Discours du ministre Dion au segment de haut niveau de la 31e session du Conseil des droits de l'homme

Discours

Le 1er mars 2016 - Genève, Suisse

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Monsieur le Président, Excellences, Distingués délégués, Mesdames et Messieurs, il y a beaucoup trop longtemps qu’un ministre canadien des Affaires étrangères a pris la parole à l’occasion du segment de haut niveau du Conseil des droits de l’homme. Je suis ravi de le faire aujourd’hui.

Dix ans après que les États membres ont pris la décision importante de renforcer le pilier de l’ONU relatif aux droits de la personne en créant le présent conseil, une grande réalisation. Et 50 ans après l’adoption du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, marquant un demi-siècle d’accord international sur le principe fondamental qui sous-tend le travail du présent conseil — c’est-à-dire que les États ont l’obligation de respecter les droits de leurs citoyens et de leur permettre de les exercer sans aucune discrimination. Nous constatons aujourd’hui de nouvelles difficultés, et certaines régressions :

  • l’extrémisme violent est en hausse;
  • les défenseurs des droits de la personne font l’objet de harcèlement lorsqu’ils osent dénoncer des violations des droits de la personne;
  • les minorités sexuelles sont la cible de formes extrêmes de violence et de haine;
  • les actes de violence sexuelle et sexiste commis contre des femmes et des filles augmentent de façon inquiétante;
  • chaque année, 15 millions de jeunes filles partout dans le monde sont forcées à se marier, ce qui les empêche de réaliser leur plein potentiel, interrompt leur éducation, compromet leur santé et les rend vulnérables à la violence;
  • des enfants sont maltraités, exploités et négligés, transformés en instruments de guerre, victimes de la traite de personnes ou forcés à travailler dans des conditions inhumaines, privés d’une éducation et de soins de santé adéquats et finalement de leur enfance.

Avant tout, nous constatons aujourd’hui la prolifération de la croyance erronée selon laquelle la diversité — culturelle, religieuse, ethnique, politique, sociale ou autre — est une menace.

Justin Trudeau est devenu premier ministre du Canada en déclarant tout le contraire : le Canada est un grand pays non pas en dépit de sa diversité, mais grâce à celle-ci. Quand les droits universels de la personne sont respectés, le pluralisme constitue une possibilité, et non pas un danger.

Si cela est vrai au Canada, pourquoi pas dans chaque pays? Si un parti politique canadien a pu remporter des élections en défendant et en célébrant le pluralisme et la diversité, pourquoi serait-ce impossible dans les autres États?

Le respect de la diversité est un enjeu mondial qui devrait être au cœur des préoccupations de tous. Personne n’est à l’abri; aucun pays n’a de bilan parfait. Afin d’être efficace dans sa lutte pour défendre les droits de la personne, le Canada doit être conscient qu’il a ses propres problèmes relatifs aux droits de la personne, passés et actuels. Nous devons être prêts à travailler pour résoudre ces problèmes, de façon ouverte et transparente.

Je vais aujourd’hui vous faire part de certains d’entre eux.

Le Canada a dû faire face à la réalité d’un passé difficile pour aborder la relation qu’il entretient avec ses peuples autochtones. Le premier ministre Trudeau s’est engagé sans équivoque à établir une relation renouvelée, de nation à nation, avec les peuples autochtones, qui s’appuie sur la reconnaissance, les droits, le respect, la collaboration et le partenariat dans un esprit de réconciliation.

Le Canada est résolu à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Nous prenons des mesures pour mener une enquête publique nationale sur la tragédie de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées. Nous accordons de l’importance aux efforts déployés par les peuples autochtones et des organisations de la société civile dans ces processus.

Penchons-nous maintenant sur l’égalité entre les sexes.

Depuis la création du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le Canada a piloté une résolution sur l’élimination de la violence faite aux femmes. Celle-ci a toujours bénéficié d’un appui solide et a été adoptée à l’unanimité. Cette année, nous sommes heureux d’annoncer que le thème de la résolution portera expressément sur l’élimination de la violence faite aux femmes et aux filles autochtones.

Le Canada doit cependant continuer d’améliorer la situation de la femme sur son propre territoire.

Il existe encore un écart de la rémunération entre les sexes au Canada. Selon des statistiques récentes, le salaire des femmes est toujours 30 p. 100 inférieur à celui des hommes. Nous devrions également accroître leur participation aux conseils d’administration et au Parlement. Nous devons poursuivre les efforts pour élaborer une politique tenant compte des sexospécificités et améliorer l’équité en matière d’accès.

Le gouvernement doit lui-même donner l’exemple. C’est pourquoi le Cabinet du premier ministre Trudeau est parvenu à une parité : 50 p. 100 des ministres sont des femmes.

Ainsi, le Canada reconnaît qu’il y a encore du travail à faire. Chaque pays devrait en faire autant.

Nous devons néanmoins aller plus loin et accepter de faire l’objet d’un examen minutieux par des observateurs et des experts indépendants, en commençant par les organes d’application des traités et les instruments des droits de la personne dont nous avons tous contribué à la création, y compris le présent conseil. Il s’agit d’une condition essentielle au progrès.
La semaine dernière, le Canada a comparu devant le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU. Des questions de fond ont été posées sur des préoccupations cruciales au Canada, y compris en ce qui concerne la pauvreté, les sans-abri, l’égalité entre les hommes et les femmes, les droits des Autochtones et l’éducation.

Nous croyons fermement que les gouvernements doivent être ouverts à la critique. Nous devons être disposés à prêter attention quand des préoccupations sont exprimées.

Le Canada appuie les mécanismes de protection des droits de la personne adoptés par l’ONU et il accueille favorablement les titulaires d’un mandat de procédures spéciales qui lui rendent visite; en outre, nous participerons activement au mécanisme d’examen périodique universel. C’est ce que nous avons affirmé au haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al-Hussein, lors de sa visite à Ottawa il y a deux semaines. Nous encourageons tous les pays à adopter la même attitude d’ouverture.

L’appui que nous accordons aux organismes des Nations Unies voués à la protection des droits de la personne doit aussi se traduire par des contributions financières concrètes. Au cours des dernières années, le Canada n’a pas contribué au financement de base du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

Il faut y remédier.

C’est pourquoi notre gouvernement appuiera le travail important qu’accomplit le Haut-Commissariat en lui versant 15 millions de dollars au cours des trois prochaines années; il s’agira d’un nouveau financement de base général qui s’ajoutera aux crédits fournis pour soutenir des projets particuliers.

Dans ce contexte, je suis heureux d’annoncer une contribution additionnelle du Canada pour renforcer la présence sur le terrain du Haut-Commissariat aux droits de l’homme au Burundi.

Un financement de base général stable est essentiel pour permettre au Haut-Commissariat de remplir le mandat que nous, les États membres, lui avons confié. Autrement dit, il ne saurait promouvoir et protéger avec efficacité et objectivité les droits de la personne sans des ressources prévisibles.

Le Canada doit offrir son expertise dans les dossiers relatifs aux droits de la personne. Cette année, notre gouvernement est heureux d’appuyer la candidature de Mme Marcia Kran, une avocate canadienne accomplie, à un poste au sein du Comité des droits de l’homme.

Permettez-moi de conclure mon propos en soulignant la nécessité absolue de célébrer la diversité et de promouvoir le pluralisme pacifique.

Bien que tout ne soit pas parfait au Canada, notre pays a réussi à créer un contexte où diverses communautés peuvent vivre et grandir en toute liberté.

Qu’il s’agisse des peuples autochtones, des musulmans, des juifs, des hindous, des bouddhistes, des chrétiens ou des sikhs, des anglophones, des francophones ou des allophones, ou encore des réfugiés, des migrants, des lesbiennes, des gais, des bisexuels, des transgenres, des intersexués ou des hétérosexuels : tous contribuent à l’évolution de la mosaïque sociale du Canada.

Nous, Canadiens, croyons que la diversité nous renforce, et c’est pourquoi le Canada a accueilli 25 000 réfugiés syriens en quelques mois. Nous avons promis de faire davantage. Le Canada est fermement convaincu que ces personnes enrichiront le tissu canadien et qu’elles aideront à édifier une société pluraliste, diversifiée et inclusive.
Oui, la diversité dans le respect des droits universels renforce l’humanité. Que cette vérité triomphe partout.

Je vous remercie.

Contacts

Le Service des relations avec les médias
Affaires mondiales Canada
343-203-7700
media@international.gc.ca
Suivez-nous sur Twitter : @CanadaPE
Aimez-nous sur Facebook : La politique étrangère du Canada - Affaires mondiales Canada


Recherche d'information connexe par mot-clés

L'hon. Stéphane Dion Affaires mondiales Canada Gouvernement et vie politique

Détails de la page

Date de modification :