Discours de la ministre Bibeau à l'occasion du petit déjeuner des chefs de missions diplomatiques francophones accrédités au Canada

Discours

Le 27 janvier 2016 - Ottawa, Ontario

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Madame la Présidente du Groupe des chefs de missions diplomatiques francophones accrédités au Canada, Monsieur l’Ambassadeur de France, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, représentants du corps diplomatique,

Je suis heureuse d’avoir l’occasion de vous rencontrer pour vous parler de l’engagement et des actions du Canada à l’égard de la Francophonie, dix mois avant le Sommet qui se tiendra à Madagascar en novembre prochain. Un sommet où les chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie devront faire le bilan de nos progrès depuis le Sommet de Dakar en 2014. Un sommet où les membres de la Francophonie devront convenir des stratégies et actions à prendre afin de faire face aux enjeux complexes qui se dressent devant nous.

En fait, ces enjeux, que ce soit le développement durable, les changements climatiques, la pauvreté, la migration, le terrorisme, la violence faite aux femmes, la radicalisation des jeunes ou les conflits armés, ne se limitent pas au seul espace francophone. Ce sont des défis qui concernent toutes les régions du monde.

Comme l’a si justement dit Mme Michaëlle Jean, la secrétaire générale de la Francophonie, aux membres de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie réunis à Berne en juillet 2015, « la Francophonie demeure au cœur de toutes les urgences du monde ».

Après les attentats terroristes qui ont touché plusieurs de nos partenaires de la Francophonie récemment, nous pensions que nous avions atteint la limite de l’inconcevable. Les attaques terroristes survenues au Burkina Faso et au Cameroun dans les derniers jours nous rappellent tristement que la menace est bien présente et qu’aucun de nous n’est à l’abri. Le Canada condamne sans réserve ces attentats qui ont enlevé la vie à plusieurs de nos concitoyens, dont six Canadiens, et est solidaire du Burkina Faso et du Cameroun dans ces moments difficiles.

Le Canada est profondément déterminé à contribuer à bâtir un monde meilleur et plus sûr, où le pluralisme et la différence sont encouragés et célébrés. Nous avons le devoir de montrer que la diversité inclusive est une force capable de vaincre l’intolérance, le radicalisme et la haine.

Dans les pays où la démocratie a pris racine, qui ont connu une alternance de pouvoir régulière et pacifique, les dividendes sont clairs : les droits de la personne sont mieux défendus, les économies plus stables, les gouvernements mieux en mesure de répondre aux besoins de base de leurs citoyens, et les communautés ont davantage de résilience pour faire face au radicalisme et à d’autres pressions.

La promotion de la diversité, qui est une valeur essentielle que nous partageons avec les autres membres de la Francophonie, passe entre autres par l’accueil d’immigrants et de réfugiés. À cet égard, le Canada s’est engagé à faciliter le processus permettant aux immigrants de s’établir sur le territoire canadien, d’être réunis avec leur famille et de contribuer au succès économique de l’ensemble du pays.

De plus, j’ai annoncé en novembre dernier un financement de 100 millions de dollars en aide humanitaire pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Ce financement canadien permettra de répondre aux besoins urgents des personnes touchées par le conflit syrien, notamment en matière de logement, de protection, d’éducation et de santé.

La réalisation d’un monde meilleur et plus sûr ne pourra se faire tant qu’une femme sur trois dans le monde sera victime de violence physique ou sexuelle. Le Sommet de Dakar, qui portait sur les femmes et les jeunes, nous a permis d’aborder certaines de ces questions préoccupantes, comme les mariages d’enfants, les mariages précoces et les mariages forcés.

En travaillant avec ses partenaires de la Francophonie, le Canada est déterminé à mettre fin à ces pratiques dont les conséquences sont si profondes et la portée si grande. Les mariages d’enfants empêchent les filles d’accéder à l’éducation, mettent en péril leur santé et les rendent vulnérables à la violence. Cette pratique empêche les filles d’atteindre leur plein potentiel et de contribuer pleinement à la croissance sociale et économique de leur famille, de leur communauté et de leur pays.

C’est aussi à nous de mettre en place toutes les conditions nécessaires pour établir un environnement favorable à la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles.

L’éducation est un moyen d’y arriver. Le Canada salue et soutient les efforts de l’Organisation internationale de la Francophonie [OIF] visant à renforcer l’accès des filles et des garçons à une éducation et à une formation de qualité. Il est ici question de permettre à ces jeunes de s’épanouir et de leur assurer une meilleure insertion professionnelle et citoyenne.

La formation, le tutorat et la création de réseaux représentent également des atouts indiscutables dans la mise en place des conditions nécessaires pour créer un environnement favorable au développement économique inclusif. C’est pourquoi le Canada soutient le programme d’entrepreneuriat des jeunes et des femmes de l’OIF afin que ces segments importants de nos populations puissent s’épanouir, trouver du travail et contribuer pleinement au développement de nos communautés.

La santé est un élément important en vue d’assurer l’autonomisation des femmes et des jeunes. La santé des femmes, des adolescentes et des enfants demeure une initiative clé dans nos efforts pour soutenir les priorités mondiales. Notre programmation dans ce domaine s’étend maintenant à la santé et aux droits en matière de reproduction.

Nos valeurs, aussi importantes soient-elles, ne peuvent exister que si elles sont soutenues par des politiques robustes. À cet égard, l’approche du gouvernement du Canada est multidimensionnelle et combine entre autres l’aide humanitaire et l’aide au développement, les échanges commerciaux et la lutte contre les changements climatiques.

En matière d’aide au développement, nous avons pour priorité de recentrer l’aide consentie par le Canada aux personnes les plus pauvres et les plus vulnérables, et de soutenir les États fragiles. La pauvreté, l’inégalité et la fragilité seront les points d’ancrage de notre travail en développement.

Le programme 2030 [pour le développement durable] nous servira de base pour élaborer un plan de mise en œuvre des objectifs de développement durable. Ce plan sera alimenté par des consultations auprès d’intervenants canadiens et internationaux.

L’objectif est de créer un nouveau cadre de politique et de financement destiné à orienter l’aide que nous accordons. Nous allons privilégier l’autonomisation des populations et favoriser une croissance durable et à large échelle dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables et les États fragiles.

Notre approche multidimensionnelle passe aussi par les échanges commerciaux. Le commerce international crée de la richesse et il est un important moteur de croissance économique et de réduction de la pauvreté dans les pays en développement.

Le Canada va, par exemple, appuyer des pays en développement afin de leur permettre de mettre en œuvre l’Accord sur la facilitation des échanges de l’Organisation mondiale du commerce.

Cet accord diminuera les coûts des échanges commerciaux pour les pays en développement, ce qui leur permettra d’accéder aux chaînes de valeur mondiales, de tirer parti des bienfaits économiques, des avantages et des opportunités qui en découleront. Il pourrait également aider les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète à se sortir de la pauvreté. Le Canada souhaite faire en sorte que les avantages de l’accroissement des échanges internationaux soient mutuels et universels.

On ne peut aujourd’hui parler de développement sans s’assurer qu’il sera durable. Cela ne peut se faire sans aborder l’une des plus graves menaces qui pèsent sur la planète : les changements climatiques.

Nous savons que les changements climatiques constituent une force déstabilisatrice dans de nombreuses parties de l’Afrique, affectant des secteurs économiques et de subsistance clés, comme l’agriculture, l’énergie, les ressources côtières et la disponibilité de l’eau pour la consommation et l’irrigation des terres. Le renforcement de ces secteurs aidera à rendre plus résilientes les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables.

À ce sujet, j’aimerais souligner la contribution des pays de la Francophonie au succès de la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Je salue les initiatives de l’OIF pour faire émerger une position commune ainsi que le soutien de l’Institut de la Francophonie pour le développement durable, dont le siège est à Québec.

Je souhaite également exprimer ma reconnaissance à nos amis français, qui n’ont ménagé aucun effort afin que la Conférence de Paris se déroule dans un contexte de dialogue, de transparence et de collaboration. La signature d’un accord ambitieux et équilibré sur les changements climatiques n’est pas le fruit du hasard, mais bien le résultat d’un travail colossal et méthodique en amont et durant la Conférence.

Le Canada s’est engagé à agir de façon constructive avec ses partenaires nationaux et internationaux dans la lutte contre les changements climatiques. Le Canada va fournir un soutien aux pays les plus vulnérables face aux changements climatiques, faciliter la mise en place de technologies énergétiques renouvelables et gérer les risques inhérents aux phénomènes météorologiques extrêmes.

À cet égard, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé une contribution de 2,65 milliards de dollars, échelonnée sur cinq ans, afin d’aider les pays en développement.

Voilà des exemples de l’engagement du Canada envers les pays en développement, y compris ceux de l’espace francophone. Voilà des enjeux qui feront vraisemblablement l’objet de discussions entre le Canada et nos partenaires francophones au cours de la préparation des documents qui seront soumis lors du Sommet de la Francophonie de Madagascar, en novembre.

En plus d’aborder les questions concernant la promotion de la diversité culturelle et linguistique, le respect des droits de la personne, la réduction de la pauvreté et le développement durable, le Canada continuera de mettre l’accent sur les enjeux touchant la promotion de la paix et de la sécurité, le renforcement de la démocratie, la primauté du droit et la bonne gouvernance.

Le Canada salue et soutient le travail de l’OIF, notamment en matière de renforcement démocratique, de droits et de justice, de prévention des conflits, d’accompagnement des transitions et de consolidation de la paix.

La situation dans les pays suspendus, comme la Thaïlande et la République centrafricaine, ainsi qu’au Burundi, pays sous observation, continuera d’être suivie avec attention d’ici le Sommet de la Francophonie.

Parlons maintenant du Sommet de Madagascar. Ce sera un événement important pour l’ensemble des États et gouvernements membres, car il s’agira d’un moment charnière pour évaluer les progrès accomplis quant aux initiatives clés de l’OIF, comme la Stratégie économique et la Stratégie jeunesse. Ce sera aussi le premier sommet de Mme Michaëlle Jean depuis son entrée en fonction à titre de secrétaire générale de la Francophonie. Nous serons heureux d’apporter notre soutien à l’OIF et au gouvernement malgache afin de faire de ce sommet un véritable succès.

Le thème choisi par le gouvernement malgache, « La croissance partagée et le développement responsable : les conditions de la stabilité du monde et de l’espace francophone », correspond tout à fait aux priorités du gouvernement du Canada en matière de croissance inclusive et responsable, de réduction de la pauvreté et de développement durable. Il s’inscrit également dans le droit fil de l’un des engagements prioritaires du Canada dans la Francophonie.

Cette année encore, ce ne sont pas les défis qui manqueront pour la Francophonie institutionnelle : la quête de nouveaux partenariats, la recherche de nouvelles sources de financement ou la poursuite des efforts de modernisation. Ces défis représentent également autant d’occasions d’explorer des sphères où la Francophonie n’est pas particulièrement présente, autant d’occasions de partager les valeurs et les manières de faire francophones et d’enrichir notre réseau.

Le Canada entend continuer de travailler avec les membres et les observateurs de l’OIF, la secrétaire générale Mme Michaëlle Jean, l’administrateur de l’OIF, Adama Ouane, les agents de la Francophonie et tous nos partenaires de l’espace francophone afin de faire rayonner davantage notre organisation.

Je vous remercie de m’avoir invitée à votre petit déjeuner et je vous souhaite une excellente année 2016.

Contacts

Le Service des relations avec les médias
Affaires mondiales Canada
343-203-7700
media@international.gc.ca
Suivez-nous sur Twitter : @CanadaPE
Aimez-nous sur Facebook : La politique étrangère du Canada - Affaires mondiales Canada

Détails de la page

Date de modification :