Allocution de la ministre Joly devant les employés et les chefs de mission d'Affaires mondiales Canada

Discours

Le 7 juin 2023 – Ottawa, Canada

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.

Merci, David Morrison, et merci à vous tous.

On me demande souvent ce que c'est que d'être ministre des Affaires étrangères pendant cette période. 

En réponse à cette question, je pense au grand honneur de pouvoir représenter le meilleur pays du monde et au privilège d'être aux premières loges du travail incroyable que vous accomplissez aux quatre coins du monde.

Et je pense aussi à la rapidité et l'ampleur des changements qui sont arrivés au cours des 18 derniers mois de mon mandat.

Nous sommes à un tournant de l'histoire. 

Je sais que toutes les personnes présentes dans cette salle le comprennent et en ressentent le poids.

Notre monde est marqué par les turbulences géopolitiques, l'imprévisibilité et l'incertitude.

Le système fondé sur des règles qui nous a permis de rester en sécurité est en train de se fissurer, ce qui soumet les institutions qui en dépendent à des tensions systémiques.

L'invasion de l'Ukraine par le président Poutine en est la preuve évidente.

Mais nous savons tous ici que ce mouvement géopolitique, a commencé bien avant le 24 février, parlez en à Kirsten Hillman à Washington, et que ce mouvement a des répercussions bien au-delà des frontières de l'Ukraine, voire même de l’Europe.

Dans le monde entier, nous voyons :

  • l'audace croissante des régimes autoritaires ;   
  • l'utilisation de l'information comme arme ;
  • des démocraties menacées ;
  • des pays, grands et petits, aux prises avec les changements climatiques ; 
  • des crises en Haïti, en Afghanistan, au Soudan, au Venezuela et au Myanmar ; et
  • une crise mondiale des réfugiés. 

C'est un tableau sombre, mais nous tous dans cette salle savons que ce n'est qu'une facette de l'histoire. 

Face à ces défis, il y a de l’espoir, et on peut le trouver sur les visages des Ukrainiens qui refusent d'abandonner la lutte pour leur liberté, et la nôtre aussi, des femmes et des filles en Iran, qui descendent dans la rue pour se battre pour leurs droits, et des défenseurs des droits de la personne, des journalistes et des activistes qui font briller la lumière dans les coins sombres du monde et exposent la nécessité d'un changement.

Nous avons devant nous un défi qui ne se présente qu'une fois par génération, et la façon dont nous y répondrons définira les décennies à venir.  

Il est essentiel de s'assurer que nous disposons d'une diplomatie modernisée, adaptée à cet objectif au 21e siècle. 

Il s’agit non seulement d’une priorité importante pour notre gouvernement, mais également pour moi-même.

Il y a un an, je vous ai dit que nous allions entreprendre une grande transformation ici à Affaires mondiales Canada.

J'ai dit qu’on allait se regarder dans le miroir, faire preuve d’humilité et se poser les vraies questions.

Nous avons eu de bonnes discussions avec les gens ici à l’interne en organisant plus de 80 consultations avec le personnel, les missions et les parties prenantes.

Nous avons également travaillé avec le Conseil consultatif externe qui a discuté avec certains d'entre vous et d'anciens chefs de mission.

Mais nous nous sommes également interéssés à ce qui se passe ailleurs dans le monde, en consultant notamment d'autres pays, qui eux aussi, modernisent leur ministère des affaires étrangères.

Aujourd'hui, j'aimerais faire le point sur ce que nous avons entendu au cours de ce processus et sur la direction que nous prenons. 

J'aimerais vous remercier d'avoir envoyé vos idées et vos propositions. Pour avoir partagé vos réflexions et vos conseils.

Je dois dire que j'ai été frappée par le degré de convergence de ce que les gens disaient.

Ce que nous avons entendu, c'est que le Canada a besoin d'un ministère qui soit stratégique et influent, agile et réactif. Un ministère capable d'articuler, de coordonner et d'exécuter efficacement un programme mondial complet. Et qui est ouvert et connecté aux personnes que nous servons - tous les Canadiens - et au monde.

Le rythme des changements dont nous avons parlé exige un ministère moderne, digne du 21e siècle, capable d'anticiper, d'analyser, de comprendre et de gérer les nouvelles questions de politique étrangère.

Capable de tirer profit de l'étendue et de la richesse de l'expertise et de l'expérience internationale disponibles au Canada et à l'étranger.

On a également entendu que notre ministère doit être en mesure de diriger la politique internationale au sein de l’entièreté du gouvernement afin qu’elle soit cohérente et s’inscrive de manière durable au sein des priorités du cabinet.

Les autres ministères et agences vont de plus en plus se tourner vers nous parce que la majorité des questions de politique domestique comportent désormais une dimension internationale.

Le plus important, et je ne le soulignerai jamais assez, c'est qu'on nous a dit qu'il fallait investir dans notre personnel. 

Nos employés sont nos yeux et nos oreilles sur le terrain. Mais plus encore, vous êtes le cœur et l'âme de notre diplomatie. 

Vous, et vos familles, avez consacré vos vies au service de notre grand pays. 

En retour, nous devons nous assurer que vous disposez des outils et des ressources nécessaires pour réussir. 

Nous devons bâtir une main-d'œuvre qualifiée, bilingue, en bonne santé et vouée à l'excellence. Une main-d'œuvre qui voit son travail et son parcours de croissance valorisés. Et une main-d'œuvre où chaque employé se sent invité à contribuer tout ce qu'il a au travail. 

Nous savons à quel point notre politique étrangère et notre service extérieur bénéficient de la diversité des pensées, des expériences vécues et des antécédents.

Nous savons que nous sommes forts non pas en dépit, mais grâce à nos différences.  

Je vois quatre grandes pistes d'action. Nous devons investir d'abord et avant tout dans notre personnel, ensuite dans notre expertise en matière de politiques, troisièmement dans notre présence et enfin dans nos processus.

1. Il est essentiel d'investir dans notre personnel. S'assurer qu'ils se sentent soutenus, écoutés et valorisés est nécessaire pour améliorer notre culture organisationnelle. 

  • nous savons qu'il est nécessaire de réorganiser le recrutement et la formation ;
  • d'accroître la diversité ;
  • de renforcer les compétences en matière de langues officielles - les francophones doivent pouvoir parler leur langue maternelle au ministère - et des connaissances en langues étrangères ; 
  • et d'apporter un plus grand soutien à notre personnel et à leurs familles à l'étranger, y compris en temps de crise.

Lorsque nous considérons notre personnel, et vous m’avez entendu dire à plusieurs reprises l'importance de nos employés recrutés sur place. Ils sont au cœur de nos missions à l'étranger et nous devons mieux les soutenir. Nous en tiendrons compte au fur et à mesure que nous tracerons la voie à suivre. 

2. Nous augmenterons notre expertise politique dans des domaines clés tels que les changements climatiques, l'énergie et les minéraux critiques, la cybersécurité, l'intelligence artificielle et les politiques numériques. Nous renforcerons notre capacité à anticiper et à gérer la réponse du Canada aux crises prolongées. 

3. Nous renforcerons notre présence à l'étranger - dans des missions multilatérales clés, à commencer par l'ONU, le G20 et d'autres pays stratégiquement importants. 

4. Enfin, nous devons nous assurer qu’AMC dispose des outils, des processus nécessaires et d’une culture de priorisation pour travailler efficacement et être protégé contre les cybermenaces. 

Aujourd’hui, nous avons beaucoup parlé de notre vision pour notre ministère. Et je suis contente qu’on ait pu ensemble poser ce premier jalon.

Maintenant, il faut tracer la voie à suivre pour que le tout devienne réalité.

Nous avons devant nous un plan ambitieux et le mettre en action nécessitera beaucoup de travail.

C’est pourquoi Antoine Chevrier est en charge du plan de mise en oeuvre de cette réforme.

Je sais son équipe et lui sont déjà au travail. Vous pouvez vous attendre à voir notre plan d’ici le 1er septembre de cette année.

L'équipe, dirigée par Antoine, travaillera tout au long de l'été sur notre plan d'action de mise en œuvre. Vous pouvez vous attendre à le voir d'ici le 1er septembre. 

Bien sûr, nous n'attendons pas cette date pour commencer. Le travail de modernisation et d'adaptation est déjà bien entamé. 

On peut le voir dans notre stratégie indo-pacifique et dans l'accroissement de notre empreinte diplomatique.

Depuis que je suis devenu ministre, nous avons annoncé la création de nouvelles ambassades en Estonie, en Lituanie, en Slovaquie, en Arménie, aux Fidji et au Rwanda. 

Nous avons également nommé un nouvel ambassadeur auprès de l'Union africaine et reconduit un ambassadeur en Arabie saoudite. 

Au total, cela représente six nouvelles ambassades et huit nouveaux ambassadeurs. 

Nous avons déjà augmenté notre capacité consulaire et augmenté le financement climatique, et nous nous efforçons de créer un lieu de travail plus sain et plus diversifié.

Il est certain que cette transformation comportera des défis, et qu'elle prendra du temps. 

Nous nous embarquons dans un voyage de transformation, d'évolution, ensemble. 

Mais vous pouvez être assuré que nous nous attaquons à ce problème avec le sérieux et l'ambition qu'il mérite. 

Vous pouvez compter sur moi pour être votre championne, en particulier au conseil des ministres.

Chacun d'entre vous dans cette salle comprend les moteurs du changement auxquels nous sommes confrontés. 

Vous comprenez que la diplomatie fait partie de notre architecture de sécurité. 

Et que la sécurité du monde est fondamentale non seulement pour nos intérêts, mais aussi, de plus en plus, pour notre prospérité. 

Le moment est venu d'investir et de s'adapter.

Nous ne réussirons cette transformation que s'il y a un sentiment d'appartenance collectif. Votre leadership sera crucial.

Et on a besoin de vous. Vous êtes sur les lignes de front du Canada à l'étranger. Vous pouvez être les leaders de ce changement, et aider à diriger la transformation.

J'ai hâte de discuter avec vous et de travailler ensemble sur ce programme passionnant.

Merci beaucoup de votre attention, et ça me fera plaisir de répondre à vos questions.

Personnes-ressources

Maéva Proteau
Directrice des communications
Cabinet de la ministre des Affaires étrangères
Maeva.Proteau@international.gc.ca 

Service des relations avec les médias
Affaires mondiales Canada
media@international.gc.ca
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