Discours du ministre Dion à l'intention du groupe d'experts de haut niveau de la Conférence des donateurs de la Convention d'Ottawa

Discours

Comment parvenir à créer un monde exempt de mines d’ici 2025?

Le 2 mars 2016 - Genève, Suisse

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Pour le premier ministre Justin Trudeau et le gouvernement du Canada, s’il y a un traité de désarmement dans lequel nous croyons fermement, c’est la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, mieux connue sous le nom de Convention d’Ottawa.

Permettez-moi aussi de dire qu’en tant que Canadien et que membre du cabinet canadien lors de l’adoption de la Convention, je tire une grande fierté du fait que non seulement ce traité ait été mis au point à Ottawa, mais aussi qu’il ait été dirigé par des diplomates canadiens sous le leadership de mon prédécesseur et ancien collègue, Lloyd Axworthy.

Également, je suis fier que nous ayons joué un rôle important dans sa mise en œuvre grâce au déploiement d’efforts diplomatiques et à un investissement d’environ 400 millions de dollars dans l’action contre les mines depuis l’adoption de la Convention.

Je voudrais vous parler des raisons qui nous amènent à croire en la Convention, puis je vous expliquerai pourquoi nous estimons que le temps est venu de lui insuffler un nouveau souffle.

Le Canada voue une grande confiance à cette convention pour au moins trois raisons.

Premièrement, elle représentait un nouveau type de traité, portant non seulement sur les armes elles-mêmes, mais aussi sur les besoins des victimes qui sont au cœur de nos préoccupations. Voilà qui n’était rien de moins qu’avant-gardiste.

Deuxièmement, la Convention a été négociée rapidement et, en plus, elle est entrée en vigueur plus vite que tout autre instrument pour le désarmement avant elle. Cela démontre toute l’importance que revêt l’impératif humanitaire pour l’ensemble des pays qui l’ont ratifiée.

Troisièmement, nous croyons en cette convention principalement parce qu’elle fonctionne :

  • au moins 162 pays sont maintenant des États parties à la Convention;
  • le nombre de victimes directes et déclarées est passé de plus de 26 000 par année à moins de 3 400;
  • au moins 39 États ont cessé de produire ces armes [les mines antipersonnel];
  • plus de 48 millions de mines stockées ont été détruites;
  • plus de 1 milliard de mètres carrés de terrain ont été déminés ou jugés sans mines, et peuvent de nouveau être utilisés à des fins productives.

Sans exagérer, cette convention compte parmi les instruments de désarmement les plus avantageux jamais conclus.

Cependant, nous asseoir sur nos lauriers serait une grave erreur. J’en viens donc à mon deuxième élément : nous devons donner un nouvel élan à cette convention si nous voulons réaliser notre objectif visant à éliminer les mines terrestres partout dans le monde d’ici 2025.

Il reste encore énormément à faire :

  • d’abord et avant tout, ces armes font encore près de 3 400 victimes chaque année; ce sont 3 400 victimes de trop;
  • des acteurs non étatiques, des États non parties à la Convention et, selon certaines sources, même des États parties utilisent encore en période de conflit des mines antipersonnel, y compris des engins explosifs improvisés;
  • à ce jour, 31 États parties ne se sont pas encore acquittés de leurs obligations en matière de déminage;
  • ces pays restent confrontés à divers degrés de contamination par les mines, à l’origine de différentes problématiques, parfois complexes;
  • à l’échelle mondiale, on compte aujourd’hui de 300 000 à 400 000 victimes ayant survécu à l’explosion d’une mine, dont beaucoup nécessitent des soins constants.

Toutefois, le principal sujet de préoccupation réside dans le fait que plus de 30 pays n’adhèrent pas encore à ce traité. Or, aussi longtemps que ceux-ci s’obstineront à fabriquer et à utiliser ces armes, nous ne pourrons jamais vivre dans un monde exempt de mines.

Pour réaliser note objectif commun, à savoir vivre dans un monde exempt de mines d’ici 2025, il faudra accomplir beaucoup en très peu de temps :

  • nous devons montrer la détermination politique nécessaire pour amener les pays qui n’adhèrent pas encore au traité à le faire — et ainsi obtenir enfin l’universalisation de la Convention;
  • il incombe à tous les États parties de veiller au respect de leurs engagements en vertu du traité, y compris en ce qui concerne le déminage et l’élimination des stocks;
  • nous devons fournir les moyens qui permettront de coordonner ce travail. Or, s’il est une instance essentielle à cet égard, c’est bien l’Unité de soutien à la mise en œuvre. Malheureusement, ces dernières années, celle-ci n’a pas bénéficié de toutes les ressources nécessaires à cette fin. C’est pourquoi je suis heureux d’annoncer aujourd’hui une contribution canadienne de 130 000 $ qui l’aidera à poursuivre son travail cette année.

Enfin, où le problème des mines fait rage, il faut toujours que l’action antimines soit un élément central de la solution. Les acteurs humanitaires doivent pouvoir utiliser des routes exemptes de mines pour accéder aux personnes ayant désespérément besoin de leur aide. Aucun projet de développement ne peut se concrétiser sur un champ de mines. Et les sociétés ne peuvent pas se relever d’un conflit si la population ne peut rentrer chez elle, cultiver les champs ou fréquenter les écoles.

Les pays en mesure de le faire doivent aider les États touchés par ce terrible fléau hérité du passé en :

  • déminant les zones touchées et en détruisant les stocks existants;
  • apportant un soutien à la sensibilisation aux risques;
  • prêtant assistance aux victimes, à leurs familles et à leurs collectivités.

Chers collègues, je sais que ce programme, que je viens de décrire, est exigeant et ambitieux. Comme source d’inspiration, il suffit cependant de penser au courage des personnes qui reconstruisent leur vie après avoir été mutilées par une mine terrestre. Nous devons trouver en nous le même courage, au nom de toutes ces victimes, et pour toutes ces personnes qui pourraient devenir des victimes si rien n’est fait.

Je suis convaincu que nous pouvons y parvenir. Soyez assurés que le Canada collaborera avec chacun de vous pour réaliser notre vision commune, celle au cœur de la Convention d’Ottawa : un monde exempt de mines.

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