfois, elles sont avec nous toute notre vie. Quel que soit le temps qu’elles passent avec nous, nous leur sommes reconnaissants et les honorons. Nous saluons ces personnes et nous remercions le Créateur de les avoir fait entrer dans nos vies. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous dirigeons maintenant nos pensées vers notre Mère, la Terre. Nous reconnaissons qu’elle nous fournit tout ce dont nous avons besoin dans la vie, à condition que nous prenions également soin d’elle. Nous considérons souvent comme acquis le simple fait de marcher, de nous asseoir ou de nous allonger sur le sol. Comme elle porte chacun de nos mouvements, nous nous sentons près d’elle. Nous lui témoignons notre reconnaissance et l’honorons, et nous la saluons. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nos esprits se tournent vers toutes les formes d’eau qui coule sur la Terre Mère. Nous pensons aux pluies, aux ruisseaux, aux rivières, aux lacs et aux océans. Nous pensons à la puissance de l’eau qui coule et s’adapte pourtant aux objets solides. On nous apprend à laisser notre esprit être comme l’eau, sans forme, sans relief. Nous pensons à l’importance de l’eau pour toutes les formes de vie et nous rendons grâce pour les eaux qui étanchent notre soif. Nous témoignons notre reconnaissance au Créateur et le remercions de nous avoir donné ces eaux. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nos esprits se tournent vers tous les poissons qui vivent dans l’eau; ils ont été chargés de nettoyer et de purifier les eaux. Nous pensons à toutes les formes de vie aquatique, qu’il s’agisse du plus petit plancton qui nourrit la plus grande baleine, ou des sangsues qui se nourrissent d’autres poissons ou des poissons qui nagent parmi le récif. Nous nous émerveillons de leur beauté et nous sommes reconnaissants de la façon dont ils nous nourrissent. Toutes ces créatures ont une place sur la Terre mère et ont un but; nous saluons la vie des poissons, nous leur témoignons notre reconnaissance et remercions le Créateur de les avoir créés. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nos esprits se tournent maintenant vers ces autres choses que la Terre mère fournit, et nous pensons à décrire sa belle robe. La robe de notre Mère est verte grâce aux herbes luxuriantes de toutes formes et de toutes teintes. C’est la couleur des belles fleurs qui poussent tout autour de nous. C’est la couleur des buissons et celle des autres plantes que nous pouvons nourrir ou cueillir à contrecœur dans nos jardins. Nous pensons aux parfums extraordinaires qui flottent dans l’air lorsque nous osons fermer les yeux et porter notre attention sur eux. Nous témoignons notre reconnaissance à ces plantes et les honorons, nous les saluons et nous remercions le Créateur de nous les avoir fournies à tous et à toutes, car elles font vivre tant de formes de vie et nous montrent leur beauté. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous tournons nos esprits vers les plantes qui portent naturellement des fruits, parfois à différentes périodes de l’année. Nous pensons à toutes les variétés de fruits qui se trouvent partout sur la Terre Mère. Nous cueillons les baies qui nous font vivre, et nous récoltons les pommes et autres fruits pour préparer nos desserts et pour les mettre dans les boîtes à lunch de nos enfants. Parfois, il suffit de tendre la main pour accéder à toute cette nourriture que le Créateur nous fournit. Nous les saluons, nous leur sommes reconnaissants et remercions le Créateur pour ces choses. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous pensons maintenant aux médicaments que nous récoltons. On dit que les médicaments du Créateur sont la racine de tous les autres médicaments. On nous a appris à leur parler, à les observer pour ne pas en récolter trop dans un même endroit, à leur demander de l’aide pour guérir nos maladies et nos douleurs. Essayons de nous souvenir de ce que nos ancêtres nous ont appris concernant les médicaments et leur utilisation, et essayons de transmettre ces connaissances à nos enfants. Nous saluons les médicaments, nous leur sommes reconnaissants et nous honorons tous les médicaments que le Créateur nous a fournis. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous pensons maintenant à toute la vie des racines dont sont dotées toutes les choses qui poussent. Nous pensons à la façon dont elles sont reliées à notre Mère, comme un cordon ombilical. Nous pensons à l’importance d’avoir des racines dans notre vie, car elles nous rattachent à un lieu, un peuple ou une époque. Nous pensons à la façon dont les racines se développent et cherchent l’eau qui donne la vie; nos racines nous nourrissent. Nous comptons sur ces racines, car, même si les vents nous emportent, lorsque nous retrouvons la Terre Mère, nous sommes capables de nous enraciner. Nous les saluons, nous leur sommes reconnaissants, et nous honorons la vie des racines que le Créateur nous a fournies. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nos esprits se tournent vers les légumes que nous plantons et récoltons; nous les faisons pousser à partir de graines, nous les cultivons, nous les nourrissons et nous les arrosons. Nous réfléchissons à la manière dont ils peuvent mieux pousser avec d’autres plantes, ou à la façon de les protéger du soleil, des vents et des insectes. Nous sommes heureux quand ils poussent, et nous sommes tristes quand nous en trouvons un qui se fane ou qui meurt. Et au moment de la récolte, nous sommes reconnaissants de la nourriture qu’ils nous donnent si librement. Nous les saluons, nous leur sommes reconnaissants et nous remercions le Créateur de nous les avoir fournis. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous tournons nos esprits vers la vie des arbres. Il existe de nombreuses familles d’arbres sur la Terre Mère, chacune ayant ses propres instructions et objectifs. Nous pensons à la façon dont ils nous aident à nous abriter et nous fournissent de l’ombre les jours de grande chaleur ou de la chaleur quand il fait si froid. Nous pensons à leur sève qui nous soutient au printemps après un long hiver. De nombreux peuples du monde utilisent l’arbre comme un symbole de paix et de force. Nous saluons les arbres et les remercions d’être parmi nous. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nos esprits se tournent vers les animaux qui partagent la Terre Mère avec nous. Depuis longtemps, ils nous donnent des leçons lorsque nous prenons le temps de les écouter. Ils donnent leur vie pour nous nourrir, et ils donnent leur peau et leur fourrure pour nous habiller. Ils travaillent ensemble avec tous les autres animaux pour créer un système complet que nous appelons le cycle de la vie. Nous les saluons tous, nous leur sommes reconnaissants et nous remercions le Créateur de les avoir mis sur la Terre Mère à nos côtés. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nos esprits se tournent vers les petites créatures qui vivent partout parmi nous; la vie des insectes. Nous pensons à ceux qui sont dans nos jardins, et à ceux qui volent. Nous pensons à toutes les créatures qui mangent les insectes, que ce soit les chauves-souris la nuit, les poissons ou les oiseaux dans le ciel. Elles s’occupent des plantes et travaillent avec les animaux. Les insectes constituent une pierre angulaire de la vie et, sans eux, aucune autre vie n’est possible. Nous les saluons; nous leur sommes reconnaissants et nous remercions le Créateur de les avoir mis sur la Terre Mère à nos côtés. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Maintenant, nous tournons nos esprits vers le ciel, vers tous les oiseaux. Nous pensons à leurs magnifiques chants; on dit que lorsque nous sommes tristes, il suffit d’écouter le chant d’un oiseau pour que notre cœur s’élève. Nous pensons aux oies qui annoncent le changement de saison. Nous pensons au pic qui cherche sa nourriture avec tant de diligence. Nous pensons à l’aigle qui nous inspire à devenir plus grand pour le bien de tous. Il nous rappelle de profiter de la vie et de l’apprécier. Nous les saluons, nous leur sommes reconnaissants et les remercions de partager la planète avec nous. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous pensons aux forces que nous appelons les Quatre Vents, qui circulent constamment sur la Terre Mère. Ils apportent de l’air froid ou de l’air chaud. Ils apportent une brise légère ou secouent les arbres pour répandre les graines et le pollen. Ils purifient l’air que nous respirons. Nous réfléchissons à la manière de prendre soin de l’air pour que nos proches puissent respirer de l’air pur. Nous les saluons, nous leur sommes reconnaissants et nous les remercions. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous pensons à ce que nous appelons les Grands-pères; les êtres du tonnerre. Avec leurs tempêtes et leurs éclairs, ils apportent les pluies vivifiantes. Il est dit qu’ils gardent le mal sous terre grâce au grondement de leurs voix. Ils se déchaînent sur la Terre et les eaux. Nous saluons les Grands-pères, nous leur sommes reconnaissants et nous les remercions d’être parmi nous. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous tournons nos esprits vers notre frère aîné, le soleil, situé encore plus haut. Notre frère aîné est avec nous chaque jour pour veiller sur nous, nous protéger et nous donner de la force. Notre frère travaille avec tous les êtres vivants et tous les êtres vivants s’épanouissent sous son regard. Nous saluons notre frère aîné, nous lui sommes reconnaissants et nous le remercions. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous pensons ensuite à notre grand-mère la plus âgée, la lune, qui veille sur nous chaque nuit. Elle est la chef de toutes les femmes du monde et les guide à travers leurs cycles, semblables au sien. Elle gouverne toutes les eaux du monde, les façonne et les déplace. Son visage changeant nous permet de mesurer le temps, et elle annonce l’arrivée de nouveaux enfants dans le monde. Nous la saluons, nous lui sommes reconnaissants et nous la remercions. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous pensons à toutes les étoiles dans le ciel et nous les remercions. Elles aident notre grand-mère à éclairer les nuits sombres. Lorsque nous sommes perdus, elles nous guident vers notre maison. Elles nous rappellent que nous ne sommes qu’une petite partie du plan du Créateur. Nous saluons les étoiles, nous leur sommes reconnaissants et nous les remercions d’être parmi nous. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous tournons nos esprits vers les enseignants éclairés que le Créateur nous a envoyés pour nous guider sur notre chemin. Ils sont apparus à différentes personnes pour transmettre leur vérité et leurs instructions. Lorsque nous oublions de vivre en harmonie, ils nous rappellent la façon dont nous devons vivre en tant que personnes. Nous saluons ces enseignants bienveillants, nous leur sommes reconnaissants et nous les remercions de nous guider. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous tournons maintenant nos esprits vers notre Créateur. Il a tracé avant notre naissance le chemin que nous devons suivre. Il a choisi nos parents, et il a placé des obstacles sur notre chemin pour nous aider à apprendre et à grandir. Parfois, nous trébuchons et tombons, mais si nous sommes assez courageux, nous pouvons poursuivre notre parcours malgré ces obstacles. Le Créateur nous donne la joie que nous ressentons dans notre cœur et les larmes qui viennent du fond de notre tristesse. Nous saluons notre Créateur et lui adressons nos remerciements. Nous lui demandons de s’occuper de nos proches pendant que nous sommes occupés à gérer nos affaires afin de ne pas être distraits. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Nous sommes maintenant arrivés à la fin de notre prière. Nous avons évoqué beaucoup de choses, car nous ne voulions rien oublier. Si vous pensez que nous avons oublié quelque chose, nous vous demandons de le mettre dans votre esprit, votre cœur et votre âme pour le bien de tous et de toutes. Nous ne formons plus qu’un seul esprit.

Détails de la page

Date de modification :