Comment allez-vous vraiment? Maintenir une bonne santé mentale durant la pandémie de COVID-19

Article / Le 19 mai 2020 / Numéro de projet : 19-0283

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Par Moira Farr, Affaires publiques de l’Armée

Ottawa, Ontario — Pour Wounded Warriors Canada (WWC), venir en aide à plus de 500 anciens combattants et premiers répondants souffrant d’un état de stress post-traumatique (ESPT) ou d’autres blessures de stress opérationnel représente un défi particulier, même dans les meilleures circonstances.

L’ajout des mesures d’isolement, qui s’avèrent nécessaires en ces temps de pandémie, vient compliquer davantage ce travail d’aide en santé mentale.

Comme la plupart des organismes de bienfaisance, WWC a dû reporter ses principales activités de financement en raison de la COVID-19, notamment sa Randonnée à vélo sur les champs de bataille qui était prévue à la fin de juin 2020 et qui visait à souligner le 75e anniversaire de la libération des Pays-Bas.

Le directeur général Scott Maxwell ne cache pas sa déception, mais il s’inquiète surtout de l’arrêt des programmes cliniques qui venaient tout juste de démarrer à l’échelle du pays lorsque les mesures d’isolement sont entrées en vigueur.

Il s’agit d’un malheureux concours de circonstances, d’autant plus que ces programmes de soutien thérapeutique et de formation sur la résilience sont principalement donnés en personne par des professionnels et des pairs, sous forme de groupes ou de rencontres individuelles. « Nous avons rapidement dû trouver des solutions pour faire les choses différemment. Chez les personnes souffrant de blessures liées au stress psychologique, l’objectif est toujours de briser l’isolement qui risque de s’installer. »

Les groupes et les rencontres individuelles reprendront à une date qui est toujours inconnue. D’ici là, WWC s’efforce de combler le vide au moyen d’une série de vidéos sur son site Web, mettant notamment en vedette le conseiller clinique national Tim Black, professeur agrégé en psychologie à l’Université de Victoria, et spécialiste en consultation de groupe et en transition de la vie militaire à la vie civile.

L’organisme a également mis sur pied un réseau virtuel de soutien par les pairs, qui met les participants en contact avec d’autres personnes ayant vécu des traumatismes semblables au travail, ayant suivi des programmes de formation et ressentant une profonde empathie pour ce que traversent leurs pairs.

Le modèle CÉPR, pour une meilleure résilience

Richard Brown est un ancien combattant de 35 ans habitant à Hamilton, en Ontario. Il a subi une blessure de stress opérationnel alors qu’il travaillait sur le NCSM Iroquois en 2006. Comme pour bien d’autres dans sa situation, il juge inestimables les techniques de résilience qu’il a acquises grâce au programme de Wounded Warriors Canada avant le début du confinement national. « Ces techniques aident à se recentrer sur soi », explique Brown.

Le modèle CÉPR — pour corps, émotions, pensées et relations — est expliqué de façon calme et rassurante par M. Black dans sa vidéo. Cette méthode simple d’autoévaluation étape par étape peut être appliquée par n’importe qui, n’importe où, n’importe quand, pour contrôler les pensées et les émotions négatives engendrées par le stress quotidien. « Ce n’est pas de la magie. Cette méthode ne résoudra pas tous vos problèmes, mais il s’agit d’une étape de base », souligne M. Black.

Dans une autre vidéo de WWC, le clinicien Alex Sterling enseigne aux participants comment se bâtir une « trousse de ressources » afin de surmonter les moments difficiles, lorsque les expériences douloureuses et traumatisantes du passé refont surface dans le présent. Pour apaiser les émotions et chasser les pensées négatives, il propose de simplement se concentrer sur le souvenir réconfortant d’un lieu, d’une chanson ou d’un objet — ou même d’une odeur, comme celle des biscuits qui cuisent au four.

Brown indique qu’il tente de continuer de faire de l’exercice et de limiter sa consommation de substances. Chaque jour, il communique par téléphone avec un pair de WWC, un travailleur paramédical qui a vécu un traumatisme semblable au sien et qui est formé pour fournir ce type de soutien. Il participe également à un groupe de café-rencontre hebdomadaire sur Zoom organisé par les membres de l’église de sa petite amie.

« Je trouve l’isolement très difficile », avoue Brown. Heureusement, la formation sur la résilience qu’il a reçue lui permet de rester concentré sur sa santé mentale. Son petit « passe-temps », qui est devenu une activité quotidienne, l’aide aussi beaucoup : il fabrique des objets d’artisanat avec de la paracorde (voir la photo), comme des porte-clés ou des laisses et des colliers pour chien, qu’il vend sur le groupe Facebook Canadian Veteran Marketplace. Il a déjà réussi à amasser des centaines de dollars pour WWC. « Lorsque je suis vraiment stressé, je vais en ville pour bricoler avec la paracorde », affirme-t-il.

Isolés physiquement, mais jamais seuls

Les fournisseurs de services de santé mentale sont bien conscients des répercussions potentielles de l’isolement dû à la COVID-19 sur nous tous, et en particulier sur les personnes présentant des troubles de santé mentale préexistants. La plupart des organismes de soutien ont rapidement réagi à cette situation sans précédent en offrant davantage de ressources en ligne. Elles ne sont peut-être pas aussi « efficaces » que la thérapie de groupe ou individuelle en personne, mais elles peuvent aider, estime le colonel (retraité) Russell Mann, conseiller principal à l’Institut Vanier de la famille et membre du Cercle canadien du leadership pour les familles des militaires et des vétérans.

« À mon avis, il s’agit à la fois d’une crise et d’une occasion à saisir », relativise le Col (Ret) Mann. Il explique que les gens souffrant de blessures de stress opérationnel ont tendance à mieux fonctionner lorsqu’ils établissent des habitudes quotidiennes stables dans leur vie. Mais la COVID-19 est venue bousculer toutes nos habitudes, de façon radicale dans certains cas. Ces perturbations touchant le travail et la vie de famille peuvent nuire à la santé mentale de quiconque.

« Il n’est pas question de tout voir en rose, poursuit-il. Il y a des gens qui sont épuisés. Tous ceux qui sont déployés ont peur pour eux-mêmes et pour leur famille. »

Le Col (Ret) Mann reconnaît qu’il s’agit d’une période difficile pour tout le monde, mais les organismes comme Wounded Warriors Canada mettent tout en œuvre pour offrir des services tenant compte de la pression additionnelle engendrée par la COVID-19. « Il s’agit d’une occasion à saisir pour aider les gens à comprendre qu’ils peuvent garder un état d’esprit positif, même s’ils ne sont pas heureux. »

En cette période, il est aussi particulièrement important de faire un effort pour s’entraider. « Nous sommes nombreux à demander "comment vas-tu vraiment?" lorsque que quelqu’un dit "ça va". »

Selon Col (Ret) Mann, il pourrait également s’agir d’une bonne occasion pour tirer profit de la sagesse des vétérans aînés toujours en vie « Ils ont vécu la guerre. Ils comprennent qu’il y a une fin à tout. Il y aura une fin à la pandémie de COVID-19. Nous devons tous le garder à l’esprit. »

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