Discours du ministre Dion à la 62e assemblée générale de l'Association du Traité de l'Atlantique

Discours

Le 11 octobre 2016 - Toronto, Ontario

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Je remercie l’Association canadienne pour l’OTAN de m’avoir invité comme conférencier pour l’ouverture des débats de la 62e assemblée générale de l’Association du Traité de l’Atlantique. Je tiens aussi à saluer tous les organisateurs, en particulier mon ex-collègue, Bill Graham, et le président de l’Association, Hugh Segal.

Permettez-moi d’entrée de jeu de souligner l’engagement du premier ministre Justin Trudeau envers le rôle essentiel que joue l’OTAN dans la sécurité et le maintien de la stabilité, tant sur le plan régional qu’international. Je tiens aussi à vous démontrer que le retour du Canada dans les opérations de paix s’inscrit dans la foulée de son engagement renouvelé auprès de l’OTAN.

Le gouvernement du Canada adhère à l’objectif fondateur de l’Alliance atlantique [OTAN], soit d’unir l’Europe et l’Amérique du Nord dans la défense et la promotion des intérêts et des valeurs qui sont les nôtres depuis l’après-guerre. Le Canada honorera son engagement à protéger les membres de l’Alliance et à promouvoir la liberté et le développement économique.

Depuis sa création en 1949, l’OTAN s’est transformée au fil de l’évolution de la situation internationale. Elle a non seulement admis de nouveaux membres issus de l’ancien bloc de l’Est, mais également soutenu les efforts de paix au-delà de ses limites territoriales, par exemple, en Afghanistan.

Cette alliance militaire et politique est considérée comme la plus fructueuse de l’histoire moderne. Son succès n’aurait pu être possible sans la mise en œuvre d’une maxime bien célèbre en relations internationales : la diplomatie sans les armes est comme la musique sans les instruments.

L’OTAN conjugue les deux, soit la diplomatie et les armes, et elle en a fait la démonstration tout récemment encore. Le comportement brutal et inacceptable de la Russie envers l’Ukraine, de même que les craintes des ex-membres de l’ancien bloc de l’Est, en particulier des pays baltes, suscitées par l’agression de Moscou, a amené l’OTAN à renforcer sa présence en Europe de l’Est tout en engageant un dialogue diplomatique direct avec Moscou.

Le Canada ne reste pas inactif dans ce dossier. Nous sommes solidaires de l’OTAN et de l’Ukraine lorsque nous communiquons notre point de vue sur la crise directement à la Russie. J’ai déclaré à mon homologue russe que les gestes de la Russie étaient, et sont toujours, manifestement contraires au droit international, et qu’ils étaient préjudiciables à la paix et à la sécurité dans la région. Et je continuerai de le faire.

Au sein de l’OTAN et par le truchement de sa relation bilatérale renforcée avec l’Ukraine, le Canada épaulera les Ukrainiens dans leur quête d’un pays sûr, stable et prospère qui pourrait servir de modèle dans la région et devenir en soi la meilleure riposte aux efforts du président Poutine pour influencer l’avenir de ce pays.

Le Canada joue un rôle central dans le renforcement des mesures de dissuasion de l’OTAN, y compris en déployant en Lettonie 450 militaires canadiens et en commandant le bataillon multinational dans ce pays. Pour le bien de l’humanité, il est regrettable que les pays les plus développés consacrent des ressources militaires importantes aux mesures de dissuasion en Europe de l’Est, plutôt que dans les nombreux points chauds du monde où ces ressources seraient nécessaires. Mais le Canada est fier d’être présent en Europe de l’Est avec ses alliés de l’OTAN, tant que cela est nécessaire.

L’OTAN est un levier important de la paix, même s’il n’est pas le seul. Le système multilatéral, dont l’ONU est le cœur, contribue énormément au maintien de la paix et à la sécurité internationale.

À cet égard, je voudrais rappeler une vérité que nous oublions un peu trop souvent lorsque nous analysons l’état actuel du monde : la violence sur la scène internationale se situe de nos jours à son niveau le plus bas.

Les conflits qui subsistent dans le monde sont de nature asymétrique : il ne s’agit plus d’États engagés dans des conflits armés les uns contre les autres, mais plutôt d’un État opposé à un groupe d’insurgés ou de résistants, ou parfois, à un réseau criminel ou terroriste.

Certes, les conflit actuels sont la cause de souffrances indicibles et de décès et ont déraciné plus de 60 millions de personnes. Certes, nous devons en faire davantage relativement à ces défis incroyables. Mais le fait demeure qu’à l’instant même où je vous parle, il n’y a plus de guerre classique entre États. Quelle réalisation impressionnante! Et si le cessez-le-feu tient en Colombie, un hémisphère entier de la planète sera dorénavant exempt de conflits, pour la première fois dans l’histoire.

Ce progrès a été réalisé en grande partie grâce aux institutions internationales, à la diplomatie et au dialogue.

D’où la volonté du Canada de se réengager auprès de ces institutions, y compris l’ONU. Aujourd’hui à New York, par exemple, notre représentant permanent auprès des Nations Unies, l’ambassadeur Marc-André Blanchard, a réuni plusieurs de ses collègues ambassadeurs pour discuter de toute urgence de ce qui peut être fait pour remédier à la situation épouvantable en Syrie, à la suite du veto de la Russie au Conseil de sécurité des Nations Unies, vendredi. Cela pourrait inclure des mesures prises par l’Assemblée générale pour apporter une solution à la crise humanitaire qui s’aggrave en Syrie. Le rôle de l’OTAN augmente également dans la région. J’étais au Sommet de l’OTAN lorsque nous avons décidé que la formation, par l’OTAN, des forces irakiennes ne se ferait pas uniquement en Jordanie, mais aussi en Irak. Le Canada se réjouit de cette décision. Nous avons triplé nos efforts de formation en Irak et nous sommes prêts à travailler en étroite collaboration avec l’OTAN dans cette entreprise commune.

Oui, nous serons de retour dans les institutions multilatérales, et en particulier dans les opérations visant à consolider cette paix si précieuse, à atténuer les conflits existants et à participer à la reconstruction des États et des sociétés après les conflits, un élément critique si nous voulons empêcher leur retour.

Le Canada — pays qui, il y a exactement 60 ans, à l’instigation de Lester B. Pearson, aidait à concrétiser le concept des soldats de la paix au moment de la crise de Suez — jouera de nouveau un rôle actif dans les opérations de paix et la reconstruction post-conflit.

Le gouvernement du Canada a récemment lancé un programme de 450 millions de dollars — le Programme pour la stabilisation et les opérations de paix [PSOPs] — et s’engage à mettre à la disposition des Nations Unies un contingent d’au plus 600 membres des Forces armées canadiennes qui pourront être déployés dans des opérations de paix de l’ONU.

Nous agissons ainsi non seulement parce que les Canadiens veulent être présents là où il faut défendre la paix et protéger les civils, mais aussi parce que c’est dans l’intérêt national du Canada. Les Canadiens sont confrontés à des menaces qui franchissent les frontières et n’épargnent aucun État.

Le Canada se réengage dans les opérations de paix en mettant à profit l’efficacité et le courage de ses forces armées, le professionnalisme de ses diplomates, ainsi que sa vaste et solide expertise en matière de développement international.

Bien sûr, à l’heure où notre pays reprend ses activités au sein des opérations de paix, il le fait dans un monde qui a changé.

Je le redis : les conflits d’aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient, où deux pays souhaitant la paix mais se méfiant l’un de l’autre se réjouissaient de voir s’interposer les forces de maintien de la paix des Nations Unies.

Les conflits d’aujourd’hui sont de fait asymétriques. Ils requièrent une approche moderne, multidimensionnelle et globale, où se conjuguent des interventions militaires, diplomatiques et humanitaires, ainsi que des initiatives en matière de sécurité et de développement, menées dans le contexte plus vaste des « opérations de paix ». Le maintien de la paix a maintenant cédé la place aux opérations de paix.

Ces conflits asymétriques appellent également des interventions militaires qui doivent être réalisées en étroite collaboration avec les autorités locales et, souvent, avec divers partenaires internationaux et régionaux comme l’OTAN, l’Union européenne, l’Union africaine et bien d’autres.

Aujourd’hui, les opérations de paix ont comme toile de fond un monde où l’insécurité générale est alimentée par ce qu’on pourrait appeler le « syndrome de la méfiance ».

Des collectivités et des populations ayant toujours cohabité pacifiquement, ayant même forgé des liens familiaux, en viennent à se méfier les unes des autres, à se haïr ou à s’attaquer. Cette situation est complexifiée par la présence de bandes criminelles et de groupes extrémistes qui n’ont aucun intérêt pour la paix, mais exploitent l’absence d’institutions d’État fonctionnelles.

L’exacerbation des tensions tribales, l’affrontement entre nationalismes ataviques, la révolte contre les inégalités criantes, l’effet néfaste de la corruption endémique et, bien sûr, la montée des extrémismes sectaires allant jusqu’au terrorisme mondialisé, ont peu à peu pris le relais de la guerre froide.

Lorsqu’un voisin, un immigrant ou un réfugié est marginalisé ou persécuté en raison de ses différences d’ordre politique, religieux, ethnique ou racial, tous les ingrédients sont alors réunis pour aviver la méfiance et faire éclater les tensions.

Des idéologies apocalyptiques et millénaires ont refait surface, dont une qui constitue une distorsion inacceptable du Coran, et qui condamne à mort tous ceux qui refusent de s’y soumettre. L’ensemble de la communauté internationale doit combattre avec une détermination farouche cette idéologie sanguinaire, dont les premières victimes sont les musulmans eux-mêmes.

Le Canada doit participer à ce combat et il le fera. Voilà pourquoi mes collègues, le ministre de la Défense nationale Harjit Sajjan et la ministre du Développement international Marie-Claude Bibeau, et moi-même consultons présentement nos alliés, la plupart d’entre eux membres de l’OTAN, afin de nous assurer que notre contribution aux opérations de paix sera optimale et qu’elle aura une portée maximale.

Afin d’assurer une plus grande coordination de nos efforts avec les autres participants aux opérations de paix de l’ONU, le Canada accueillera l’année prochaine une conférence internationale qui fera suite à celle tenue à Londres le mois dernier.

Le gouvernement du Canada est déterminé à faire du Canada un architecte résolu de la paix. Inspiré par la conviction responsable, je suis fier de contribuer à cet effort afin de promouvoir les droits de la personne, la démocratie, la diversité, la croissance inclusive et durable, et la paix.

Contacts

Chantal Gagnon
Attachée de presse
Cabinet du ministre des Affaires étrangères
343-203-1851
chantal.gagnon@international.gc.ca

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