Discours du ministre Dion à l'occasion du 25e Congrès triennal des Canadiens d'origine ukrainienne

Discours

Le Canada et l’Ukraine, solidaires

Le 1er octobre 2016 – Regina, Saskatchewan

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Je vous remercie sincèrement de m’inviter à célébrer avec vous le 125e anniversaire de l’immigration ukrainienne au Canada, le 75e anniversaire du Congrès des Ukrainiens-Canadiens [CUC], et le 25e anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine.

Ce triple anniversaire est l’occasion parfaite de mesurer l’ampleur de la dimension ukrainienne du Canada, car, à certains égards, le Canada est un pays ukrainien.

En effet, nous sommes d’une certaine façon un pays ukrainien. Pas seulement parce que nous comptons 1,3 million de Canadiens d’origine ukrainienne, ou parce que les Ukraino-Canadiens se sont émerveillés à la vue des champs de blé doré s’étendant à l’infini sous le ciel bleu des Prairies, ce qui leur a certainement rappelé les paysages et le drapeau de leur pays d’origine.

Cette importante dimension ukrainienne constitue pour nous un immense atout, et pas seulement parce que les Canadiens d’origine ukrainienne ont fait don au Canada de la partie la plus universelle de leur culture, mais aussi parce qu’ils ont contribué, de manière décisive, à façonner l’un des traits identitaires les plus fondamentaux du Canada : son statut de pays multiculturel.

Pour mieux situer mon propos, permettez-moi d’évoquer un souvenir de mon enfance à Québec. Mon père, Léon Dion, enseignait les sciences politiques à l’Université Laval. Dans les années 1960, il a été le recherchiste principal de la Commission B.B. — c’est-à-dire la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, ou Commission Laurendeau-Dunton, dont certains d’entre vous se souviennent peut être. Vous vous rappellerez qu’à l’époque, on parlait de « biculturalisme ».

Des années plus tard, j’ai demandé à mon père comment on était passé du concept de biculturalisme à celui de multiculturalisme. Il m’a répondu que c’étaient les Ukraino-Canadiens, en particulier ceux vivant dans l’Ouest, dans les Prairies, qui avaient plaidé avec conviction en faveur de ce changement. Ils avaient notamment expliqué à mon père, en sa qualité de recherchiste principal de la Commission royale, que le concept d’un Canada défini uniquement par les Anglais et les Français ne rendait pas compte de toute la richesse culturelle du pays. C’est pour cette raison que Pierre Elliott Trudeau a fait du bilinguisme et du multiculturalisme une politique officielle du Canada, consacrée plus tard par la Constitution canadienne, deux attributs fondamentaux de notre identité que nous a légués la communauté ukrainienne au Canada.

Et maintenant, le fils de Pierre Elliott Trudeau, Justin, qui a placé au centre des priorités de son gouvernement la notion de multiculturalisme et les concepts de croissance inclusive et de diversité considérée comme une richesse, peut aujourd’hui compter sur le soutien de Canadiens d’origine ukrainienne extrêmement compétents pour l’aider dans ses efforts, comme mes collègues MaryAnn Mihychuk, Chrystia Freeland, Borys Wrzesnewskyj, Kyle Peterson, Julie Dzerowicz et Ralph Goodale (on pourrait presque dire qu’il est Ukrainien!).

Mais alors que les Ukraino-Canadiens contribuaient à bâtir le Canada, l’Ukraine a connu l’horreur pendant une grande partie de son histoire récente, depuis l’Holodomor jusqu’à la répression de sa culture pendant ce long hiver que fut la tutelle soviétique. Lors d’une visite à Kiev dans les années 1970 alors que j’étais étudiant, tous me disaient que j’étais en Union soviétique, et non pas en Ukraine.

Lorsque l’Ukraine a accédé à son indépendance, il y a 25 ans, le Canada estimait que la contribution de sa dynamique communauté ukrainienne était telle qu’il se devait en retour d’aider ce pays neuf et libre. Je suis retourné en Ukraine en décembre 2013, en tant que député fédéral membre d’une mission d’observation électorale, lors d’élections partielles. J’ai alors été impressionné de voir le nombre de Canadiens qui offraient fièrement de mettre leurs compétences et leurs talents au service de l’Ukraine.

Et depuis l’agression inacceptable de la Russie contre l’Ukraine, les Canadiens sont plus déterminés que jamais à aider l’Ukraine. J’en ai été témoin lorsque j’y suis retourné l’hiver dernier en qualité de ministre des Affaires étrangères. Partout où j’allais, il y avait des Canadiens.

Un exemple éloquent de la mobilisation dans bon nombre de nos provinces canadiennes est cette initiative émouvante pour fournir des véhicules d’intervention d’urgence et de l’aide spécialisée aux personnes touchées par le conflit en Ukraine. Les Canadiens d’origine ukrainienne et le Congrès des Ukrainiens-Canadiens ont recueilli des dons totalisant 90 000 $ à cette fin, ce qui permettra d’expédier, depuis Winnipeg, Toronto et Montréal, 10 ambulances vers Kiev en cette période difficile.

Je suis donc heureux de vous annoncer aujourd’hui que le gouvernement du Canada apportera une contribution de 40 000 $ afin d’aider à l’expédition de ces ambulances à Kiev, où elles serviront auprès des personnes touchées par le conflit.

Au cours de ma visite en Ukraine l’hiver dernier, j’ai demandé aux autorités ukrainiennes de m’indiquer ce que le Canada pourrait faire de plus pour leur pays et quelle serait leur grande priorité pour une aide supplémentaire du Canada. Tous m’ont déclaré, à maintes reprises, qu’un soutien supplémentaire à la mise en place d’un service de police compétent, professionnel et honnête demeurait la grande priorité.

À mon retour, j’en ai fait part au premier ministre Trudeau. C’est pourquoi j’annonce ici aujourd’hui, au nom du premier ministre Trudeau et du gouvernement, que le Canada consacrera 8,1 millions de dollars en nouveaux fonds pour soutenir la Police nationale de l’Ukraine.

Cette somme comprend jusqu’à 6,6 millions de dollars sur trois ans pour un projet de soutien à la formation des policiers, et jusqu’à 1,5 million de dollars pour outiller la Police nationale de l’Ukraine afin d’accroître son efficacité. Ces fonds s’ajoutent au soutien déjà apporté par le Canada, y compris le travail des policiers canadiens déployés sur le terrain pour aider et conseiller leurs homologues ukrainiens.

Oui, le Canada entend rester solidaire de l’Ukraine. Les liens entre nos deux pays sont ancrés dans notre histoire, et ils sont durables. Le Canada épaulera l’Ukraine pour l’aider à bâtir un pays sûr, stable et prospère qui pourrait servir de modèle dans la région et devenir en soi la meilleure riposte aux efforts [du président russe Vladimir] Poutine pour en déterminer l’avenir.

Nous sommes solidaires de l’Ukraine lorsque nous communiquons notre point de vue directement à la Russie. Lorsque le premier ministre Trudeau s’est entretenu avec le président Poutine, et lorsque j’ai rencontré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, tous deux nous avons clairement exprimé le profond désaccord du Canada à l’égard du comportement inacceptable de la Russie envers l’Ukraine. Nous avons déclaré que les gestes de la Russie étaient, et sont toujours, manifestement contraires au droit international, et qu’ils étaient préjudiciables à la paix et à la sécurité dans la région.

Nous sommes solidaires de l’Ukraine lorsque nous jouons un rôle de premier plan afin de renforcer les mesures de dissuasion de l’OTAN à l’endroit de la Russie, y compris en commandant le bataillon multinational en Lettonie.

Nous sommes solidaires de l’Ukraine lorsque nous insistons pour que tous nos alliés européens fassent front commun avec nous et maintiennent fermement le régime de sanctions contre la Russie, aussi longtemps qu’elle ne respectera pas son voisin ukrainien et qu’elle n’appliquera pas intégralement les Accords de paix de Minsk. Même si beaucoup de choses ont été dites et écrites à propos de leurs lacunes, ces accords restent le seul vrai moyen d’instaurer une paix durable.

Depuis l’élection du premier ministre Trudeau, nous avons renforcé nos sanctions à l’encontre de la Russie, nous avons accru notre soutien à l’Ukraine et nous avons engagé un dialogue directement avec les dirigeants russes. J’ai dit au ministre Lavrov que les autorités russes devaient contribuer à l’application intégrale des Accords de paix de Minsk, sans quoi nous en serons au même point l’an prochain, mais avec un plus grand nombre de morts et de blessés et davantage de souffrance. Avec nos alliés, nous exercerons davantage de pression sur le président Poutine pour obliger la Russie à prendre ses responsabilités, notamment après que l’écrasement du vol MH17 [de la Malaysia Airlines].

Nous sommes solidaires de l’Ukraine au moyen de notre accord de libre-échange et de notre coopération en matière de défense.

Nous avons également accru notre contribution à la mission de surveillance spéciale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, et avons annoncé d’autres initiatives de consolidation de la paix, y compris dans un domaine prioritaire comme le déminage.

Comme vous le constatez, le Canada sera, plus que jamais, parmi les principaux donateurs d’aide humanitaire destinée aux Ukrainiens les plus vulnérables et les plus touchés par le conflit.

Il y a quelques heures à peine, de l’autre côté de la planète, à Jérusalem, le premier ministre Trudeau et moi-même avons rencontré le président [Petro] Porochenko alors que nous rendions hommage et disions adieu à un homme de paix [Shimon Pérès]. Nous voulons la paix dans le monde, nous voulons la paix en Europe de l’Est. Nous voulons la paix en Ukraine. Sous la gouverne du premier ministre Justin Trudeau, je suis fier d’être solidaire de l’Ukraine, dans un esprit de conviction responsable.

Avec fermeté et détermination, en tant qu’architecte résolu de la paix, le Canada restera solidaire de l’Ukraine. Cela contribuera à renforcer la dimension ukrainienne qui nous distingue et qui est commune à tous les Canadiens. Cette dimension qui nous rend plus forts est l’un des grands héritages de notre passé et un phare qui nous guide vers l’avenir.

Contacts

Chantal Gagnon
Attachée de presse
Cabinet du ministre des Affaires étrangères
343-203-1851
chantal.gagnon@international.gc.ca

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