Modification - Discours de la secrétaire parlementaire Goldsmith-Jones, au nom du ministre Dion, soulignant le 20e anniversaire du Conseil de l'Arctique

Discours

Le Conseil de l’Arctique : après 20 ans, plus important que jamais

Le 29 septembre 2016 - Ottawa, Ontario

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Modification : ajout de texte, tel qu’il a été livré

Alors que nous sommes réunis aujourd’hui à l’Université Carleton pour célébrer le 20e anniversaire du Conseil de l’Arctique, profitons de l’occasion pour faire le point sur la signification du Nord pour les Canadiens.

Représentant 40 p. 100 de notre territoire et comptant plus de 100 000 habitants, dont plus de la moitié sont Autochtones, le Nord est au cœur de notre identité.

Oui, nous avons une âme nordique; elle est empreinte du « vrai Nord, libre et fort ». Peu d’endroits sur Terre évoquent des images plus spectaculaires que celles du Nord. C’est la terre des aurores boréales qui illuminent le ciel à la tombée de la nuit, et la terre du soleil de minuit et des journées polaires qui s’éternisent lorsque le soleil ne se couche jamais.

Notre sentiment d’appartenance envers le Nord fait notre fierté. Une fierté que nous devons d’abord et avant tout aux Canadiens qui vivent dans cette région.

Depuis des milliers d’années, les peuples autochtones survivent et s’épanouissent dans le froid et dans la neige. Nous leur devons tant, et le premier ministre [Justin] Trudeau et son gouvernement sont résolus à le démontrer. C’est ce que les Canadiens souhaitent. C’est ce que le premier ministre et le président [Barack] Obama ont affirmé en mars dernier à Washington, dans la Déclaration conjointe des États-Unis et du Canada sur le climat, l’énergie et le rôle de leadership dans l’Arctique : en tant que nations arctiques, l’avenir commun du Canada et des États-Unis repose sur les peuples qui ont fait du Nord leur domicile.

Pendant que nous sommes réunis ici, notre très dévouée ministre des Affaires autochtones et du Nord, Carolyn Bennett, parcourt le Canada pour consulter la population sur la meilleure approche à adopter à l’égard du Nord. Elle a réuni autour d’elle les spécialistes canadiens les plus compétents et qui connaissent le mieux l’Arctique, y compris les scientifiques les plus brillants et les personnes qui communiquent leur savoir traditionnel. Parmi ces gens se trouve la représentante spéciale auprès de la ministre Bennett, Mme Mary Simon, une dirigeante remarquable qui a contribué à la fondation du Conseil de l’Arctique il y a 20 ans, de concert avec mon prédécesseur et ancien collègue, Lloyd Axworthy.

La ministre Bennett a clairement indiqué que le développement socioéconomique des résidents du Nord sera au cœur de ses préoccupations : la résilience de leurs collectivités, les débouchés professionnels pour leurs enfants, la protection de leur bien-être physique et mental, et la préservation de leurs langues et de leurs cultures.

Il est d’autant plus important de garder à l’esprit que les grandes transformations dans l’environnement physique et économique du Nord ont une incidence sur le bien-être des populations nordiques. L’Arctique attire de plus en plus d’activité économique. Il sera l’emplacement de nouveaux projets économiques d’envergure. Ses ressources sont de plus en plus convoitées. Des voies de navigation y sont ouvertes. Et pourtant, son écosystème demeure toujours aussi fragile.

Le Nord est une partie essentielle de notre avenir et un lieu qui offre un potentiel extraordinaire. Plus que jamais, le monde comptera sur le Canada pour gérer de façon responsable cette grande région, baromètre de notre planète. Les ressources du Nord, exploitées de façon responsable, offrent d’immenses possibilités de développement économique. Mais si ces ressources sont exploitées de façon irresponsable, ce sera une catastrophe, non seulement pour nous, mais pour toute l’humanité.

Comment ne pas être profondément troublés par les effets néfastes des changements climatiques que nous observons déjà dans l’Arctique? L’augmentation des températures et des précipitations, les hivers plus courts et plus chauds, et la diminution du couvert de glace, de neige et de pergélisol font partie des changements prévus susceptibles de durer pendant des siècles.

Ces changements toucheront non seulement les habitants du Nord, mais aussi la planète entière. Nous tous.

Les zones de végétation dans l’Arctique se déplacent. La fréquence, la gravité et la durée des infestations d’insectes et des feux de forêt augmentent. À cause de la réduction du couvert de glace de mer, les habitats marins rétrécissent, non seulement celui des ours polaires, mais aussi des phoques et des oiseaux de mer, menaçant de disparition certaines espèces.

L’évolution de l’état de la neige, de la glace et du pergélisol menace les infrastructures communautaires et les activités de chasse, de pêche et d’élevage, lesquelles ont assuré la subsistance des collectivités pendant des générations.

Le raccourcissement de la saison des routes d’hiver a des répercussions directes sur les résidents du Nord puisqu’il entraîne l’augmentation du coût des produits qu’ils achètent, rendant la nourriture et les produits de première nécessité moins abordables.

La fonte de la neige et de la glace arctiques, très réfléchissantes, expose des surfaces terrestres et maritimes plus sombres, ce qui augmente l’absorption de la chaleur du soleil et contribue davantage au réchauffement de la planète.

L’augmentation de la fonte des glaciers et du débit des cours d’eau apporte une quantité accrue d’eau douce dans les océans, ce qui cause l’élévation mondiale du niveau de la mer et peut-être le ralentissement de la circulation océanique qui transporte la chaleur des tropiques vers les pôles, ce qui affecte le climat tant à l’échelle mondiale que régionale.

Nous observons ces changements et nous les craignons avec raison. Mais nous ne pouvons ni les passer sous silence ni revenir un siècle en arrière. Notre choix doit être un développement responsable et respectueux des ressources naturelles de l’Arctique, d’une façon qui apporte des retombées favorables aux collectivités du Nord et qui atténue les effets néfastes en s’appuyant sur les données probantes les plus fiables dont nous disposons. La collaboration est cruciale : avec les gouvernements à tous les échelons, les collectivités autochtones, les scientifiques, le secteur privé, les spécialistes techniques et les concepteurs de politiques.

Oui, notre excellente ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, est au cœur de cette lutte pour le développement durable. Mais les ministres Bennett et McKenna ne peuvent agir seules : tous les ministres doivent être conscients des écosystèmes du Nord.

Et pendant que nous parlons de collaboration, parlons de l’organisme dont nous célébrons aujourd’hui le 20e anniversaire. Rappelons-nous que huit pays forment l’Arctique : le Royaume du Danemark, l’Islande, la Norvège, la Suède, la Finlande, la Russie, les États-Unis et le Canada. Et rien ne serait plus grave que si chacun de ces pays tentait d’exploiter ce territoire au maximum au lieu de collaborer avec les autres pays pour favoriser une gérance responsable. Rien ne pourrait être pire qu’une militarisation fondée sur la méfiance entre ces pays qui sont des voisins.

Le Conseil de l’Arctique est la façon d’assurer la collaboration entre huit pays attachés à leur souveraineté. En tant que Canadiens, nous pouvons être fiers que le Conseil de l’Arctique ait été créé en grande partie à la suite de la diplomatie et du leadership du Canada pendant le mandat de l’ancien premier ministre Jean Chrétien. Le Conseil comprend aussi, et cela a été un élément crucial de sa réussite, les Participants permanents autochtones, soit, du Canada, le Conseil circumpolaire inuit, le Gwich’in Council International et l’Arctic Athabaskan Council, ainsi que l’Aleut International Association, le Saami Council et l’Association russe des populations autochtones du Nord.

Comme le dit le Conseil circumpolaire inuit, mots que le président américain actuel du Conseil de l’Arctique a ensuite repris, notre objectif est le suivant : « L’Arctique dans l’unité : possibilités, questions et responsabilités communes ».

Le Canada et ses sept voisins arctiques ont une responsabilité commune de protéger le Nord, et le monde entier compte sur nous. Douze autres pays ont le statut d’observateur au Conseil, en plus de l’Union européenne. Le Canada accueille favorablement la contribution de ces observateurs aux travaux du Conseil de l’Arctique. Le monde est dans un meilleur état à cause de l’existence du Conseil de l’Arctique.

Et en fait, depuis la signature de la Déclaration d’Ottawa [Déclaration sur la création du Conseil de l’Arctique] dans l’édifice de l’Ouest du Parlement le 19 septembre 1996, il y a donc 20 ans, nous avons beaucoup accompli pour démontrer la pertinence du Conseil.

En voici quelques exemples :

  • L’inclusion des peuples autochtones des pays de l’Arctique à la table afin que leurs préoccupations et leurs points de vue soient intégrés aux discussions, un élément dont le Canada s’est fait le défenseur. Les difficultés de l’Arctique ne peuvent être résolues sans travailler avec les gens qui y vivent. Il s’agit de l’une des caractéristiques déterminantes du Conseil et celle qui lui donne une plus grande légitimité sur la scène nationale, régionale et internationale.
  • La négociation de deux accords exécutoires entre les huit États de l’Arctique, le premier sur la recherche et le sauvetage, signé en 2011, et le deuxième sur la préparation et l’intervention en cas de pollution par les hydrocarbures, signé en 2013. Les travaux continuent sur la signature d’un troisième accord portant sur la coopération scientifique dans l’Arctique.
  • Les études influentes sur les polluants environnementaux, le transport maritime, le tourisme, la sécurité et la recherche et sauvetage, la conservation de la biodiversité, l’intervention en cas de pollution par les hydrocarbures, la santé humaine (y compris le bien-être psychologique), les langues autochtones et bien entendu, les changements climatiques. En qualité de ministre de l’Environnement en 2004, j’ai eu la chance de représenter le Canada à la réunion ministérielle du Conseil de l’Arctique en Islande lorsque l’Évaluation de l’impact du changement climatique dans l’Arctique a été publiée, une étude pionnière sur les effets des changements climatiques dans l’Arctique.
  • Le Cadre d’action du Conseil de l’Arctique sur la réduction accrue des émissions de carbone noir et de méthane, qui énonce une vision commune pour les États de l’Arctique afin d’accélérer la diminution des émissions globales de carbone noir et de réduire de façon importante les émissions globales de méthane.
  • Et enfin, le nouveau Conseil économique de l’Arctique, qui fait connaître les occasions d’affaires, de commerce et d’investissement dans la région.

Oui, nous avons accompli beaucoup de choses, et ces réalisations devraient nous donner un élan pour multiplier nos efforts. Les gouvernements du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut ainsi que les Participants permanents du Canada ont été nos partenaires et principaux contributeurs dans cette réussite, et nous sommes heureux de poursuivre notre collaboration avec eux. J’aimerais aussi reconnaître les contributions de plusieurs ministères fédéraux aux initiatives du Conseil de l’Arctique.

Le Conseil de l’Arctique sera essentiel au développement économique de la population du Nord, à l’extraction responsable des ressources du Nord et à la préservation de l’écosystème qui est essentiel à la santé de la planète entière.

Heureusement, le gouvernement du Canada s’est engagé résolument en faveur de la prise de décisions fondées sur des données scientifiques. La réussite du Conseil de l’Arctique repose en grande partie sur la compréhension scientifique que nous avons du Nord.

Hier, ma collègue et ministre des Sciences, Kirsty Duncan, était à Washington pour discuter de recherche scientifique dans l’Arctique.

Nous devons aussi garder à l’esprit, et j’insiste sur ce point, qu’il existe un autre pôle auquel nous devons prêter attention : l’Antarctique. Les conditions sont différentes, mais il y a aussi des ressemblances. La coopération sera nécessaire à tous les échelons (politique, diplomatique et scientifique) pour unir les destinées des deux pôles.

Pour continuer sur l’importance de la coopération, je tiens à insister sur la relation cruciale qui doit exister entre le Canada et la Russie. Près de 50 p. 100 du Nord se trouve en Russie et environ 25 p. 100, au Canada. À nous deux, nous contrôlons 75 p. 100 du Nord. Empêcher les scientifiques de ces deux pays de se parler est illogique. Notre gouvernement a mis fin à cette irrationalité. La rupture des liens avec notre voisine, la Russie, ne sert les intérêts de personne. Ni des Canadiens ni des Russes ni des Ukrainiens. De personne.

Lorsque le premier ministre Trudeau a parlé au président Vladimir Poutine et lorsque j’ai rencontré mon homologue russe aux Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, nous avons exprimé notre profond désaccord à l’égard des politiques inacceptables de la Russie en Ukraine. Nous leur avons dit que les actions de la Russie représentaient une violation explicite du droit international et qu’elles nuisaient à la paix et à la sécurité dans la région. Et c’est pourquoi nous jouons un rôle de chef de file pour renforcer le pouvoir de dissuasion de l’OTAN, y compris en commandant un bataillon multinational en Lettonie.

La politique de l’OTAN est fondée sur la dissuasion et le dialogue, comme le sera celle du Canada. Et le Nord sera au cœur de ce dialogue.

La conviction responsable passe nécessairement par le dialogue, même lorsque nous ne sommes pas d’accord. Lorsque j’ai rencontré le ministre Lavrov en juillet, nous avons fait de la coopération dans l’Arctique l’une de nos priorités. Il ne pourrait en être autrement.

La coopération avec la Russie sur la gamme complète des enjeux de l’Arctique est clairement dans notre intérêt. À propos, je suis heureux de savoir qu’une conférence Canada-Russie sur l’Arctique est prévue à la fin novembre, ici même à l’Université Carleton.

La diplomatie et la coopération avec tous les membres du Conseil de l’Arctique sont essentielles pour faire en sorte que l’Arctique soit géré avec soin et de façon pacifique. Le Nord n’est pas un endroit pour les affrontements militaires ou le renforcement de la puissance militaire. Le Conseil de l’Arctique est une tribune qui s’efforce d’obtenir des consensus, et aucun consensus n’est possible sans collaboration entre le Canada et la Russie, malgré les difficultés que cette collaboration peut parfois présenter.

Notre gouvernement édifiera des relations plus solides avec l’ensemble des États de l’Arctique, d’autant plus que le prochain pays qui assure la présidence du Conseil de l’Arctique, la Finlande, souhaite intégrer les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies au programme de sa présidence. Ces objectifs sont tout aussi importants pour le Nord circumpolaire, notre Nord, qu’ailleurs dans le monde.

Après deux décennies, la vision du Canada pour le Conseil de l’Arctique est devenue réalité, même si elle demeure inachevée :

  • Elle a renforcé notre identité de pays arctique.
  • Elle a renforcé nos relations avec nos voisins de l’Arctique.
  • Elle a renforcé la visibilité de l’Arctique sur la scène nationale et internationale.

Peu de gens auront la chance de visiter l’Arctique et de voir eux-mêmes sa beauté et ses paysages majestueux. Mais agir comme si l’Arctique n’existait pas serait une erreur impardonnable.

Le Canada s’est engagé en faveur de l’Arctique et de sa population, et sous la direction du premier ministre Justin Trudeau, il jouera un rôle de chef de file sur la scène internationale pour favoriser le développement durable de la région.

Je vais terminer avec une citation de Sheila Watt-Cloutier, la grande leader nordique qui a récemment publié The Right to Be Cold (le droit au froid).

« Si vous voulez savoir comment se porte le monde, venez dans l’Arctique prendre son pouls. »

Je vous remercie.

Contacts

Chantal Gagnon
Attachée de presse
Cabinet du ministre des Affaires étrangères
343-203-1851
chantal.gagnon@international.gc.ca

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