La profession des armes expliquée
Le 15 octobre 2021
La profession des armes au Canada
En conséquence, la profession des armes au Canada peut se définir ainsi :
La profession militaire au Canada se compose de militaires qui se consacrent à la défense du Canada et de ses intérêts, suivant les directives du Gouvernement canadien. La profession militaire se distingue par un service fondé sur l’abnégation, par l’application légitime et ordonnée de la force militaire et par l’adhésion au principe de responsabilité illimitée. Ses membres possèdent un ensemble systématique et spécialisé de connaissances et de savoir-faire militaires, acquis par l’éducation, la formation et l’expérience. Ils appliquent cette expertise avec compétence et objectivité dans le cours de leurs missions. Les professionnels des forces canadiennes partagent un ensemble fondamental de valeurs et de croyances formant l’éthos militaire qui les guide dans leur tâche et leur permet de maintenir un lien de confiance privilégié avec la population canadienne.
Comme la profession militaire ne peut s’exercer que collectivement et dans les limites établies par l’État, elle est très intégrative. Toute personne en uniforme, affectée au soutien opérationnel ou à des fonctions spécialisées, est considérée comme militaire professionnel quand elle satisfait aux critères énumérés ci-dessous.
Au Canada, une personne entre dans la profession militaire en prononçant le serment d’allégeance et en endossant l’uniforme, ce qui la distingue fondamentalement au sein de la population canadienne. Par la suite, le militaire fait preuve de professionnalisme :
- en adhérant à l’éthos militaire;
- en obtenant et en tenant à jour les qualifications exigées pour occuper un premier poste dans un groupe professionnel militaire;
- en cherchant à atteindre les plus hauts niveaux de l’expertise nécessaire; et
- en comprenant, acceptant et remplissant tous les engagements et responsabilités liés à la profession militaire.
Dans les Forces canadiennes, tous les militaires du rang (MR), particulièrement les sous-officiers supérieurs (s/off sup), les adjudants (adj), les maîtres (m) et les premiers maîtres (pm), partagent des responsabilités en matière de leadership et doivent maîtriser des compétences complexes et acquérir une connaissance étendue de la théorie des conflits. Par conséquent, et selon les critères énumérés ci-dessus, tous les membres de la Force régulière des Forces canadiennes, peu importe leur grade, font partie de la profession militaire. Les membres de la Première réserve, même s’ils ne travaillent pas nécessairement à temps plein, constituent une composante essentielle de la capacité militaire du pays et ont droit au statut professionnel en satisfaisant aux critères mentionnés plus haut. Lorsqu’ils sont en service actif, ils ont le statut de militaires professionnels à temps plein et sont reconnus comme tels.
En raison du caractère intégrateur de la profession militaire au Canada, les relations professionnelles entre les officiers et les MR sont parmi les plus importantes. À vrai dire, l’existence même de ces deux corps reflète la nature extrêmement complexe de la profession militaire et la nécessité d’organiser et destructurer la profession enfonction des nombreuses exigences qui lui sont posées. La responsabilité et l’expertises ont réparties à travers la profession entre officiers et MR, de façon à bien définir les rôles de chacun et à déployer le maximum d’efficacité dans l’action.
La profession militaire au Canada englobe aussi des personnes appartenant à d’autres professions, comme des médecins et des avocats, qui portent l’uniforme et acceptent les fonctions et responsabilités de la carrière militaire. Leur expertise spécialisée constitue un précieux apport à la force globale du corps militaire. Par ailleurs, ces personnes doivent aussi respecter la déontologie de leur profession première. Cette dualité peut entraîner des conflits d’intérêts, par exemple entre l’obligation de confidentialité du médecin envers son patient et ses obligations liées à l’état de disponibilité opérationnelle de l’unité. L’une des fonctions clés des officiers qui dirigent les branches spécialisées consiste à résoudre de tels conflits entre des exigences professionnelles contradictoires. (La question du double statut professionnel est examinée plus en détail au chapitre trois).
Cadre institutionnel
Au Canada, la profession militaire est ancrée dans l’institution des Forces canadiennes; elle est grandement influencée par l’histoire, les structures politiques, les contraintes constitutionnelles et les ententes internationales. Les militaires professionnels, qu’ils soient de la Force régulière ou de la Première réserve, appartiennent à cette institution. En principe, les Forces canadiennes forment une institution distincte du ministère de la Défense nationale, mais la Loi sur la Défense nationale prescrit une collaboration efficace avec les fonctionnaires du Ministère pour ne constituer qu’une seule équipe de la Défense.
La Loi constitutionnelle de 1867 prévoit l’établissement, au niveau fédéral, de forces armées dont le commandement, le contrôle et l’administration sont décrits dans la Loi sur la Défense nationale. C’est au Gouvernement du Canada qu’il revient d’en préciser le mandat, la mission et le rôle dans la défense du pays, par des lois et des directives du Cabinet1. Dans les limites ainsi établies, les militaires professionnels doivent pouvoir mener des opérations dans l’ensemble du spectre des conflits portant atteinte à la sécurité nationale. Il faut donc que ces professionnels soient toujours prêts à exécuter n’importe quelle tâche légitime, y compris appliquer une force meurtrière disciplinée au service du pays.
Le soutien aux autres ministères fédéraux, aux provinces et aux territoires fait partie du mandat, des missions et des rôles des Forces canadiennes. Le Gouvernement du Canada ordonne régulièrement aux Forces canadiennes de participer à différentes missions pour appuyer l’action du gouvernement, p. ex., la surveillance des pêches et la sécurité interne. Dans l’environnement de sécurité contemporain, qui se distingue par sa complexité et sa non-linéarité, des opérations pleinement intégrées, dites « pangouvernementales » ou « exhaustives », constituent la norme. Elles impliquent une étroite collaboration avec un certain nombre d’autres partenaires civils pour la sécurité, depuis le niveau stratégique jusqu’au niveau opérationnel, voire tactique.
Néanmoins, l’impératif fonctionnel des Forces canadiennes est la conduite d’opérations militaires, et c’est ce qui façonne l’identité de combattants des militaires professionnels canadiens. Cet impératif délimite aussi la responsabilité des membres de la profession devant le gouvernement et la société et dicte l’expertise requise pour la conduite efficace des opérations. Les valeurs et les croyances de la profession militaire, exprimées et véhiculées par l’éthos militaire canadien, sont également façonnées par le rôle spécial et unique des Forces canadiennes.
Notes:
- Dans la plupart des ouvrages savants, on qualifie souvent les missions et les rôles assignés par le Gouvernement de «champ d’activité» dans lequel la profession militaire est exercée. Par exemple, le sociologue James Burk dit ceci : «Il est vrai que le statut de professionnel exigele contrôle d’un domaine social — un champ d’activité — où les membres de la profession essaient de résoudre des problèmes en appliquant les connaissances spécialisées dont ils disposent.» (James Burk, «Expertise, Jurisdiction and Legitimacy of the Military Profession». Document présenté à West Point, juin 2001, p. 8)
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