Discours de la ministre Bibeau à l'occasion du Colloque international de l'ENAP « Quelle stratégie pour l'avenir de la Francophonie? »

Discours

Le 9 mars 2016 - Montréal (Québec)

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Je suis très heureuse d’être parmi vous ce matin pour lancer ce colloque sur la stratégie à adopter pour l’avenir de la Francophonie.

Je tiens d’ailleurs à remercier l’ENAP [École nationale d’administration publique] de m’avoir invitée à m’adresser à vous et à féliciter son association pour l’organisation de ce colloque. Celle-ci tombe à point nommé puisque je procède actuellement à la révision des politiques [de développement] d’Affaires mondiales Canada.

Ce genre d’événement, qui rassemble des intervenants de haut calibre, est particulièrement important pour alimenter la réflexion sur l’action de la Francophonie et réaffirmer nos priorités. Vous, étudiantes et étudiants de l’ENAP, représentez les décideurs de demain. La Francophonie compte sur votre intelligence et votre créativité pour relever les nombreux défis auxquels nous sommes et serons confrontés.

Aujourd’hui, vous aurez des échanges fructueux sur des enjeux cruciaux : l’État de droit, le développement durable, l’enseignement, la géopolitique, la paix et la sécurité, sans oublier la culture et les médias.

Comme l’a justement souligné [la secrétaire générale de la Francophonie] Mme [Michaëlle] Jean, toutes ces questions sont liées. On ne peut plus, en effet, « séparer l’agenda de la paix et de la sécurité de l’agenda du développement, ni de celui de l’économie, du climat ou même de la culture ».

Ils sont tous liés, car ils convergent vers l’humain.

Et l’humain, particulièrement les femmes et les jeunes, doit être placé au cœur d’un développement qui se veut durable.

Pour cette raison, l’équité et le développement économique durable sont au centre de la vision du gouvernement du Canada, de ses politiques nationales et internationales.

Je crois fermement que nos défis communs nous offrent une occasion unique de nous renouveler et de faire mieux. Pour les relever, il est essentiel de travailler en étroite collaboration avec nos partenaires au sein de la Francophonie.

Nos priorités doivent être claires et nos actions ciblées.

La communauté mondiale s’est récemment dotée d’une nouvelle génération d’objectifs de développement durable.

Le Programme pour 2030, c’est aussi le programme de la Francophonie.

Pour la première fois dans l’histoire du développement international, le monde s’est donné des objectifs de développement communs qui intègrent désormais la croissance économique et l’emploi.

Cela démontre clairement que nous avons fait des avancées importantes, au point où le mot « coopération » prend véritablement tout son sens.

Concrètement, nous avons adopté la Stratégie économique pour la Francophonie. Celle-ci « place l’épanouissement de l’individu au cœur du processus du développement économique durable ».

Dans le cadre de cette stratégie commune, le Canada travaille sur plusieurs fronts, notamment au chapitre de l’entrepreneuriat et de l’emploi.

À titre d’exemple, le Canada a été le premier à s’engager en versant une contribution de 10 millions de dollars à l’OIF [Organisation internationale de la Francophonie] pour soutenir un projet visant à stimuler la création d’entreprises et d’emplois pour les femmes et les jeunes en Afrique subsaharienne francophone.

De plus, notre gouvernement appuie activement les initiatives de la Francophonie qui favorisent l’autonomisation des femmes, puisque nous croyons sincèrement que la réussite et la pérennité de nos actions en dépendent en grande partie.

Hier, nous avons célébré la Journée internationale de la femme. Pour souligner cette occasion, le Canada a choisi le thème : Outillées pour l’égalité.

Outiller les femmes, c’est leur donner les moyens d’agir et d’être proactives pour concrétiser l’égalité entre les sexes. C’est aussi leur donner accès aux sphères du pouvoir — politique, économique, social — et, par le fait même, revitaliser les fondements de nos sociétés.

Faut-il rappeler que les pays francophones d’Afrique subsaharienne enregistrent encore les taux les plus élevés de mortalité maternelle et infantile?

Il faut donc intervenir tôt dans la vie des femmes. Faciliter l’accès à l’éducation. Prévenir les mariages précoces et forcés. Il faut défendre les droits des filles pour qu’elles deviennent des femmes autonomes pouvant exercer leurs pleins droits de citoyennes.

Et la même chose vaut pour tous les jeunes.

Dans l’espace francophone, on recense plus de 245 millions de jeunes. Dans les pays en développement membres de la Francophonie, les enfants et les jeunes représentent la majorité de la population. En Afrique subsaharienne, d’ici 2050, la population de jeunes francophones devrait passer de 84 à 276 millions.

Conscients de cette réalité, nous voulons multiplier les projets qui permettront aux jeunes de trouver leur place au sein de leurs sociétés respectives.

Nous avons donc lancé auprès des organisations canadiennes un appel de propositions intitulé Compétences pour l’emploi au sein de la Francophonie.

Une série de projets très stimulants nous ont été proposés pour améliorer l’employabilité des jeunes et des femmes par la formation.

Ces projets favoriseront la création de partenariats canadiens et internationaux du secteur privé, du milieu universitaire et de la société civile.

Au chapitre de la formation et de la préparation à l’emploi, le Programme canadien de bourses de la Francophonie est un pilier de la coopération canadienne depuis des décennies. Ce programme vise à appuyer le développement durable et le renforcement des capacités institutionnelles de 37 pays membres.

Le gouvernement du Canada s’est par ailleurs associé à l’ENAP et au gouvernement du Québec pour offrir de la formation à des fonctionnaires haïtiens et pour appuyer l’ouverture d’une école nationale d’administration publique et politique en Haïti, un pays où je compte d’ailleurs me rendre prochainement.

Toutes ces initiatives vont dans le sens des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Toutefois, pour atteindre ces objectifs, nous devrons miser sur notre capacité d’innovation.

L’innovation ne se limite pas aux nouvelles technologies. Elle doit être présente dans la promotion, dans nos façons de faire, dans nos partenariats et nos mécanismes de financement.

Pour ce faire, nous devons mobiliser les secteurs public et privé ainsi que la société civile dans la création de nouveaux partenariats qui reconnaîtront l’importance du développement économique. Cette dimension est essentielle pour assurer la pérennité de nos actions sur le terrain et réduire la pauvreté dans les pays en développement.

Je suis certaine que dans le milieu universitaire, et tout particulièrement en administration publique, on s’intéresse à la synergie que peuvent générer les partenariats intersectoriels. À mon avis, c’est la voie de l’avenir.

Soucieux d’innover et d’accélérer les initiatives de développement, le gouvernement du Canada vient d’ailleurs de participer à la création d’une plateforme unique au monde, Convergence, qui permettra de mobiliser les ressources et l’expertise du secteur privé pour aider les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables.

Bien entendu, nos actions sur le terrain doivent impérativement tenir compte de l’impact des changements climatiques sur les pays en développement.

Comme l’a souligné le premier ministre [Justin] Trudeau à la COP21, bon nombre de ces pays n’y ont pas contribué.

Ils en subissent pourtant les contrecoups.

C’est pour cette raison que le premier ministre a annoncé une contribution de 2,65 milliards de dollars échelonnée sur cinq ans. Elle pourra aider ces pays à réduire leurs émissions, mais surtout à s’adapter aux effets des changements climatiques, notamment aux sécheresses et aux inondations plus fréquentes.

Nous aurons aussi l’occasion de mettre en place des solutions novatrices pour accroître l’accès à l’eau et pour perfectionner les systèmes d’irrigation.

Au sein de la Francophonie, nous contribuerons aussi à accélérer le transfert de connaissances et de technologies pour mettre en place des infrastructures d’énergie verte, lesquelles pourront donner naissance à de nouvelles entreprises. À cet égard, l’Institut de la

Francophonie pour le développement durable est riche d’une expérience de longue date en matière de formation et de renforcement des capacités, notamment dans le domaine de l’efficacité énergétique.

Comme vous pouvez le constater, nous travaillons sur plusieurs fronts pour préparer l’avenir de la Francophonie. Nos stratégies sont multiples. Je viens d’en nommer quelques-unes : la défense des droits des femmes; la création d’emplois pour les jeunes; la mobilisation de partenaires intersectoriels; le recours à des mécanismes complémentaires de financement du développement et à des technologies vertes favorisant un développement économique respectueux de l’environnement. Tout cela est en marche — grâce à la concertation, à la coopération et à notre volonté.

Cette volonté s’affirme encore davantage alors que, de Paris à Bamako, de Beyrouth à Ouagadougou et même ici, chez nous, la Francophonie est frappée par des actes terroristes.

Ces événements tragiques nous rappellent le rôle que nous devons jouer dans la lutte contre la terreur en soutenant les États francophones qui ne disposent pas des ressources et des institutions nécessaires pour se défendre contre cette menace devenue planétaire. Je pense notamment aux pays de l’Afrique subsaharienne.

Mais ces événements nous démontrent aussi à quel point la Francophonie est solidaire.

À quel point nous sommes forts de projets porteurs d’espoir et de paix.

C’est ce message qu’il faut retenir.

Je suis fière d’être francophone. Je suis fière d’habiter un pays dont la vitalité repose sur la diversité et la dualité linguistiques. Je suis fière d’appartenir à une Francophonie internationale qui a à cœur de bâtir un monde meilleur.

Je vous remercie pour votre attention et je vous souhaite une excellente journée. Sachez que vos réflexions me seront transmises par ma collègue Virginie St-Louis, qui passe la journée avec vous, et qu’elles inspireront le chapitre sur la Francophonie de la revue des politiques du Ministère.

Contacts

Bernard Boutin
Attaché de presse
Cabinet de la ministre du Développement international et de la Francophonie
343-203-5977
bernard.boutin@international.gc.ca

Le Service des relations avec les médias
Affaires mondiales Canada
343-203-7700
media@international.gc.ca
Suivez-nous sur Twitter : @CanadaPE
Aimez-nous sur Facebook : La politique étrangère du Canada - Affaires mondiales Canada

Détails de la page

Date de modification :