Discours du ministre Dion à la réunion du Conseil ministériel de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe
Discours
Le 3 décembre 2015 - Belgrade, Serbie
Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.
Permettez-moi d’abord de présenter les condoléances de tous les Canadiens au peuple américain, à la suite de la fusillade meurtrière survenue hier en Californie.
Le Canada est convaincu du rôle déterminant que joue l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE]; mon intervention sera donc axée sur notre lutte commune contre le terrorisme, la situation en Ukraine et l’incidence des changements climatiques.
Les défis relatifs à la sécurité de l’Europe que nous devons relever sont sans précédent depuis la fin de la guerre froide. Cependant, l’OSCE demeure une tribune essentielle de dialogue et de coopération, où les différends et les difficultés peuvent et doivent être exprimés sans contrainte.
Grâce à son approche globale en matière de sécurité, qui mise avant tout sur les droits de la personne, l’OSCE est particulièrement bien placée pour promouvoir la gouvernance inclusive, le pluralisme et le respect de la diversité.
Les trois organisations autonomes de l’OSCE responsables des minorités nationales, de la liberté des médias et des institutions démocratiques subissent actuellement des pressions de la part de certains États participants, qui estiment qu’elles ne remplissent pas leurs mandats. Mais aujourd’hui plus que jamais, leur travail de pionnier mérite notre appui. Je citerai un exemple parmi tant d’autres : l’initiative de Mme Dunja Mijatović, qui a réuni des journalistes russes et ukrainiens pour discuter des questions touchant la liberté des médias en situation de conflit. Voilà la première vocation et la raison d’être de l’OSCE.
Par ailleurs, nous devons aussi faire front commun et relever avec détermination le défi que pose le terrorisme.
Nous nous réunissons aujourd’hui, alors que certains États participants se remettent d’attaques terroristes meurtrières.
La communauté internationale dispose de divers outils pour combattre ce fléau : la Résolution 2178 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les combattants étrangers, coparrainée par le Canada; la stratégie à venir du secrétaire général des Nations Unies sur la prévention de l’extrémisme violent; le Forum mondial de lutte contre le terrorisme; la Coalition contre l’État islamique en Iraq et en Syrie et le processus du Sommet sur la lutte contre l’extrémisme violent de la Maison-Blanche. L’OSCE doit veiller à renforcer ces initiatives et contribuer à prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent en mettant l’accent sur le respect des droits de la personne, l’inclusion et la promotion de la diversité en tant que force.
Nos pays sont aussi appelés à répondre de la façon la plus efficace et la plus humaine possible à l’une des pires crises de migration et de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale. Le Canada doit y contribuer et il s’y engage : il accueillera 25 000 réfugiés syriens qui se soumettront d’abord à un processus de vérification rigoureux, puis deviendront sans l’ombre d’un doute de bons citoyens canadiens. Le Canada a aussi versé une somme supplémentaire de 100 millions de dollars au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Les événements préoccupants à la frontière turco-syrienne nous rappellent l’importance des mécanismes de prévention et de gestion des risques, ainsi que le besoin d’éviter les provocations. Dans ce contexte, le Canada espère que les États participants s’engageront résolument sur la voie de la modernisation du Document de Vienne en 2016, notamment en vue de l’adoption de dispositions renforcées sur la réduction des risques d’événements militaires par le biais de mesures de transparence accrue. Après tout, le Document de Vienne est un document de l’OSCE que nous avons la responsabilité d’adapter en fonction des circonstances.
Je vais maintenant aborder la question de l’Ukraine.
Le rôle de l’OSCE comme plate-forme de dialogue et de coopération est soumis à rude épreuve par l’ingérence de la Russie en Ukraine. Pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, un État a tenté, par la force, de redessiner les frontières européennes au mépris du droit international. Je réaffirme ici avec vigueur que le Canada ne reconnaît pas l’annexion illégale de la République autonome de Crimée par la Russie.
Rien ne nous ferait plus plaisir que de rétablir des relations cordiales avec la Russie, mais nous ne pouvons accepter ses velléités de contrôle sur ses voisins.
Nous rappelons aussi à tous les signataires des accords de Minsk les obligations qui leur incombent, notamment sur le retrait des armes lourdes de la ligne de contact, la libération des otages et des prisonniers et la tenue d’élections locales.
Nous appelons la Russie et les groupes armés illégaux qu’elle appuie à cesser leurs activités de déstabilisation et à travailler vers une résolution pacifique et durable du conflit, dans le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.
L’OSCE, grâce à sa mission spéciale d’observation en Ukraine, continue de jouer un rôle de premier plan dans l’évaluation de la mise en œuvre du cessez-le-feu. Le Canada s’est engagé à fournir jusqu’à 25 observateurs. Nous appuyons l’intention d’augmenter progressivement la taille de la mission à 800 observateurs. À cet égard, une contribution supplémentaire du Canada est à l’étude.
Pour terminer, j’aimerais aborder la question des répercussions des changements climatiques sur la sécurité de nos États.
Les changements climatiques sont un problème mondial qui influe directement sur l’économie, le développement et, on le réalise maintenant de plus en plus, la sécurité. Les effets des changements climatiques aggravent les situations existantes d’instabilité et de conflits dans les États fragiles. Les changements climatiques peuvent aussi contribuer à favoriser la migration. Cela est d’autant plus vrai lorsque les désastres naturels augmentent en intensité et en fréquence, qu’il s’agisse de la désertification au Sahel ou des inondations à répétition comme celles qui ont touché les Balkans l’été dernier.
Dans ce contexte, une entente internationale juste et efficace sur les changements climatiques doit absolument émerger des négociations en cours à Paris. Avec cet objectif en tête, le Canada a fait de la lutte contre les changements climatiques une priorité, tant en matière de réduction de ses émissions que de financement. À cet effet, le Canada a récemment annoncé un engagement de 2,65 milliards de dollars sur cinq ans pour des mesures d’atténuation et d’adaptation dans le monde.
La présidence serbe de l’OSCE tire à sa fin, et vous pouvez être fier du travail accompli. Les défis sont énormes, et il faut continuer à marquer des progrès.
Ce sera bientôt au tour de l’Allemagne de prendre le relais, peu après les célébrations du 20e anniversaire de sa réunification. Comme il s’agit d’un des événements les plus heureux de l’histoire récente, il faudrait s’en inspirer dans le contexte actuel. Je sais que l’Allemagne ne ménagera pas ses efforts en 2016 pour rétablir la paix, la sécurité et la confiance sur le continent européen sur la base des principes qui nous sont chers, et qui ont déjà été mentionnés ce matin, et je tiens à assurer l’Allemagne du plein appui du Canada.
Je vous remercie.
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