Discours du ministre Dion lors d'un atelier à l'intention des organismes de la société civile

Discours

Travaillons ensemble pour les droits de la personne

Le 6 juin 2016 - Ottawa, Ontario

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Vous tous ici présents, qui représentez plus de 40 organismes canadiens de défense des droits de la personne et organismes de la société civile, vous travaillez sans relâche à favoriser l’inclusion, le pluralisme et les droits de la personne. La liberté que vous aimeriez voir dans le monde est issue de la reconnaissance que cette lutte est foncièrement une lutte pour les libertés universelles et indissociables dont nous jouissons en tant que Canadiens, et que toute l’humanité cherche à obtenir.

Aussi, aujourd’hui, dans cet édifice qui porte le nom de Lester B. Pearson, je veux, devant vous tous et au nom du premier ministre Justin Trudeau et de tout le gouvernement, louer les efforts que vous déployez pour promouvoir la dignité humaine.

Une dignité qui est trop souvent bafouée, piétinée, attaquée de toutes parts, en particulier par ce qu’il faut appeler le syndrome de la méfiance, la diffusion de cette croyance erronée selon laquelle la différence de « l’autre » — qu’elle soit culturelle, religieuse, ethnique ou politique — est une menace.

Des communautés et des populations qui cohabitaient pacifiquement, en nouant des liens familiaux, en sont venues à se craindre, à se détester et à s’attaquer mutuellement. L’exacerbation des tensions tribales, l’affrontement entre vieux nationalismes, la révolte face aux inégalités criantes, l’effet délétère de la corruption endémique, les effets aggravants des changements climatiques et de la détérioration des écosystèmes et, bien sûr, la montée des extrémismes sectaires allant jusqu’au terrorisme mondialisé, ont peu à peu pris le relais de la guerre froide.

Une idéologie millénaire, apocalyptique, est également apparue, une distorsion inacceptable du Coran, dont l’effet est de condamner à mort tous ceux qui refusent de s’y soumettre. L’ensemble du monde civilisé doit lutter avec la plus ferme détermination contre cette idéologie dont les premières victimes sont les musulmans eux-mêmes.

Le non-respect des lois internationales sur les droits de la personne est manifeste et très répandu. Nous assistons à l’émergence de « démocraties non libérales », qui font fi de leurs propres lois et qui oppriment les citoyens et les groupes vulnérables.

Voici quelques-uns des effets les plus inquiétants :

  • l’extrémisme violent;
  • le harcèlement des défenseurs des droits de la personne, pour avoir osé dénoncer les violations des droits de la personne;
  • les minorités religieuses et sexuelles qui sont la cible de violence et de haine extrêmes;
  • des actes de violence sexuelle et sexiste contre les femmes et les filles;
  • le fait que des enfants soient maltraités, exploités et négligés, utilisés comme instruments de guerre, victimes de trafic ou forcés de travailler dans des conditions inhumaines, privés d’éducation et de soins de santé adéquats, et surtout, empêchés de vivre leur enfance.

Pour lutter contre ces multiples violations des droits universels et améliorer ce monde qui en a tant besoin, la première chose à faire est de déterminer précisément quelles sont ses propres convictions.

Je crois que les droits et libertés — la liberté de conscience, d’expression, de religion, de réunion, de mouvement, de même que le droit à la vie et à la sécurité, la justice sociale et l’égalité des chances — sont des droits universels inhérents à tout être humain. Je crois que la démocratie, la justice sociale et l’égalité des chances ont une portée universelle. Je crois aussi que la quête de la vérité est plurielle; elle progresse par la voie de l’expérimentation, de la diversité, de la tolérance et de l’ouverture aux cultures et aux savoirs.

Je sais par ailleurs que toutes ces convictions qui m’habitent amènent aussi des arbitrages difficiles entre, par exemple, le droit à la vie privée et le droit à la sécurité; ou entre l’égalité des sexes et la liberté de religion : je suis en faveur de l’égalité pour les femmes mais je ne veux pas que l’État impose le droit des femmes à pouvoir entrer dans les clergés. Je dis que la meilleure méthode pour en arriver à des arbitrages justes est la prise en compte des conséquences prévisibles de nos décisions sur autrui.

C’est ce que j’ai appelé la « conviction responsable ». Ce principe directeur permet d’adjoindre à nos convictions le sens des responsabilités, c’est-à-dire la prise en compte des conséquences prévisibles de nos actes et de nos paroles pour autrui. La conviction responsable, loin d’oblitérer nos convictions en faveur du pragmatisme, établit que la prise en compte des conséquences est la méthode éprouvée pour choisir parmi nos différentes convictions.

Inspiré par ses convictions, le gouvernement canadien s’engage à promouvoir les droits universels de la personne, et il le fera en s’appuyant sur de solides relations avec vous. Voici quelques faits saillants des interventions du Canada jusqu’à maintenant :

  • Nous avons versé des contributions sans précédent au Sommet humanitaire mondial qui a eu lieu récemment, et au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
  • Nous avons mis en œuvre un vaste plan politique, diplomatique, militaire et de développement afin de lutter contre l’EIIL [l’État islamique en Irak et au Levant] en Irak et en Syrie et de soutenir l’ensemble de la région.
  • Nous nous sommes joints au Groupe international de soutien à la Syrie.
  • Nous avons affirmé notre adhésion inconditionnelle à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
  • Nous avons obtenu un siège à la Commission de la condition de la femme.
  • Nous avons créé le nouveau Bureau des droits de la personne, des libertés et de l’inclusion, et nous avons triplé le budget dont disposait son prédécesseur.
  • Nous avons mis fin à l’approche arbitraire qu’avait récemment adoptée le Canada concernant la peine de mort : le Canada réclamera la clémence dans tous les cas, partout dans le monde.
  • Nous avons annoncé notre soutien à l’ensemble des services de santé sexuelle et reproductive dans les programmes de développement.
  • Nous avons accueilli et réinstallé des réfugiés syriens, et nous continuons toujours d’en accueillir.
  • Nous avons donné instruction à tous les chefs de mission canadiens (ambassadeurs, hauts-commissaires et consuls généraux) de faire de la promotion des « droits de la personne, des libertés et de l’inclusion » une partie intégrante de leurs objectifs principaux, et d’inclure ces priorités parmi leurs indicateurs de rendement annuel.
  • Nous annoncerons bientôt l’adoption d’une approche plus transparente et plus rigoureuse en ce qui a trait à l’établissement de rapports en matière de droits de la personne et au lancement du processus officiel d’adhésion au Traité sur le commerce des armes.
  • Grâce à votre aide, nous nous assurerons que le Protocole facultatif à la Convention contre la torture [et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants] ne sera plus optionnel au Canada.
  • Nous avons ouvert nos portes à des groupes comme les vôtres, de façon à ce que nous puissions bénéficier de votre point de vue, rapidement et souvent.

Afin d’agir avec une efficacité optimale et une conviction responsable, l’action bilatérale n’est pas suffisante. Il faut une action multilatérale. C’est pour cette raison que notre gouvernement se réengage dans les institutions multilatérales, et plus particulièrement à l’ONU, y compris au Conseil de sécurité, où nous espérons pouvoir être un membre actif et constructif. Nous nous réengagerons aussi multilatéralement en participant à des opérations de maintien de la paix. Nombre de nos alliés nous demandent d’être présents, particulièrement dans les territoires francophones, lesquels comptent de nombreux États fragiles et où la plupart des Casques bleus [Forces de maintien de la paix des Nations Unies] sont déployés.

La ligne directrice du gouvernement du Canada est la nécessité de maintenir son engagement. C’est souvent une erreur que de couper les ponts avec un régime qui nous déplaît. L’engagement ne doit pas être confondu avec l’acquiescement. Au contraire, il faut entretenir un franc dialogue avec de tels régimes, avec l’espoir d’amener un changement positif.

Ne minimisons pas notre importance. Grâce à une diplomatie et à des forces armées compétentes, à une expertise certaine et variée en aide au développement, à un savoir-faire technologique et intellectuel, à une formidable capacité d’innover et d’entreprendre, ainsi qu’à une communauté d’ONG [organisations non gouvernementales] solide et dynamique, le Canada a les moyens de contribuer à l’amélioration du monde. Mettons ces atouts au service du monde.

Lorsque [le secrétaire général de l’ONU] Ban Ki-moon a déclaré récemment en Autriche qu’il était « alarmé par la montée de la xénophobie dans ce pays [en Autriche] et ailleurs », il nous interpellait tous. Le Canada doit répondre à ce cri du cœur. De façon responsable et convaincue, le Canada doit s’affirmer comme un champion des droits de la personne et un architecte résolu de la paix.

Je vous remercie.

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