Bâtir l’Armée de demain : Leçons tirées des simulations de guerre

Article / Le 14 juillet 2025 / Défense nationale

Source : Équipe de modernisation de l’armée et Directorat des affaires publiques de l’Armée

Durant une bataille simulée prenant place en 2027, une brigade militaire canadienne est anéantie par un puissant adversaire dans une région baltique fictive. Pendant plusieurs heures, la brigade a subi de lourdes pertes et a dû faire appel à la division de l’OTAN pour obtenir du soutien. Les pertes sont élevées, le moral est bas.

Heureusement, il ne s’agit pas d’une véritable bataille, mais d’un jeu de guerre, un exercice militaire conçu pour tester les idées et cerner les faiblesses.

Observant l’action se dérouler depuis le mess des officiers à Valcartier, le colonel Marc O’Ray, le premier à diriger l’Équipe de modernisation de l’Armée (ÉMA), n’est pas surpris : « Ce résultat montre bien l’urgence de moderniser notre armée, d’adapter notre structure et de repenser la façon dont nous menons nos combats. »

Urgence et points de mire

Partie intégrante de l’initiative de transformation de l’Armée canadienne, l’exercice a servi de preuve de finalité. Le but était de comprendre les lacunes des forces armées d’aujourd’hui et ce qui doit changer pour relever les défis de demain. Les résultats ont confirmé le besoin de structures organisationnelles plus solides, de meilleurs systèmes de communications numériques, d’une puissance de tir plus souple et d’unités préparées pour mener des combats à grand déploiement et à haute intensité. Les travaux de l’ÉMA portent sur six domaines clés : comment l’Armée vit, s’entraîne, mène ses opérations, combat, se mobilise et gère le changement. Le jeu de guerre à Valcartier était axé sur la façon dont l’Armée exécute ses combats.

Des essais avec scénarios réels

Les scénarios, élaborés par l’ÉMA avec l’appui du Centre de guerre terrestre de l’Armée canadienne et du Centre de guerre interarmées du Canada, ont permis de tester comment une brigade canadienne réagirait face à un ennemi bien équipé en 2027. La performance a ensuite été comparée à une version plus avancée de la brigade devant mener des opérations de combat à grande échelle en 2033. Le champ de bataille fictif comprenait des terrains découverts, des forêts, des villes, des rivières et des routes — ce qui mettait les deux parties au défi de s’adapter, d’exécuter des manœuvres, de dissuader ou de frapper de manière créative.

Une nouvelle approche aux simulations de guerre

Contrairement aux exercices antérieurs, ce jeu de guerre a été conçu par l’Armée pour l’Armée, rompant avec la tradition de plusieurs façons. Il a été lancé avant le prochain cycle quinquennal et, surtout, il n’était pas classifié. Cela signifie que davantage de gens pouvaient y participer, l’observer et en tirer des leçons. Trop souvent, les leçons tirées des exercices classifiés sont inaccessibles. Cette fois, l’Armée souhaitait partager ce qu’elle en apprenait.

Plutôt que d’utiliser des simulations informatiques coûteuses, les responsables du jeu de guerre ont fait appel à de vrais soldats et à des observateurs expérimentés pour jouer le scénario. « Nous combattons un ennemi qui pense, ce sont de vraies personnes, et pas simplement des données », a expliqué le major Halos, un membre du Centre de guerre terrestre de l’Armée canadienne. Les deux opposants commandaient des brigades d’infanterie équipées de chars, d’artillerie, de drones et de capacités de guerre électronique. Les observateurs ont fait le suivi de données quantitatives, comme la portée des armées et les taux d’impact, et d’observations qualitatives comme les lacunes au niveau de l’entraînement, de la doctrine et de la disponibilité opérationnelle.  

Le changement nécessite de l’entraînement

L’un des principaux points à retenir? L’ajout de nouvel équipement ne suffit pas. Dans le scénario de 2033, les participants ont d’abord éprouvé de la difficulté à utiliser leurs nouveaux outils de manière efficace. Sans un entraînement adéquat et des tactiques à jour, même les systèmes les plus avancés peuvent être mal utilisés ou ignorés. Les joueurs ont pu s’adapter à mesure que le jeu progressait. Ils ont appris à gérer les signaux électroniques, à lutter contre les drones ennemis et à coordonner les attaques plus efficacement. Cela a permis de démontrer l’importance de l’entraînement dans une vraie transformation.

Mettre en œuvre et partager les leçons retenues

Après l’exercice, les participants ont suggéré des améliorations lors d’une séance de type « Dans l’œil du dragon ». Les leaders supérieurs ont écouté et fourni leur rétroaction. Cet échange d’idées rapide a contribué à transposer les leçons tirées du champ de bataille en plans de modernisation réels.

Pour diffuser davantage les leçons apprises, les officiers de l’ensemble de la brigade ont été invités à observer la phase finale de l’exercice. Ils se sont ensuite répartis en petits groupes pour discuter de ce qu’ils avaient observé et de la façon dont cela s’appliquait à leurs propres rôles. Cet apprentissage entre pairs a permis de rendre les leçons retenues plus personnelles et pratiques.

L’Armée a également partagé les scénarios avec d’autres unités afin qu’elles puissent aussi tirer avantage de l’exercice. L’objectif est d’offrir ce genre d’entraînement de façon régulière et pas seulement à l’occasion.

Le temps presse

La bonne nouvelle? En 2033, la brigade canadienne simulée était beaucoup plus performante que la version de 2027. La mauvaise nouvelle? Si on attend jusqu’en 2033, il pourrait être trop tard. Ce jeu de guerre n’était pas seulement une simulation, c’était aussi un avertissement. Si l’Armée tarde à se moderniser, à produire du nouvel équipement et à passer du pacifisme à un esprit combatif guerrier, elle risque d’être mal préparée au moment le plus important. Il faut agir maintenant, pendant que les leçons sont à l’esprit, que l’élan est fort et que le prochain vrai conflit n’est encore qu’une possibilité.

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Voyez un aperçu du jeu de guerre de Valcartier en action – cliquez ici

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2025-07-14