Discours du ministre Dion sur la croissance inclusive et le rôle des groupes de réflexion

Discours

Le 28 septembre 2016 - Montréal, Québec

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Je tiens à remercier chaleureusement le Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale ainsi que le Programme sur les groupes de réflexion et la société civile du Lauder Institute, à l’Université de la Pennsylvanie, de me donner cette occasion de m’adresser aux représentants de bon nombre des groupes de réflexion les plus réputés du monde.

Comme vous n’êtes pas tous originaires du Canada, permettez-moi de vous parler brièvement de moi. Voici quelques faits dont je suis particulièrement fier :

  • professeur, j’ai notamment enseigné les sciences politiques à l’Université de Moncton et à l’Université de Montréal;
  • je suis député fédéral d’une circonscription de Montréal depuis maintenant vingt ans;
  • j’ai été à la tête de différents ministères et je suis aujourd’hui ministre des Affaires étrangères.

Il y a autre chose dont je suis particulièrement fier, dont je n’ai jamais parlé publiquement : j’ai été le voltigeur de centre de l’équipe de balle molle de la Brookings Institution lors de la saison 1990-1991, alors que j’ai eu le privilège d’y être professeur invité!

C’est avec grand plaisir que j’ai accepté votre invitation, notamment parce que bon nombre de vos thèmes de discussion sont au cœur des préoccupations du gouvernement du Canada : le protectionnisme, le populisme, la méfiance, les inégalités économiques et, disons-le franchement, la xénophobie.

En effet, nous assistons de nos jours à un retour de la méfiance et de la peur de l’autre. Un trop grand nombre de politiciens tentent de s’attirer la faveur du public en misant sur ces craintes.

Le premier ministre Justin Trudeau a fait valoir aux Canadiens à quel point notre pays était l’un des plus diversifiés du monde, ce qui le rendait fort. Il a déclaré qu’il ne fallait pas accepter moins de réfugiés, mais davantage. Il a affirmé que chaque vague de réfugiés nous rendait plus forts que jamais.

Un message d’inclusion résonne toujours plus fort en présence de leadership.

La diversité au Canada est un fait. Notre pays héberge des personnes de toute race, religion et orientation sexuelle, de forme et de taille diverses.

La diversité est un fait, mais l’inclusion est un choix, qui s’appuie sur les nombreux avantages que la diversité peut apporter.

Je suis convaincu que la diversité dans nos collectivités et dans nos pays peut stimuler la croissance économique et assurer une meilleure cohésion sociale, et qu’elle peut procurer d’immenses avantages sociaux et culturels.

Il a fallu de nombreuses années de travail constant pour que le Canada en arrive là où il est aujourd’hui. L’inclusion ne se produit pas par magie; elle se concrétise en reconnaissant la force de la diversité. Et l’inclusion est le résultat d’une multitude de choix :

  • Le gouvernement du Canada a décidé d’accueillir davantage de réfugiés.
  • Le premier ministre Trudeau a opté pour la parité hommes-femmes au sein de son conseil des ministres.
  • Le gouvernement du Canada a choisi d’adopter de nouvelles lois pour protéger les personnes transgenres.

La croissance inclusive est l’un de nos objectifs primordiaux. Au Canada comme ailleurs, ce serait une erreur de sous-estimer l’angoisse qu’éprouvent réellement de nombreuses personnes lorsque la croissance ne tient pas assez compte de l’inclusion.

Lorsque la classe moyenne se sent coincée et qu’elle ne voit pas son niveau de vie s’améliorer, lorsque les gens craignent de se retrouver dans une situation pire que celle de leurs parents ou lorsque les personnes démunies n’ont aucun espoir de se joindre un jour à la classe moyenne, alors il ne faut pas s’étonner que des politiciens populistes parviennent à exploiter les craintes.

Je crois qu’il existe une corrélation entre les politiques d’exclusion et un sentiment d’insécurité économique, et il nous faut attaquer de front ce problème.

Voilà pourquoi le gouvernement du Canada a pris diverses mesures pour promouvoir la croissance inclusive et rétablir la confiance en une économie qui profite à tous.

Ces mesures comprennent notamment :

  • l’élargissement de la classe moyenne et la réduction des inégalités;
  • l’amélioration de la justice fiscale en demandant à ceux qui le peuvent d’en faire plus;
  • l’aide aux familles avec des enfants.

Nous savons qu’une société où la classe moyenne s’élargit au lieu de rétrécir est plus susceptible d’atteindre une prospérité qui profitera à tous. Et qu’une société ne peut préparer son avenir sans investir dans ses enfants.

Nous appuyons l’économie en investissant dans une infrastructure verte, dans le transport en commun, dans le logement social et dans les infrastructures stratégiques. Il s’agit là d’investissements à long terme, mais qui sont plus pertinents que jamais, car ils nous permettent de combler l’important déficit au chapitre des infrastructures, tant sur les plans qualitatif que quantitatif, et de mettre notre économie à niveau pour tenir compte des nouvelles technologies et des défis environnementaux.

Comme l’a dit Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, lors de sa visite récente au Canada : « Le gouvernement du Canada a raison d’utiliser les dépenses en infrastructure pour stimuler la croissance économique. »

Nous investissons dans la recherche et le développement, la science, la technologie et les industries de pointe. Dans l’économie du savoir d’aujourd’hui, si on n’avance pas, on recule.

Nous mettons l’accent sur les Autochtones pour les aider à réaliser leur plein potentiel. Cette jeune population a beaucoup à offrir, et il serait tragique de continuer à permettre le gaspillage de talents.

Nous réinvestissons dans la culture, une source inépuisable d’enrichissement et d’inspiration sur les plans intellectuel et spirituel, un levier sous-utilisé qui peut revitaliser des villes entières.

Nous renforçons nos relations commerciales avec les États-Unis en facilitant la circulation transfrontalière de personnes et de marchandises et en veillant à ce que la frontière soit à la fois plus sûre et plus fluide.

Nous renforçons nos liens avec le Mexique et avons conclu un accord avec nos deux partenaires de l’ALENA [Accord de libre-échange nord-américain] pour mieux harmoniser nos politiques en matière d’énergie et de changement climatique. Et même si nous cherchons activement à percer d’autres marchés dans le monde, notamment en Chine, nous ne tenons jamais pour acquis le marché américain, car ce marché recèle un potentiel illimité.

L’un des plus grands défis de notre temps consiste à prouver à nos populations que le commerce mondial et la croissance inclusive peuvent aller de pair. Le Canada est un pays commerçant. Nous avons une population modeste, mais nous sommes riches en raison de notre commerce avec le reste du monde. Le gouvernement du Canada est déterminé à mettre en œuvre un programme commercial audacieux et progressif.

Afin de convaincre nos concitoyens que le protectionnisme, axé vers l’intérieur, ne constitue pas la façon de faire, les gouvernements doivent négocier des ententes commerciales qui inspirent confiance. Ils doivent convaincre la population que ces ententes profiteront à tout le monde, et pas seulement aux grandes entreprises et au 1 p. 100 le plu riche de la population. Si nous ne parvenons pas à convaincre nos concitoyens que de solides accords commerciaux améliorent la situation de la classe moyenne au lieu de la dégrader, ils suivront les politiciens populistes qui leur promettent la lune s’ils se ferment aux autres.

Au moment de la négociation de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, appelé Accord économique et commercial global ou AECG, bien des gens s’inquiétaient du fait que cette entente affaiblirait la capacité des gouvernements à mettre en place des politiques sociales et environnementales progressistes.

Sous la direction de la ministre du Commerce international, ma collègue Chrystia Freeland, le Canada a renégocié les règles relatives à l’investissement. Des modifications ont été apportées pour clarifier les dispositions sur le droit de réguler de tous les ordres de gouvernement. Notamment, le tribunal chargé des litiges en matière d’investissements sera nommé par le Canada et l’Union européenne, et plus jamais les investisseurs à la source du litige ne pourront participer à la nomination des arbitres.

Nous sommes parvenus à modifier le chapitre sur l’investissement pour faire en sorte que les gouvernements conservent leur capacité de réguler et que les parlements conservent leur capacité de légiférer en matière d’environnement, de salubrité des aliments, de programmes sociaux, de droits du travail et de politiques sur la santé.

La ratification de la version améliorée de l’AECG constitue une occasion en or pour le Canada et l’Union européenne de montrer au monde entier que le libre-échange et la croissance inclusive ne sont pas incompatibles, et qu’en fait, ils se renforcent mutuellement. Voilà à quoi aspire un programme commercial progressiste.

L’Europe est aux prises avec un populisme rigide. Après le vote sur le Brexit, l’Europe doit être capable d’aller de l’avant. Si l’Europe ne peut ratifier une entente commerciale avec le Canada, avec qui le pourra-t-elle?

L’enjeu consiste à établir l’orientation que prendra le monde : une économie ouverte ou fermée, l’inclusion ou l’exclusion, la confiance ou la crainte, des échanges commerciaux progressistes ou le protectionnisme, une croissance partagée ou des inégalités croissantes.

Avec une conviction responsable, je crois que, pour réussir, nous devons soutenir les meilleurs conseillers, les meilleurs experts. Leurs voix doivent se faire entendre haut et fort dans le débat public, car ils énoncent des faits et des opinions sobres quand trop souvent prévalent les préjugés et les mensonges.

C’est dans cette atmosphère que les groupes de réflexion les plus efficaces peuvent et doivent jouer un rôle crucial. L’objectif n’est rien de moins que le triomphe de ces vérités évidentes : l’inclusion fonctionne; des échanges commerciaux progressistes sont possibles à l’échelle mondiale.

Lorsque j’examine le programme de votre conférence, je vois que vous débattrez en profondeur de ces enjeux essentiels. Je regrette de ne pouvoir rester avec vous. Cependant, mes espions vous ont infiltré, et j’ai bien hâte de lire leur rapport. Compte tenu de la qualité des esprits présents, je n’ai aucun doute que des progrès seront réalisés en vue de renforcer le plaidoyer en faveur de l’inclusion.

Et peut-être y parviendrez-vous… à partir du champ centre.

Je vous remercie.

Contacts

Chantal Gagnon
Attachée de presse
Cabinet du ministre des Affaires étrangères
343-203-1851
chantal.gagnon@international.gc.ca

Le Service des relations avec les médias
Affaires mondiales Canada
343-203-7700
media@international.gc.ca
Suivez-nous sur Twitter : @CanadaPE
Suivez le ministre Dion sur Twitter : @MinCanadaAE
Aimez-nous sur Facebook : La politique étrangère du Canada - Affaires mondiales Canada


Recherche d'information connexe par mot-clés

Détails de la page

Date de modification :