Discours de la ministre Bibeau devant des partenaires de la société civile et des représentants du secteur privé

Discours

Le 16 février 2016 - Vancouver, Colombie-Britannique

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Bonjour,

Tout d’abord, je tiens à remercier les organisateurs de m’avoir invitée à prendre la parole ici aujourd’hui.

J’aimerais aussi remercier ma collègue Pam Goldsmith-Jones, députée fédérale de West Vancouver—Sunshine Coast—Sea to Sky Country, que vous connaissez tous. Je tiens à souligner le soutien de Pam à nos initiatives en réponse à la crise en Syrie, et je lui suis reconnaissante d’avoir organisé cette rencontre avec cette collectivité dynamique qu’est la vôtre.

Merci d’être venus aujourd’hui, et merci de vous soucier des enfants et de leur bien-être, particulièrement dans des contextes de conflit armé.

Je tiens également à remercier l’UNICEF d’avoir participé à l’organisation des activités d’aujourd’hui. Le gouvernement du Canada a un partenariat de longue date avec l’UNICEF, qui est un chef de file international en matière d’aide humanitaire et d’aide au développement. L’UNICEF est l’une des rares organisations à être présente sur le terrain avant, pendant et après une crise.

L’UNICEF est l’un de nos principaux partenaires partout dans le monde où nous intervenons à la suite de crises humanitaires. De concert avec l’UNICEF, nous mettons aussi en œuvre des initiatives internationales d’envergure qui visent, entre autres, à :

  • améliorer la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants;
  • promouvoir la nutrition;
  • éradiquer certaines maladies, comme la polio;
  • protéger les enfants touchés par un conflit, à leur fournir un soutien psychologique et la possibilité de recevoir une éducation.

La crise en Syrie ainsi que ses effets sur les pays voisins nous préoccupent tous. Par tous, j’entends les gouvernements et les citoyens touchés, mais aussi les organisations vouées à la philanthropie et à l’aide humanitaire.

Aujourd’hui, je voudrais m’entretenir avec vous de la situation dans cette région et des mesures que prend le gouvernement fédéral à ce sujet.

J’aimerais aussi discuter de la façon dont les secteurs public et privé peuvent coopérer plus étroitement pour appuyer les efforts déployés, y compris ceux des organisations telles que l’UNICEF, afin de fournir une aide vitale aux personnes qui en ont le plus besoin.

Les travailleurs humanitaires sont confrontés aux situations les plus difficiles dans le monde

Depuis mon entrée en fonction en tant que ministre du Développement international, la crise humanitaire au Moyen-Orient, notamment en Syrie et en Iraq, a été au cœur de mes préoccupations.

Bien sûr, cette crise a aussi retenu l’attention de bon nombre de mes collègues. Grâce à leurs efforts et à ceux de leurs ministères respectifs, le gouvernement du Canada est en bonne voie d’accueillir 25 000 réfugiés syriens dans un très court délai.

Nous pouvons tous être fiers de la générosité des Canadiens de partout au pays qui ont parrainé des familles syriennes pour les aider à se bâtir une nouvelle vie au Canada. Nous sommes témoins d’une formidable mobilisation des citoyens, du secteur privé et de la société civile pour recueillir les fonds nécessaires à la réinstallation rapide de 25 000 réfugiés au Canada.

Cependant, nous ne devons pas oublier les millions de personnes au Moyen-Orient qui ont été déplacées par le conflit syrien — le nombre le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale :

  • 6,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de la Syrie;
  • 13,5 millions de personnes, dont 6 millions d’enfants, ont besoin d’aide humanitaire en Syrie;
  • jusqu’au mois dernier, 4,6 millions de Syriens avaient fui vers des pays voisins, comme la Jordanie, le Liban, l’Iraq et la Turquie, mais aussi en Égypte et en Afrique du Nord.

Ces gens-là ont aussi besoin de notre aide. Voilà le message que je veux vous livrer aujourd’hui.

Récemment, je me suis rendue dans cette région pour voir l’important travail qui y est fait avec le soutien du gouvernement du Canada. Permettez-moi de vous parler de ce que j’ai vu.

J’y ai rencontré des travailleurs humanitaires remarquables qui doivent négocier quotidiennement pour obtenir l’accès à certaines des populations les plus vulnérables de la planète, comme les habitants affamés de Madaya, en Syrie.

Ces travailleurs, qu’ils soient de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, de Médecins sans frontières ou d’autres organismes, ont payé un lourd tribut. Depuis le début du conflit en Syrie, plus de 60 travailleurs humanitaires y ont été tués.

Le Canada soutient le travail crucial que font ces organismes pour sauver des vies. J’ai également constaté combien il importe de défendre les principes humanitaires que sont la neutralité, l’impartialité, l’humanité et l’indépendance. Ces principes permettent aux organisations humanitaires d’exercer leurs activités en zones de conflit et de protéger les intervenants humanitaires et les personnes qui reçoivent leur aide.

Le Canada dispose du savoir-faire, des ressources et de partenariats étroits avec les organisations les plus fiables et les plus expérimentées qui fournissent de l’aide humanitaire et de l’aide au développement sur le terrain.

C’est pourquoi le gouvernement du Canada a créé le Fonds de secours d’urgence pour la Syrie.

Grâce à ce fonds, le gouvernement versera une somme égale au total des dons faits par les Canadiens aux organismes humanitaires admissibles. L’argent versé par le gouvernement servira à répondre aux besoins sur le terrain. La date limite pour faire un don avait été fixée initialement au 31 janvier 2015, mais je l’ai reportée au 29 février, pour tenir compte des besoins considérables engendrés par cette crise.

Je tiens à remercier l’organisateur de cet événement privé pour le leadership dont il a fait preuve à ce sujet et pour la contribution de 500 000 $ que sa famille a versée au Fonds. Il a été un ardent défenseur du report de la date limite afin de mieux mettre à contribution la communauté philanthropique du Canada. Dans la lettre qu’il m’a fait parvenir pour nous remercier d’avoir prolongé le délai, il a écrit : « Il m’incombe maintenant de donner suite à l’engagement que j’ai pris : encourager mes pairs et mes concitoyens philanthropes à donner eux aussi pour des causes d’envergure mondiale, et plus particulièrement à contribuer, avant la date limite, aux efforts humanitaires afin de soutenir les familles syriennes. »

Voilà pourquoi nous sommes ici aujourd’hui : pour continuer d’insister auprès de tous les Canadiens afin qu’ils soutiennent les efforts des organisations humanitaires canadiennes qui sont présentes en Syrie ou dans la région.

Générosité des collectivités d’accueil

Comme je le disais plus tôt, il y a deux semaines, j’étais en plein milieu de ma visite en Jordanie et au Liban.

J’ai été particulièrement touchée par la générosité des collectivités d’accueil.

Elles ont ouvert leurs écoles, leurs cliniques et même leurs foyers à des centaines de milliers de Syriens qui ont fui leur pays.

La Jordanie, un pays de 9 millions d’habitants, a accueilli 1,4 million de réfugiés syriens.

L’afflux soudain de réfugiés dans les villes et les villages dépasse toutefois la capacité des Jordaniens à fournir des services adéquats.

Les choses qui nous semblent, à nous Canadiens, les plus fondamentales, telles que l’éducation des enfants et les soins de santé pour les mères, sont devenues très difficiles à obtenir.

En Jordanie, j’ai rencontré le maire et les conseillers municipaux de la ville d’Irbid, qui est la deuxième ville en importance du pays. En raison du conflit syrien, sa population est passée de 600 000 à plus de 800 000 habitants en quatre ans à peine.

Pouvez-vous imaginer la pression que cela exerce sur l’infrastructure et les services municipaux?

Le Liban est également confronté à des défis énormes, avec l’arrivée de plus de 1 million de réfugiés syriens dans ce pays qui ne compte que 4 millions d’habitants. Si l’on tient compte des réfugiés venus d’ailleurs, on estime qu’au Liban, près d’une personne sur trois est un réfugié.

Par conséquent, les ressources du gouvernement consacrées aux besoins de base, comme les écoles et les cliniques de santé, sont insuffisantes. Non seulement les gouvernements ont-ils du mal à fournir des ressources de base à leurs propres citoyens, mais ils doivent maintenant répondre aux besoins d’un grand nombre de réfugiés.

Au Liban, plus de 270 écoles suivent maintenant un horaire rotatif : les enfants libanais vont à l’école le matin et les enfants syriens, l’après-midi.

Ces gouvernements font de leur mieux.

Ils ont cependant besoin de l’aide de la communauté internationale et des organisations internationales d’aide humanitaire et de développement. Sans notre aide, cette réalité troublante pourrait engendrer encore plus d’instabilité dans la région.

Le message que m’ont transmis les dirigeants de la Jordanie et du Liban est clair : ils ont atteint un seuil critique.

Les réfugiés veulent rentrer chez eux. Même déplacés, les réfugiés ont le droit de vivre dans la dignité. Quand ils rentreront chez eux, ils devront être en mesure de contribuer rapidement à la reconstruction de leur pays. Pour cela, ils doivent rester en santé, et avoir reçu une bonne éducation et une bonne formation professionnelle.

Nous devons aider ces gouvernements à fournir des infrastructures et des services adéquats, et les soutenir pendant qu’ils mettent en place les conditions qui permettront aux adultes de gagner leur vie et aux enfants de jouer, d’apprendre et de rêver.

Ce que fait le gouvernement du Canada

C’est la raison pour laquelle le premier ministre Justin Trudeau a annoncé, le 8 février, une nouvelle stratégie pangouvernementale intégrée afin de mieux répondre aux crises en cours au Moyen-Orient. Le Canada s’est engagé à fournir, au cours des trois prochaines années, plus de 1,1 milliard de dollars en assistance humanitaire et en aide au développement.

Nous avons promis aux Canadiens un gouvernement qui apportera un vrai changement — tant en ce qui a trait aux mesures qu’il prendra qu’à sa façon de faire les choses.

Ce nouveau plan apportera un changement réel dans la vie des populations du Moyen-Orient qui ont tellement souffert.

En tant que ministre du Développement international, j’aimerais vous parler des aspects de cette stratégie qui relèvent de mon mandat, c’est-à-dire l’assistance humanitaire et l’aide au développement.

Nous fournirons l’aide humanitaire essentielle, comme des services de santé d’urgence, de l’eau, des abris, de la protection et de la nourriture, aux personnes les plus vulnérables qui sont victimes des conflits au Moyen-Orient.

Nous augmenterons aussi nos contributions pour le développement à long terme versées à des partenaires canadiens, locaux et internationaux qui travaillent à renforcer la résilience des pays et des collectivités subissant les pressions occasionnées par l’accueil d’un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées.

Notre plan permettra aux gouvernements et aux collectivités d’accueil de fournir des services adéquats, de rebâtir des infrastructures et de créer des emplois, de sorte que les adultes puissent gagner leur vie et que les enfants puissent vivre leur enfance en ayant foi en l’avenir — plutôt que de devenir des cibles de recrutement pour des groupes extrémistes violents.

L’éducation est essentielle. Nous devons faire en sorte que les enfants fréquentent l’école et qu’ils y restent. C’est pourquoi nous sommes l’un des principaux pays donateurs pour l’initiative « Pas de génération perdue », que dirige l’UNICEF dans le but d’offrir des possibilités d’éducation et de protéger des millions d’enfants et de jeunes touchés par les conflits dans la région. Cette initiative offre non seulement l’accès à des écoles, à des livres et à des enseignants, mais également un soutien psychosocial aux enfants traumatisés par les conflits, dans des endroits tels les centres Makani.

En arabe, Makani signifie « mon espace ». C’est exactement ce dont ont besoin ces enfants. Ils ont besoin d’un espace pour guérir, pour apprendre, pour jouer et pour affronter l’avenir.

Cependant, il reste encore beaucoup à faire.

À ce jour, en Jordanie, 168 000 enfants et adolescents fréquentent les centres Makani. Cette année, l’UNICEF veut rejoindre 80 000 garçons et filles de plus qui n’ont pas accès à une éducation structurée. Ces enfants sont à risque : à risque d’être exploités économiquement, à risque d’être exploités sexuellement, à risque d’être radicalisés.

Ils ont besoin d’un espace pour s’épanouir.

Les communautés d’accueil ont elles aussi besoin de se développer. Notre stratégie tient compte de l’importance de la résilience. L’assistance à long terme contribuera à stabiliser la région, à endiguer l’afflux éventuel de réfugiés et à créer des conditions favorables pour le rétablissement à long terme. C’est une façon d’investir dans un avenir pour la région qui sera marqué par la sécurité, la stabilité et la résilience.

L’importance des partenariats

Peu après son élection, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé que « le Canada était de retour ». Notre nouveau plan pour le Moyen-Orient est un des éléments qui redonnera au Canada une place centrale sur la scène mondiale dans des dossiers ayant trait à la résilience et à la collaboration constructive avec ses partenaires internationaux, dont les Nations Unies, la société civile internationale et les intervenants du secteur privé.

Les crises prolongées font ressortir de plus en plus la nécessité de trouver de nouvelles façons de s’attaquer aux racines mêmes des conflits et de la fragilité des États.

C’est pourquoi j’ai été ravie de recevoir votre invitation à vous adresser la parole aujourd’hui. J’espère qu’ensemble, nous pourrons contribuer à renforcer notre partenariat avec le secteur privé.

Cependant, le rôle du secteur privé va au-delà de la philanthropie. Le système d’aide humanitaire doit collaborer davantage avec les entreprises privées afin de tirer parti de leurs compétences et de leurs capacités particulières. Dans un récent rapport de l’ONU (Groupe d’experts de haut niveau sur le financement humanitaire), il a été établi que le secteur privé pouvait fournir de nouvelles solutions pour gérer le risque, appuyer l’acheminement de l’aide, créer des emplois et rehausser la transparence et la responsabilisation.

Je suis convaincue que les gouvernements comme le nôtre et les organismes du secteur privé comme les vôtres peuvent travailler de concert avec les agences à vocation humanitaire afin d’accroître le soutien à l’aide humanitaire et d’acheminer l’aide de manière plus efficace.

Permettez-moi de vous donner quelques exemples. Le Programme alimentaire mondial collabore avec Pulse Canada et d’autres associations et entreprises canadiennes afin d’acheminer de la nourriture aux populations qui en ont le plus besoin, partout dans le monde.

Des entreprises internationales de communication par satellite ont accepté d’unir leurs efforts pour maintenir les services de téléphonie cellulaire dans des régions touchées par un désastre. Cette collaboration a porté ses fruits au Népal au printemps dernier, alors que les satellites internationaux ont pris le relais des communications jusqu’à ce que les réseaux locaux aient pu être reconstruits et remis en service.

Après le passage du typhon Haiyan aux Philippines, des entreprises locales ont créé des réseaux d’entraide pour reconstruire leurs collectivités.

Ces exemples sont riches d’enseignements. Voilà pourquoi nous avons offert un financement à la Coalition humanitaire afin qu’elle prépare un rapport sur la collaboration des secteurs humanitaire et privé, rapport publié récemment par le Conference Board du Canada.

J’espère que ce dialogue qui s’amorce aujourd’hui puisse se poursuivre dans l’avenir. C’est la ligne de conduite que veut se donner notre gouvernement : être à l’écoute et trouver des façons de collaborer.

En terminant, j’aimerais vous remercier de votre engagement envers la cause humanitaire.

Les organismes d’aide humanitaire qui travaillent en Syrie ont besoin de votre aide. Je vous encourage à donner généreusement aux organisations qui participent au Fonds de secours d’urgence pour la Syrie.

J’aimerais vous convaincre que votre contribution a un effet réel. Vous vous demandez peut-être comment vous pouvez changer les choses?

Juste avant de prendre mon vol pour mon voyage en Jordanie et au Liban, un avion de réfugiés syriens en quête d’une nouvelle vie au Canada s’est posé à Montréal. J’ai pu parler à une famille qui venait d’atterrir et qui attendait un vol de correspondance pour Fredericton.

Un homme, son épouse et leurs trois enfants, beaux mais exténués.

Après quelques minutes de conversation, le père a dû s’éloigner, submergé par l’émotion. Il s’en est excusé (pensez-y, il ressentait le besoin de s’excuser), me disant « c’est la toute première fois depuis notre départ de la Syrie, il y a quatre ans, que quelqu’un nous adresse un sourire ».

Voilà qui résume bien l’effet que vous pouvez avoir sur d’autres êtres humains, lorsque vous agissez.

La possibilité d’offrir un sourire et de dire : « Pas de souci, ce n’est pas votre faute. Nous sommes heureux de vous aider. Voyons ce qu’on peut faire ensemble. »

Je vous remercie.

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