Discours de la ministre Bibeau à l'occasion de la revue annuelle du Programme bilatéral de coopération du Canada avec le Sénégal
Discours
Le 30 août 2016 – Dakar, Sénégal
Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.
Depuis ma nomination à titre de ministre du Développement et de la Francophonie du Canada, c’est ma première visite officielle en Afrique.
Mais sur le plan personnel, c’est un retour pour moi sur le continent.
Car j’ai eu le plaisir d’y vivre, d’y voyager et d’y travailler, notamment au Maroc et au Bénin.
Mais ma présence ici représente davantage qu’une visite de la ministre.
C’est aussi le Canada qui est de retour en Afrique. Et qui entend y être de plus en plus présent.
C’est donc pour moi un privilège d’amorcer mon premier voyage officiel au Sénégal.
D’abord et avant tout pour rendre hommage à son peuple, avec lequel les Canadiens ont tissé des liens qui vont bien au-delà de notre langue commune.
Mais également pour souligner le rôle important que joue le Sénégal pour la stabilité de la région et pour le développement de l’ensemble du continent africain.
L’Accord de siège signé récemment entre le Sénégal et le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique [NEPAD] témoigne de votre leadership sur le plan du développement.
Le rôle du président [Macky] Sall à la présidence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest [CEDEAO] jusqu’en juin dernier est également révélateur de l’engagement sénégalais envers la coopération économique dans la sous-région.
Le Sénégal est aussi un modèle pour le reste de l’Afrique de par ses racines démocratiques profondes et tenaces.
Vos valeurs mettent de l’avant le respect des droits de la personne et la saine gouvernance.
À cet effet, la tenue à Dakar du procès de l’ancien président du Tchad, Hissène Habré, a envoyé un message clair au reste du monde : le Sénégal ne tolère pas l’impunité.
L’Afrique applique pour la première fois le principe de compétence universelle. Et cela survient au Sénégal.
Le Canada estime que ce procès représente une victoire pour la justice pénale internationale et l’état de droit.
Engagement du Canada en Afrique
Pour le premier ministre Justin Trudeau et son gouvernement, une chose est claire. Le Canada se doit d’être plus présent en Afrique. Le Canada s’engage en Afrique.
Et résolument aux côtés du Sénégal.
Et aux côtés des femmes et des filles sénégalaises. Car la promesse d’un avenir meilleur passe par une prospérité partagée. Ensemble, nous devons libérer le plein potentiel socio-économique des femmes et des filles et faire tomber les barrières qui nuisent à leur cheminement. Le gouvernement du Sénégal, dans ses efforts pour atteindre cet objectif, pourra compter sur l’appui indéfectible du gouvernement du Canada.
Revue annuelle du programme bilatéral de coopération du Canada avec le Sénégal
À cet égard, la revue annuelle du programme de coopération est un exercice important.
Elle permet de mesurer les réussites et de planifier nos actions mutuelles pour le développement du Sénégal.
Je pense notamment à nos efforts en éducation, où des résultats importants ont été obtenus en matière de qualité et d’accès à l’école pour les jeunes filles.
Au cours des sept dernières années, ce sont plus de 53 000 enseignants et enseignantes et quelque 7 800 directeurs et directrices qui ont été formés selon l’approche par compétences.
Ensemble, nous avons aussi financé l’acquisition et la distribution de plus de 3 millions de manuels scolaires.
Pas plus tard que ce matin, je visitais une école élémentaire à Kayar, dans la région de Thiès.
J’y ai annoncé deux nouveaux projets d’une valeur de 23 millions de dollars. Ces initiatives visent notamment à protéger les enfants en leur donnant un milieu d’apprentissage sécuritaire et à préserver les acquis en matière d’approvisionnement en manuels scolaires.
J’y ai aussi rencontré Mme Khadidiatou Diallo, la seule femme à exercer actuellement la fonction d’inspectrice d’académie au Sénégal.
Cette nomination illustre la volonté de votre gouvernement à nommer des femmes dans des postes clés afin qu’elles participent activement au développement de leurs collectivités.
Grâce à l’élaboration du Plan pour la promotion des femmes à des postes de responsabilités du ministère de l’Éducation, 141 femmes ont été promues en 2015-2016.
Enfin, toujours en éducation, j’ai annoncé une nouvelle contribution de près de 20 millions de dollars à l’Institut africain des sciences mathématiques. Cet institut offre une formation de calibre mondial à la prochaine génération de scientifiques africains, notamment les femmes.
Nous pouvons aussi souligner les progrès réalisés au Sénégal en matière de sécurité alimentaire et de nutrition.
Nos actions communes sur le terrain ont permis d’améliorer la production et la productivité par le renforcement des organisations paysannes, la formation et l’innovation.
Les productrices et producteurs de riz dans la vallée du fleuve Sénégal ont doublé leurs productions entre 2009 et 2016.
Dans la zone des Niayes et en Casamance, près de 30 000 producteurs, dont plus du tiers sont des femmes, ont modernisé leurs systèmes de production et de transformation.
Plus tôt aujourd’hui, j’ai eu le plaisir de procéder au lancement du volet sénégalais du projet Bon Départ en partenariat avec l’organisme canadien Initiative pour les micronutriments. D’une valeur de 1,7 millions de dollars, ce projet améliorera la nutrition de plus de 2 millions de femmes et de jeunes filles au Sénégal en leur garantissant un meilleur accès à des suppléments d’acide folique et de fer. En fait, ce projet assurera la distribution de suppléments à plus de 1 million d’adolescentes, ce qui signifie deux jeunes filles sur trois, pour l’ensemble des adolescentes qui fréquentent l’école au Sénégal.
Par ailleurs, le Sénégal est aussi un modèle en matière de saine gouvernance. Vos institutions et les mesures mises en place par votre gouvernement reflètent ce principe.
L’ouverture de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption ainsi que la publication en ligne de rapports budgétaires en sont deux exemples éloquents.
Pour ce qui est du récent référendum sur la réforme constitutionnelle, qui fait passer la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, il s’agit d’un autre legs important de votre président.
Les défis sont encore grands. Ensemble, nous progressons, mais il ne faut surtout pas sous-estimer l’ampleur des efforts qu’il nous reste à accomplir.
L’accès à l’emploi pour les jeunes demeure un enjeu important. L’accès à une éducation de qualité est la clé pour leur offrir des perspectives d’avenir. Autant chez les filles que chez les garçons. C’est aussi la meilleure arme contre la radicalisation, car il s’agit là d’un investissement direct pour la paix et la sécurité.
Le Sénégal figure aussi parmi les pays africains les plus vulnérables aux changements climatiques. Cette situation entraîne déjà des répercussions importantes qui augmentent la vulnérabilité des populations, en particulier celle des femmes, et fragilisent les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté.
Fonds mondial
Collectivement, nous sommes confrontés à trois épidémies dévastatrices : le VIH, la tuberculose et le paludisme.
Les femmes et les filles demeurent les principales victimes. En Afrique subsaharienne, les filles de 15 à 24 ans représentent 66 p. 100 des nouveaux cas d’infection au VIH. Ces statistiques démontrent de façon éloquente à quel point il est important de travailler davantage pour renforcer les capacités socio-économiques des femmes et des filles.
C’est pourquoi grâce à des partenariats novateurs comme celui avec le Fonds mondialde lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’objectif de la communauté internationale et du Canada est d’en finir pour de bon avec ces maladies, d’ici 2030.
Ce type de partenariat, qui engage les gouvernements, vise non seulement à lutter contre ces maladies, mais aussi à aider le Sénégal à renforcer son système de santé.
Je tiens d’ailleurs à remercier Son Excellence Macky Sall, qui a confirmé sa participation à la Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial, qui se tiendra à Montréal en septembre.
Appui au Plan Sénégal Émergent
Oui, le Canada et le Sénégal doivent relever divers défis, mais votre gouvernement a mis en place un plan sérieux pour y parvenir. De plus, les engagements mutuels pris par nos deux pays ont été respectés.
C’est pourquoi le Canada est résolu à appuyer le gouvernement sénégalais dans la mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent [PSE], qui favorisera une croissance forte et inclusive. Une croissance qui créera des emplois d’avenir pour les femmes et les jeunes, qui améliorera sensiblement les conditions de vie des populations les plus pauvres et les plus vulnérables, et qui renforcera la sécurité, la stabilité et la gouvernance.
Je suis fière d’annoncer que le Canada s’engage à verser au budget général du Sénégal 50 millions de dollars sur cinq ans en appui au PSE et une somme supplémentaire de 20 millions de dollars à un programme connexe d’assistance technique.
Cette contribution vise plusieurs objectifs.
Elle contribuera au renforcement des institutions sénégalaises et de la gouvernance démocratique, notamment dans les secteurs de la sécurité alimentaire et de la nutrition.
Elle assurera plus de transparence dans la gestion des revenus miniers en faisant du Sénégal un pays conforme à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives.
Notre contribution favorisera aussi une meilleure répartition des ressources en provenance de cette même industrie au profit des collectivités locales.
Enfin, cet investissement permettra également de doter la Cour des comptes du Sénégal de ressources humaines accrues, afin de renforcer sa capacité d’effectuer des audits externes.
Examen de l’aide internationale du Canada
Bien entendu, l’engagement canadien au Sénégal ira au-delà de l’appui au budget général du pays.
Comme vous le savez, nous avons récemment conclu une vaste consultation à l’échelle du Canada et à l’international en vue de recentrer l’aide sur les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables, incluant les États fragiles.
Les discussions ont porté sur cinq priorités :
- La santé et les droits des femmes et des enfants
- La croissance économique propre et les changements climatiques
- La gouvernance, le pluralisme, la diversité et les droits de la personne
- La paix et la sécurité
- La réponse aux situations de crise humanitaire et aux besoins des populations déplacées
Comme vous le constatez, plusieurs de nos priorités coïncident avec celles du Plan Sénégal Émergent.
Je peux d’ores et déjà vous affirmer deux choses avec certitude :
Premièrement, le Canada sera de plus en plus présent en Afrique, en particulier en Afrique francophone. Au-delà de son programme de développement, le Canada se doit d’accroître son engagement diplomatique et politique avec ses partenaires africains, d’intensifier auprès d’eux sa coopération avec les institutions multilatérales africaines, de renforcer la coopération en matière de sécurité et de multiplier ses échanges commerciaux.
Deuxièmement, le renforcement des capacités socio-économiques des femmes et des filles est au cœur de nos priorités en matière de développement international.
Les femmes et les filles
Nous ne pouvons prétendre progresser sérieusement si la moitié de l’humanité est laissée pour compte.
Dans tous nos projets, les femmes et les filles doivent être consultées au début du processus de développement. Elles doivent être assises à la table au moment de prendre des décisions et être parties prenantes de la réalisation des projets.
Elles doivent connaître leurs droits, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive. Choisir quand et avec qui elles désirent avoir des enfants, si elles en veulent.
Elles doivent aussi avoir accès à une éducation de qualité, au même titre que les jeunes hommes.
Autrement dit, elles doivent décider pour elles-mêmes, car elles sont de puissantes agentes de changement, de développement et de paix au sein de leurs collectivités.
Conclusion : la Francophonie et le Sommet de Madagascar
Pour conclure, je vous disais au début que le Canada et le Sénégal ont en commun des valeurs et des objectifs dans le monde et au sein de l’espace francophone.
À cet effet, je tenais à souligner l’importante contribution du Sénégal à titre de président du Sommet de la Francophonie au cours des deux dernières années.
Notre excellente collaboration a amené d’importantes réussites.
J’aurai le plaisir d’assister au prochain Sommet de Madagascar pour y présenter notre Plan d’action sur la Francophonie, lequel abordera les questions qui me tiennent particulièrement à cœur, notamment les femmes, les jeunes, la croissance économique durable, les changements climatiques, la paix et la sécurité.
Faisons de cet important événement un succès.
Le Sénégal et le Canada sont des acteurs clés dans la Francophonie, résolus à faire de cette organisation un espace dynamique et une plateforme de concertation, notamment en ce qui concerne les questions liées au développement du continent africain.
À cet égard, le Sénégal ne trouvera pas d’allié plus fort et plus fiable que le Canada.
Je vous remercie de votre écoute et vous souhaite une bonne fin de journée.
Contacts
Bernard Boutin
Attaché de presse
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